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Voyager - Page 20

  • Cadeau pour un amoureux de l'Italie

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    Un beau cadeau pour un amoureux de l'Italie, pour un amateur de Stenhal, pour un ami voyageur, un cadeau à s'offrir

    rome.gifRome, Naples et Florence - Stendhal - Editions Diane de Selliers
    Tous les amoureux de l’Italie ont rêvé de se retrouver au temps du « Grand Tour » où tous les jeunes gens fortunés déboulaient en Italie pour admirer monuments et peintures et se gaver de soleil et de douceur de vivre.
    Prendre Stendhal pour cicérone c’est découvrir une Italie mythique, un pays idéal « L’Italie était pour Stendhal le pays où son âme pouvait flamboyer librement et exprimer toutes les palettes de ses émotions. »

    Il s’approprie l’Italie fréquente les lieux élégants, cultivés, l’opéra, les ateliers des peintres mais aussi les réceptions du moment
    Il nous donne rendez-vous au Duomo de Florence, à la Scala de Milan, à Pompéi ou sous les arcades de Bologne.

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    Florence par Carlo Canella


    On l’envie quand il dit visiter seul les loges de Raphaël ou quand il évoque sa lecture de Gibbon « in situ » dans les Thermes de Caracalla.
    Sa flânerie est toujours pleine de noblesse, parfois de volupté (ah les Corrèges) ou de charme agreste lorsqu’il écoute les cigales du Pincio.
    Pourtant attention de ne pas confondre ce livre avec un guide, on est loin du Baedeker, rien de descriptif ici, rien de clair et précis, tout est affaire d’émotions, de sensations, d’évocations. Les fresques, qu’il ne décrit pas, sont « touchantes » un jardin est dit « délicieux » et la cathédrale de Milan « La gaieté d’un coeur mélancolique » et il peut s’étendre sur la mauvaise humeur des habitants ou le regard des moines dans une procession !

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    Les collines de Volterra par Camille Corot


    Son ironie parfois grinçante vient tempérer ce qui pourrait être un catalogue d’éloges, amoureux des contradictions et très très peu des détails, Stendhal n’hésite pas à sauter même totalement certains hauts lieux comme Saint Pierre de Rome.

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    Nikanor Grigorievich Cernecov - Au Colisée

    Dans ce journal de voyage curieusement la musique, la peinture sont omniprésentes mais la littérature est pratiquement absente.

    Ce livre a remplacé dans ma bibliothèque mon vieil exemplaire en édition Folio, tout craquelé et jauni.
    Quel plaisir ! Chacun des textes de Stendhal est illustré par la peinture correspondante d’un peintre contemporain de l’écrivain.
    Nous voyons ce qui voyait l’écrivain, qu’il évoque l’opéra, un monument, un lieu ou un paysage.
    Du même coup le côté « recueil de sensations » du livre de Stendhal est pleinement mis en valeur par ce choix de peintures, ces regards croisés qui sont fascinants et donnent toute sa plénitude à ce livre magnifique.
    361 peintures retenues parmi plus de 6000 consultées, 40 peintres de toute l’Europe car les peintres de l’époque faisaient tous le voyage vers l’Italie.
    Une iconographie somptueuse et une préface éclairante de Philippe Berthier grand spécialiste et biographe de Stendhal font de ce livre « une fête totale du corps et de l’esprit » pour le dire comme Stendhal.

    Un très beau cadeau à faire ou à se faire

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  • Elisée Reclus Etonnant géographe - Joël Cornuault

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    Elisée Reclus étonnant géographe - Joël Cornuault - Editions Fanlac
    Qu’est-ce qui fait que l’on part à la recherche d’un écrivain ?  le plus souvent pour moi c’est parce que je lis ici ou là un article, un passage de livre le concernant. Et de temps en temps c’est autre chose. Pour Elisée Reclus je connaissais son nom, de façon très vague et associé à la géographie mais c’est tout.
    C’est l’interview de Kenneth White dans une émission de radio qui m’a titillé, il parlait de Reclus avec une telle admiration, mettant en avant les écrits mais aussi l’homme et son engagement personnel. Du coup j’ai voulu satisfaire ma curiosité et je vous propose de faire connaissance avec ce savant, cet humaniste, cet anarchiste « père de la géographie » un peu comme Hérodote est le père de l’histoire.

