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  • bribes de soleil couchant bribes de soleil levant

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    Coucher de soleil sur la Canche à Etaples. Eugène Boudin

     

    Gloire des ports dans le soleil couchant..

    « Mélancolie tragique des rades au crépuscule, quand le globe de feu et de sang, pareil au destin que rien n’arrête, rapide glisse vers le lit des vagues vertes, et descend.
    Gloire et deuil somptueux des jetées envahies par l’ombre, et des phares lointains qui s’allument, à l’heure muette où tout frissonne de quelque songe.. »

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    Claude Monet-Impression soleil levant-Musée Marmottan

    « Celui qui est né dans les villes puissantes, où la mer clapote doucement contre les quais, tandis qu’au loin on l’entend qui gronde, et bat les blocs ; celui qui a ouvert les yeux dans les maisons qui font face au port, où les grands bateaux dorment, pour une nuit à l’ancre, et sentent déjà l’odeur de houille du départ (…) celui-là, jamais, ne voit venir le soir sans rêve ; et, pour lui, à tous les flots des hommes et des choses se mêlent, en murmurant, les ondes de la brume et les vagues de la mer »

    Le Livre : Ports et rivages anthologie – André Suarès - Gallimard

  • Les Nuits étoilées de Vincent Van Gogh - Jean-Pierre Luminet

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    Autoportrait

    Jean-Pierre Luminet est astrophysicien ET amateur inconditionnel de Van Gogh.
    Quand vous mettez en parallèle une passion et un savoir scientifique il peut en naitre un livre qui devrait faire la joie des fans d’astronomie ET de peinture.

    JP Luminet est fidèle à Van Gogh depuis près de trente ans. Pas question pour lui de produire une énième biographie, non, il va croiser tout simplement (enfin simplement est un doux euphémisme) les tableaux de l’artiste et son savoir du ciel.

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    Si vous n’avez pas en tête les nuits étoilées de Van Gogh je vous invite à aller les voir de plus près.

    Vous aurez des visions du ciel, des reproductions des tableaux nocturnes de Van Gogh. C’est splendide.
    Le ciel est envisagé sous toutes ses formes, l’immensité, la noirceur, la profondeur.

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    Ces tableaux ont été faits à Saint Rémy de Provence ou plutôt dans l’établissement de Saint-Paul-de-Mausole où le peintre était soigné.

    En Provence Van Gogh peint intensément, il dit « Souvent il me semble que la nuit est beaucoup plus vivante et richement colorée que le jour »

    Les autres tableaux ont été réalisés à Auvers-sur-Oise où s’écoulèrent ses derniers jours.
    Toutes ces toiles furent peintes entre février 1888 et mai 1890.

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    Van Gogh voulait découvrir la lumière et les couleurs du Sud, se furent des mois de création intense mais aussi de souffrance et d’épuisement.

    Il est fasciné par la nuit « Souvent il me semble que la nuit est beaucoup plus vivante et richement colorée que le jour »

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    Ces toiles nocturnes extraordinaires étaient-elles dues à un goût particulier du peintre pour l’astronomie ? une sorte de folie créatrice ? un état mental malmené ?

    Dans ses lettres Vincent Van Gogh exprime son envie de « peindre d'après nature une nuit étoilée »

    C’est presque une obsession :

    « J'ai un besoin terrible – dirai-je le mot – de religion, alors je vais la nuit dehors pour peindre les étoiles. »

    « Mais quand donc ferai-je le ciel étoilé, ce tableau qui toujours me préoccupe ? »

    Dans ce livre JP Luminet a sélectionné une dizaine d’œuvres de Van Gogh.
    Intrigué par le travail d’un américain sur le sujet, il fait des recherches pour trouver une concordance entre le ciel provençal au temps de Van Gogh et les tableaux.
    Recherche rendant alors possible une datation précise des oeuvres.

    Le scientifique se met au travail, sort ses instruments miraculeux, fait des calculs, examine les ciels aux dates supposées.
    En bon provençal, JP Luminet se rend sur les lieux mêmes.

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    Devant le café La Terrasse à Arles, sur les berges du Rhône en pensant à la première grande nuit peinte Nuit étoilée, Arles 1888.

