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L'intrus - William Faulkner

Qu’arrivait-il dans les années vingt dans le Mississipi à un noir arrêté arme en main avec à ses pieds le corps d’un blanc abattu d’une balle dans le dos ?

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Le lynchage de Thomas Shipp et Abram Smith, 7 août 1930 à Marion, Indiana

Surtout quand la victime est de la tribue des Gowrie. Toute la ville s’attend à un lynchage, une pendaison ou même l’utilisation d’un simple bidon d’essence. Heureusement pour Lucas Beauchamp demain c’est le sabbat et il gagne quelques heures de vie.

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Le film tiré du roman

Quand Charlie avait 12 ans Lucas lui a sauvé la mise, il était passé à travers la glace d’une rivière gelée. Charlie sentant une dette peser sur sa conscience a eu un peu plus tard un geste qu’aujourd’hui encore il regrette, faisant ce qu’on attend d’un blanc vis à vis d’un noir.
Aussi aujourd’hui quand Lucas Beauchamp dit ne pas être l’auteur du meurtre et que pour le prouver il lui demande d’aller tout simplement déterrer la victime, Charlie se sent obligé d’obéir.

Il va trouver de l’aide auprès de la vieille Miss Habersham qui fournit véhicule, pelle et pioche ! 

Lucas Beauchamp n’est pas un noir ordinaire et avec ce personnage c’est tout le talent de Faulkner qui s’impose.

Lucas est le prototype du nègre qui ne s’incline pas devant les blancs, qui n’enlève pas son chapeau, ne remercie pas, ne plie pas le genou, cela même de l’avis des autres noirs qui eux font ce que l’on attend d’eux c'est à dire endurer et survivre.

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Lucas Beauchamp

 L’intrigue est on ne peut plus simple mais elle est magnifiée par le talent de Faulkner et comme moi je pense vous serez admiratif du retournement qui se produit entre la première scène, celle du sauvetage de Charlie Mollison et la scène finale.

Dès le début on se perd dans ses digressions, ses parenthèses, ses incises. On suit le monologue intérieur de Charlie, fil rouge du roman, son sentiment de culpabilité, son besoin de payer sa dette, il est intelligent et fier mais sait déjà que les blancs, les petits fermiers autour de lui, se font une autre idée de la justice et du droit et Gavin Stevens son oncle juge et attorney n’est pas exempt des mêmes préjugés.

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Oxford Mississipi la ville de Faulkner

 

Si vous aimez Virginia Woolf vous êtes déjà initié au flux de conscience, Faulkner est dans le même registre avec une dureté beaucoup plus prégnante et une permanence parfois déroutante. Les retours en arrière ne sont pas signalés alors on se perd parfois en route mais un coup de rétroviseur et l’on retrouve le bon chemin.

Ce roman initiatique splendide que Faulkner écrit à la veille d’être couronné par le Nobel est une bonne façon d’entrer dans son univers pas toujours simple d’accès, beaucoup plus facilement que ses grands romans qui peuvent décourager plus d’un lecteur. 

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Le livre : L’intrus - William Faulkner - Traduit par RN Rimbauld et Michel Gresset - Editions Gallimard Folio

 

Commentaires

  • Faulkner, pour certains rébarbatifs, c'est vrai qu'il faut se concentrer pour suivre, mais que j'ai toujours trouvé génial. J'espère que ton billet plus d'un(e), dont mon conjoint qui te lit toujours, à se lancer dans une magnifique lecture.
    Bon week-end Dominique.

  • je vais tâcher de convaincre ton bel hidalgo : le récit demande en effet un effort pour le suivre mais non pas parce que la langue de Faulkner est difficile mais parce qu'il est difficile d'entrer dans les pensées de quelqu'un !

  • Hello Dominique. Le film de Clarence Brown est un bon film. L'intrus est effectivement un de ses romans les plus accessibles. Comme il a déjà été dit par Colo l'univers de Faulkner reste assez rude d'accès. J'ai lu L'intrus, Le bruit et la fureur, Sanctuaire, Pylone. Bonne journée.

  • Merci à toi des compléments, je n'ai pas vu le film mais je vais le chercher en médiathèque, j'ai trouvé le roman plus accessible que d'autres tout en gardant une force tout à fait impressionnante

  • Je l'ai lu dans ma jeunesse , je vais cet été faire des relectures je vais le mettre à mon programme. Je ne me souviens pas que c'était difficile à suivre, je me souviens de l'ambiance oppressante.
    Luocine

  • Si je dis difficile à suivre c'est pour anticiper sur les réactions des lecteurs, mais c'est vrai que le roman et les romans de Faulkner en général, nécessitent d'être attentif car il aime nous perdre un peu

  • J'ai le projet de lire Le bruit et la fureur, mais bon, un autre titre peut faire l'affaire (Le bruit et la fureur existe à la bibli en deux lourds gros tomes rébarbatifs)

  • Si tu n'as rien lu de l'auteur je ne te conseille pas le bruit et la fureur qui est sans doute le plus difficile d'accès, celui là te fait entrer dans le monde de Faulkner plus en douceur si l'on peut dire

  • Je retiens cet "Intrus" qui me permettra peut-être de renouer avec Faulkner dont j'ai lu les romans les plus connus, il y a quelques années. Ce que tu en dis m'en donne l'envie..

