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Littérature américaine - Page 10

  • La voie des morts - Neely Tucker

    Mes dernières incursions en territoire polar furent très décevantes alors j’ai jubilé en lisant celui-ci.

    C’est le premier roman de Neely Tucker et c’est franchement très efficace.

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    Retour en arrière puisque l’action se situe à la fin de l’ère Clinton. Une jeune fille blanche a disparu, ça c’est courant mais c’est la fille d’un juge qui allait être nommé à la Cour Suprême, évidement les choses du coup prennent une autre tournure.

    Sarah Reese après son cours de danse s’est rendue dans un petit supermarché, là elle a été prise à parti par trois ados noirs, quelques heures après son corps est retrouvé dans la ruelle derrière  le market.

    Un polar oui mais son héros est un journaliste, Sully Carter, un fouille-merde comme les appellent les flics, mais celui-là est un tenace, la médiatisation de l’intéresse pas, il se tourne vers ses indics, si je vous dis qu’en plus il a eu maille à partie avec le juge Reese vous savez tout ce qui est nécessaire pour vous donner envie de lire ce polar

    C’est d’une grande efficacité, les bas-fonds qu’ils soient ceux des mafieux mais aussi ceux des politiques sont parfaitement mis en scène.

    Et à force de recoupements qu’il fait grâce à une grande carte sur un mur de son bureau, vous avez compris que ce n’est pas un fan de technologie, il fait apparaitre un tout autre tableau de la disparitions de Sarah Reese.

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    Bien sûr il est un rien alcoolo ce journaleux, il faut dire qu’il était en Bosnie et qu’il en garde quelques séquelles, nobody’s perfect !

    Allez y de confiance c’est efficace, la traduction est bonne, la photo de la société américaine est très réussie et j’espère bien retrouver ce héros et cet auteur prochainement.

     

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    Le livre : Voie des morts - Neely Tucker - Traduit par Alexandra Maillard - Série Noire Gallimard

  • Un jardin dans les Appalaches - Barbara Kingsolver

    Un jour avec binette et râteau 

     

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    Fête des mères, des pères,  comment faire plaisir à un(e) écologiste en mal de sobriété heureuse ? 

    Et bien en lui offrant un livre sympa mais en version poche (moins d’euros et moins de papier parfait pour l’empreinte carbone) 

     

    Celui que je vous propose n’est pas récent du tout mais je m’y suis replongée pour vous avec délices car non seulement vous y apprendrez comment réussi votre verger, votre potager mais en prime vous aurez droit à quelques recettes

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    Un pari celui d’une famille qui désireuse de changement s’installe dans une ferme des Appalaches avec l’idée folle de se nourrir avec ce qu’ils feront pousser ou ce que pourront leur fournir les fermiers des environs. 

    Ciel des locavores ces drôles de petites bêtes qui ne mangent que les légumes et fruits de saison et qui ont poussé sur place.

    Les expériences de nos fermiers en herbe ne sont pas toujours couronnées de succès mais ils s’accrochent. Mari et filles ont participé totalement à l’expérience et à la rédaction du livre. Un livre qui donne des idées et des envies.

     

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    Ce livre là je vais tout de suite l'offrir à  Aloïs qui a déjà le jardin, le potager, les bocaux, et qui en un tour de mains peut concocter un repas de roi et vous donner la recette.

     

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    Le livre : Un jardin dans les Appalaches - Barbara Kingsolver - Editions 

  • Aucun homme ni dieu - William Giraldi

    Les loups, les loups ......

     

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    Quand la nourriture manque les loups se rapprochent des habitations, du moins c'est ce qu'on dit.

    En Alaska deux enfants ont ainsi disparus. Lorsque le fils de Medora Slone disparait elle fait appel à un spécialiste : Russel Core, un connaisseur et défenseur des loups, il accepte de venir à Keelut et de vérifier si l’enfant a bien été victime des loups. Il écoute le récit de la mère et s’enfonce alors dans l’immensité blanche à la poursuite de la meute de loups alors qu’en son for intérieur il est sûr que les loups ne sont pour rien dans cet enlèvement.

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    La vie du village a des accents claniques, tous sont plus ou moins liés et parents, Core apparait comme un intrus. L’administration d’ailleurs se tient un peu en réserve et la loi du silence est la règle.

    Ce que va découvrir Russel Core a de quoi surprendre et les faits vont s’enchainer à vive allure. 

     

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    « Les cabanes étaient peu nombreuses, rangées sur deux lignes bien distinctes. La plupart d’entre elles n’avaient qu’une seule pièce de plain-pied. Quelques-unes comportaient un étage et un toit en pente raide hérissé d’antennes radio qui grésillaient dans le froid. Les collines surgissaient tout autour, protectrices, ou bien juste prêtes à se refermer comme un étau sur le village. »

     

    Bon voilà vous êtes plongés dans le grand froid, la glace, la neige, les ours, les loups. Comme Core vous allez devoir survivre dans une nature hostile et puissante.

