Autant le dire j’attendais avec impatience de lire ce nouveau roman de Tim Willocks car je gardais un souvenir très vif de son précédent : La Religion
Diable d’auteur qui sait choisir les périodes d’ l’histoire ! Après le siège de Malte, le voilà arrivant à Paris en pleine Saint-Barthélemy, avouez qu’il y a des périodes plus calmes que celles-là. Tout le roman se déroule sur 36 heures et les narrateurs se succèdent au gré des péripéties.
« C'est la folie qui gouverne cette ville. Une fièvre sanglante dans tous les sens du terme : née dans le sang, vécue dans le sang, pour la joie de répandre le sang. »
La date ? 23 Août 1572, Mattias Tannhauser toujours chevalier de Malte mais maintenant homme marié avec sa bien aimée Carla de La Pénautier, vient chercher sa dulcinée à Paris où invitée pour ses talents musicaux, elle a assisté au mariage de la reine Margot et du futur Henri IV alors qu’elle est enceinte et pas loin d’accoucher.
Autant dire qu’il arrive dans une pétaudière plus que dangereuse.
Soit je rentre dans les détails de l’intrigue et là on en a pour un moment, soit je choisis de garder le silence, c’est dit même sous la torture je ne parlerai pas !!
Tim Willocks a un talent de conteur indéniable même, même quand il en fait un poil trop. C’est assez époustouflant mais parfois un peu intolérable question violence. Cet écrivain fut médecin et sa connaissance de l’anatomie rend certaines scènes plus que réalistes, il sait où planter un poignard pour faire un maximum de dégâts. Allez si je veux être un peu critique je dirais que le livre aurait gagné à être un peu moins long de quelques dizaines de pages mais c’est une critique douce parce que globalement je me suis laissée prendre au jeu de l’intrigue et des personnages et je suis sortie de là un peu échevelée.
Massacres, combats, chausse-trappe, embuscades, un récit où on décapite, on éventre, on empale, on a droit à toute la panoplie et....on y prend du plaisir !
Willocks a eu la bonne idée d’ajouter des personnages secondaires qui sont parfaits, ah cette fille aux rats, ce roi des voleurs.... le petit peuple de Paris est présent et bien vivace.
Le décor c’est la violence et la sauvagerie des guerres de religion en France, si vous avez vu le film de Tavernier : Mademoiselle de Montpensier, vous en avez eu un bref aperçu.
Willocks en bon psychiatre explore la folie humaine, ses ressorts, ses manifestations, l’honneur n’est plus qu’un mot creux, tout est bon pour se débarrasser d’un ennemi, d’un « hérétique » tout est permis.
La documentation sur cette nuit de la Saint Barthélemy est impeccable car elle fait ressortir les dernières avancées historiques sur le sujet. On voit les répercussions de l’attentat contre l’amiral de Coligny, les tergiversations du roi, le rôle de la populace.
Le Louvre en ce temps là
On est dans un Paris qu’avait su peindre Hugo dans Notre-Dame de Paris. Les descriptions des ruelles, véritables égouts à ciel ouvert, des bouges et de la crasse qui est présente jusque dans les salles du Louvre, sont saisissantes.
C’est un Dumas qui a pris des leçons dans un atelier d’écriture, la Reine Margot en comparaison est un livre pour enfants.
Le Livre : Les douze enfants de Paris - Tim Willocks - Traduit par Benjamin Legrand - Editions Sonatine
Commentaires
Je l'ai vu à La grande librairie, ça semble une somme passionnante. Bonne semaine Dominique.
@ Eeguab : som roman précédent m'avait totalement emballé, celui là est un petit cran en dessous mais le sujet m'a plu, les guerres de religion c'est un somment dans l'art de la tuerie et de l'intolérance
Voilà une super nouvelle pour commencer la journée ! Je n'avais pas vu que la suite de "La religion" était sortie, je l'attendais aussi, tant j'ai aimé le premier tome des aventures de Mathias dont j'étais sortie, échevelée, c'est le mot. Même si il y a quelques grosses (et bonnes) ficelles, c'est une machine à lecture qui fonctionne super bien !
@ Athalie : des ficelles c'est certain mais pas plus grosses que chez Dumas par exemple ! du sang de la sueur et des larmes :-)
Je commencerai plutôt par le premier, quand je me sentirai en appétit. Ça m'a l'air assez sanglant (j'ai vu Melle de Montpensier)
@ Aifelle : sanglant le mot est même peut être un peu faible ....
Et bien, en voilà de la lecture en perspective! Un autre éclairage que la Reine Margot!
@ miriam : la Reine Margot je me suis replongée dedans par un livre audio mais à côté on est dans la cour de récréation
Je suis justement plongée dans ce livre, et je crois qu'il n'est pas nécessaire d'avoir commencé par "La religion" pour l'apprécier. Quelle fresque foisonnante! C'est vraiment un grand roman. Même s'il est d'un réalisme cruel, cela devient presque acceptable car l'alternance avec les mécanismes mentaux dépeints avec une grande finesse entraîne le lecteur vers une réflexion sur cette folie meurtrière. Et c'est aussi une magnifique histoire d'amour!
