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Rechercher : la douce colombe est morte

  • Dix essais

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    En route pour dix essais marquants de ces dix dernières années. Je vois d’ici la moue de certains qui n’aiment pas les essais. 
    Moi j’aime, normal vous me direz pour une blogueuse placée sous la houlette du créateur du genre.

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    Ce fut carrément la foire d’empoigne pour décider
    J’ai fait des listes, barré, ajouté, barré à nouveau, rajouté encore 
    J’ai même triché un rien en ajoutant ici des livres que je n’avais pas mis dans la case histoire (ben oui) 

    Attention cette liste n’est pas un classement, ça je suis incapable de le faire, ce sont simplement mes dix lectures les plus fortes de ces dix dernières années.

    Trois livres tournent autour d’un même sujet. Normal, depuis plusieurs mois maintenant j’ai entrepris l’étude de l’ hébreu biblique car je suis depuis toujours fascinée par la Bible, du coup j’ai beaucoup lu autour de ce thème évidement 

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    ça calme tout de suite n'est ce pas ?

     

    J’ai été passionnée par le livre de Pierre Assouline Vies de Job, et depuis même si je n’ai pas fait de billets là dessus j’ai lu plusieurs livres sur le sujet, mais le sien reste vraiment celui qui m’a le plus enthousiasmé 

    J’ai élu aussi au titre des meilleurs essais la somme que représente La Bible dans les littératures du monde mon intérêt pour la Bible étant largement plus littéraire que religieux, cette somme m’a vraiment laissé stupéfaite, j’ai retrouvé là des écrivains que j’aime : Faulkner, Giono, Proust bien sûr qui tous peu ou prou ont été imprégnés, inspirés, marqués par la Bible 
    Et puis pour ne pas en rester à l’Ancien Testament, il y a bien sûr Le Royaume que j’ai lu et écouté (lu par l’auteur, Emmanuel Carrère est parfait dans le rôle ) à plusieurs reprises malgré tout ses petits défauts

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    Pour moi qui ai besoin de sagesse

    Autre compilation mais celle là d’un autre siècle, Erasme et ses adages, oui je sais c’est pas vraiment glamour mais c’est un peu comme un dico ou une encyclopédie si vous avez le malheur de l’ouvrir vous êtes ameçonné et vous passez un temps fou à rebondir d’un adage à l’autre Là aussi je suis admirative du travail de traduction de toute une équipe.

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    J’ai dit que j’ai flirté avec l’histoire, deux essais m’ont passionné dans des genres bien différents 
    L’un centré sur un pays, l’autre carrément sur le monde

    Goulag d’ Anne Appelbaum fut  un choc malgré des lectures déjà faites sur le sujet, un livre à lire pour tout amateur d’histoire de la Russie
    Dans un genre nettement plus ludique mais pour autant excellent c’est Sapiens, le livre de Yuval Noah Harari dont le succès fut immense et que je mets sans hésitation sur ma liste.

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    Que serait cette liste sans l’auteur dont je mets sans hésitations deux des livres dans ce choix de la décennie passée : Monsieur Mendelsohn, là aussi je triche un rien car Les Disparus apparait dans ma liste de livres lus avant l’ouverture du blog mais dans un billet sur mes lectures les plus importantes il apparaissait déjà : Pour la quête du passé qui dévide l’écheveau de l’histoire, pour la restitution par l’auteur à travers les personnages de sa famille de la mémoire de personnes empêchées de témoigner, parce qu’il fouille les souvenirs des témoins avec compassion et dignité...Un très très grand livre
    Par contre son dernier essai un rien homérique, lui est bien sur ce blog et fut certainement une des meilleures lectures des mois écoulés. 

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    Vous êtes au bout ......... 

    Deux chouchous indétrônables  Proust et Montaigne.

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                                             Mon marque page préféré 

    Impossible de ne pas donner une place à Pietro Citati et à sa Colombe poignardée pour moi un des meilleurs essais sur Proust et le joyeux Comment vivre de Sarah Bakewell qui permet à Montaigne d’être présent sur cette liste de bienheureuse façon

  • Mourir sur une île

    J'aurai pu choisir comme thème : mourir au soleil ! 

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    Deux îles gorgées de soleil où je vous emmène mais attention le danger rôde et la mort n'est pas moins triste au soleil.

    Volontaires rendez-vous demain sur le quai.

