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Littérature américaine - Page 10

  • Aucun homme ni dieu - William Giraldi

    Les loups, les loups ......

     

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    Quand la nourriture manque les loups se rapprochent des habitations, du moins c'est ce qu'on dit.

    En Alaska deux enfants ont ainsi disparus. Lorsque le fils de Medora Slone disparait elle fait appel à un spécialiste : Russel Core, un connaisseur et défenseur des loups, il accepte de venir à Keelut et de vérifier si l’enfant a bien été victime des loups. Il écoute le récit de la mère et s’enfonce alors dans l’immensité blanche à la poursuite de la meute de loups alors qu’en son for intérieur il est sûr que les loups ne sont pour rien dans cet enlèvement.

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    La vie du village a des accents claniques, tous sont plus ou moins liés et parents, Core apparait comme un intrus. L’administration d’ailleurs se tient un peu en réserve et la loi du silence est la règle.

    Ce que va découvrir Russel Core a de quoi surprendre et les faits vont s’enchainer à vive allure. 

     

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    « Les cabanes étaient peu nombreuses, rangées sur deux lignes bien distinctes. La plupart d’entre elles n’avaient qu’une seule pièce de plain-pied. Quelques-unes comportaient un étage et un toit en pente raide hérissé d’antennes radio qui grésillaient dans le froid. Les collines surgissaient tout autour, protectrices, ou bien juste prêtes à se refermer comme un étau sur le village. »

     

    Bon voilà vous êtes plongés dans le grand froid, la glace, la neige, les ours, les loups. Comme Core vous allez devoir survivre dans une nature hostile et puissante.

    Je vous préviens malgré le froid vous allez persister car ce roman est non seulement très original mais totalement passionnant. 

    La sauvagerie, la peur, la culpabilité, les hallucinations, tout est fait pour vous plonger dans un monde où la morale est reléguée loin des hommes, où l’on se sent plus proche de l’animal que de l’être humain.

    Vous participerez à une traque où la terreur vous guidera et ou la civilisation s’effacera petit à petit de votre radar. 

     

    Un roman très réussi, ambitieux, efficace et dont l’issue est surprenante. L’écriture sert parfaitement le propos. Un nord très très inquiétant.

     

     

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    Le Livre : Aucun homme ni dieu - William Giraldi - Traduit par Mathilde Bach - Editions Autrement 2015

     

  • Le Village - Dan Smith

    Chasseur ou gibier

     

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    Dans une traque on peut être le chasseur ou le gibier, ici nos héros seront un peu les deux.

    Je vous ai emmené en Carélie et bien maintenant prenons le chemin de l’Ukraine mais faisons une marche arrière dans le temps, retour aux années trente.

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    C’est l’hiver et à Vyriv un petit village oublié du monde vit Luka Sidorov, il a combattu bien des années dans les armées russes, je dis LES armées car les ukrainiens ont eu maintes fois l’occasion de changer de camp, écoutez le « J’appartenais à l'Armée noire anarchiste de Nestor Makhno, qui avait affrontée seule l'Armée blanche du général Wrangel, avant de s'allier à l'Armée rouge. »

    Luka aujourd’hui se contente de la chasse et d’éduquer ses deux fils, les jumeaux Viktor et Petro, deux solides gaillards de dix sept ans et Lara la petite dernière de neuf ans.  

    Le village entier retient son souffle, il a connu la famine déclenchée par Staline mais les habitants ont pu survivre car Vyriv est loin des routes, loin de tout et ils ont été un peu épargnés. Aujourd’hui ils sont dans l’attente et la peur des sbires de Staline qui organise la collectivisation à marche forcée et vont faire main basse sur tous les biens.

     

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    Alors ils font le moins de bruit possible dans le village, il s’agit de se faire oublier.

    C’est Luka qui va semer la confusion, il recueille un homme mourant et deux enfants sur un traineau. Ils ont été mutilés peut être par un tueur anthropophage.

    Le village est pris d’une fureur absolue, cet homme met en péril le village ! il n’est pas question que les tchékistes déboulent ici à cause de lui. C’est un assassin d’enfants, et il n’y a qu’une chose à faire dans ce cas et Dimitri le voisin et parent de Luka va mener la danse. Malgré les exhortations au calme le pire arrive et l’homme meurt.

     

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    Quand Dariya la fille de Dimitri disparait, le village réalise que Luka avait vu juste, l'homme n'était pas le tueur et une traque va s’organiser.

