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Rechercher : la douce colombe est morte

  • L'art de voir les choses - John Burroughs

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    Voilà bien une lecture par ricochet, après avoir lu  La maison en chantier, j'avais été intriguée par les passages faisant référence à un écrivain américain « à la Thoreau », écrivain dont je n’avais jamais lu le nom.

    Lorsque ces choses là me titillent je suis mon idée jusqu’au bout, après avoir tapoter sur le clavier, fait le tour de ce que je pouvais trouver en bibliothèque, je me suis résolue à commander ce livre.

    Quel plaisir ! la couverture d’abord, superbe et empruntée à Audubon, c’est une petite anthologie de textes, choisis par le traducteur, précédée d’une présentation du traducteur très éclairante et suivie d’une petite biographie en fin de volume.

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    John Burroughs est décrit comme un «  écrivain très populaire, personnage bonhomme et pittoresque » dont les livres se sont vendus à des millions d’exemplaires et qui était célèbre à l’égal de H D Thoreau et de John Muir

    Amoureux de la nature et de l’observation de celle-ci, il possède un oeil à mi chemin entre « l’oeil du savant et l’oeil du poète »
    Il aime la vie simple « car c’est celle que j’ai vécu et je l’ai trouvé bonne » dit-il. 

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    C’est un naturaliste précis et riche dans ses observations des oiseaux, des plantes, mais qui se passionne aussi pour la pêche à la truite ou le chant de la colombe 

    Il nous invite à être un observateur attentif qui « déchiffre les signes subtils du temps, les étoiles lui prédisent le lendemain, les nuages du soir et du matin sont des présages »

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    Sa maison des Catskill

    C’est un redoutable marcheur comme Thoreau, il nous convie à « en rabattre un peu avec notre fierté de citadin des grandes villes » et à prendre notre bâton de marche. Il a parcouru les Adirondacks, les forêts du Maine avant de poser sa maison dans les Catskill.

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    Thomas Cole View on the Catskill  Musée de San Francisco

    « Partir à pied sur la grand-route c’est prendre enfin un bon départ dans la vie » alors n’hésitez pas à le suivre car « le piéton se réjouit toujours, allant revigoré, renouvelé, le coeur dans la main et la main disponible »

    A vous « les pommes sur le bord de la route, et les baies, et la source et l’abri accueillant » N’hésitez plus, mettez vos pas dans les pas de John Burroughs.

    Vous avez compris que j’ai beaucoup aimé ce livre, j’ai parfois pensé à Jean Henri Fabre en le lisant, il a trouvé sa place dans ma bibliothèque à côté de Walden et des Souvenirs entomologiques.

    John Burroughs est né en 1837, instituteur de campagne il abandonne l’enseignement en 1846  il rencontre Walt Whitman à qui il consacre son premier livre, en 1873 il fuit la ville, s’installe dans les Catskill. 

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    Le livre : L’art de voir les choses - John Burroughs - Traduit de l’anglais par Joël Cornuault - Editions Fédérop

  • Le Jardin d'Epicure

     

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    Demander une morale à la science, s’est s’exposer à de cruels mécomptes. On croyait il y a trois cent ans, que la terre était le centre de la création. Nous savons aujourd’hui qu’elle n’est qu’une goutte figée du soleil. (...) Mais en quoi notre morale a-t-elle été changée par de si prodigieuses découvertes ?

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    L’intolérance est de tous les temps. Il n’est point de religion qui n’ait eu ses fanatiques. Nous sommes tous enclins à l’adoration. Tout nous semble excellent dans ce que nous aimons, et cela nous fâche quand on nous montre le défaut de nos idoles. Les hommes ont grand-peine à mettre un peu de critique dans les sources de leurs croyances et dans l’origine de leur foi.

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    Gravure représentant la chasse aux sorcières de Salem en 1692.

    L’ ignorance est la condition nécessaire, je ne dis pas du bonheur, mais de l’existence même. Si nous savions tout, nous ne pourrions pas supporter la vie une heure. Les sentiments qui nous la rendent ou douce ou du moins tolérable, naissent d’un mensonge et se nourrissent d’illusions.

    Le livre : Le Jardin d’Epicure - Anatole France - Editions Coda

  • Ruralité

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    Fontaine de Provence

    Quatre maisons fleuries d'orchis jusque sous les tuiles émergent de blés drus et hauts.
    C'est entre les collines, là où la chair de la terre se plie en bourrelets gras.
    Le sainfoin fleuri saigne dessous les oliviers. Les navettes dansent autour des bouleaux gluants de sève douce.
    Le surplus d'une fontaine chante en deux sources. Elles tombent du roc et le vent les éparpille. Elles pantèlent sous l'herbe, puis s'unissent et coulent ensemble sur un lit de jonc. Le vent bourdonne dans les platanes. 