    Vient de paraitre une biographie très complète et qui vient d'obtenir le Prix Fémina de l'essai, mais elle est réservée aux  vraiment curieux, pour les autres je propose une balade plus légère avec le spécialiste  de Reclus : Joël Cornuault qui anime les Cahiers d’Elisée Reclus et qui a traduit également les livres de John Burroughs.
    En ouverture de ce petit livre de 150 pages l’auteur nous dit : « Elisée Reclus fut un homme de conviction ardente : loyal, opiniâtre, désintéressé, bienveillant, capable de vivre jusqu’au bout les opinions qu’il professait (...) car il croyait, rare parmi les hommes de plume, en ce qu’il disait ou écrivait  » Joli début non ? et qui donne envie de mieux connaître l’homme.

    EliseeReclusNadar.jpgQuelques éléments biographiques indispensables :
    Né en 1830 dans le sud ouest, issu d’une famille protestante, son père pasteur éleva 14 enfants, programmé pour être pasteur il renonce à la théologie et étudie les langues (il en parle 5) la géographie, perd la foi et devient anarchiste.

    Homme de convictions il est obligé de fuir après le coup d’état de Napoléon III, il va en profiter pour visiter les Etats Unis, découvre et s’insurge contre l’esclavage. De retour en France il commence sa vrai carrière de géographe en voyageant dans toute l'Europe et le plus souvent à pieds pour les éditions Hachette.
    Ses convictions anarchistes le lient à Bakounine et il participe à la Commune, condamné au bagne il est sauvé par son renom d’homme de sciences car de nombreux savants intercédèrent pour lui dont Darwin, il est condamné au bannissement, il va désormais vivre à l’étranger, en Suisse, en Belgique. Il devient l’ami de Pierre Kropotkine , amitié qui se poursuivra pendant de longues années. 

    Il va écrire ses livres les plus célèbres : Histoire d’un ruisseau et surtout une « Géographie universelle » en 19 volumes et « La terre » en 6 volumes, titulaire d’une chaire à l’université de Bruxelles, il fonde l’Institut Géographique, il voyage énormément et meurt en 1905, il est inhumé au cimetière d’Ixelles

    Le grand intérêt du livre de Cornuault c’est de ne pas respecter la chronologie mais plutôt de nous introduire dans la pensée de Reclus en quelques chapitres évocateurs : Du sentiment de la beauté, Paysages sonores et rythmes du monde, Elisée et les joies de l’espace.
    On découvre dans ces chapitres « l’homme d’abord, le géographe ensuite » comme Reclus se décrivait lui-même
    elisee-reclus-1879.jpgCe fut, dit Cornuault « un semeur de sciences » et à travers son oeuvre et la qualité de ses écrits « un semeur de beauté »
    Le grand projet de Reclus était de mettre les sciences à la portée de tous. Toute son oeuvre est parcourue par une émotion forte, par son admiration de la nature, lui qui combattait l’illusion, le mystère mais qui avait une « chaleur admirative pour les formes de la terre » Il se qualifiait de « Géographe prolétarien » joli nom pour ce socialiste convaincu. Géologue perspicace il eut l’intuition de la dérive des continents.
    Dans ce petit livre on découvre aussi son entourage, Camille Pissaro avec qui il a été en relation et qu’un critique de l’époque appellait « anartiste » ce qui était fait pour plaire à Reclus.
    Toutes ses oeuvres sont bien sûr illustrées de cartes mais aussi de vignettes dessinées par Frantz Kupka qui deviendra ensuite un peintre abstrait très connu.