     

    Il y a quelques maitres mots pour ce récit,  terreur envers la Tchéka, peur de l’assassin, peur pour les enfants, violence qui peut ne connaitre aucune limite, froid car la steppe sous la neige, survie difficile des hommes dans ce milieu hostile. 

    Dan Smith joue parfaitement de la corde sensible au bon sens du terme, on suit les réflexions de Luka, son comportement parfois injuste avec ses fils, son effroi à la pensée de perdre sa famille, son goût de la violence qui le rattrape.

    J’ai vraiment aimé ce roman où la force des liens familiaux l’emporte sur le reste, où la barbarie et l’humanité peuvent être présentes à la fois chez un homme. 

     

    Ce livre peut se classer dans un genre similaire à  En mémoire de la forêt mêlant polar et histoire, mais aussi à un polar que j’ai écouté  Enfant 44 

    Le contexte historique est celui que Anne Appelbaum retrace dans son livre.

     

     

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    Le livre : Le village - Dan Smith - Traduit par Hubert Tézenas - Editions Le Cherche midi

     

  • L'appel du Causse - William S Merwin et Michael Taylor


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    Un livre attachant, riche, double, un livre qui parle de la terre de France avec un petit accent américain.

    Le nom de William S Merwin ne vous est sans doute pas connu, c’est pourtant un poète américain reconnu. 

    En 1950 il parcourt la France et a un coup de foudre total pour une région : le Quercy. Et nous allons, grâce à William Merwin, arpenter ces terres arides, admirer les jeux de lumière, faire connaissance avec les habitants bourrus qui semblent au poète n’avoir pas vraiment changé depuis l’épique des troubadours

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    Le poète part en quête d’un havre, d’un lieu de vie et il le trouve à Lacam. Il va au fil du temps transformer une ruine en une maison qui s’intègre parfaitement dans le paysage, premier habitant du hameau à n’être pas né là !!

    Dans les années qui suivent il va y faire de nombreux séjours,le lieu, la nature, les paysages vont lui inspirer des poèmes et des textes en prose que l’on découvre dans ce livre.

     

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    Le Hameau de Lacam  © Autour du puits 

    « Mes jours solitaires dans cet endroit silencieux représentent un point culminant dans ma vie, un trésor éternel, une source à laquelle je reviens sans cesse.»  

     

    A la manière de Stevenson il a arpenté les chemins, les collines, les prés de la région et son amour est resté intact. Son ami Michael Taylor, qui l’a rencontré à la faveur d’une interview, est amoureux lui aussi de ce Causse magnifique et donne une très belle introduction aux textes de Merwin. 

    C’est un plaisir de lire la prose de Merwin, il a étudié le vieux français pour pouvoir lire Villon et c’est un passionné de la langue d’Oc des troubadours.

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    © Autour du puits

    « Ce sont ce monde ancien, cette culture et ce paysage qui ont saisi mon imagination. Un lieu d’une ancienneté incommensurable avec un profond silence sous-jacent. »

     

    Les amoureux de la région l’on peut être déjà rencontré.

    Ecoutez son ami Michael Taylor qui en parle très bien.

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    La Maison de William Merwin © Autour du puits 

    « tout y est pour qui aime vivre les saisons, arpenter les sentiers, contempler les paysages immaculés, cueillir les champignons ou cultiver son jardin. Bien sûr, c’est un peu nostalgique: Merwin vit la disparition de la vieille paysannerie et les débuts d’une autre époque, peut-être moins poétique. Mais nous savons que l’auteur revient chaque année passer quelques mois dans sa vieille maison. Qui sait si vous ne l’apercevrez pas un jour, au détour d’une promenade, derrière les murs en pierres sèches » 

     

    Un grand merci à Aloïs qui m'a permis d'illustrer ce billet de photos superbes prises sur les lieux mêmes

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    Le livre : L’appel du Causse - William S Merwin et Michael Taylor - Editions Fanlac

     

    Les auteurs

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    Michael Taylor  et William S Merwin

     

  • L'homme du verger - Amanda Coplin

     

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                      la vallée de Wenatchee © Amata Trakmar

     

    En route vers la côte pacifique disons au tout début du XXème siècle, vers la vallée de Wenatchee. Un homme calme, un homme bon et vivant en harmonie avec la nature, fait fructifier sa terre, il a planté un verger, il a greffé, soigné, irrigué et il peut être fier de son travail.

     

    Après la récolte il part à la ville où il espère rencontrer ses amis : Caroline Middey herboriste et sage-femme et Clee l’indien. 

