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Littérature américaine - Page 8

  • Un coin isolé et sauvage

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    « Nous allions tous vers la réserve naturelle nationale Charles M. Russell. Cet endroit, ainsi que les terres qui s’étendent au nord jusqu’à la Milk River, tient une place particulière dans mon cœur. C’est un coin isolé et sauvage, typique des plaines d’Amérique du Nord, mais serti de montagnes dans toutes les directions. Ces contrées abondent de vie animale et les gens du cru semblent manifester plus de respect et d’attachement à leurs terres que les habitants des autres régions. Le climat froid s’installe plus tôt qu’ailleurs. En septembre, le gibier d’eau se masse sur les étangs, les passereaux se rassemblent par milliers dans les ravines boisées, et les faucons et les buses fondent depuis les versants des montagnes avoisinantes pour s’en nourrir. Aux côtés des oiseaux migrateurs évoluent les espèces endémiques : le tétras des armoises, le tétras à queue fine, la pie et la perdrix. Les journées sont chaudes et ventées, les nuits peuvent être parfois givrées, les cerisiers de Virginie se colorent d’un rouge sang. »

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    Le livre : Rites d’automne - Dan O’Brien - Editions Albin Michel

  • Les Dépouilles de Poynton - Henry James

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                       « une merveille du style Jacobite de la première époque »

    Poynton est une magnifique propriété du sud de l’Angleterre. A la mort du propriétaire tout va passer dans les mains de son fils Owen Gereth, et quand je dis tout c’est vraiment tout : la maison, le domaine, les meubles et toutes les oeuvres d’art qu’Adela Gereth et son époux, amateurs de beauté, avaient patiemment amassés.

    La laideur, les niaiseries esthétiques sont pour Mrs Gereth « une secrète souffrance » aussi lorsqu’Owen s’éprend et se fiance à Mona Brigstock qui n’a aucun goût pour les belles choses et qui offre « le hideux spectacle d’une pimbêche disgracieuse et mal habillée » , Mrs Gereth sait qu’il va lui falloir agir avec célérité et détermination.

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    Poynton  " l'histoire d'une vie"

    Owen Gereth n’a jamais aimé Poynton aussi faut-il une stratégie à Mrs Gereth et cette stratégie s’apelle Fleda Vetch, une jeune personne élégante mais pauvre, intelligente et sensible à l’art et qui va servir d’intermédiaire entre les différents protagonistes, l’essentiel étant pour Mrs Gereth que jamais oh grand jamais ! Mona ne puisse devenir la propriétaire des merveilles de Poynton quitte à ce que son fils s’unisse à quelqu’un sans le sou.

    Henry James est habile et se joue de son lecteur, nous sommes immédiatement ralliés à sa cause alors que nous n’avons jamais le plaisir de visiter vraiment Poynton. Tout est dans l' art du sous-entendu, du dit à demi.

    Fleda et Mrs Gereth s’installent dans une maison charmante mais à mille lieux de l’héritage convoité. Et le temps et les manipulations de Mrs Gereth font leur chemin, Owen finit par être troublé par Fleda mais il n’est pas si facile de défier et duper Mona Brigstock.

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    Tout le talent d' Henry James est là. Ce n’est pas une de ses oeuvres majeures mais quel plaisir de suivre les manipulations des uns, les réticences des autres, les fourberies et les scrupules, les promesses faites et non tenues, les vainqueurs et les vaincus. C’est tortueux à souhait, on éprouve de la sympathie pour Fleda, de l’agacement devant la bêtise d’Owen. 

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    Le livre : Les dépouilles de Poynton - Henry James - Traduit par Simone David - Editions Calmann-Levy ou Editions Sillage

  • Celui qui va vers elle ne revient pas - Shulem Deen

    כָּל־בָּאֶיהָ לֹא יְשׁוּבוּן וְלֹא־יַשִּׂיגוּ אָרְחוֹת חַיִּים

    Proverbes 2:19  Celui qui va vers elle ne revient pas  

    La religion dans ce qu’elle peut avoir de pire, de destructeur pour l’individu, voilà un thème qui m’intéresse. 

    J’avais lu avec grand intérêt un roman d'Anouk Markovits sur le sujet il y a quelques mois, ce livre-ci est l’autobiographie d’un homme qui dès l’enfance appartient à un milieu religieux orthodoxe, c’est une famille juive de la mouvance hassidique. 

    Ce sont ces hommes (on ne voit que très peu les femmes) qui passent la majorité de leur temps à l’étude de la Bible et du Talmud.

    Enfants ces jeunes juifs se voient refuser des études normales, pas de littérature, pas de sciences, pas d’histoire,  matières censées corrompre l’individu. 

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    Les filles sont exclues, cachées, oubliées

    Une vie en circuit fermé, une union bien entendu arrangée avec une jeune femme qu’il rencontre quelques minutes avant le mariage. 

    Une famille nombreuse évidement, une vie très difficile financièrement et épuisante. Impossible pour Shulem de trouver un emploi correctement rémunéré n’ayant aucun bagage, aucune formation professionnelle. 

    Le quotidien de la famille repose sur des règles, des lois, plus restrictives et contraignantes les unes que les autres. 