    Il replace « l'étoile du matin » où il faut « Ainsi je me plais souvent à imaginer Vincent parcourant la campagne provençale aux heures magiques de l'aube ou du crépuscule, entre chien et loup, chevalet sur le dos, la tête emplie de tourbillons célestes. »

    En septembre 1888, Vincent réalise une première toile de nuit étoilée servant de fond au portrait de son ami Eugène Boch.

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    « Je voudrais dire quelque chose de consolant comme une musique. Je voudrais peindre des hommes ou des femmes avec ce je-ne-sais quoi d'éternel ».

     « Je fais un fond simple du bleu le plus riche, le plus intense, que je puisse confectionner, et par cette simple combinaison la tête blonde éclairée sur ce fond obtient un effet mystérieux comme l'étoile dans l'azur profond ».

    Le tableau Nuit étoilée sur le Rhône représente un ciel ample
    « La ville est bleue et violette, le gaz est jaune et ses reflets sont or roux et descendent jusqu'au bronze vert. Sur le champ bleu vert du ciel, la Grande Ourse a un scintillement vert et rose, dont la pâleur discrète contraste avec l'or brutal du gaz ».

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    Le scientifique parvient à reconstituer le ciel vu par Vincent dans cette nuit du 20 septembre 1888 et surprise : la correspondance entre la position des étoiles du tableau et la reconstitution est stupéfiante.

    Pour l’œuvre la plus célèbre la  Nuit étoilée  peinte de sa chambre à l'hospice Saint-Paul-de Mausole en 1889 où l'artiste est interné, il s'agit d'un paysage nocturne avec un ciel tourbillonnant, ce ciel est éclairé pour la lune et les étoiles.

    En 1995 JP Luminet dispose du logiciel astronomique Voyager qui lui permet de découvrir la date exacte où la nuit a eu une configuration très proche de celle peinte par Van Gogh.

    Ce fut le 25 mai 1889 à 4h 40 heure locale. La superposition entre la toile et le vrai ciel est frappante, ce n’est pas un hasard.
    Pour enrichir sa recherche JP Luminet relit la correspondance du peintre et se rend à Saint-Paul-de-Mausole, pour voir le paysage que Vincent voyait de sa chambre.

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    La conclusion est époustouflante : « La Nuit étoilée » de Vincent est composée d'éléments réels comme le positionnement des astres présents ce 25 mai au matin mais aussi de plusieurs composants qui sont imaginaires et qui s’inspirent sans doute des maîtres du paysage hollandais admirés par Vincent :  Ruysdael ou Van Goyen.

    Ainsi il dresse la carte d’un ciel qui fut sans doute celui de Vincent.

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    J’ai beaucoup aimé ce livre, un texte d’une grande sobriété, j’ai aimé voir le scientifique dialoguer avec l’artiste, faire des comparaisons, le voir hésiter ou frétiller à la pensée d’avoir résolu un mystère.

    L’auteur se transforme en enquêteur, mêlant son savoir d’observateur astronomique à sa passion pour la peinture de Van Gogh.
    C’est un dialogue entre la science et l'art et un voyage entre terre et ciel.

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    Le livre : Les Nuits étoilées de Vincent Van Gogh – Jean-Pierre Luminet – Éditions Seghers

  • Bribes et conseils aux réfractaires de Proust

    Elles sont trois à s’être lancées depuis quelques semaines: Myriam, Keisha et Claudialucia

    Vous hésitez ? Je vous conseille ce livre réjouissant pour vous mettre en jambes.

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    Conseils aux réfractaires

    « À force d’être décortiquée par de savants proustologues caparaçonnés de diplômes universitaires, À la recherche du temps perdu a fini par apparaître à beaucoup comme un monument de culture mortifiante et d’ennui obligatoire, qu'il faut attaquer au piolet par la face Nord et gravir pas à pas dans la douleur, comme un chemin de croix, pour accéder enfin à l’ivresse des sommets et à la rédemption littéraire. »

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    Salon des Verdurin

    « Prenez la liberté de butiner au gré de vos envies : vous n'êtes pas obligés de commencer par le premier chapitre.
    Un seul mot d’ordre : « Amusez-vous »