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    « J’ai parcouru le monde en homme libre... »
    (article publié lors de sa mort )

    L’auteur ne s’attarde pas sur l’engagement anarchiste de Reclus car dit-il « C’est par les chemins buissonniers qu’emprunte le lecteur sans affiliation que je vins à Elisée Reclus. »
    J’ai beaucoup aimé ce livre du genre de ceux qui emportent vers d’autres livres

    Poursuivre votre lecture


    Histoire d’un ruisseau - Elisée Reclus - Editions Infolio


    Elisée Reclus Géorgraphe anarchiste, écologiste - Jean Didier Vincent - Robert Laffont
    Une biographie très complète mais que j'ai trouvé moins vivante que le livre de Cornuault par contre elle s'attache a montré la vie et l'engagement anarchiste de Reclus, ses liens avec Bakounine et Kropotkine et assez longuement sa vie en exil.



  • En Sibérie - Colin Thubron

    ensiberie.gifEn Sibérie - Colin Thubron - Traduit de l'anglais par Katia Holmes - Editions Hoëbeke
    La Sibérie: « Une austère beauté, une peur indélibile » Voilà les premiers mots de de récit de voyage qui conduit Colin Thubron d’ Iekaterinbourg, où furent exécutés les derniers Romanov dans la maison Ipatiev, aux confins de la Kolyma où périrent des millions d’hommes.
    « Mon voyage va courir après cette étendue qui couvre sept fuseaux horaires et un tiers de l’hémisphère Nord »
    C’est ce gigantisme qui l’attire, les étendues blanches et glacées, les fleuves parmi les plus grands du monde, un pays « ayant toujours servi de poubelle pour les criminels »
    En pérégrin expérimenté il utilise tous les moyens de transport, du Transibérien aux avions brinquebalants, et lorsque l’essence manque il paie de sa personne et erre à pieds sac au dos et profite de la liberté offerte par la chute du communisme (on est en 1999) « C’était la première fois dans l’histoire de la Russie qu’un étranger pouvait se balader en Sibérie à son gré. »
    Quelques noms égrenés au fil du voyage :  Omsk« Un siècle après Dostoïevski, Soljenitsyne était passé » , Novosibirsk sur la route qui relie l’Oural au Pacifique où « Il plut nuit et jour quand Tchekhov fit le long voyage de Sakhaline »
    Akademgorod qui fut un temps la capitale des cerveaux scientifiques de l’Union Soviétique et d’autres lieux où Colin Thubron nous invite grâce à sa connaissance de l’histoire de la Russie : la vallée de Pazyryk dans l’Altaï, haut lieu de la civilisation Scythes, ce mystérieux peuple chanté par Hérodote.

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    Feutre provenant d'une tombe de Pazyryk


    Kyzyl où s’élève un obélisque marquant le coeur de l’Asie, Krasnoïarsk la cité admirée par Tchekhov que traverse l’Ienisseï et de là tout droit vers Doudinka et l’Arctique à bord d’un vapeur «  Nous entrons dans un vide doré. Je me dis : voilà la Sibérie originelle — insaisissable, infinie — celle qui s’attarda au fond des yeux des premiers voyageurs, tel un inconscient géographique. Son apparente vacuité était une page blanche offerte à l’écriture »
    Au gré de ses rencontres il pénètre dans la taïga avec un chasseur de bernaches et de rennes « De jour j’avais trouvé la taïga silencieuse, baignant dans une lumière verdâtre et une paix de cathédrale. Mais ce vide n’était qu’une absence d’humains. La forêt bruissait de toute la vie inquiète qui la peuplait : des lynx, des cerfs, des renards. »
    Le Baïkal aux allures d’océan, Irkoustk où l’on suit la trace de  Iekaterina Troubetskaïa et Maria Volkonskaïa,  princesses qui choisirent de suivre leurs maris exilés par le Tsar.
    S’enfonçant toujours plus profondément, Colin Thubron atteint le Pacifique, la frontière avec la Chine, le fleuve Amour et Iakoutsk pour terminer à Magadan, confins géographiques et humains de la Kolyma terre de désespoir où le froid est tel que « votre haleine gèle aussitôt, elle forme des cristaux qui tintent en touchant le sol avec un léger bruit surnommé  le murmure des étoiles »
    Là s’achève le voyage de Colin Thubron, une terre de douleur pour des millions d’hommes et dont il dit magnifiquement «  Comment supporter ne serait-ce que la pensée des plaintes qui pourraient s’élever de cette terre »