    Je vous préviens malgré le froid vous allez persister car ce roman est non seulement très original mais totalement passionnant. 

    La sauvagerie, la peur, la culpabilité, les hallucinations, tout est fait pour vous plonger dans un monde où la morale est reléguée loin des hommes, où l’on se sent plus proche de l’animal que de l’être humain.

    Vous participerez à une traque où la terreur vous guidera et ou la civilisation s’effacera petit à petit de votre radar. 

     

    Un roman très réussi, ambitieux, efficace et dont l’issue est surprenante. L’écriture sert parfaitement le propos. Un nord très très inquiétant.

     

     

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    Le Livre : Aucun homme ni dieu - William Giraldi - Traduit par Mathilde Bach - Editions Autrement 2015

     

  • Le Village - Dan Smith

    Chasseur ou gibier

     

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    Dans une traque on peut être le chasseur ou le gibier, ici nos héros seront un peu les deux.

    Je vous ai emmené en Carélie et bien maintenant prenons le chemin de l’Ukraine mais faisons une marche arrière dans le temps, retour aux années trente.

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    C’est l’hiver et à Vyriv un petit village oublié du monde vit Luka Sidorov, il a combattu bien des années dans les armées russes, je dis LES armées car les ukrainiens ont eu maintes fois l’occasion de changer de camp, écoutez le « J’appartenais à l'Armée noire anarchiste de Nestor Makhno, qui avait affrontée seule l'Armée blanche du général Wrangel, avant de s'allier à l'Armée rouge. »

    Luka aujourd’hui se contente de la chasse et d’éduquer ses deux fils, les jumeaux Viktor et Petro, deux solides gaillards de dix sept ans et Lara la petite dernière de neuf ans.  

    Le village entier retient son souffle, il a connu la famine déclenchée par Staline mais les habitants ont pu survivre car Vyriv est loin des routes, loin de tout et ils ont été un peu épargnés. Aujourd’hui ils sont dans l’attente et la peur des sbires de Staline qui organise la collectivisation à marche forcée et vont faire main basse sur tous les biens.

     

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    Alors ils font le moins de bruit possible dans le village, il s’agit de se faire oublier.

    C’est Luka qui va semer la confusion, il recueille un homme mourant et deux enfants sur un traineau. Ils ont été mutilés peut être par un tueur anthropophage.

    Le village est pris d’une fureur absolue, cet homme met en péril le village ! il n’est pas question que les tchékistes déboulent ici à cause de lui. C’est un assassin d’enfants, et il n’y a qu’une chose à faire dans ce cas et Dimitri le voisin et parent de Luka va mener la danse. Malgré les exhortations au calme le pire arrive et l’homme meurt.

     

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    Quand Dariya la fille de Dimitri disparait, le village réalise que Luka avait vu juste, l'homme n'était pas le tueur et une traque va s’organiser.

     

    Il y a quelques maitres mots pour ce récit,  terreur envers la Tchéka, peur de l’assassin, peur pour les enfants, violence qui peut ne connaitre aucune limite, froid car la steppe sous la neige, survie difficile des hommes dans ce milieu hostile. 

    Dan Smith joue parfaitement de la corde sensible au bon sens du terme, on suit les réflexions de Luka, son comportement parfois injuste avec ses fils, son effroi à la pensée de perdre sa famille, son goût de la violence qui le rattrape.

    J’ai vraiment aimé ce roman où la force des liens familiaux l’emporte sur le reste, où la barbarie et l’humanité peuvent être présentes à la fois chez un homme. 

     

    Ce livre peut se classer dans un genre similaire à  En mémoire de la forêt mêlant polar et histoire, mais aussi à un polar que j’ai écouté  Enfant 44 

    Le contexte historique est celui que Anne Appelbaum retrace dans son livre.

     

     

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    Le livre : Le village - Dan Smith - Traduit par Hubert Tézenas - Editions Le Cherche midi

     

  • L'appel du Causse - William S Merwin et Michael Taylor


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    Un livre attachant, riche, double, un livre qui parle de la terre de France avec un petit accent américain.

    Le nom de William S Merwin ne vous est sans doute pas connu, c’est pourtant un poète américain reconnu. 

    En 1950 il parcourt la France et a un coup de foudre total pour une région : le Quercy. Et nous allons, grâce à William Merwin, arpenter ces terres arides, admirer les jeux de lumière, faire connaissance avec les habitants bourrus qui semblent au poète n’avoir pas vraiment changé depuis l’épique des troubadours

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    Le poète part en quête d’un havre, d’un lieu de vie et il le trouve à Lacam. Il va au fil du temps transformer une ruine en une maison qui s’intègre parfaitement dans le paysage, premier habitant du hameau à n’être pas né là !!

    Dans les années qui suivent il va y faire de nombreux séjours,le lieu, la nature, les paysages vont lui inspirer des poèmes et des textes en prose que l’on découvre dans ce livre.