     « Une phrase vous rebute par sa longueur ? Rien de plus normal. Ne vous découragez pas, ne vous crispez pas sur votre appréhension. Revenez-y sans porter de jugement négatif ni sur vous – « Je suis nul, je n'y arriverai jamais… » – ni sur l’auteur – « Son style est illisible… ». Laissez-vous porter par les mots : plus l’eau est profonde, mieux le nageur flotte. »

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    « Vous ne regretterez pas cet effort, car vous allez pénétrer dans une inoubliable galerie de portraits.
    Vous verrez l’inénarrable Mme Verdurin sangloter d’amabilité et déguster son croissant, Françoise s’activer à ses fourneaux comme Michel-Ange dans son atelier, Charlus s’extasier sur la Mèche de Morel. »

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    « Vous ferez la connaissance de la belle, futile et cruelle Oriane de Guermantes, avec sa langue bien pendue et son cœur sec, de la maladive tante Léonie, tapie dans l’ombre de sa chambre de province comme une araignée au centre de sa toile, de la vieille marquise de Cambremer, revêtue de tous les ornements de son sacerdoce mondain – et de tant d’autres… »

    « Je vous envie… »

    Le Livre : Proust pour rire – Laure Hillerin – Éditions Flammarion

     

  • Se construire une bibliothèque

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    Se construire une bibliothèque

    Voilà la deuxième chronique consacrée au livre de Marie Gillet comme promis.

    Quel amateur de livres n’a pas rêvé d’avoir une bibliothèque, mais attention, une vraie, une grande.
    « J’ai vécu dans des appartements ou des maisons dont les murs étaient recouverts de livres, ce qui me semblait le comble de la réussite. »

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    « Je vais me faire une bibliothèque, une vraie, avec des étagères jusqu’au plafond et j’aurai une échelle pour atteindre ceux qui seront tout en haut. »

    Ah comme les lectrices, lecteurs fanatiques se ressemblent. J’ai rêvé aussi de cette bibliothèque, vous savez un peu comme celle d’Alberto Manguel.

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    Mais avec ou sans bibliothèque, les livres ont joué leur rôle, « ils sont toujours restés tout près, me retenant quand je trébuchais. »
    « Ils furent tous là près de moi, disponibles et ardents. »

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    Marie nous parle de tous les livres « Il n’y a pas eu autour de moi de petits livres, de grands livres, de mauvais livres, de bons livres mais tous les livres. »

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    Dans la prochaine chronique il sera temps des les ouvrir ces livres-chevaliers si précieux.

    Le livre : Ma vie est un fusil chargé - Marie Gillet –Les Impliqués Éditeurs

  • Bribes de marche

    L’amour de la marche

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    J’ai toujours aimé marcher. Cela remonte à l’enfance et à l’été de mes onze ans. Mes parents m’avaient inscrite en colonie de vacances. Pour la première fois, j’allais découvrir les contreforts des Alpes.

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     Ce fut une expérience fondatrice où j’ai découvert le bivouac et la marche dans les montagnes à vaches. La fatigue, l’endurance aussi, la lenteur : poser un pied après l’autre. Avant je ne savais pas me déplacer autrement qu’en courant et, là, j’ai appris à ralentir et à respirer en silence, à mesurer mon effort. Apprendre à boire lentement quand on a très soif est une chose étonnante. Je ne l’ai jamais oublié. Tout s’est joué, cet été-là, sur les chemins d’altitude, dans l’itinérance et le passage des vallées, à travers les pâturages fleuris, les chemins creux tapissés de fraises sauvages et de prêles : ces petits bambous verts des temps préhistoriques.

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    Le bonheur, c’était l’aventure à hauteur d’enfant, l’eau fraîche des fontaines qui dévalait et tintait comme les cloches des troupeaux, le grand air et la liberté des bivouacs loin du cadre familial, les soirées allongées près du feu à guetter les étoiles filantes ou encore à l’abri des tentes à écouter la pluie et le grondement des orages.

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    Le livre : Marcher en plein ciel -Gwenaëlle Abolivier – Éditions Le Mot et le Reste

  • Les Lettres d'A l'est d'Eden - John Steinbeck

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    J’ai lu il y a trois ans Jours de travail qui était le journal d’écriture des Raisins de la colère. J’avais beaucoup aimé ce livre j’ai donc tout naturellement lu le journal d’écriture d’A l’est d’Eden.