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    Etudes centrées sur la Bible et le Talmud

    En écrivant cela j’ai l’impression de faire le portrait d’une famille du quart-monde et pourtant tout cela se passe aux Etats-Unis à une heure de New York !

    Une fois dépeint ce milieu hyper religieux où le moindre faux pas se paie de représailles de l’entourage, Shulem Deen s’attache à nous révéler son parcours propre, ses interrogations, ses doutes, sa lassitude mais aussi sa soif de savoir, de lecture, sa curiosité toujours en éveil.

    Il nous révèle à quel moment il a perdu la foi, comment il a longtemps fait semblant pour ne pas perturber sa femme et ses enfants.

    Sa communauté le surveille, il enfreint les règles d’abord en cachette, puis plus ouvertement. Quand je parle de transgression n’allez pas imaginer des choses effrayantes,par exemple il se met à écouter la radio, il apprend à lire et écrire l’anglais, il emprunte des livres en bibliothèque, il se forme à l’informatique et même au scandale de tous y compris de son épouse, il va sur internet

    C’est un récit peut être un peu trop long mais tellement prenant qu’on oublie qu’il se passe aujourd’hui, dans le monde dit civilisé ! 

    Vous avez déjà deviné que cela se termine mal pour lui, la religion juive orthodoxe n’est pas tendre pour les renégats de son espèce, il est littéralement chassé de chez lui, privé de ses enfants. Il doit faire le deuil de sa famille.

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    Comme ça c'est clair

    L’hérétique ne peut revenir car la société « normale » est comparée à une prostituée, et celui qui va vers elle ne revient pas c'est la Bible qui le dit hélas. 

    Il lui faut reconstruire sa vie et oeuvrer pour aider d’autres juifs qui comme lui ont quitté le milieu hassidique.

    C’est un récit sobre, d’une grande honnêteté et poignant. Shulem Deen ne garde aucune haine, aucune rancune et l’humour juif n’est jamais loin. 

    Un grand merci à Keisha qui m’a orienté vers ce livre 

     

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    Le livre : Celui qui va vers elle ne revient pas - Shulem Deen - traduit par Karine Reignier-Guerre - Editions Globe

     

  • Les Européens - Henry James

    Quatre mariages et un enterrement

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    Plus encore que Roderick Hudson voilà une façon simple et légère d’entrer dans le monde de Henry James..
    James a trente-cinq ans lorsqu’il écrit Les Européens. De ce roman va naitre sa renommée, même si la réception fut plus positive en Angleterre qu’aux Etats-Unis.

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    Une atmosphère bucolique

    Félix et Eugenia viennent d’arriver à Boston. Ils sont frère et soeur, américains mais ont toujours vécu en Europe. 

    On pressent que la visite qu’ils font à leurs cousins d’Amérique est un rien entachée d’intentions intéressées dues à une situation très précaire.

    Félix est un beau jeune homme à l’heureux caractère et sans occupation aucune, Eugénia quant à elle a contracté un mariage avec un prince allemand, mariage proche de sa dissolution. 

    Leurs cousins américains les Wentworth sont une famille austère mais pleine de générosité qui les accueille avec quelques réserves surtout Mr Wenworth, homme froid avec une maison à son image

    «  pas de splendeurs, pas de dorures, pas de régiment de domestiques. »

    Ses deux filles elles sont un peu éblouies par ces cousins si exotiques, Gertrude, sur laquelle Félix jette très vite son dévolu, est promise au pasteur Brand. Elle est celle qui est le plus attirée par ces nouveaux venus

    « Elle n’avait rien connu d’aussi délicieux depuis la lecture de Nicholas Nickleby »

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    L'archétype de la jeune américaine

    Robert Acton cousin et ami de la famille se laisse lui aussi prendre dans les filets de ces européens, seule résiste sa soeur Lizzie archétype de la jeune fille américaine, hardie et innocente à la fois, si on veut lui trouver une parenté il faut la chercher chez Edith Wharton et le personnage de May Welland dans le Temps de l’innocence.

    Mona Ozouf dit que ce roman est une « palette de couleurs tendres » c’est vrai mais le ton est constamment ironique. Satire légère et pleine d’humour qui entérine l’opposition entre Nouveau et Ancien monde, entre un monde puritain et bien pensant et celui du plaisir des sens et de l’esprit.

    L’ atmosphère du roman est crée par petites touches « le décor bucolique, la campagne environnante » les sentences religieuses accrochées ici et là, les fiacres collectifs qui surprennent nos européens.
    Les Wentworth représentent une société prude et moralisatrice, chez eux

    « pas de splendeurs, pas de dorures, pas de régiment de domestiques »

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    L'adaptation de James Ivory

    Le décor d’une maison, les parures féminines relèvent pour eux du mensonge, des apparences et donc du péché. 
    Plusieurs scènes mettent en opposition la froideur et la rigueur morale à l’insouciance et la frivolité européennes, le roman est une passerelle jetée entre ces deux mondes que tout oppose.
    Félix est jovial, léger, un rien inconséquent
         « Je n’ai jamais étudié; je n’ai pas de formation. Je fais un peu de   tout, mais rien de bien . je ne suis qu’un amateur » 

    Les scènes sont parfois cocasses, les comparaisons très ironiques, Eugenia a une conversation que le pasteur n’hésite pas à rapprocher de Mme de Staël et de Mme de Récamier et dans sa bouche c’est loin d'être d’un compliment. 