  • Si tu l'as lu et aimé tu vas aimé celui là nécessairement

  • Comme je vous l'ai dit en commentaire de votre billet de Lumière d'Août c'est un roman magnifique que je compte relire prochainement, à l'époque je l'avais lu dans le cadre d'une lecture commune sur un forum littéraire, les blogs n'existaient pas ...

  • Pourtant adepte Faulkner, j'ai abandonné ce titre alors que j'en étais arrivée aux 2/3... impossible d'y entrer, trop tortueux, trop abscons..

  • ah bizarre, moi je trouve que c'est le plus accessible mais c'est vrai que les constants retours en arrière peuvent perturber

  • Si tu veux faire un petit essai à nouveau lis celui là qui est court, simple mais qui est tout à fait représentatif du style de Faulkner

  • J'avais lu plusieurs Faulkner il y a déjà un bon moment, et je garde de très bons souvenirs de "Lumière d'août" et "Le bruit et la fureur". Il faut que je m'y replonge, et ce sera sans doute avec celui-ci.

  • j'ai vraiment aimé, mais je n'ai pas tout lu de Faulkner je pense y replonger bientôt

  • Je me rends compte que je n'ai pas relu Faulkner depuis l'adolescence (dont je suis sortie il y a bien longtemps).

  • je suis en train de faire un parcours de relectures mais ici c'est une première lecture d'un auteur que j'aime beaucoup

  • Punaise ! la première photo m'a presque donné des sueurs froides. C'est horrible...
    Cela fait longtemps que je n'ai pas lu Faulkner, pourtant, quelle écriture. A chaque fois, c'est un choc. En voilà un qui a bien mérité son Nobel ! Je ne connaissais pas ce titre, je le note pour ma prochaine incursion dans le sud ;-)

  • j'ai hésité pour la photo mais elle est tellement emblématique d'une époque i
    Ce n'est pas son roman le plus connu mais j'y ai pris un très grand plaisir

  • Si tu assures qu'il est court (je lis en ce moment quelque chose de très long pour moi qui manque toujours de temps...), je me lancerai avec plaisir pour "tester" le style Faulkner, je n'ai il me semble jamais rien lu de cet auteur. Quelle époque, pauvres gens, ta première photo me donne la chair de poule !!! Bises, à bientôt Dominique. brigitte

  • C'est un court roman mais qui demande un peu d'attention

  • J'ai aimé le bruit et la fureur et je note celui-là ! En plus du thème passionnant, j'apprécie le style.

  • Une fois que l'on s'est fait à la forme du récit on est accroché totalement

  • Vous me remettez, de manière convaincante, merci, sur le chemin Faulkner, que j'interromps régulièrement, puisqu'il s'agit d'un projet que je veux de longue durée.
    Ce flux de conscience atteint un sommet dans le premier chapitre du bruit et la fureur, sous les visions de l'attardé mental Benjy. C'est presque illisible dans un premier temps. Il faut resituer, je crois, l'écriture de ce chapitre dans la vie de l'auteur, qui a vécu des désillusions littéraires.
    J'espère venir par après à L'intrus et d'autres nouvelles, mais je tiens à "démonter" entièrement l'énorme morceau que représente "Le bruit et la fureur".

  • ce livre est un sommet et il faut cordes et piolet pour en venir à bout mais comme pour les sommets conquis l'arrivée est très euphorisante
    je l'ai lu une seule fois et j'envisage aujourd'hui une relecture bienvenue, l'âge patine les défauts et fait ressortir les qualités d'un bon vin, alors pourquoi pas d'un roman ?
    j'ai aussi en ligne de mire les trois romans des Snopes

  • Je précise que j'ai terminé le livre depuis mi-mars et que je suis entré, à petits pas, dans l'excellent Folio explicatif de Pïtavy.
    Et d'en reparler avec vous me donne l'idée : j'emporte en vacances (une semaine) "Histoires diverses", vieux recueil Nrf Gallimard (167) trouvé d'occasion pour presque rien, brefs récits qui ont pour cadre le comté fameux de Yoknapatawpha.

  • merci pour ce complément

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