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Voyager - Page 12

  • Vive le vélocipède

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    « Monte Oliveto, avec ses jardins, ses vergers et ses vignobles est comme une oasis au milieu de cette désolation. Sur les collines en terrasses, les oliviers et la vigne poussent jusqu'à l'extrême bord du ravin. »

     

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    « Notre itinéraire nous faisait traverser le splendide Val di Chiana qui n'était plus pestilentiel comme à l'époque de Dante, mais frais et ravissant, baignant par endroits dans le doux parfum des clématites. Il n'y avait ni barrières, ni haies, et le vallon s'étendait entre les montagnes, tel un seul parc, vaste et délicieux. »

     

    Le livre : L'Italie à Vélocipède - Joseph et Elizabeth Pennell - Traduit par Matthieu Mas - Editions La Fosse aux ours

  • Une Odyssée Un père, un fils, une épopée - Daniel Mendelsohn

    J'ai commencé l'été avec Homère et je le termine avec lui.
    Les lectures sont parfois faites de coïncidences, de croisements, de rebondissements.

     

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    Après avoir écouté tout l'été les chroniques de Sylvain Tesson j'avais ressorti l'Odyssée dans la traduction de Philippe Jacottet, celle que je préfère et de loin. Du coup je n'ai eu qu'un petit geste à faire pour la rouvrir lorsque j'ai entamé le dernier livre de Daniel Mendelsohn

     

    homère

    C'est toujours un peu inquiétant d'ouvrir le livre d'un auteur dont on a admiré, lu et relu l'opus précédent. Lorsqu'on a été emporté par un récit, que l'on a parlé du livre autour de soi pour le faire lire. 

    Et si ce titre qui vient de paraitre était une déception ?  Il vous faut quelques pages, mais quelques pages seulement pour savoir que non, vous ne serez pas déçu. Non le livre va tout naturellement trouver sa place dans votre bibliothèque, le plus difficile sera de décider où le glisser, comment le classer ……

    homère

    Vous avez pu lire dans mon billet précédent les premières lignes de ce livre, c'est un petit clin d'oeil à la littérature grecque, ce type d'introduction porte le nom de proème nous apprend Daniel Mendelsohn, en quelques lignes l'auteur nous place au coeur du récit.

    homère

    L'histoire du voyage d'Ulysse et de son retour vers Ithaque, l'histoire de Jay Mendelsohn âgé de 81 ans, qui a été ingénieur en aéronautique et  enseignant en informatique et qui va comme tous les étudiants du séminaire mené par son fils, s'immerger dans l'oeuvre du barde mythique.

    Quand je dis "comme tous les étudiants", ce n'est pas tout à fait vrai car malgré la promesse faite à son fils de rester silencieux, Jay Mendelsohn va mettre son grain de sel dans l'affaire.

    Surtout parce qu'il n'aime pas Ulysse, il lui dénie l'appellation de héros. Jay Mendelsohn est un adversaire résolu du mensonge ce qui le rend hostile à Ulysse le menteur divin.

    homère

    Ses positions trouveront parfois un appui auprès des étudiants, parfois seront en opposition frontale à celles de son fils au point de perturber quelque peu les cours.

    Les étudiants s'amusent mais aussi profitent des échanges et les interruptions du vieil homme finissent par faire naitre discussion et réflexion.

    La lecture du poème homérique devient très concrète, plus riche, l'interprétation du fils est remise en cause, discutée à travers des souvenirs partagés entre le père et le fils.

    Après le séminaire, père et fils vont s'embarquer pour une croisière en Méditérrannée pendant dix jours sur les traces d'Ulysse. Il y a des scènes étonnantes et jubilatoires pendant cette croisière qui va mettre au jour des liens entre père et fils, l'occasion pour l'un et l'autre d'exprimer amour, exaspération, surprise ou colère.

    homère

    Daniel Mendelsohn est un professeur compétent, sérieux mais pour notre plus grand plaisir il joue avec sa spécialité, avec la langue grecque.

    Mimétisme est un mot grec, normal alors que la composition du livre soit l'occasion pour Mendelsohn de s'amuser à suivre les "circonvolutions dans le temps et dans l'espace " comme dans la littérature grecque. Parce qu'il s'amuse avec le lecteur, imbriquant pour notre plus grand plaisir, analyse littéraire, aperçu de ce qu'est un séminaire, et l'histoire familiale, l'histoire de ce père si proche et si lointain. Créant chez le lecteur cette sensation de circularité.