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    Une assemblée de Vieux croyants

    C’est un voyage extraordinaire, mais tout l’art de Thubron est de savoir, non seulement nous décrire cette démesure, ces paysages splendides dans un style d’une très grande élégance, mais surtout de savoir à merveille parler de ses rencontres, des personnages qui traversent ce livre : Un descendant de Raspoutine, le gardien d’un musée totalement vide, des fonctionnaires attendant un salaire qui ne vient pas, un archéologue oublié de tous, des vieux croyants Ermites dans la Taïga, les derniers juifs d’une communauté installée par le Stalinisme et aujourd’hui disparue.
    Ses interviews très vivants, parfois très émouvants sont le fruit d’une culture immense, d’une chaude empathie qui lui permettent de nous porter à la rencontre de ces hommes et femmes, héros ou victimes tous en attente d’un avenir très incertain.

     

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    L'itinéraire de Colin Thubron

    C’est mon troisième voyage organisé par Colin Thubron, j’avais il y a des années exploré la Chine avec lui et son récit  Derrière la Grande Muraille montrait un don pour l’interview, pour les rencontres et l’observation qui m’avait séduite.
    Ce voyage en Sibérie tient toutes ses promesses.
    Si vous aimez les récits de voyage, si  L’usage du monde ou  Le temps des offrandes font partie de votre bibliothèque, alors ajoutez y ce livre qui a obtenu le Prix Nicolas Bouvier 2010


    colin thubron.jpgL’auteur
    Sa biographie sur le site Etonnants voyageurs
    Derrière la Grande Muraille a reçu le Thomas Cook Travel Book Award que vous pourez trouver en bibliothèque car il n'est plus disponible chez l'éditeur

  • Promenade dans un jardin des lettres

    francedesecrivains.jpgLa France des écrivains - Guides Gallimard
    J’aime beaucoup le titre de la préface de ce livre «  Promenade dans un jardin de lettres » c’est un fort joli titre pour un livre qui vous invite chez les écrivains de toutes les régions de France.
    J’ai très envie des livres superbes de Renaud Camus : Les Demeures de l’esprit, mais hélas le prix m’arrête, alors je me suis consolée avec celui-ci qui est dans ma bibliothèque depuis plusieurs années et qui est déjà en soi un voyage très attrayant.
    Disons tout de suite les choses qui fâchent, pas de table des matières avec la liste alphabétique des écrivains évoqués, avouez que pour un guide qui s’appelle « La France des écrivains » c’est un comble, soyons magnanimes et passons l’éponge car ensuite tout s’arrange.

    Déjà faisons le tri, il y a les écrivains dont on sait tous où ils sont nés ou ont vécu , encore qu’ on a parfois des surprises.
    Colette à Saint Sauveur en Puisaye ça c’est acquis, si on a lu Claudine à l’école on a bien retenu la leçon, Milly en Macônnais et Alphonse de Lamartine c’est bon aussi, je vous entends réciter « Comment le prononcer ce nom de la patrie » , Nohant et sa bonne Dame, là aussi tout va bien le Berry lui doit beaucoup.
    Allez un dernier facile pour la route : si je vous dis Rouen, vous répondez ? Flaubert ? d’accord mais avouez que ce n’est pas original, je préfère Arsène, ben oui, Lupin , Maurice Leblanc quoi !

     

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    L'hôtel préféré de Marcel Proust


    Vous avez compris que ce petit guide n’est pas tristounet du tout, pour chaque région et chaque auteur un bref topo où souvent on apprend des choses rares, bizarres, drôles ou émouvantes.
    Par exemple Buffon en Bourgogne, saviez-vous qu’il était en avance de plus d’un siècle et qu’il avait fait installé des forges sur ses terres. Vous pouvez visiter la maison de Joë Bousquet à Carcassonne qui en raison des ses blessures à la guerre de 14/18 ne quittait pas son lit mais fut visité par les plus grands de son temps : Colette, Valéry, Miró, Breton ...
    Mes préférés, là j’avoue je suis de parti pris
    Montaigne dans sa tour, Mauriac à Malagar, la chambre de Proust à Bal.. non à Cabourg, Jean-Henri Fabre à Sérignan et Jules Verne en Picardie.

