Ô Capitaine mon capitaine
En pleine guerre de Sécession, le poète Walt Whitman apprend que son frère a été blessé lors de la bataille de Fredericksburg en Virginie.
Il fait le voyage jusqu’à Whashington où l’on évacue les soldats bléssés, empruntant ferry et train.
A son arrivée il fait le tour des hôpitaux, il n’y en a pas moins de quarante !!!
Imaginez les blessés, les cris de souffrance, les opérations effroyables et mutilantes, les morts se comptent par milliers.
Sans argent il parcourt la ville à pieds, partout il scrute les visages à la recherche de George.
« Toutes les salles ne se ressemblent pas. Celle des mourants est plus vaste et lumineuse. De plus, elle est ornée de guirlandes, de ballons et de drapeaux de l’Union. Mais des Confédérés, faits prisonniers, y meurent aussi. Rien ne les distingue des Nordistes, ils ne sont ni enchaînés ni mis en quarantaine, sauf qu’eux n’ont pas le droit de porter l’uniforme. À part ça, ils ont le même air hébété et ce regard éteint, perdu dans une contemplation aveugle. »
George est retrouvé à Falmouth, légèrement blessé. Walt Whitman pendant deux semaines va continuer à visiter ces jeunes hommes dont dit-il « les visages sont comme des prières nues ».
Lui l’homme à la « barbe grise et hirsute qu’on prendrait pour de la laine brute » circule entre les lits, il assiste les blessés, console, soutient les mourants, ses yeux ont « la pâleur de ceux qui ne dorment pas la nuit »
A la recherche de George Whitman
« Walt parcourt les hôpitaux avec un carnet de poche où il écrit au crayon les désirs des soldats. Puis il inscrit le nom, le grade, le régiment et la compagnie, le numéro du lit quand il y en a un, la salle, l’hôpital, la gravité de la blessure ou de la maladie, l’adresse des parents et de l’épouse s’il est marié. Et le soir sous la tente, c’est par la lecture de ces notes qui s’égrènent comme un poème qu’il prépare désormais sa tournée du lendemain. »
Ces quelques jours vont marqué à jamais le poète « Toute une vie en à peine deux semaines »
Quoi de plus opposé que la guerre et la poésie ? Barlen Pyamootoo réussit l’exploit de nous plonger dans l’une sans jamais oublier l’autre. Ne vous attendez pas à un roman historique, c’est l’humanisme de Whitman qui l’a attiré, sa bonté, son intérêt pour les défavorisés, sa célébration de la démocratie.
Cet épisode se situe à un moment où le poète doute, ses poèmes parus deux ans avant ont été un échec, il a eu des critiques effrayantes pour la sortie de ses Feuilles d’herbes « un critique de Saturday Press conclut son article en conseillant au poète de mettre fin à ses jours. »
Il va être réveillé par ces quelques jours qui lui mettent « le coeur en branle » et il va reprendre la plume.
Rappelez vous : ô Capitaine mon capitaine
Un récit non seulement touchant mais beau. L'écriture est splendide. On sent que l’auteur de ce roman admire le poète, il dit qu’il voudrait l’avoir pour compagnon, pour ami, le lecteur aussi.
C’est un roman qui m’a fait penser au roman de Lance Weller et de David Malouf, ne passez pas à côté de ce livre.
Le livre : Whitman - Barlen Pyamootoo - Editions de l’Olivier
Commentaires
Oui, j'avais repéré ce livre et te lire ne me dément pas.
il va te plaire je pense
Oh Capitaine, mon Capitaine... Je note mais je n'ai toujours pas les romans que tu cites, de Weller et Malouf...
ce n'est pas indispensable ce sont juste des rapprochements
Une guerre terrible, on l'oublie parfosi
rien de pire que la guerre civile
Il faut que je lise Whitman c'est encore une lacune impardonnable!
si l'on fait le compte de nos lacunes c'est terrible mais en même temps réjouissant de voir ce que l'on a encore à lire
je ne note ps beaucoup de ivres en ce moment je suis trop en retard à la fois dans mes lectures mais surtout dans mes billets . Pourtant celui-là me tente beaucoup.
ouh je connais ça je n'arrive jamais à faire les deux : lire et écrire il y a toujours l'un qui l'emporte en général c'est la lecture
Une terrible errance en effet. Après avoir regardé le magnifique documentaire consacré à la guerre de sécession (diffusé par ARTE), je reste avide de tout ce qui la concerne. Je note donc cet ouvrage. Merci, Dominique.
une façon intimiste, poétique et humaniste de regarder cette guerre terrible on est loin des choses gentillettes d'autant en emporte le vent
J'ai vu un article sur ce livre, que je me suis empressée de noter. Ça ne m'étonne pas qu'il soit arrivé entre tes mains !
il y a aussi plusieurs podcasts radio sur ce livre qui sont intéressants sur France Culture
Je note tout de suite ce titre, Dominique - quelle humanité !
oui c'est le mot qui vient immédiatement à la lecture de ce livre
Je n'ai pas oublié les terribles descriptions de Wilderness. Je note celui-ci, c'est important de ne pas oublier que les hommes peuvent se comporter aussi avec une grande humanité.
c'est l'autre versant de la guerre, déjà dans wilderness on sentait la compassion possible ici elle est vraiment au centre de ce récit
Je vais suivre votre conseil, bien sûr.
Merci. Bonne journée.
Bonne lecture par avance
Oh, tu me tentes, et la comparaison avec le magnifique Wilderness en remet une couche ! ;-)
on retrouve la même humanité en ce livre c'est ce qui m'a fait penser à Weller
Je ne passerai pas à côté... Un homme qui doute est plein d'une belle humanité. Belle journée à toi. brigitte