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    Pénélope par Bernard Buffet

    Le mélange entre analyse de l'oeuvre et souvenirs familiaux est parfaitement réussi, le tissage est serré, des thèmes comme celui du lit nuptial qu'Ulysse a construit, qui lui permettra de se faire reconnaitre de Pénélope, trouve un bel écho avec ce lit construit des mains de Jay et sur lequel il va encore coucher lors de sa venue chez son fils à l'occasion du séminaire.
    Un lien indéfectible entre père et fils comme il est lien dans l'épopée entre Ulysse et Pénélope.

     

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    Ulysse et les prétendants

    Il y a beaucoup d'émotion dans ce livre, quelques mois après le séminaire Jay Mendelsohn a fait une chute qui a entrainera son décès. 

    Ce livre est comme le Kaddish que le fils prononcerait sur la dépouille de son père, le séminaire et la croisière furent l'occasion de faire la paix. 

    Une Odyssée est un livre où l'on apprend beaucoup sur Homère et son oeuvre mais plus encore sur les liens qui unissent parents et enfants.

    On retrouve dans ce livre toute la tendresse dont est capable Mendelsohn, l'érudition qui est la sienne qu'il cache parfaitement bien pour ne pas gêner le lecteur. 

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    Les Mendelsohn Père et fils

    Ce récit très personnel est totalement intemporel et peut parler à tous. 

    Un livre à offrir à vos parents ou à vos enfants comme le trait d'union d'une génération à l'autre.

     

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    Le Livre : Une Odyssée, un père, un fils, une épopée - Daniel Mendelsohn - Traduit par Clotilde Meyer et Isabelle Taudière - Editions Flammarion

     

  • Un été philosophique

    Pendant cette pause loin des écrans je n'ai pas lu que des livres, ce fut pour moi l'occasion de lire trois revues de Philosophie magazine.

    Trois numéros spéciaux, trois sujets qui m'intéressent et trois plaisir de lecture

     

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    Vous ne serez pas étonnés si je vous dis que j'ai lu le numéro hors-série consacré à Montaigne, un ancien numéro ayant pour thème la Bible et les philosophes et enfin le dernier paru le spécial  Marcher avec les philosophes.

     

    Si ce sont des sujets qui vous attirent n'hésitez pas car c'est je trouve une bonne façon de lire autour d'un sujet qui vous agrée sans pour autant avoir à lire un pavé sur le sujet. 
    On peut laisser et reprendre sa lecture au gré des articles, y revenir sans problème, c'est sympa.

    Un petit mot sur chaque numéro et ce que j'ai le plus apprécié sachant que ce sont trois sujets pour lesquels j'ai déjà fait de nombreuses lectures.

     

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    A tout seigneur tout honneur : Montaigne  " Mon métier et mon art c'est vivre "

    On retrouve là des auteurs d'article qui ne surprennent pas : André Comte-Sponville, Antoine Compagnon qui m'avait déjà fait passer un Eté avec Montaigne, Sarah Bakewell mais aussi Pascal ou Virginia Woolf

    Les article les plus séduisants ? Celui de Comte-Sponville parce que très complet et jamais pédant, mais j'ai beaucoup aimé aussi les articles consacrés au Journal de voyage par André Darriulat et l'interview de Sarah Bakewell qui donne envie de connaitre la dame

    Celui qui m'a le plus appris ? l'article de Serge Brahami sur le chapitre des Cannibales et celui de Pierre Manent sur la foi de Montaigne.

    Les extraits des Essais sont nombreux et bien choisis mais dans une traduction que je ne trouve pas la meilleure.

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    Une version de la Tour de Babel

     

    Le numéro sur la Bible des philosophes est celui qui m'a le plus appris car les auteurs des articles sont extrêmement compétents sur leur sujet. 

    On a plusieurs extraits de livres très difficiles à trouver parce que non réédités.

    Léo Strauss, Kant, Hobbes et Kierkegaard sont au programme mais aussi Elie Wiesel ou Hannah Arendt, Hegel ....

    J'ai beaucoup aimé certains mini articles et extraits de livres,  je suis ressortie de là avec une liste de livres à lire longue comme le bras.

    Ce que j'ai préféré : un entretien avec Marc-Alain Ouaknin , philosophe, enseignant et Rabbin, l'article porte sur l'Exode que j'avais commencé à investiguer avec Thomas Römer.

    Un article m'a laissé perplexe : celui sur les prophètes, je dois dire que là c'est un peu trop ésotérique pour moi.

    Un regret : pas suffisamment d'articles signés par des penseurs d'aujourd'hui

     

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    Enfin troisième sujet La Marche, sans doute mon côté un rien masochiste moi qui ne peux plus mettre un pied devant l'autre ! 