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    Le grenier de la maison de Jules Verne à Amiens

    Voilà un joli tour de France, en fin de chaque chapitre les renseignements pratiques pour musées ou demeures, laissez vous tenter.

  • Voyage en Orient - Alphonse de Lamartine

    9782869598300FS.gifVoyage en Orient - Alphonse de Lamartine - Editions Arléa
    En juillet 1832 un homme politique français, un poète honoré dans l’Europe entière, le père d’une enfant adorée et en mauvaise santé, s’embarque à Marseille pour un voyage en Orient de plusieurs mois.
    Une femme, trois amis, dix neuf hommes d’équipage, une bibliothèque de 500 livres et « un arsenal particulier de fusils, de pistolets et de sabres » sont aussi du voyage.
    Il vient d’être battu aux élections législatives, il espère le climat de l’orient profitable à son enfant, le chrétien en lui aspire à voir les lieux saints, le poète romantique est en quête de nouveaux paysages, il résume ainsi les motifs de son entreprise « Amour, poésie et religion »
    Donnons tout de suite la parole à l’auteur, à Monsieur Alphonse de Lamartine «  Toute ma vie l’Orient avait été le rêve de mes jours de ténèbres dans les brumes d’automne et d’hiver de ma vallée natale. »
    L’itinéraire est somptueux, la Grèce, Malte, Chypre, le Liban et la Palestine, Jérusalem et Damas, Constantinople et les Balkans.

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    L'itinéraire de Lamartine ( Source l'éditeur)


    Dès le début du voyage il sait faire preuve de sincérité, inutile de voir en lui le romantique béat prêt à s’extasier sur tout. Athènes et le Parthénon seront la première déception « L’effet de cet édifice, le plus beau que la main humaine ait élevé sur la terre, au jugement de tous les âges, ne répond en rien à ce qu’on en attend (...) vous voyez s’élever irrégulièrement de vieilles murailles noirâtres, marquées de tâches blanches. »
    Le regard critique ne l’empêche pas d’admirer la Grèce et « la grandeur colossale d’un peuple ».
    La goélette « Alceste » dépasse Rhodes et Chypre, sur le bateau Monsieur de Lamartine lit, l’histoire du Liban, celle d’Hérode.
    L’arrivée au Liban est un enchantement, il part à la recherche d’une maison, on devrait plutôt dire d’un palais, pour que amis et famille puissent se reposer, c’est de ce palais que Lamartine partira pour un périple à l’intérieur de la Syrie et de la Palestine.

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    Palais de Lamartine Hammana

    Il va longuement sillonné la Palestine, la Syrie, la Galilée ...Tyr, le Mont Carmel, Acre qu’ Ibrahim Pacha  a « récemment réduit à un monceau de ruines » Jéricho, Jérusalem enfin où il ne peut pénétrer à son aise en raison d’une épidémie de peste.
    Le voyage est ici interrompu car sa fille chérie meurt au liban dans la maison où la famille s’était établie.
    Le voyage se prolongera plusieurs mois vers Damas et Baalbek mais le coeur n’y est plus.

    Le journal de voyage d’Alphonse de Lamartine est un document passionnant. Curieux de tout, il sait apprécier l’hospitalité des chefs arabes, faire revivre l'Empire Ottoman d'alors, son esprit ouvert fait en permanence le parallèle entre Orient et Occident.
    Il fait des rencontres importantes : l’Emir Béchir l’homme fort du Liban de l’époque qui le reçoit, la connaissance qu’il tirera de ces observations le rendront de retour en France, l’homme politique ayant la meilleur connaissance de cette partie du monde qui déjà en 1830 était une vrai poudrière.
    1-Lady-Hester-Stanhope.jpgAu moment du voyage de Lamartine, un personnage défraie la chronique européenne, Lady Esther Stanhope, nièce de M Pitt le Premier ministre britannique. Fixée dans les montagnes du Liban, sa fortune perdue, après avoir été proclamée « Reine de Palmyre » elle vit en ermite et ne reçoit personne. Obstiné Lamartine obtient d’être reçu et le courant passe. En de longues pages il décrit sa rencontre avec cette femme vieillissante qu’il admire et dont il comprend le besoin de solitude.