@ Dominique : hello !!! nul besoin d'avoir lu le premier en effet
il sait y faire cet auteur, deux des plus grands massacres de l'époque ! si j'ai préféré la Religion c'est sans doute aussi pour le dépaysement mais celui là tient la route et c'est une belle occasion de se replonger dans notre histoire peu glorieuse
Pas sûr que ce soit ma tasse de thé, ces horreurs là... Même si le regard d'un non français sur cet épisode français peut se révéler intéressant.
@ keisha : oui le regard américain est intéressant mais tout aussi critique !
la saint Barthélemy est un épisode de l'histoire qui m'a profondément fait douter de l'humanité !
comme souvent quand tu parles d'un livre je vais d'abord lire le premier livre de cet auteur dont tu parles. Depuis Jerusalmy et son "sauver Mozart" je trouve que je découvre ainsi de vraies pépites .
donc je note "la religion"
Luocine
@ luocine : on a les mêmes personnages principaux dans les deux romans, même si j'ai un petit faible pour le premier, celui là est plus parlant pour nous et notre histoire
On parlait beaucoup de Tim Willocks dans les files d'attente des conférences ce week-end... (pas que de lui, toutefois, James Ellroy a fait sensation). Bref, ce n'est pas pour moi, ni le roman historique, ni la violence...
@ kathel : tout le contraire de moi, enfin pas pour Ellroy là je partage avec toi ton plaisir
J'ai noté ce titre quand l'auteur est passé chez Busnel. Il m'a fait forte impression mais vaut-il mieux lire "La religion" d'abord?
@ Mango : l'ordre n'a pas une grande importance puisque les deux romans ne se suivent pas vraiment on retrouve les héros mais je crois vraiment qu'on peut les lire dans n'importe quel ordre
Triste Saint Barthélémy, je ne me sens pas attirée par ces faits historiques mais je vois le talent de l'écrivain dans ton enthousiasme. J'aime beaucoup ta réflexion : " la Reine Margot en comparaison est un livre pour enfants", ça donne une idée de l'histoire ! Bises, doux lundi Dominique. brigitte
@ plumes d'anges : il se trouve que j'avais écouté La Reine Margot il y a peu alors la comparaison était facile à faire
" Là où il n'y a pas d'hommes, efforce-toi d'en être un "
J'avais lu une excellente critique dans Le Monde
Mais 900 pages avec mes mains percluses d'arthrose il va falloir utiliser le book seat
Du reste génial aussi pour l'iPad !
@ Aloïs : je dois le dire j'ai souffert même avec le book seat, c'est pas tout à fait humain des livres lourds comme celui là
Moi non plus, pas très attirée par le trop sanglant, mais j'adore ta conclusion !
@ Anne : il faut bien rire un peu non ?
La Religion est toujours en attente et j'ai aussi noté celui-là même si je pense préférer le premier qui se déroule à Malte. Quand ce sont des romans aussi gros je souhaite être sûre d'être bien tranquille pour m'y plonger et ne pas avoir à trop les interrompre. Il faut attendre le moment favorable
@ Nadejda : par contre une fois commencé on ne les lâche pas
Pas sûre de vouloir me plonger dans ce genre de scènes, je me contenterai de ton aperçu.
@ Tania : ah ah tu n'aimes pas les scènes sanglantes ? :-)
Bonjour Dominique, ce roman a été commandé aussitôt vu l'entretien de Mr Willock à la Grande Librairie. Ce qui m'a le plus intéressée c'est son analyse et son intérêt pour la violence humaine: qu'est ce qui la provoque? qui en est responsable?...il disait que c'était TOUJOURS les politiciens, et ce tout au long de l'histoire.
Superbes tes illustrations!
@ Colo : il décortique assez bien le phénomène mais sans jamais perdre de vue son intrigue principale et ses personnages
Comme toi, j'ai beaucoup aimé La religion, et il me tarde de lire ce titre.
C'est étrange, mais c'est en partie parce que ses textes sont violents, qu'ils me plaisent. Non que je sois particulièrement sadique, mais je trouve que cette violence, certes parfois exagérée, participe à faire de ses romans des fresques épiques, puissantes.
@ Inganmic : je ne déteste pas la violence dans les romans quand elle sert un récit, dans celui là ce n'est pas qu'il y a trop de violence c'est simplement que le roman est un tout petit peu trop long à mon goût
Houla, ça fait très envie. Une période historique bien intéressante, mais il faut d'abord que je trouve La Religion (sur ma liste depuis longtemps, mais toujors en attente...)
@ Papillon : à lire dans n'importe quel ordre en fait
900 pages... Aie, aie, aie !!!!
@ Enitram : indispensable de suivre les conseils d'Aloïs
Bonsoir Dominique, avant de lire ce roman ci, j'ai La Religion dans ma Pal. Je suis sûre que cela va me plaire. Bonne soirée.
@ dasola : j'espère qu'il te plaira autant qu'à moi
Alors là! le sujet, les références cinématographiques et littéraires, tout me donne envie de lire ce roman.
@ claudialucia : peut être un jour une adaptation cinéma ?
Trop historique, et trop violent pour moi...
@ l'or des chambres : tu fais partie des réfractaires et je comprends ça