Dernière étape de notre voyage en Grèce
" Décomposez la Grèce et vous verrez qu’il ne restera pour finir, qu’un olivier, une vigne et un bateau". Elytis Odysséas
« Enfant j’ai souvent rêvé de la Grèce. » et pour assouvir son rêve, Jacques Lacarrière prend le large dans les années cinquante, il va vagabonder en Grèce pendant plusieurs années, du Péloponnèse au Mont Athos, des sites mythiques d’Epidaure aux villages crétois, de Sparte aux Cyclades.
Si le titre est au singulier mais de fait c’est au cours de plusieurs années et de plusieurs voyages que Jacques Lacarrière va entrer dans le monde grec. Ses études l’ont familiarisé avec la langue, venu pour la première fois comme membre d’une troupe théâtrale, il est tombé amoureux de la Grèce.
"Un voyage à Athos c’est d’abord un voyage dans le temps. (...) Athos est une survivance, une parcelle de Byzance enclose en notre époque."
De ses voyages il a tiré cette chronique indémodable, l’âge ne fait rien à l’affaire et l’on éprouve autant de joie à la lire aujourd’hui même si la Grèce décrite a bien changée.
Il va tout au long de ses voyages, multiplier les rencontres, en commençant au Mont Athos qu’il arpente longuement.
Les monastères vont du simple bâtiment construit au dessus du vide au monastère riche de manuscrits mais agonisant faute de vocations. Des lieux peuplés de moines proches du monde rabelaisien, mais aussi des derniers anachorètes vivant sur des terrasses surplombant le vide et nourrit grâce à une nourriture montée par des jeux de poulies jusqu’à des cabanes inaccessibles.
Fresques du Palais de Cnossos
La Crète ensuite qu'il aime particulièrement, Cnossos où il fut seul pendant quatre jours « un monde ancré à la fois dans l’histoire et dans le mythe, comme si on retrouvait intacts les palais, les lumières et les odeurs de l’Atlantide. »
Une île où il va rencontrer des muletiers, des bergers, des paysans, une île dont il aime la nourriture « ses fromages secs, ses olives, ses fruits, ses bouillies d’épeautre, son pain noir, son vin rosé et d’autres saveurs que je découvris: les graines et l’huile de sésame, le fenouil séché au soleil, le basilic frais, le miel de résine »
Il aime les chants anciens comme Patrick Leigh Fermor, les kleftika, ces chants épiques de la guerre d'Indépendance et sans doute comme Zorba le son du Santouri.
" Delphes était vide abandonné, livré à tous les fantômes de l’histoire"
Tous la Grèce est là : Epidaure, Mycènes, Delphes et son oracle, le Styx, Thèbes..........
Question mythologie Jacques Lacarrière ne craint personne, alors c’est un festival tout au long des pages.
île et monastère d'Amorgos
Mais vous ne quitterez pas le pays sans faire une petite croisière dans les îles. Des îles peuplées de chats, couvertes de vignes ou de forêts de pins, elles sont le refuge des chèvres sauvages ...bref le paradis. Il voyage sur le pont des bateaux, se fait des amis : le cafetier, l’instituteur, boit le raki en leur compagnie et n’a aucune envie de rentrer en France.
Dans une dernière partie il fait retour en Grèce après le temps des colonels. La Grèce a changé et l’été prend fin.
île de Santorin
Voyager avec Jacques Lacarrière est un privilège, il est servi par une expérience sans pareille et l’art de communiquer son bonheur, son plaisir. Un bonheur et un plaisir simple comme « l'odeur des feuilles de figuier qu'on froisse dans ses mains »
Ce livre est gorgé du soleil et des parfums de la Grèce. C’ est un témoignage passionné et une approche vivante de la Grèce, un chant d’amour pour un pays, un peuple et son histoire, sa langue, ses chants, ses poètes.
Un livre indispensable à tous les amoureux des voyages et de la Grèce
Le livre : L’Été grec - Jacques Lacarrière - Editions Plon Terre Humaine - 1975
Commentaires
Lacarrière, le premier passeur, imprégné de théâtre classique aussi bien qu'attentif à la vie paysanne. marcheur, et conteur merveilleux.
l'été grec a été mon premier "guide de voyage" et j'y retourne toujours.
j'ai lu ton billet, regardé les photos, et il me revient une douce envie de Grèce.
Avec lui j'ai d'abord voyagé en France mais j'ai bien vite à la suite pris le chemin de la Grèce
Je l'ai lu celui-là ! Et la voix de Jacques Lacarrière me manque, j'adorais l'écouter, on l'entendais assez souvent sur France Culture. J'ai assisté deux fois à une conférence avec lui, un régal.
@ Aifelle : tu as raison ! j'ai deux CD d'entretiens de lui et c'est un grand plaisir, j'ai eu aussi la chance de le rencontrer à Annecy il y a pas mal d'années, un conteur jovial, simple et d'une culture folle
Je me souviens de Lacarrière chez Pivot,passionné de ce pays,mais aussi un écrivain marcheur passionnant bien que je ne sois pas très hellénophile.
@ Eeguab : Nous avons les mêmes références Pivotesque :-)
Bien bien, je savais que Lacarrière aurait sa place dans cette semaine grecque... ^_^
@ Keisha : une surprise un peu éventée mais quand on aime ........
