La Guerre de Troie a bien eu lieu
Il y a quelques semaines j’avais fait un billet sur une traduction de l’Iliade, l’occasion pour moi de relire ce long récit hors de tout sentier scolaire.
J’aime l’antiquité, son histoire, ses écrivains, ses philosophes et ses grands textes.
Voilà pourquoi j’ai lorgné sur un roman très curieux qui met en scène Patrocle, le héros un peu oublié de l’Iliade. Si on a tous à peu près en tête la colère d’Achille, Ménélas en mari délaissé, Iphigénie en martyr, Patrocle lui est un peu falot.
Le sacrifice d'Iphigénie
Admettez l’improbable et imaginez Patrocle nous racontant son enfance, sa rencontre avec Achille « Le meilleur de tous les grecs » et sa Guerre de Troie.
Thétis et Pelée
Tout ça démarre assez mal pour Patrocle, prince déchu, qui trouve refuge très jeune au royaume de Phtie « Pélée, son roi, était l’un de ces hommes aimé des dieux : sans être divin, il était intelligent, courageux, beau, et aucun des ses pairs ne pouvaient égaler sa piété. ».
Il se lie d’amitié avec Achille, amitié qui au fil du temps se transforme en passion amoureuse. Mais la mère d’Achille veille au grain « Thétis était rusée et capable de donner à sa peau mille aspects changeants de fourrure, de plumes et de chair » et la contrarier n’est pas de bon augure.
Quand Achille est appelé pour aller guerroyer pour récupérer la belle Hélène, Patrocle va s’engager dans l’armée Grecque à ses côtés.
Résumé rapide pour une histoire connue, alors quel est l’intérêt de ce roman ?
L’auteur spécialiste de grec et de latin et universitaire confirmée réussit un tour de force. Elle nous transporte dans cette Grèce antique auprès de deux jeunes gens plus épris de soleil, d’art du combat, de médecine, de chaudes nuits amoureuses que de rejoindre l’armé d’Agammemnon.
Elle invente les détails des relations entre les personnages qu’ Homère n’a jamais donné. Nous participons à tout, à la constitution de l’armée grecque, aux échanges avec le rusé Ulysse, très agaçant Ulysse je dois le dire, et à l’envie de faire mordre la poussière à un Agammemnon plein de morgue.
Menelas soutenant le corps de Patrocle © Lu Dahlem
Elle fait tout cela d’une plume très prenante s’appuyant sur toutes les légendes qui nous restent en tête et qui voient les dieux venir se mêler de la vie des humains, Thétis en mère jalouse est très convaincante, et leur promettre un destin glorieux.
C’est la jolie métamorphose d’une légende en un récit très contemporain grâce à la belle imagination de Madeline Miller.
Le livre : Le chant d’Achille - Madeline Miller - Traduit par Christine Auché - Editions Rue Fromentin - 2014