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Rechercher : la douce colombe est morte

  • Sept conférences sur Marcel Proust - Bernard de Fallois

    Bernard de Fallois était surnommé au dire de Pierre Assouline « le proustien capital ». C’est pour moi une quasi obligation de le lire. 

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    Le livre est composé des conférences thématiques et pas du tout chronologiques que l’auteur a tenu il y a …. 
    Vous allez me dire : mais alors pour s'y intéresser il faut avoir lu toute la Recherche ? Oui et non. 
    Si vous n’en avez lu qu’une partie cela éclairera votre lecture future, pour les autres c’est une façon aussi de découvrir des aspects que l’on a raté ou apprécier autrement certains passages, bien sûr pour s’interroger et ... ouvrir aussitôt la Recherche.

    Les thèmes du conférencier :  
    Quelle est la nature du comique dans la Recherche : chère Madame Verdurin !

    Proust pour ou contre l’amour ? Ou l’oeuvre d’art peut-elle vaincre la mort ? 
    Proust face à Balzac ou Chateaubriand (lectrice de Chateaubriand et de Balzac j’ai particulièrement aimé ce chapitre.) J’ai aimé les comparaisons de l’auteur avec La Comédie humaine et les personnages de Balzac.

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    On revient de loin quand même !

    Mais aussi : La vie de Proust est-elle si intéressante que cela ?  Je dois dire que j’ai eu le sourire tout au long et que j’ai aperçu le clin d’oeil du conférencier.
    Comment Proust a-t-il composé son roman ? si vous êtes un écrivain en herbe n’espérez pas y trouver une recette
    Qu’est-ce qu’un personnage proustien ? ( Il y en a 800 quand même !) et les personnages de Proust ont-ils vieilli ?  Ça je vous laisse deviner

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    B de Fallois nous invite à prendre du recul, à regarder cette fichue cathédrale (ça c’est Proust qui le dit) de plus loin pour mieux la voir, pour apercevoir certaines formes invisibles de près. Pour voir aussi comment tout ça tient ensemble.
    Ici pas de glose universitaire, pas d’analyse philosophico machin à la Enthoven, non simplement sept thèmes déclinés qui nous font découvrir l’extraordinaire originalité de l’oeuvre.
    J’ai eu plutôt l’impression d’entendre une causerie (suggestion : en faire un livre audio) avec l’envie de poser une question parfois. Le langage est à la portée de tous ce qui dénote le brio du conférencier et la maitrise totale de son sujet.

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    De Fallois est d’une ironie mordante envers ceux qui ont cru un jour « être débarrassé de Proust » ( voilà une raison de plus pour moi de ne pas aimer Sartre)
    Une étude rajoutée : Lecteurs de Proust étude qui fait le point sur l’accueil, le passage à vide et la redécouverte de l’oeuvre.
    Bernard de Fallois a été celui qui a édité Jean Santeuil et le Contre Sainte-Beuve, qui à l’époque   dormaient dans un garde-meubles, il est aussi celui qui a fait entrer la Recherche au Livre de Poche. Joli CV non ? 

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    Une leçon de lecture faite par un passeur et un guide incomparable. Jamais le lecteur ne se sent exclu par un savant qui tente de vous en mettre plein la vue avec SON savoir sur Proust. Il a une forme d’humilité qui le rend fort sympathique et parfaitement lisible.
    Bernard de Fallois n’hésite pas à insérer beaucoup d’extraits de la Recherche à l’appui de ses arguments.
    Ce volume vient compléter L’Introduction à la Recherche qui a été publiée il y a quelques mois. Ce qui est certain c’est qu’après ces sept conférences je lirai cette Introduction. 

     

    En bonne admiratrice et lectrice de la Recherche j’ai déjà quelques livres dans ma bibliothèque, certains m’enchantent ( Citati et sa colombe ou la bio de Maurois )  d’autres m’ont déçu (le dico d’Enthoven par exemple) 

    Pour que j’ajoute ce livre là sur mes rayons il a fallu qu’il soit très très convainquant.