    « Les boisseaux de pommes et d’abricots enfouis dans les sacs, bruissaient au fond du chariot ». Son étal installé il aperçoit « deux filles avec des mines de conspiratrices - en guenilles, le visage sale »

    Lorsqu’elles lui dérobent ses pommes il laisse faire mais les suit.

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    « les pommes dégringolaient de leurs robes relevées et elles s’accroupissaient ou se penchaient maladroitement pour les ramasser. Cette maladresse était due, il le voyait bien à leurs ventres grotesquement distendus. »

     

    Talmadge, lui qui ne s’est jamais occupé que de prunes, d’abricots ou de pommes, lui qui n’a jamais pu oublier la disparition d’Elsbeth sa soeur, qui vivait au rythme des rencontres amicales avec Caroline, va être propulsé dans un monde de violence et de douleur.

     

    Della et Jane, ses voleuses sauvages et farouches vont petit à petit s’approcher de sa maison, accepter la nourriture qu’il laisse à leur intention, pénétrer dans sa maison en son absence.

    Elles ont fui la violence, la servitude et la cabane que leur offre Talmadge va représenter un havre où poser leurs têtes. Quand un homme accepte d’être volé par plus démuni que lui ne soyez pas étonné que toute sa destinée en soit changée à jamais.

     

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    « A l'été, lorsque les chevaux revinrent, Della était décidée : elle voulait apprendre à monter. Ce fut elle et non Talmadge qui demanda à Clee de bien vouloir l'initier »

     

    Et je m’arrête là pour vous permettre de découvrir Talmadge et son verger, pour découvrir un livre totalement ouvert sur les grands espaces.

    Indiens, chevaux sauvages, arrivée du chemin de fer ont répondu à mon envie d’aventure mais le côté intimiste imprimé par Amanda Coplin m’a comblé également.

    Qu’est-ce qui crée les liens entre les hommes, le sang ou ..tout autre chose ? Peut-on reconstitué une famille par la seule volonté ? 

    J’ai aimé passé du romantisme à un ton plus sombre, du lyrisme au côté désespéré de ces vies.

    Un très bon roman dont l’auteur a réellement grandi dans la vallée de Wenatchee et s’est inspirée de la vie de sa famille pour écrire cette histoire.

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    Le Livre : L’homme du verger - Armanda Coplin - Traduit par Laurence Kiéfé - Editions Christian Bourgois

  • Le Chant d'Achille - Madeline Miller

    La Guerre de Troie a bien eu lieu

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    Il y a quelques semaines j’avais fait un billet sur une traduction de l’Iliade, l’occasion pour moi de relire ce long récit hors de tout sentier scolaire.

    J’aime l’antiquité, son histoire, ses écrivains, ses philosophes et ses grands textes

    Voilà pourquoi j’ai lorgné sur un roman très curieux qui met en scène Patrocle, le héros un peu oublié de l’Iliade. Si on a tous à peu près en tête la colère d’Achille, Ménélas en mari délaissé, Iphigénie en martyr,  Patrocle lui est un peu falot.

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                         Le sacrifice d'Iphigénie

     

    Admettez l’improbable et imaginez Patrocle nous racontant son enfance, sa rencontre avec Achille « Le meilleur de tous les grecs » et sa Guerre de Troie.

     

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      Thétis et Pelée 

     

    Tout ça démarre assez mal pour Patrocle, prince déchu, qui trouve refuge très jeune au royaume de Phtie  « Pélée, son roi, était l’un de ces hommes aimé des dieux : sans être divin, il était intelligent, courageux, beau, et aucun des ses pairs ne pouvaient égaler sa piété. ».

    Il se lie d’amitié avec Achille, amitié qui au fil du temps se transforme en passion amoureuse. Mais la mère d’Achille veille au grain « Thétis était rusée et capable de donner à sa peau mille aspects changeants de fourrure, de plumes et de chair » et la contrarier n’est pas de bon augure.

    Quand Achille est appelé pour aller guerroyer pour récupérer la belle Hélène, Patrocle va s’engager dans l’armée Grecque à ses côtés.

     

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    Résumé rapide pour une histoire connue, alors quel est l’intérêt de ce roman ?

    L’auteur spécialiste de grec et de latin et universitaire confirmée réussit un tour de force. Elle nous transporte dans cette Grèce antique auprès de deux jeunes gens plus épris de soleil, d’art du combat, de médecine, de chaudes nuits amoureuses que de rejoindre l’armé d’Agammemnon.