    Tolérant aux coutumes, désireux de comprendre les habitudes des peuples de l’endroit : Maronites, Druzes, Turcs, il fait preuve d’une étonnante ouverture d’esprit et d’une absence totale de jugement condescendant. Il s’inquiète du jeu des grandes puissances qui ont toutes un oeil vers l’Orient. « Un tel pays, serait encore la terre de promission aujourd’hui si la providence lui rendait un peuple, et la politique du repos et de la liberté ».
    Plus étonnant encore de la part de ce chrétien convaincu,  son admiration et son amour pour l’Islam et pour le Coran « J’aime ce peuple, car c’est le peuple de la prière ».

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    David Roberts - Nazareth

    C’est un livre riche que ce « Voyage en Orient » pour le lecteur c’est un récit de 700 pages, la plume très alerte de Lamartine fait oublier les propos parfois un peu trop lyriques ou trop emphatiques.
    L’acuité du regard, la curiosité, la témérité parfois, le rendent très sympathique, on oublie le noble riche et oisif pour s’attacher à l’homme couchant à même le sol et ignorant la peste pour pénétrer dans Jérusalem, au père dévasté par la mort de son enfant.
    J’ai savouré mon plaisir à suivre le poète tout au long de son voyage. Je vous engage à le suivre à votre tour car il est « de la famille des grands voyageurs et, sans doute, l’un des plus intelligents, des plus sympathiques et des plus intéressants aussi, parce que l’un des plus délicieusement bavard ». *


    * Robert Mattlé - Lamartine voyageur  (1936)

  • L'apprentissage de la marche - Jean-Louis Hue

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    L’apprentissage de la marche - Jean-Louis Hue - Editions Grasset
    Le premier de la série, un précis d’apprentissage de la marche à travers la littérature, et pas n’importe laquelle, sont au rendez-vous : Rousseau, ça bien sûr tout le monde le devine, Thoreau l’infatigable, Stevenson et Modestine, Basho au Japon, et beaucoup moins connus comme illustres marcheurs : Pétrarque , Flaubert, Wordworth et plus surprenant encore Louis XIV en ses jardins.

     

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    Sur les pentes du Ventoux avec Pétrarque

    Jean-Louis Hue invite à mettre nos pas dans les leurs, à flâner à leurs côtés, à grimper sur les sommets en peinant derrière eux car tous ces hommes étaient de redoutables marcheurs, des étapes de plus de cinquante kilomètres étaient chose courante.
    Accompagnez le pour une petite balade en forêt de Fontainebleau ou carrément plus ambitieux pour Compostelle. Randonnez en pays camisard avec Modestine et la pipe de Stevenson.

     

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    Le Pont de Montvert du chemin de Stevenson


    Vous ferez la route avec lui et au de retour, dans un fauteuil avec un breuvage à portée de main, vous irez retrouver Pétrarque ahanant sur les pentes du Ventoux, Flaubert et Maxime Du Camp par les champs et par les grèves de Bretagne soignant le soir leurs ampoules avec du suif , Jacques Lacarrière sillonnant la France du nord au sud.
    Jean-Jacques Rousseau disait « la félicité est une question d'altitude» alors n’hésitez pas et grimpez derrière Saussure sur les pentes du Mont Blanc.
    Un livre de bonne santé, savourez le et  prenez votre temps car comme le dit l’auteur « L'art de marcher est l'aboutissement d'une longue patience...»

     

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    L'ile Saint Pierre du lac de Bienne


    chemindelivres.jpgLes livres dans le livre
    Rousseau - Les Confessions et les Rêveries du promeneur solitaire - GF
    Pétrarque - L’Ascension du Ventoux - Mille et unes nuits
    Stevenson - Voyage avec un âne dans les Cévennes - 10/18
    Thoreau - Les forêts du Maine - José Corti
    Lacarrière - Chemin faisant - Fayard
    Flaubert - Par les champs et par les grèves - Droz