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    Le livre : Sept conférences sur Marcel Proust - Bernard de Fallois - Editions de Fallois

  • Canicule et compagnie

    Canicule oblige je suis un peu au ralenti 

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    Hier plus de 40° sur ma terrasse et nuit à 27  oufffffff

    Le programme en ce moment c’est plus boisson, douche fraiche, fermeture de volet et douce clim 

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    A très bientôt 

  • Et le reste est silence - Carla Guelfenbein

    resteestsilence.gifLe reste est silence - Carla Guelfenbein - Traduit de l’Espagnol par Claude Breton - Editions Actes Sud
    C’est la couverture qui m’a attirée en premier, elle reflète parfaitement le livre.
    Tommy est un garçon pas tout à fait comme les autres, a 12 ans une maladie de coeur l’oblige à une vie restreinte dans un cocon soigneusement tissé par son entourage. Lui qui rêve de voler doit se contenter de la compagnie d’un ami imaginaire et des conversations enregistrées en douce sur son MP3 un peu partout, paroles qu’il engrange dans son ordinateur.
    Son père est un chirurgien de renom et sa belle-mère Alma communique parfois avec lui en langue des signes, il a aussi une demi-soeur Lola, une vraie peste.
    La vie de Tommy bascule lorsque caché sous une table il enregistre une conversation qui ne lui est pas du tout destinée, sa mère Soledad qui est morte lorsqu’il avait 3 ans, sa mère dont la photo est cachée dans son "Architout", sa mère s’est suicidée. Tommy va chercher à comprendre cette vérité si douloureuse car il ne peut que penser " Si maman s’est ôtée la vie, ça signifie qu’elle ne m’aimait pas." Et comme Tomas , c’est son véritable nom, est très intelligent il a vite fait de faire un inventaire " Maintenant je sais qu’il y a au moins onze façons de s’ôter la vie, et que l’une d’elle est celle de maman."

    Les autres personnages vont tenir chacun leur partition et composer un chant choral dans lequel mais dans lequel les voix ne sont jamais réunies.
    Nous déroulons le fil d’Ariane pour sortir du labyrinthe composé des secrets familiaux, des non dits, des sentiments soigneusement enfermés, des peurs des uns et des autres.

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    Photo L'oeil ouvert

    L’auteur nous livre l’intime de chacun des personnages, petit à petit nous ressentons leur fragilité, leur maladresse, nous nous glissons dans cette famille blessée où le silence est la seule réponse.
    C’est un roman délicat, tendre, pudique, sensible. L’auteur explore le monde onirique de l’enfance , l’espace que chacun garde caché pour se protéger mais dont il faut parfois payer le prix.

    Un avis également positif chez Des livres et des champs


    carla.jpgl’auteur
    Carla Guelfenbein est née à Santiago du Chili. Exilée en Angleterre après le coup d'état de Pinochet, elle y étudie la biologie puis le dessin. De retour au Chili elle travaille dans la publicité. Son précédent roman "Ma femme de ta vie" a été publié chez Actes Sud

  • Bribes provençales

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    « Ma douce, vive, exquise Provence. La parfumée, la bondissante, même quand elle dort ; la sage et la prudente, même quand elle est folle ; si intelligente, si sensée ; rieuse même dans le sérieux, et sérieuse dans le rire »

    « Qui ne pense pas au vent ne peut penser Provence. Elle est le royaume du mistral. Et son roi a bien le nom du maître. Elle est toute à lui, et il la régit toute, corps, âme et biens. »

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    « La terre de Provence, pleine de sel et d’esprit, donne à la vie une forme si heureuse que tout excès s’en élimine ; et comme le mistral, le rire emporte les miasmes. »

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    « Avec Sienne, Avignon est la plus belle des petites villes. Sienne est plus féminine, Avignon, plus virile. Sienne a bien plus d’art, Avignon plus de vie. A l’arrivée, Avignon flambe dans le couchant. Dans les petites rues au fleuve, que de femmes belles, brûlantes, éblouissantes.
    J’aime et je redoute Avignon. »

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                                        Les Alyscamps  Van Gogh

    « Je les ai vues dans le bleu du printemps, et le chant des oiseaux. Puis, dans le temps gris d’automne, et les allées toutes pleines de feuilles mortes, toutes bruissantes. Le vent de la mer les agitait et jouait de la harpe sur ces cordes cassées. Toutes ces feuilles sont couleur de terre, grises et déjà poussière, ou déjà tavelées de brune pourriture ; rares sont les feuilles jaunes, et pas une n’est d’or. »

     

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    « Les Baux sont, au milieu, le vrai cœur de la Provence. Les Alpilles sont belles comme une ode souriante de Pindare, comme un chœur d’Eschyle.
    Les Alpilles sont les plus belles montagnes que je sache avec les monts Albains, pour moi, qui ne dois point voir l’Attique, le Pentélique ni l’Hymette.
    Les Baux tiennent les orages en suspens ; ils dispersent les pluies, et ils lancent sans cesse le mistral et la lumière. »

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    Le livre : Provence - André Suarès - Editions Edisud

  • Du sang au cercle polaire

    J'adore lire hors saison, pas vous ?