  • Le Jardin d'Epicure - Irvin Yalom

    Le Jardin d’Epicure - Irvin Yalom - Traduit de l’anglais par Anne Damour - Editions Galaade
    jardin d'épicure.gifUn livre sur le défi le plus exigeant, le plus prégnant que nous rencontrons : surmonter notre peur de la mort, une préoccupation majeure, omniprésente et universelle. C’est un peu comme « regarder le soleil en face » titre anglais de ce livre.
    J’avais par le passé fait un bout de chemin avec Irvin Yalom à travers deux romans que j’avais beaucoup aimé, il revient ici avec un livre de professionnel en psychiatrie et en psychothérapie.
    Ce livre veut être une aide " affronter la mort ne conduit pas nécessairement à un désespoir qui nous dépouille de toute raison d’être" la peur de la mort pour chacun du nous est pourtant au coeur d’une grande partie de notre anxiété, comment lutter contre cette peur et est-ce possible ?
    Le plus souvent une expérience personnelle nous éveille à la reconnaissance de notre peur : un rêve, une perte douloureuse comme le décès d’un être proche, mais aussi la perte d’un emploi, la vente d’une maison, la survenue de la maladie, un accident ou simplement le vieillissement ou un anniversaire comme les 50 ans ou 60 ans (ah bon ..)
    Toutes choses qui nous confrontent à notre statut de mortel.

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    La mort de l'avare - Hiéronymus Bosch
     

    A l’aide des récits sur ses patients Yalom nous apprend à reconnaître derrière des comportements variés la peur de la mort, nous propose des méthodes pour faire face à cette peur pour transformer celle ci en force vitale nous permettant de nous accomplir  " affronter la mort nous permet non d’ouvrir une boîte de Pandore, mais d’aborder la vie d’une manière plus riche et plus humaine "
    Il s’agit là d’une opportunité pour nous permettre de réfléchir à nos priorités, pour améliorer nos relations avec autrui, pour mieux communiquer avec ceux que nous aimons.
    Il nous invite ainsi à mieux goûter la vie, à en reconnaître la beauté, il nous invite à nous engager pour les autres.
    La peur de la mort s’appuie souvent sur notre besoin de laisser une trace immortelle de notre passage, Yalom utilise une belle métaphore : celle des ondulations sur l’eau, des rides sur un étang, c’est l’effet de rayonnement , chacun de nous crée des cercles concentriques d’influence qui toucheront les amis, les proches, et ces "rides" resteront le signe de notre passage. Qui laissera un trait de caractère, qui une expérience, un avis, une preuve de vertu, une parole de réconfort.

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    Le livre des morts égyptien

    L’auteur nous encourage à " consumer " nos vies, à aimer notre destin, et éviter le regrets d’une vie non vécue.
    On retrouve ici Nietzsche que Yalom cite abondemment, mais aussi Epicure et  Montaigne, les penseurs et les philosophes qui peuvent nous aider à apaiser nos peurs, des écrivains aussi et l’on retrouve Tostoï et "La mort d’Ivan Illitch "
    La philosophie pour Yalom, comme pour ses maîtres en pensée, doit nous aider à vivre et soulager notre anxiété, les comparaisons auxquelles il nous invite à réfléchir entre la mort et ce temps de non-être d’avant notre naissance sont éclairants.
    Yalom n’est pas croyant, il reconnaît l’aide qu’apporte parfois la religion pour combattre notre peur et respecte la foi des croyants,  mais il affirme la possibilité de s’en passer " Je ne doute pas que la foi religieuse tempère les craintes de la mort chez beaucoup. Mais chez moi elle soulève cette question - elle semble être une feinte pour contourner la mort, la mort n’y est pas définitive, la mort y est niée, la mort y est dé-mortalisée "

    L’oeuvre d’Irvin Yalom est importante, elle mêle son expérience de thérapeute à sa vision personnelle de l’existence, d’une clarté constante son livre exprime la chaleur et la compassion qu’il réserve à ses patients.
    Classiquement un thérapeute reste discret sur son vécu personnel, pour nous convaincre Yalom fait appel à sa mémoire et raconte ses expériences intimes au moment de la mort de son père, il ajoute là une touche personnelle bienvenue.  Un dernier chapitre s’adresse aux professionnels de la psychanalyse ou de la psychothérapie mais reste lisible pour le lecteur non professionnel.

