J’ai relu cet été un peu de Jules Verne et un essai de Julien Gracq sur l’auteur.
Cela m’a donné envie de modifier ma chronique écrite il y a 4 ans sur un livre de Jean-Yves Tadié que j’avais beaucoup aimé.
Un auteur que Jean-Yves Tadié a lu « en entier entre dix et treize ans » Julien Gracq, lui, a lu Jules Verne enfant mais en bibliothèque et il attend l’âge adulte et la parution en poche de l’œuvre pour tout racheter et tout relire.
Un auteur qui aimait et admirait Edgar Poe ou Hoffman mais aussi Chateaubriand et Stendhal.
Les romans de Jules Verne sont épiques, humoristiques, techniques mais par-dessus tout c’est « une merveilleuse invitation à regarder le monde ».
Un titre ou deux ou trois ... Cinq semaines en ballon, Voyage au centre de la terre, le Château des Carpates ou Vingt mille lieues sous les mers.
Jules Verne a dit « Je crois vraiment que c’est ma passion des cartes et des grands explorateurs du monde entier qui m’a amené à rédiger le premier d’une longue série de romans géographiques. » Il trouvait ses sources chez Elisée Reclus, les noms de ses personnages en imitant Dickens.
En plusieurs courts chapitres J-Y Tadié inventorie les romans avec des thèmes comme le train, la mer, les navires, le volcan d’or ou la ville flottante.
Il nous montre un Jules Verne toujours tourné vers l’avenir, ses personnages ne ruminent jamais, ils regardent droit devant eux.
Saviez-vous qu’il imagina une ville flottante, du genre de celles que les urbanistes prévoient aujourd’hui pour faire face à la montée des océans ! Sacré bonhomme !
Les voyages et les découvertes furent ses sujets de prédilection ainsi que l’affrontement de l’homme à la nature : le pôle, les volcans, la lune, les fonds sous-marins...
Julien Gracq lui nous livre ses souvenirs de lecture
« Je voudrais vous dire pourquoi ces retrouvailles m’ont tellement frappé. La lecture de Jules Verne avait donné naissance pour moi à deux objets véritablement fétiches qui m’ont fasciné très longtemps. Il y a le boomerang (titre d’un roman) et puis l’autre c’est dans Mathias Sandorf et la grille qui permet de crypter un message. »
Le petit livre de Tadié est tout à fait passionnant pour qui a lu dans son enfance ou plus tard les romans de Jules Verne. Loin de la biographie il nous dit surtout son émerveillement, sa passion pour ces aventures, sa peur parfois et voilà ce qu’il confie :
« Je suis atteint d’une étrange maladie, qui remonte à une enfance où je crains d’avoir fait une considérable provision de tristesse : je coïncide avec l’histoire que je lis au point de m’y transporter, d’éprouver les sentiments des personnages, d’être gai ou triste avec eux. C’est pourquoi je souhaite que leur histoire finisse bien. Comme les producteurs américains d’autrefois, j’exige un happy end. Quand on vieillit, ce n’est pas raisonnable. »
Julien Gracq lui évoque l'émerveillement de sa découverte, enfant, des Voyages extraordinaires, analyse les vertus littéraires et montre l'aspect géographique de l'œuvre.
Gracq atteste bien de sa fidélité à l’émotion ressentie la « première fois »
L’essai sur Jules Verne aujourd’hui contient aussi les textes de Michel Serres et Régis Debray mais j’avoue que je n’ai pas trouvé plaisir ou intérêt à les lire hélas.
Les livres :
Regarde de tous tes yeux, regarde ! - Jean-Yves Tadié - Éditions Gallimard l’un et l’autre
Jules Verne aujourd’hui – Julien Gracq - Michel Serres -Régis Debray
Éditions Le Pommier