    Ce sont les Bastides Blanches.

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    Paysage de Haute-Corrèze

     

    Ici, c’est le pays des sources inatteignables, des ruisseaux et des rivières aux allures de mues sinuant entre le clair et l’obscur. Un pays d’argent à trois rochers de gueules, au chef d’azur à trois étoiles d’or.

    Ici, c’est le Plateau.

      

    Les livres

    Colline - Jean Giono - Editions Gallimard 1956
    Plateau - Franck Bouysse - Editions Manufacture de livre

  • Une sorcière comme les autres

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    Parfois les choses se télescopent dans l’existence, je venais de mettre en ligne le billet sur le Silence des vaincues qui donnait la parole à celles que l’on entend jamais quand la disparition d’Anne Sylvestre est venue me percuter. 

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    Je me souviens des premières chansons d’elle que j’ai écouté adolescente déjà un rien révoltée et je me suis sentie en pays connu. 

    Cette femme m’a accompagné au fil du temps jusqu’à s’introduire en douce dans ma famille avec ses Fabulettes chantées et répétées par mes trois filles.

    Depuis je l’écoute régulièrement avec bonheur et nostalgie et aujourd’hui je me dis que vraiment elle a toute sa place sur ce blog. Quand j’ai lu et mis en billet Je suis complètement battue de Léonore Mercier ou Je suis interdite d’Anouk Markovits c’est toujours sa voix que je pouvais entrendre, celle d’une femme qui mit en mot le viol, l’avortement à une époque où il était interdit d’en parler. 

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    J’aimerai pouvoir croire qu’un jour ou l’autre je la retrouverai et que j’écouterai une nouvelle fois sa voix 

  • Ma vie dans les Appalaches - Thomas Rain Crowe

    Pour amateurs de nature writing

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                                      ©Chatree Maknual

     

    Si vous avez lu et aimé Walden, si vous avez lu et aimé Solitudes australes, si vous êtes fan du journal de Rick Bass alors le livre de Thomas Rain Crowe est fait pour vous.

     

    1980 Thomas Rain Crowe prend la décision de vivre loin des villes, au coeur des Appalaches de son enfance en Caroline du Nord

     

    Seconde décision : vivre en autarcie, être capable de cultiver, pêcher, chasser ce dont il a besoin pour vivre.

    Première étape : construire une cabane rudimentaire « en bordure du champ de Zoro » son ami,  pas d’eau courante, pas d’électricité mais un pays où « le cerf et la colombe vivent leur vie au même rythme »

    Sa décision le classe immédiatement dans la case « émule de Thoreau » , il apprend à couper et à stocker son bois, planter ses légumes, faire son pain, élever des abeilles et aussi, car il faut bien vivre joyeusement, fabriquer sa bière. 

     

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                     Les appalaches en Caroline du nord

     

    Les objets quotidiens prennent une énorme place, la faux, la scie deviennent des compagnes dont il faut prendre soin, créer et soigner un « potager de montagne » est un art difficile qui demande réflexion, la pêche vous incite à « penser comme le poisson que l’on pêche » bref on est pas loin du paradis.

    Echapper à la société de consommation oui mais sans couper les ponts avec la civilisation et les amis. Lorsque la solitude se fait pesante 

     

     

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    Ce retour aux sources se lit avec bonheur, les mots coulent, la poésie est présente mais aussi le réalisme lié à une vie parfois dure. 

    Dans un chapitre qui m’a beaucoup intéressé il parle des « nouveaux naturalistes » des écrivains, des scientifiques qui ont oeuvré pour la protection environnementale. L’un deux a attiré mon attention et je vous en parlerai prochainement. 

    Mes deux chapitres préférés Sous la neige et Une marche en forêt.

    Pour vous convaincre :

    « Presque trente centimètres de neige sont tombés pendant la nuit. Une fois que le feu a repris et réchauffé la maison, j’entrouvre les fenêtres et je peux ainsi entendre, en stéréo, les bruits des oiseaux en train de manger dans la neige - un choeur animé de pépiements, de trilles et de cris perçants. Une symphonie, en fait, au vu de leur état d’anxiété, plus proche d’un combat que d’un cocktail mondain. Quand les montagnes sont couvertes de neige et de glace, les oiseaux doivent toujours manger, par jour, l’équivalent de leur poids en nourriture, mais comme leurs aliments habituels ont disparu, se nourrir prend un tour bien plus sérieux. »

     

     

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    Chaque chapitre nous fournit une citation de ses auteurs préférés : Snyder, Emerson, Thoreau bien sûr et Whitman et chaque chapitre se termine par un poème, certains m’ont infiniment plu.

