Nous avons chacun des écrivains qui nous ont charmé, enthousiasmé, fait voyager et fait rêver.
Ces écrivains-là, imparfaits peut-être, font pour autant partie de notre panthéon littéraire, Lawrence Durrell est de ceux-là et donc évidemment j’ai marché avec Béatrice Commengé sur ses traces.
Elle nous parle de sa première rencontre « Lawrence Durrell m’avait ouvert la porte en me demandant: « Aimez-vous l’Indian Curry? »
« Mon cerveau traduisit aussitôt: Darjeeling, 1920. » car Lawrence Durrell a quitté l’Inde à onze ans et ce fut un crève-cœur.
« Il se promenait dans un paysage dont on l’avait arraché à onze ans et qu’il n’avait jamais revu. J’étais venue chercher la Provence, la Grèce, l’Égypte, Alexandrie, et il m’offrait l’Himalaya. L’homme de soixante-quatre ans vivait toujours au pays de Kipling. »
Bien évidemment Béatrice Commengé vous fera voyager sur les pas de Durrell, de l’Inde à l’Égypte, d’Alexandrie à Sommière qui fut son dernier port d’attache.
Sommière
J’ai lu Durrell avec plaisir et même passion, Citrons acides, le Livre noir, son livre sur les îles grecques, m’ont toujours attirée.
Par contre j’en demande pardon aux aficionados je n’ai pas aimé du tout Le Quatuor d’Alexandrie !
Dans ce livre comme elle l’a déjà fait pour Nietzsche ou Rilke Béatrice Commengé part sur les traces de Durrell.
Elle nous fait sentir les prémices de la création, sentir aussi ses doutes. Son amitié avec Henry Miller, sa place dans sa famille de fous.
H Miller et L Durrell une amitié indéfectible
Ses voyages multiples, chacun ayant donné à Durrell l’envie d’écrire.
Famille Durrell
J’ai aimé ce petit livre, les pages sur Chypre sont les plus émouvantes, les pages sur Bellapaix qui ne sont pas sans rappeler son amitié avec Patrick Leigh Fermor qui vint sur l’île partager avec lui son amour du pays.
Un lieu parfait, envoûtant, de ceux qui laissent d’impérissables souvenirs.
Béatrice Commengé aspire à comprendre l'obsession de Durrell pour les lieux, elle nous livre un Durrell peu connu qui dit « Tout ce qui sort de moi est un paysage. »
Et qui ajoute « Aucun peintre n'a pu le rendre et, nous, les faiseurs de mots, nous sommes toujours insatisfaits de nos descriptions. C'est un mystère. »
Vraie et fausse famille
Le livre n’est pas parfait, parfois le rythme ou l’aspect Album photos sont un peu décevants mais j’ai aimé son intérêt pour Durrell, les magnifiques évocations des paysages,
J’ai aimé l’évocation de Corfou, et aussi l’évocation de Sommières où l'écrivain posera ses bagages et finira sa vie.
Les trente dernières années de sa vie, et où, jeune écrivaine, Béatrice Commengé le rencontra,
Dans une lettre à Henry Miller, Durrell dit magnifiquement : « Ce combat, qui apparaît sur le papier comme un combat pour écrire, est en réalité un combat pour vivre. »
Le livre : Une vie de paysages – Béatrice Commengé – Éditions Verdier