C'est le premier livre que j'ai lu avant d'entamer mon premier voyage en Grèce. Un guide avec toute la saveur d'un passionné où il raconte l'amour d'une terre, son peuple et son histoire...
Tes billets me donnent vraiment envie d'y retourner !
@ Enitram : j'aime énormément les livres de voyages de cette qualité, ce sont plus que des guides, de vrais compagnons
Il me semble avoir lu ce livre il y a très longtemps, longtemps avant même d'avoir mis un orteil en Grèce... Il faudra que je le relise dès qu'un autre voyage sera prévu ! Merci pour les superbes photos !
@ Kathel : une lecture qui n'est pas récente, la Grèce en premier plan ces temps-ci m'a donné envie de me replonger dans ces livres
Ces photos font rêver. Ce livre de Jacques Lacarrière m'accompagne depuis très longtemps ainsi que Le colosse de Maroussi de Henry Miller
@ nadejda : nous avons les mêmes références : Le colosse de Maroussi est toujours en poche bien vieilli dans ma bibliothèque à côté des Durrell
Argshlmfdrgrgrllrgrll! (gargouillis de contentement).
Un des rares hellénistes à être sorti de l'Antique pour s'enfoncer chez les moines athonites et les profondeurs de l'âme grecque. Un des rares Français aussi à avoir senti de l'intérieur des poètes écrivains comme Cavafy ou Kazantzaki, la musique du Rebetiko et des bas-fonds du Pirée.
@ Sandrine : c'est ce côté curieux et son absence de préjugés que j'aime chez cet homme, il marche les yeux grands ouverts
magnifiques ces photos! J'ai d'excellents souvenirs de Santorin!
@ Violette : j'ai l'impression que c'est effectivement magnifique
Peu d'ouvrages ici de Lacarrière ce qui est bien dommage
Le dictionnaire amoureux de la Grèce et Chemin faisant
Bon dimanche
@ autour du puits : Chemin faisant est le premier lu de lui, je n'ai fait le voyage en Grèce qu'ensuite
Moi aussi, j´aurai aimé vivre la Grèce comme il l´a fait et le vit peut-être encore de nos jours, j´y pense depuis longtemps.
Son parcours me donne des ailes, mais je ne peux pas.
Tournons la page, ce n´est pas grave.
L´important c´est ton billet qui m´enchante et ce livre que je pense acheter et m´informer sur Jacques d´abord, sur Internet...
@ alba : si comme moi tu rêves de la Grèce ce livre là est idéal
Oublié de te dire que je viens de laisser le monde grec, plutôt le Mont Athos et ses moines, ces jours-ci en terminant de lire : Ap. J.-C. de Vassilis Alexakis.
@ alba : merci pour cette référence
Un livre que j'ai depuis mon adolescence dans une vieille édition que je n'échangerais pour rien au monde :-) Ce fut je crois ma première lecture "d'écrivain voyageur" :-)
Et j'ai continué ensuite à lire Lacarrière, à aller le voir il y a maintenant plusieurs années au Salon du livre pour lui dire combien je l'admirais, et à assister il y a quelque temps, à une soirée d'hommage en présence de sa femme. Suis une fan quoi :-)
@ Cathe : voilà la troisième fan ! Aifelle et moi l'avons aussi rencontré et c'est effectivement de bons souvenirs
Merci pour ce sublime voyage en Grèce, c'est vrai que tu as bien choisi la période ! Tu as raison de rendre hommage à ce pays et à son peuple. Je comprends l'attachement de ces écrivains, j'ai le souvenir (pour la petite partie du pays que je connais) d'une lumière exquise et d'une gentillesse extrême des habitants... Toutes ces photos sont splendides ! Belle après-midi Dominique, à bientôt. brigitte
tu m'as tellement donné envie de Grèce que je suis en train de retenir un paris-Athènes! La Crète en avril devrait être fleurie!
@ miriam : je vais demander des commissions aux compagnies d'aviation, non mais !!
Merveilleux livre, et Lacarrière lui a donné un titre parfait !
@ Tania : le titre fait déjà sentir le soleil sur le visage
C'est un livre qui m'a laissé un magnifique souvenir que ton article et ses superbes photos viennent de raviver. Incontournable en effet. On a envie de saisir son sac à dos, de mettre ses chaussures de marche et de partir, libre, sur les chemins. Quoi de mieux ?
@ Annie : j'ai l'impression à lire tous les commentaires que l'on pourrait faire un groupe de marcheurs !
Comme je te l 'ai déjà dit, tu éveilles encore aujourd'hui ma nostalgie de mes deux voyages en Grèce, Athènes et la Crète. Merci pour ce voyage dans ton blog!
@ Claudialucia : le plus extraordinaire avec ce type de livre c'est qu'on éprouve la nostalgie sans y être jamais allé
Finalement c'est Paris/Heraklion! et relire Kazantzaki
@ miriam : Zorba bien sûr ou la lettre au Gréco que j'aime aussi beaucoup
Bon voyage !
Bon voilà... Du coup j'ai noté les trois !!
@ L'or des chambres : au diable l'avarice !
...et cela fait du bien de parler de la Grèce en omettant les mots et acronymes tels que: FMI, banqueroute, faillite, Europe et euro, dette et tutti quanti. Chouette voyage qui montre une autre facette, connue et moins connue, de ce pays irritant et captivant.