     

    En un temps secret une fleur

    de velours lisse peut devenir côtelée

    Pleurer ou s’accrocher

    à la lumière pour s’assécher

    Etre du nectar brillant sur la peau

    Un ciel où pêcher le miel

    Dans un breuvage d’étoiles

     

    L’auteur est un ami d’Allen Ginsberg et de Gary Snyder et des poètes de la Beat Génération. Publié aux Etats-Unis en 2005 c’est une excellent idée des éditions Phébus de nous offrir cette traduction.

    Aujourd’hui Thomas Rain Crowe a quitté sa cabane des Appalaches, il continue à travailler pour des revues écologiques, le poète c’est fait traducteur.

     

    L'avis de Pierre Assouline

     

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    Le livre :  Ma vie dans les Appalaches - Thomas Rain Crowe - Traduit par Mathias de Breyne - Editions Phébus 

     

     

  • Palmarès anarchique et détournement de Tag

    Oui oui j’ai du retard et j’en demande pardon à Mango, à voir passer toutes les listes de 15 auteurs chaque fois je me sentais un peu coupable.
    Au moment de taper ma liste d’un seul coup j’ai eu l’impression de radoter un peu :  Montaigne oui toujours en premier, Proust  ben oui évidemment et puis.........Zut je vais pas vous lister tous ces écrivains que vous connaissez et que vous aimez, que vous avez mis dans vos listes et  avoir juste l’ordre qui change .....

    Alors pour parodier Robert Frost : Deux chemins s’offraient à moi et je pris le moins emprunté en décidant de vous livrer 15 auteurs mais pas forcément les incontournables non plutôt ces auteurs qui parfois nous ont plu pour un seul livre, alors on ne les cite que rarement et pourtant leurs livres ont une place privilégiée dans mon coeur de lectrice

    Dans un ordre totalement anarchique

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    Robert Nathan : non pas celui des livres scolaires, celui du Portrait de Jenny  une petite merveille de fantastique et de romantisme mêlés, et en prime une belle adaptation de cinéma

    Lucrèce  et le  Natura rerum  parce que je n’arrive pas à décider si ce que j’aime chez Lucrèce c’est le poète ou le philosophie

    Roberto Calasso et  Les noces de Cadmos et Harmonie   parce que j’aime la mythologie et que son livre revisite tous les grands mythes de la Grèce avec un art consommé qui rend la lecture aussi passionnante qu’un roman.

     

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    Marc Fumaroli  parce qu’il parle comme personne de La Fontaine dans son livre  Le Poète et le roi  et qu’ensuite vous ne pouvez plus réciter le Corbeau et le renard sans voir l’homme derrière la fable

    Jean Henri Fabre  et ses Souvenirs entomologiques parce qu’une fois enfant j’ai ouvert un livre qui parlait de scarabée et de guêpes maçonnes et que je suis restée un peu cette enfant là

    Pietro Citati me permet de ne pas totalement éliminé Proust de ma liste (oui je triche un peu) car sa Colombe poignardée est l’essai le plus passionnant qui soit sur l’oeuvre de Proust

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    Pélerinage à Tinker Creek : mais ça vous aviez deviné que je le mettrai dans cette liste car Annie Dillard est de mes amies...en littérature

    Chasses subtiles : nous revoilà chez les insectes mais en compagnie de Ernst Jünger, je n’aime pas beaucoup le romancier mais infiniment le naturaliste

    Je saute carrément d’un genre à l’autre avec Lawrence Block le maître du roman noir et son privé est un modèle qui a servi ensuite à Connelly et bien d’autre, j’aime bien de temps en temps retourner à la source et relire la meilleure enquête de Matt Scudder  Huit millions de façons de mourir

    Patrick Leigh Fermor parce que son  Temps des offrandes  est pour moi LE chef d’oeuvre des récits de voyage et que si je ne devais garder qu’un seul livre du genre ce serait celui-là

    Adalbert Stifter et son magnifique récit d’éducation  L’arrière saison  admiré par Nietzsche et Kundera aussi je me sens en bonne compagnie

    Roger Frison-Roche parce qu’avec  Le Rapt  il m’a ouvert les grands espaces du nord, vers la nuit polaire et un monde inconnu

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    Ferdinando Camon : un nom absent des blogs et pourtant sa parabole féroce sur le monde rural  Jamais vu soleil ni lune  est un livre que l’on n'oublie pas

    Sylvie Dervin  et  Les amants de la nuit   juste un livre que j’aime particulièrement, offert par un ami, c’est mon côté fleur bleue

    Une belle histoire sur l’adolescence, l’amour et la tendresse paternelle et une touche d’humour juif   L’élu de Chaïm Potok

    Enfin pour terminer un livre qui tient une place affective particulière parce que j’en ai partagé la lecture avec mes 3 filles  L’adieu à la femme sauvage  d’ Henri Coulonges


    15 auteurs qui mériteraient un billet en bonne et due forme mais ça.... c’est une autre histoire

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    Et bien sûr j'ai dépassé les 15 minutes