    Enfourchez votre motoneige et en route pour Kiruna.

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                  Au pays de la foi religieuse

     

    Le premier roman met en scène Viktor Strandgård qui à l’heureux privilège de mourir pour la deuxième fois. « Une ferveur religieuse sans précédent s'est emparée de la petite ville minière de Kiruna, en Laponie, depuis que le charismatique Viktor Strandgård, le Pèlerin du Paradis, a survécu à un terrible accident et est revenu d'entre les morts » mais maintenant « il gît sur le dos les yeux fixés vers le ciel qu’on découvre à travers les immenses verrières. Comme si rien ne le séparait du ciel noir de l’hiver, au-dessus

     

    Sanna sa soeur est aussitôt soupçonnée et elle fait appel à Rebecka Martinsson. Cette jeune avocate a quitté le village et est maintenant avocate fiscaliste mais sous l’emprise des souvenirs elle va accepter d’aider Sanna. 

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               Kiruna et son hôtel de glace : brrr à vous faire froid dans le dos

     

    Dans le second polar nous sommes toujours à Kiruna mais c’est la femme d’un pasteur qui est retrouvée morte : Mildred Nillson

    Rebecka Martinsson est là en mission pour le cabinet d’avocat pour lequel elle travaille. Cet assassinat va la remettre sur les traces de son passé. 

     

    Dans les deux romans les enquêtes sont menées par  Sven Erick Stanalcke et Anna Maria Mella qui ont du mal à démêler le vrai du faux, la superstition de la réalité, 

    L’auteur nous entraine donc en Laponie suédoise à portée de motoneige du cercle polaire, un bout du monde où la population subit l’emprise des religieux, où les comportements sont le plus souvent dictés par la superstition et la peur.

    Ce sont des enquêtes classiques, ce que j’ai aimé c’est l’atmosphère glauque et éprouvante portée par un puritanisme et un sectarisme religieux qui glacent le sang.

    De belles descriptions de la nature suédoise illustrent les deux polars qui s’appuient sur les pires travers des hommes.

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     « Un soleil d’or rose descend sur les douces collines comme une cloche de lumière. Un bateau qui fait la balade entre les îles de l’archipel glisse dans le chenal. Les roseaux sur la berge bruissent dans l’air du soir et leurs têtes de velours se confient des secrets. »

     

    Malgré quelques passages assez mal traduits, c’est agaçant à la lecture mais ça ne gêne en rien le suivi de l’intrigue, j’ai eu du plaisir avec ces deux polars.

    L’auteur juriste de formation mène une intrigue bien travaillée, elle sait parfaitement faire ressentir le poids du passé, elle brouille les pistes pour tenir le lecteur en haleine, ses portraits sont de bonne facture. 

    On est un peu sidéré de découvrir une Suède en proie au fanatisme religieux, cette sombre atmosphère est parfaitement rendu par Åsa Larsson et je dois dire que je me suis laissée embarquée. Je vous conseille de les lire dans l’ordre c’est mieux pour le suspens.

     

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     Les polars :

    Horreur boréale - Åsa Larsson - Editions Gallimard Série noire et folio

    Le Sang versé - Åsa Larsson - Editions Albin Michel 

  • Horace à la campagne - Xavier Patier

    Horace à la campagne - Xavier Patier - Editions les Belles Lettres

    horace campagne.gifHistoire et poésie au programme aujourd’hui Le siècle d’Auguste ....vous y êtes ? L ’assassinat de César par Brutus et ses acolytes ..et bien Horace ou en latin Quintus Horatius Flaccus était leur ami.
    Horace vous connaissez bien sûr  si je vous dis «  Carpe diem  »  ou encore « Pour vivre heureux vivons cachés » ou bien « Chassez le naturel il revient au galop  » et encore « La montagne accouche d’une souris » 
    Là vous y êtes ! c’est de lui que je veux parler aujourd’hui à travers un livre qui est une petite biographie et un exercice d’admiration.

