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bribes de champs et de grèves

flaubert

« La nuit était douce, une belle nuit d'été, sans lune, mais scintillant des feux du ciel, embaumée de brise marine. La ville dormait, les lumières, l'une après l'autre, disparaissaient des fenêtres, les phares éloignés brillaient en taches rouges dans l'ombre qui sur nos têtes était bleue et piquée en mille endroits par les étoiles vacillantes et rayonnantes. On ne voyait pas la mer; on l'entendait, on la sentait, et les vagues se fouettant contre les remparts nous envoyaient des gouttes de leur écume par le large trou des mâchicoulis. »

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« La marée baissait ; il fallait, pour passer, attendre le retrait des vagues. Nous les regardions venir. Elles écumaient dans les roches, à fleur d'eau, tourbillonnaient dans les creux, sautaient comme des écharpes qui s'envolent, retombaient en cascades et en perles, et dans un long balancement ramenaient à elles leur grande nappe verte. Quand une vague s'était retirée sur le sable, aussitôt les courants s'entrecroisaient en fuyant vers des niveaux plus bas »

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« On avait retrouvé un homme perdu à la mer il y avait trois semaines ; on l’a apporté à l’église sur une charrette à boeufs. Il faisait presque nuit, quatre cierges aux coins du catafalque, enfant avec sa chandelle tenant la porte ouverte, clochettes des porteurs ; les femmes se sont mises au fond, les hommes au haut, plus près, ordre qui a été conservé au cimetière ; les femmes du reste en bien plus grande quantité. L’office fut court, tout le monde à genoux dans le cimetière sur la terre des tombes. Froid des soirs d’été, crépuscule vert, bonnets se levant au vent. »par les champs.jpg

 

Le Livre : Par les champs et par les grèves - Gustave Flaubert - Maxime Ducamp - Editions de l’Aube

Commentaires

  • A cette heure où tu viens de publier, déjà je lis ces pages magnifiques en caressant en même temps Chatterley la belle 3 couleurs qui cherche ma main. Merci Dominique pour ces pages au creux de la nuit.

  • ah une autre insomniaque !!

  • Je crois que c'est celui-là qui est quelque part dans ma PAL depuis un certain temps. Je vais aller à sa recherche pour le challenge Maupassant de Béa. Et j'ai un billet à faire pour "Sur l'eau".

  • c'est un texte à quatre mains que j'ai eu beaucoup de plaisir à lire il y a longtemps et que j'ai ressorti en préparation de mon prochain billet

  • Ce n'est pas mon auteur préféré mais je m'incline devant son talent

  • De loin je reconnais le portrait de flaubert, un signe! Quant au livre, je veux le lire, mais je me demande si je ne l'ai pas déjà lu, ou alors un récit de voyage avec le même ami?

  • je crois même que tu as fait un billet sur ce livre ....on perd la tête peut être :-)

  • Quels magnifiques extraits, je ne connais pas du tout ce volume.
    Merci et bon week-end chère Dominique.

  • c'est excellent un joli voyage à faire et un livre à glisser dans la poche pour découvrir ces grèves et plages

  • Triste coïncidence avec l'actualité que ce récit du marin perdu en mer...mer enchanteresse et cruelle à la fois . ..
    Flaubert et Ducamp , les deux compères n'en sont pas à leurs premières pérégrinations : les pardums et les couleurs de l'Egypte les avait éblouis , mais je crois que Maxime Ducamp avait fini par prendre le large... si j'ose dire !

  • Oui Du Camp a fini par reprendre sa liberté, je dirais que cela ne lui a rien valu !

  • Bjr Dominique,
    J'aime bien cette illustration de droite, de qui stp ? Merci.
    Ces extraits montrent le souci du détail chez Flaubert, sa poésie prégnante. Perfectionniste, dira-t-on ! Il dissèque ce qu'il perçoit, peut-être comme l'a dit un biographe avant moi en rapport avec le milieu dans lequel il a passé son enfance et sa jeunesse, son père était chirurgien en chef de l'Hôtel-Dieu à Rouen. De son enfance, il en est aussi peut-être question ici puisqu'on retrouve sa Normandie côtière (Trouville ..) dans ses souvenirs d' Un cœur simple !
    Le journaliste Maurice Trogoff reprit dans un article la formule heureuse d'Alexandre Dumas père à son propos : "C'était un géant qui abattait une forêt.. pour faire une boîte" !

  • merci je ne connaissais pas cette citation de Dumas
    je ne sais pas de qui est l'illustration, c'est pris dans des éditions anciennes et rien n'est dit de l'auteur des illustrations

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