    Il faut malgré tout que je vous prévienne, si vous n’avez jamais lu les romans je vous déconseille de lire ces journaux. Non que ce ne serait pas intéressant mais c’est tellement plus prégnant après la lecture du roman.
    Outre que Steinbeck donne des détails qui casseraient un peu les surprises de lecture.

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    Pascal covici

    C’est parti
    Ces lettres sont destinées à son éditeur et ami Pascal Covici. Steinbeck joue franc jeu avec lui, ne lui épargne pas ses difficultés, mais l’associe à ses joies.
    Au fil des pages on voit naitre le roman et l’on en suit la génèse.

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    Ce livre lui a été inspiré par ses fils, il a muri le roman durant 3 ans avant de se lancer. Il est prêt :
    « La forme en sera étonnante, l’écriture maigre et décharnée, les concepts rugueux, la philosophie antique et en même temps à peine née »

    Le thème ? « L’histoire du bien et du mal, de la force et de la faiblesse, de l’amour et de la haine, de la beauté et de la laideur. »

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    John Steinbeck est quelqu’un qui doute, sera-t-il à la hauteur ?
    « Que je sois assez bon ou assez doué pour le faire reste encore une interrogation »
    Il tente donc de se rassurer « J’ai de l’expérience, je connais l’amour et j’ai connu la douleur »

    Il est à la fois optimiste et méfiant, son expérience des Raisins de la colère reste comme une épine plantée dans le cœur.
    Il a une forte ambition pour ce livre « Je veux faire celui-là comme si c’était le dernier »

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    Il s’installe, achète une nouvelle pipe, fait provision de crayons à papier d’une marque particulière, et il ne lésine pas les achetant pas dizaine !!

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    Il est temps de démarrer « Il faut que je me rende dans la vallée de Salinas »

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    Les Hamiltons entrent en scène : « je peux raconter ce que je veux à leur sujet parce qu’ils sont tous morts et qu’ils ne s’offusquent pas de la vérité »

    La famille Trask c’est autre chose « J’ai plongé dans l’histoire de leurs ancêtres. Je connais leur humeur et leurs pulsions peut-être mieux que les miennes »

    Je suis touchée et un peu dans l’incompréhension, comment un écrivain peut à ce point s’approprier des personnages ?

    L’auteur a une idée bien arrêtée de ce que sera son roman
    « C’est un roman à l’ancienne, Pat. Il atteindra l’effet qu’il recherche grâce à une accumulation et non grâce à de rapides épisodes à l’éclat fugitif »

    Qu’on se le dise ce roman va prendre son temps, et donc évidemment ce sera un pavé.
    Steinbeck explique le rythme de ses journées, ses jours de doute, ses jours de joie.
    Plus question de se jeter tête la première dans le récit.
    Il ne veut pas revivre la tension des Raisins de la colère « Je souhaite que ce soit un livre très lent et pas qu’il se mette à courir loin devant moi.»

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    Je suis toujours étonnée quand un auteur parle de son livre comme d’une chose qui lui échappe ! Pourtant Steinbeck parle de ses personnages comme s’ils n’émergeaient de rien grâce à l’histoire.
    Lorsqu’il reçoit l’état des lieux de la vente de ses livres, il est rassuré.

    Il redoute l’échec mais en fait il n’est obnubilé que par le livre en gestation « Je me fiche éperdument d’un livre une fois qu’il est terminé. L’argent et la célébrité qui en découlent n’ont aucun lien avec le sentiment qu’il m’inspire. »

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    Je vous laisse découvrir comment le titre passera du Signe de Caïn au titre véritable. Comment le dernier chapitre du livre va lui donner du fil à retordre, le voir se plonger dans la Bible, chercher le sens des mots en hébreu.

    Le roman est dense et long et Steinbeck avoue « J’ai l’impression d’écrire depuis une éternité »

    Ce livre sera automatiquement à côté des romans de Steinbeck, comme une leçon, comme un mystère résolu, comme un exemple.

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    Le livre : Les lettres d’A l’est d’Eden journal d’un roman – John Steinbeck – traduit par Pierre Guglielmina – Éditions Seghers