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    Lee Remick en Eugenia


    C’est un roman délicieux mais ne nous y trompons pas le James plus noir, plus caustique n’est jamais loin. Ne dit-il pas d’Eugenia. 
          « Rien de ce que disait la baronne n’était tout à fait faux. Mais peut-   être convient-il d’ajouter en toute justice que rien de ce qu’elle disait n’était tout à fait vrai »
    Quant à Gertrude voilà comment elle voit sa famille et son entourage.

    «  Il doit y avoir mille façons d’être lugubre et parfois je me dis que nous les utilisons toutes »

    Donc palette tendre mais ce sera la dernière fois dans l'oeuvre de James qu'un roman se termine par des mariages.

     

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    Le livre : Les Européens dans Portrait de femme et autres récits - Henry James - Traduit par - Gallimard Pléiade

  • Si je reste - Gayle Forman

    J’ai lu Si je reste de Gayle Forman 

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     Voilà l’histoire :

    Mia est une jeune fille de 17 ans, elle joue du violoncelle, elle a un petit ami rock star, des parents excentriques et un  super petit frère. Elle à la vie devant elle. 

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    Quand tout s'arrête à cause d’un simple accident de voiture qui bouleverse sa vie. Après l’accident elle vit comme détachée d'elle même, elle flotte, elle contemple son corps, entend tout  ce qui se passe.

    Transportée à l'hôpital elle voit ses proches la supplier de rester, Adam va tout tenter pour qu’elle ne parte pas, elle revoit sa vie d'avant, elle imagine son avenir si elle sort du coma, si elle reste chez les vivants.

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    L'actrice du film : Chloé Grace Moretz

    Mon avis : Un des rare livres qui m'a fait autant pleuré. Le choix que doit faire Mia rester ou partir pour toujours.

    Un livre magnifique très bien adapté au cinéma et je conseille fortement les 2, un livre selon moi à la portée des ados comme des adultes et en plus c’est en livre de poche !!

     

     

     

     

  • Dans la forêt - Jean Hegland

    Elles sont deux, elles sont soeurs, Nell et Eva dix-sept et dix-huit ans. Elles ne sont pas tout à fait comme les autres, elles ne sont jamais allées à l’école, éduquées par un père un brin iconoclaste et une mère artiste. Elles vivent loin de tout, au bout du bout de la route dans les forêts au nord de la Californie.

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    Pas d’école mais des livres pour l’une et la danse pour l’autre. Aujourd’hui elles sont prêtes à entrer à Harvard et à intégrer le corps de ballet de San Francisco.

    Oui mais voilà rêves et ambition vont en prendre un sacré coup. Autour d’elles le monde se délite : terrorisme, crise économique sans précédent, effondrement des infrastructures, des guerres lointaines mais qui ont un retentissement sur la société entière. d’abord l’électricité est coupée certains jours, puis totalement,  plus de téléphone, plus d’approvisionnement, tout s’arrête....

    Ces changements les deux soeurs et leur père ne les voient pas arriver car la mère malade vient de mourir. Le chagrin prend le pas sur la désolation du pays. Quand le père est victime d’un accident mortel Nell et Eva vont devoir faire face seules. C’est à travers le journal de Nell que nous les découvrons.

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    Pas d’inquiétude, je n’ai trahi aucun secret tout cela on l’apprend dans les trois premières pages. 

    Je le dis tout net je n’aime pas les romans apocalyptiques, j’ai détesté La Route, oui oui je sais vous avez tous et toutes adoré ce roman mais moi je n’ai pas marché. J’ai lu sans déplaisir Vongozero mais sans vraie passion. Alors pourquoi ici me suis-je laissée prendre ? 

    Et bien pour l’écriture (la traduction est parfaite) et la construction du roman. Par touches fines et retours en arrière particulièrement bien menés, on découvre la vie de cette famille, les liens qui les unissaient, la passion de Nell pour le savoir, l’éblouissement d’Eva pour la danse.

    Tout l’art de Jean Hegland est d’instiller doucement le doute, les petites ratées, les changements imperceptibles, bref tout ce que la famille ne voit pas et qui va modifier leur vie de façon brutale et sans retour possible.

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    L'auteur

    C’est magnifiquement évoqué. Une vie pleine et belle, un avenir radieux qui s'annoncent et brusquement l'obligation de vivre autrement, de compter l'une sur l'autre et sur la nature pour survivre.

    C’est un roman très poétique, lyrique, poignant par moment. J’ai aimé ces deux personnages, leurs rêves, leur volonté à survivre. La forêt qui les entoure est un personnage du roman et Jean Hegland en parle magnifiquement. Une belle rentrée pour moi.

     

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    Le livre : Dans la forêt - Jean Hegland - Traduit par Josette Chicheportiche - Editions Gallmeister 2017