    Elle invente les détails des relations entre les personnages qu’ Homère n’a jamais donné. Nous participons à tout, à la constitution de l’armée grecque, aux échanges avec le rusé Ulysse, très agaçant Ulysse je dois le dire, et à l’envie de faire mordre la poussière à un Agammemnon plein de morgue.

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    Menelas soutenant le corps de Patrocle © Lu Dahlem  

     

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    Elle fait tout cela d’une plume très prenante s’appuyant sur toutes les légendes qui nous restent en tête et qui voient les dieux venir se mêler de la vie des humains, Thétis en mère jalouse est très convaincante, et leur promettre un destin glorieux. 

    C’est la jolie métamorphose d’une légende en  un récit très contemporain grâce à la belle imagination de Madeline Miller.

     

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    Le livre : Le chant d’Achille - Madeline Miller - Traduit par Christine Auché - Editions Rue Fromentin - 2014

  • Les douze enfants de Paris - Tim Willocks


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    Autant le dire j’attendais avec impatience de lire ce nouveau roman de Tim Willocks car je gardais un souvenir très vif de son précédent : La Religion

    Diable d’auteur qui sait choisir les périodes d’ l’histoire ! Après le siège de Malte, le voilà arrivant à Paris en pleine Saint-Barthélemy, avouez qu’il y a des périodes plus calmes que celles-là. Tout le roman se déroule sur 36 heures et les narrateurs se succèdent au gré des péripéties.

     

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      « C'est la folie qui gouverne cette ville. Une fièvre sanglante dans tous les sens du terme : née dans le sang, vécue dans le sang, pour la joie de répandre le sang. »

    La date ? 23 Août 1572, Mattias Tannhauser toujours chevalier de Malte mais maintenant homme marié avec sa bien aimée Carla de La Pénautier, vient chercher sa dulcinée à Paris où invitée pour ses talents musicaux, elle a assisté au mariage de la reine Margot et du futur Henri IV alors qu’elle est enceinte et pas loin d’accoucher.

    Autant dire qu’il arrive dans une pétaudière plus que dangereuse. 

    Soit je rentre dans les détails de l’intrigue et là on en a pour un moment, soit je choisis de garder le silence, c’est dit même sous la torture je ne parlerai pas !! 

     

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    Tim Willocks a un talent de conteur indéniable même, même quand il en fait un poil trop. C’est assez époustouflant mais parfois un peu intolérable question violence. Cet écrivain fut médecin et sa connaissance de l’anatomie rend certaines scènes plus que réalistes, il sait où planter un poignard pour faire un maximum  de dégâts. Allez si je veux être un peu critique je dirais que le livre aurait gagné à être un peu moins long de quelques dizaines de pages mais c’est une critique douce parce que globalement je me suis laissée prendre au jeu de l’intrigue et des personnages et je suis sortie de là un peu échevelée.

    Massacres, combats, chausse-trappe, embuscades, un récit où on décapite, on éventre, on empale, on a droit à toute la panoplie et....on y prend du plaisir !

    Willocks a eu la bonne idée d’ajouter des personnages secondaires qui sont parfaits, ah cette fille aux rats, ce roi des voleurs.... le petit peuple de Paris est présent et bien vivace.

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    Le décor c’est la violence et la sauvagerie des guerres de religion en France, si vous avez vu le film de Tavernier : Mademoiselle de Montpensier, vous en avez eu un bref aperçu.

    Willocks en bon psychiatre explore la folie humaine, ses ressorts, ses manifestations, l’honneur n’est plus qu’un mot creux, tout est bon pour se débarrasser d’un ennemi, d’un « hérétique » tout est permis.

    La documentation sur cette nuit de la Saint Barthélemy est impeccable car elle fait ressortir  les dernières avancées historiques sur le sujet. On voit les répercussions de l’attentat contre l’amiral de Coligny, les tergiversations du roi, le rôle de la populace.

     

     

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    Le Louvre en ce temps là

     

    On est dans un Paris qu’avait su peindre Hugo dans Notre-Dame de Paris. Les descriptions des ruelles, véritables égouts à ciel ouvert, des bouges et de la crasse qui est présente jusque dans les salles du Louvre, sont saisissantes.

     

    C’est un Dumas qui a pris des leçons dans un atelier d’écriture, la Reine Margot en comparaison est un livre pour enfants.

     

     

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    Le Livre : Les douze enfants de Paris - Tim Willocks - Traduit par Benjamin Legrand - Editions Sonatine