« Un jour lointain, quelqu’un me dit : Tu devrais lire Tchékhov. Il me semble que c’est une littérature pour toi. »
Portrait par Valentin Serov
Roger Grenier a obéi au conseil de l’ami et à lu Tchékhov.
Grenier aime bien écrire sur les autres, amis intimes ou personnes admirées. On peut citer entre autres Camus ou Fitzgerald.
Comme il a un vrai talent de biographe, à petites touches légères, comme un peintre, il nous fait le portrait de l’écrivain à travers de petits textes colorés.
Maison natale à Taganrog
Pas de réelle chronologie mais plutôt des fils rouges que Roger Grenier suit patiemment, le théâtre, l’enfance douloureuse, le père violent à Taganrog, le mariage, la vie en famille, le cabinet du médecin et pour terminer l’ombre de la tuberculose.
Avec un de ses frères
Le Tchékhov médecin ET écrivain « La médecine est ma femme légitime et la littérature ma maîtresse. Quand l'une m'ennuie, je couche chez l'autre. »
On aperçoit au fil des pages un Tchékhov qui ne croit pas au bonheur et qui toujours prend comme à Sakhaline, la défense des humbles, des meurtris, se dévouant sans cesse pour sa famille, ses frères, les pauvres.
Datcha des Tchekhov à Melihovo
Un homme qui ne croit pas que la vie ait un sens.
« Tenez, regardez la neige qui tombe, quel sens ça a-t-il ? » ainsi s'interroge un personnage dans Les Trois Soeurs.
Roger Grenier nous dit : « Des imbéciles, des paresseux, des inutiles abondent dans son oeuvre.»
Ou encore : « Il passe de la misanthropie à la pitié, de la froideur à la révolte contre la souffrance ».
Tolstoï et Tchekhov à Yalta
Pour lui Tchékhov « oscille sans cesse entre deux extrêmes : le goût du néant et la tentation de se perdre aux confins de la sainteté en se vouant aux autres. »
Mais l’écrivain ne peut s’empêcher de rêver « Il faut montrer la vie non telle qu'elle est, ni telle qu'elle doit être, mais telle qu'elle doit nous apparaît en rêve. » Dit-il dans La Mouette.
La Mouette au théâtre des Célestins à Lyon
Son théâtre est souvent vu comme dramatique alors que Tchékhov lui y voyait une farce et Roger Grenier le compare à Woody Allen quant à la dérision et l’humour noir.
J’ai aimé ce petit livre bourré de citations extraites des oeuvres de Tchékhov, de son journal et de sa correspondance.
Il est la version un peu mélancolique de la biographie de l’écrivain et nous restitue bien l’univers russe de l’homme.
Pour les amateurs de littérature russe
Le livre : Regardez la neige qui tombe - Impressions de Tchékhov - Roger Grenier - Editions Folio Gallimard