כָּל־בָּאֶיהָ לֹא יְשׁוּבוּן וְלֹא־יַשִּׂיגוּ אָרְחוֹת חַיִּים
Proverbes 2:19 Celui qui va vers elle ne revient pas
La religion dans ce qu’elle peut avoir de pire, de destructeur pour l’individu, voilà un thème qui m’intéresse.
J’avais lu avec grand intérêt un roman d'Anouk Markovits sur le sujet il y a quelques mois, ce livre-ci est l’autobiographie d’un homme qui dès l’enfance appartient à un milieu religieux orthodoxe, c’est une famille juive de la mouvance hassidique.
Ce sont ces hommes (on ne voit que très peu les femmes) qui passent la majorité de leur temps à l’étude de la Bible et du Talmud.
Enfants ces jeunes juifs se voient refuser des études normales, pas de littérature, pas de sciences, pas d’histoire, matières censées corrompre l’individu.
Les filles sont exclues, cachées, oubliées
Une vie en circuit fermé, une union bien entendu arrangée avec une jeune femme qu’il rencontre quelques minutes avant le mariage.
Une famille nombreuse évidement, une vie très difficile financièrement et épuisante. Impossible pour Shulem de trouver un emploi correctement rémunéré n’ayant aucun bagage, aucune formation professionnelle.
Le quotidien de la famille repose sur des règles, des lois, plus restrictives et contraignantes les unes que les autres.
Etudes centrées sur la Bible et le Talmud
En écrivant cela j’ai l’impression de faire le portrait d’une famille du quart-monde et pourtant tout cela se passe aux Etats-Unis à une heure de New York !
Une fois dépeint ce milieu hyper religieux où le moindre faux pas se paie de représailles de l’entourage, Shulem Deen s’attache à nous révéler son parcours propre, ses interrogations, ses doutes, sa lassitude mais aussi sa soif de savoir, de lecture, sa curiosité toujours en éveil.
Il nous révèle à quel moment il a perdu la foi, comment il a longtemps fait semblant pour ne pas perturber sa femme et ses enfants.
Sa communauté le surveille, il enfreint les règles d’abord en cachette, puis plus ouvertement. Quand je parle de transgression n’allez pas imaginer des choses effrayantes,par exemple il se met à écouter la radio, il apprend à lire et écrire l’anglais, il emprunte des livres en bibliothèque, il se forme à l’informatique et même au scandale de tous y compris de son épouse, il va sur internet.
C’est un récit peut être un peu trop long mais tellement prenant qu’on oublie qu’il se passe aujourd’hui, dans le monde dit civilisé !
Vous avez déjà deviné que cela se termine mal pour lui, la religion juive orthodoxe n’est pas tendre pour les renégats de son espèce, il est littéralement chassé de chez lui, privé de ses enfants. Il doit faire le deuil de sa famille.
Comme ça c'est clair
L’hérétique ne peut revenir car la société « normale » est comparée à une prostituée, et celui qui va vers elle ne revient pas c'est la Bible qui le dit hélas.
Il lui faut reconstruire sa vie et oeuvrer pour aider d’autres juifs qui comme lui ont quitté le milieu hassidique.
C’est un récit sobre, d’une grande honnêteté et poignant. Shulem Deen ne garde aucune haine, aucune rancune et l’humour juif n’est jamais loin.
Un grand merci à Keisha qui m’a orienté vers ce livre
Le livre : Celui qui va vers elle ne revient pas - Shulem Deen - traduit par Karine Reignier-Guerre - Editions Globe