    Notre héros est né à Venouse bourgade des Pouilles, il parlera peu de son enfance sauf brièvement dans le livre III des Odes :
    « J'étais encore enfant; jouant sur le Vultur, ce mont apulien, j'avais passé les limites de ma terre nourricière, l'Apulie, et de fatigue j'avais cédé au sommeil. Vinrent des oiseaux merveilleux, des colombes, qui me couvrirent de frais feuillage. On s'en étonna chez tous les habitants du nid d'Acherontie, des bois de Bantia, des plaines fertiles où est l'humble Forente : on admira que j'eusse pu dormir sans crainte et sans danger parmi les noires vipères et les ours ; que le saint laurier, que le myrte se fussent amoncelés sur moi, enfant hardi, et protégé des dieux. »

    Des commencements difficiles, son père est un esclave affranchi et l’esclavage à Rome (et partout d’ailleurs) est un enfer, le père sacrifie tout à l’éducation de son fils, et il ne lésine pas : études à Rome avec les meilleurs précepteurs, séjour à Athènes capitale intellectuelle de l’époque.

    Né pauvre Horace ne cachera jamais ses origines et aura toujours pour son père des mots de tendresse filiale.
    «  Dès mon enfance, mon père ne craignit pas de me transporter à Rome pour m’y faire donner l’instruction que ferait donner à ses enfants un chevalier, un sénateur. (..) Mon père lui-même gardien vigilant m’accompagnait partout chez les maîtres. (...) Il n’en mérite aujourd’hui que plus de louange et, de ma part, que plus de reconnaissance. Je ne saurais, si je ne perds le sens, rougir d’un tel père. »

    C’est à Athènes qu’Horace fait connaissance avec Brutus et ses amis et l’amitié va l’amener à la cause républicaine. Mais l’affaire tourne court, pour les fans d’histoire c’est la bataille de Philippes qui décide du sort de Brutus, et voilà notre Horace en grande difficulté :
    « Puis quand Philippes m'eut donné mon congé, que je me trouvai dépouillé de mon orgueilleux plumage, sans pénates, sans patrimoine, la misère m’enhardit, je me fis poète. » Brutus a perdu un fidèle, nous avons gagné un poète.

    Il croise le chemin de Virgile et devient son ami, Xavier Patier nous les présente bras dessus, bras dessous échangeant leurs vers.
    Devenu l’intime de Mécène homme riche et influent,  celui-ci lui procure les moyens d’écrire en lui offrant une villa et des terres : le domaine de Sabine. Mécène demeurera son protecteur toute sa vie. Une amitié qui a enrichi notre dictionnaire pour exprimer cette aide offerte à l’artiste.

    Horace publie ses premières oeuvres les « Satires » il a trente ans. Il devient célèbre, admiré, courtisé par Auguste qui voudrait en faire son secrétaire particulier, il garde sa liberté de ton, son indépendance et refusera l’offre d’Auguste. Retiré dans son domaine qu’il aime, il écrit.
    Son oeuvre se construit, après les Satires viennent les "Odes" et les "Epodes" puis les "Epîtres".

    horace.jpgDans toute son oeuvre Horace n’a cessé de chanter la campagne, le vin, l’amour de la vie et le fameux Carpe diem, les femmes. Il n’était pas beau , on le décrit petit gros et chauve, il eut pourtant un amour fou chanté dans son oeuvre : Lydie....qui le trahit... (Ode XXV).
    Horace reste un grand mélancolique comme tout épicurien qui se respecte en proie aux angoisses métaphysiques, la mort est très présente dans ses écrits.
    Il meurt à 57 ans et Auguste lui organisa des funérailles grandioses.

    Le style d’Horace, Xavier Patier le dit sobre, fonctionnel et magnifique : « Des mots courts plutôt que longs (..) et surtout un rythme. Non pas un halètement mais un écoulement, un choral de Bach. »


    Xavier Patier garde un souvenir ému de sa classe de latin et de son professeur, il en a conservé un goût pour les textes antiques et une prédilection pour Horace. Il sait nous la faire partager et nous rendre vivant ce poète mort depuis 2000 ans.
    L’essai est enlevé et même si je ne partage pas toujours les points de vue exprimés (en particulier le développement sur Horace et Jésus, très tiré par les cheveux) c’est une façon attrayante d’aborder le poète admiré de La Fontaine, de Nietsche et de beaucoup d’autres.

    J’avais lu un peu Horace il y a très longtemps et le livre de Xavier Patier m’a incité à y revenir et ce fut pour mon plus grand plaisir.......

    Pour poursuivre votre lecture un site dédié à Horace et dont j’ai utilisé les traductions

    L'auteur

    patier.jpgXavier Patier, a publié plusieurs romans : Les Trentenaires, la Foire aux célibataires, le Roman de Chambord.
    Enarque il a occupé divers postes : commissaire du domaine national de Chambord
    Directeur de l’ARH en Midi-Pyrénées.
    Conseiller de Chambre Régionale des Comptes, il vient d’être nommé Directeur des journaux officiels.