    Faites une place dans votre bibliothèque à ce livre riche et profondément humain

    L’auteur
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    Professeur émérite de psychiatrie à Stanford, Irvin Yalom est psychiatre à Palo Alto (Californie). Entre fiction, philosophie et psychothérapie il est l’auteur de nombreux essais, romans ou récits, dont Apprendre à mourir. La méthode Schopenhauer, Mensonges sur le divan, Et Nietzsche a pleuré ( source l’éditeur)

  • Monsieur de La Tour

     

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    " Bien qu’il sût que les images trompent et que les mots mentent, il se doutait que le feu qui brûle dans le coeur des hommes est plus ardent qu’un brasier allumé durant l’hiver. Que l’âme des hommes qui se cherchent tout  au long de la vie, et jusque dans la mort, est bien plus forte que la nuit la plus obscur.(..)
    La neige redoublait. Monsieur de La Tour se mettait alors à peindre"

     

    Le livre : Christian Birgin - La mort de Pouchkine - Editions Arléa
    Le tableau : George de La Tour - Madeleine en pénitence Metropolitan Museum of Art New York.

     
  • Bribes de Solitude

    Les joies de la solitude

    Les poètes habitent et ont habité les lieux solitaires, parce que ce n’est point dans les forums aux plaisirs, ni dans les palais, ni dans les théâtres, ni dans les capitoles ou sur les places, et encore moins à ceux qui fréquentent les lieux publics — qu’ils soient mêlés aux attroupements tapageurs de leurs concitoyens ou bien entourés d’un cercle de donzelles — qu’il est donné de méditer sur des questions sublimes...

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    Là, des hêtres qui se dressent dans le ciel et tous les autres arbres qui allongent de leur Dürer 004.JPGfeuillae les ombres naissantes ; là, un sol recouvert d’herbes verdoyantes et diapré de fleurs aux milles couleurs, des sources limpides et des ruisselets d’argent qui jaillissent, dans un murmure charmant, de l’abondance des montagnes ; là, oiseaux au plumage coloré et branchages qui donnent écho à leur ramage et au flux d’une douce brise ; là, folâtreries d’insectes ; là, petit et gros bétail, là, maison du berger ou bien cassine, qui ne trouble aucune affaire domestique, et toutes choses pleines de tranquillité et de silence.
    Ce spectacle ne captive pas seulement l’âme en repaissant l’oeil et l’oreille de ses merveilles, mais c’est sous son empire qu’à l’évidence l’esprit trouve le recueillement et que le génie, s’il lui arrive d’être las, recouvre son énergie et est poussé rudement vers le désir de méditer sur des questions sublimes et vers l’impatience de les mettre en oeuvre. 

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    Ce spectacle est encourager par le paisible commerce des livres, merveilleusement persuasif et par les choeurs harmonieux des Muses qui mènent la danse alentour.

     

    Le livre : Généalogie des Dieux païens - Boccace - Traduction Pierre Maréchaux

    La toile : Albrecht Dürer Maison isolée sur étang

    Dürer au musée du Prado chez Ciel bleu de Castille

  • bribes de champs et de grèves

    flaubert

    « La nuit était douce, une belle nuit d'été, sans lune, mais scintillant des feux du ciel, embaumée de brise marine. La ville dormait, les lumières, l'une après l'autre, disparaissaient des fenêtres, les phares éloignés brillaient en taches rouges dans l'ombre qui sur nos têtes était bleue et piquée en mille endroits par les étoiles vacillantes et rayonnantes. On ne voyait pas la mer; on l'entendait, on la sentait, et les vagues se fouettant contre les remparts nous envoyaient des gouttes de leur écume par le large trou des mâchicoulis. »

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    « La marée baissait ; il fallait, pour passer, attendre le retrait des vagues. Nous les regardions venir. Elles écumaient dans les roches, à fleur d'eau, tourbillonnaient dans les creux, sautaient comme des écharpes qui s'envolent, retombaient en cascades et en perles, et dans un long balancement ramenaient à elles leur grande nappe verte. Quand une vague s'était retirée sur le sable, aussitôt les courants s'entrecroisaient en fuyant vers des niveaux plus bas »

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    « On avait retrouvé un homme perdu à la mer il y avait trois semaines ; on l’a apporté à l’église sur une charrette à boeufs. Il faisait presque nuit, quatre cierges aux coins du catafalque, enfant avec sa chandelle tenant la porte ouverte, clochettes des porteurs ; les femmes se sont mises au fond, les hommes au haut, plus près, ordre qui a été conservé au cimetière ; les femmes du reste en bien plus grande quantité. L’office fut court, tout le monde à genoux dans le cimetière sur la terre des tombes. Froid des soirs d’été, crépuscule vert, bonnets se levant au vent. »par les champs.jpg

     

    Le Livre : Par les champs et par les grèves - Gustave Flaubert - Maxime Ducamp - Editions de l’Aube