     

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    Le Hameau de Lacam  © Autour du puits 

    « Mes jours solitaires dans cet endroit silencieux représentent un point culminant dans ma vie, un trésor éternel, une source à laquelle je reviens sans cesse.»  

     

    A la manière de Stevenson il a arpenté les chemins, les collines, les prés de la région et son amour est resté intact. Son ami Michael Taylor, qui l’a rencontré à la faveur d’une interview, est amoureux lui aussi de ce Causse magnifique et donne une très belle introduction aux textes de Merwin. 

    C’est un plaisir de lire la prose de Merwin, il a étudié le vieux français pour pouvoir lire Villon et c’est un passionné de la langue d’Oc des troubadours.

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    © Autour du puits

    « Ce sont ce monde ancien, cette culture et ce paysage qui ont saisi mon imagination. Un lieu d’une ancienneté incommensurable avec un profond silence sous-jacent. »

     

    Les amoureux de la région l’on peut être déjà rencontré.

    Ecoutez son ami Michael Taylor qui en parle très bien.

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    La Maison de William Merwin © Autour du puits 

    « tout y est pour qui aime vivre les saisons, arpenter les sentiers, contempler les paysages immaculés, cueillir les champignons ou cultiver son jardin. Bien sûr, c’est un peu nostalgique: Merwin vit la disparition de la vieille paysannerie et les débuts d’une autre époque, peut-être moins poétique. Mais nous savons que l’auteur revient chaque année passer quelques mois dans sa vieille maison. Qui sait si vous ne l’apercevrez pas un jour, au détour d’une promenade, derrière les murs en pierres sèches » 

     

    Un grand merci à Aloïs qui m'a permis d'illustrer ce billet de photos superbes prises sur les lieux mêmes

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    Le livre : L’appel du Causse - William S Merwin et Michael Taylor - Editions Fanlac

     

    Les auteurs

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    Michael Taylor  et William S Merwin

     

  • L'homme du verger - Amanda Coplin

     

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                      la vallée de Wenatchee © Amata Trakmar

     

    En route vers la côte pacifique disons au tout début du XXème siècle, vers la vallée de Wenatchee. Un homme calme, un homme bon et vivant en harmonie avec la nature, fait fructifier sa terre, il a planté un verger, il a greffé, soigné, irrigué et il peut être fier de son travail.

     

    Après la récolte il part à la ville où il espère rencontrer ses amis : Caroline Middey herboriste et sage-femme et Clee l’indien. 

    « Les boisseaux de pommes et d’abricots enfouis dans les sacs, bruissaient au fond du chariot ». Son étal installé il aperçoit « deux filles avec des mines de conspiratrices - en guenilles, le visage sale »

    Lorsqu’elles lui dérobent ses pommes il laisse faire mais les suit.

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    « les pommes dégringolaient de leurs robes relevées et elles s’accroupissaient ou se penchaient maladroitement pour les ramasser. Cette maladresse était due, il le voyait bien à leurs ventres grotesquement distendus. »

     

    Talmadge, lui qui ne s’est jamais occupé que de prunes, d’abricots ou de pommes, lui qui n’a jamais pu oublier la disparition d’Elsbeth sa soeur, qui vivait au rythme des rencontres amicales avec Caroline, va être propulsé dans un monde de violence et de douleur.

     

    Della et Jane, ses voleuses sauvages et farouches vont petit à petit s’approcher de sa maison, accepter la nourriture qu’il laisse à leur intention, pénétrer dans sa maison en son absence.

    Elles ont fui la violence, la servitude et la cabane que leur offre Talmadge va représenter un havre où poser leurs têtes. Quand un homme accepte d’être volé par plus démuni que lui ne soyez pas étonné que toute sa destinée en soit changée à jamais.

     

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    « A l'été, lorsque les chevaux revinrent, Della était décidée : elle voulait apprendre à monter. Ce fut elle et non Talmadge qui demanda à Clee de bien vouloir l'initier »

     

    Et je m’arrête là pour vous permettre de découvrir Talmadge et son verger, pour découvrir un livre totalement ouvert sur les grands espaces.

    Indiens, chevaux sauvages, arrivée du chemin de fer ont répondu à mon envie d’aventure mais le côté intimiste imprimé par Amanda Coplin m’a comblé également.

    Qu’est-ce qui crée les liens entre les hommes, le sang ou ..tout autre chose ? Peut-on reconstitué une famille par la seule volonté ? 

    J’ai aimé passé du romantisme à un ton plus sombre, du lyrisme au côté désespéré de ces vies.

    Un très bon roman dont l’auteur a réellement grandi dans la vallée de Wenatchee et s’est inspirée de la vie de sa famille pour écrire cette histoire.

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    Le Livre : L’homme du verger - Armanda Coplin - Traduit par Laurence Kiéfé - Editions Christian Bourgois