    C'est le plus réjouissant des trois même si je connais déjà à peu près tous les noms cités.

    Il y a les flâneurs, les promeneurs, les voyageurs et les explorateurs. Les pèlerins et les contestataires.

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    Jean Paul Kauffmann remontant la Marne

    Dans ce numéro aussi beaucoup d'extraits mais plusieurs articles de fond que j'ai lu avec grand intérêt : une super interview de Jean-Paul Kauffmann le marcheur que j'ai déjà suivi aux Kerguelen et sur les champs de bataille napoléoniens. Un grand article  de David Le Breton

    On trouve des noms convenus : Thoreau, Rousseau, Stevenson, Lacarrière,  bien entendu mais d'autres nettement moins : Walter Benjamin, Balzac qui a écrit sur la marche eh oui, et aussi Alexis de Tocqueville !

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    Jacques Lacarrière en Crète

    Je n'oublie pas les marches politiques même si ce n'est pas mon intérêt principal : La longue marche de Mao, Gandhi bien sûr et plus près de nous Martin Luther King et sa marche pour les droits civiques

    Bref un numéro à lire pour se sentir encore un peu en vacances.

     

    Cette chronique est libre de toute publicité évidement.

  • Souvenirs d'enfance et de jeunesse - John Muir

    Un colosse américain

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    C’est le père des parcs nationaux, un trail mythique porte son nom mais il y a aussi la Muir Pass, le Lake Muir, le Mount Muir. Il fut l’ami des grands et commença sa vie en Ecosse en 1838 dans une famille très religieuse, pauvre oh combien dans laquelle le travail était élevé au rang de vertu. 

    muir

    Gamin déluré mais très respectueux d’un père très dur qui « avait la propension bien écossaise à transformer tout devoir en corvée »

    Vers 7 ou 8 ans il commence vraiment des études et là aussi l’effort à fournir est rude

    « pour tout ce qui n’atteignait pas la perfection, le martinet fut illico mis à contribution. Nous devions absorber trois leçons de latin par jour, trois de français et autant en anglais »

    Mais avec un père comme le sien, il n’était pas quitte pour autant 

    « mon père de son côté me faisait apprendre un si grand nombre de versets de la Bible qu’à l’âge de onze ans je savais par coeur les trois-quart de l’Ancien Testament et la totalité du Nouveau - par coeur et au prix de combien de meurtrissures ! Je pouvais réciter le Nouveau Testament du début de Matthieu à la fin de l’Apocalypse sans m’arrêter »

    muir

    La pauvreté pousse les Muir à émigrer au Wisconsin, comme tous les migrants de l’époque ils traversent l’océan sur un rafiot puis le pays en chariot avec leurs bagages pour finir par construire en une journée une cabane où se mettre à l’abri.

     

    C’est pour John Muir la découverte de la nature 

    muir

    « Comment dire le bonheur parfait où nous mit ce brusque plongeon dans l’état sauvage - ce baptême à même le coeur chaud de la Nature ? La Nature qui nous pénétrait, qui nous inculquait par la séduction ses prodigieux enseignements, tellement différents des mornes cendres de la grammaire dont on nous imprégnait à force de raclées depuis si longtemps. »

    Les pages qui suivent l’arrivée au Wisconsin sont magnifiques, il faut bien de l’astuce et du courage à John Muir pour profiter de cette nature tant le travail est dur, quotidien, harassant jusqu’à l’épuisement. 

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    Muir et ses inventions 

    Quand il veut mettre à profit son esprit ingénieux et ses capacités intellectuelles immenses il prend sur son temps de sommeil, levé à 1 heure du matin, il réfléchit, lit, créé des machines parfois utiles et d’autres farfelues mais son esprit n’est jamais en repos. 

    muir

    Ce sont ces inventions qui lui permettront un jour de sortir de vie rude de la terre et d’entreprendre enfin des études universitaires, de côtoyer les grands de la planète et de laisser sa trace dans l'histoire des USA

    muir

    Muir le premier écologiste avec le Président Roosvelt 

    Ce livre est une façon très attachante d’entrer dans l’oeuvre de John Muir, ses souvenirs sont pleins de l’émerveillement qu’il a à jamais éprouvé devant le spectacle de la nature. Voir comment un petit gars écossais a pu devenir un des plus grands naturaliste américain est un spectacle qui fait chaud au coeur. 

    Je connais une autre adepte 

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    Le livre : Souvenirs d’enfance et de jeunesse - John Muir - Traduit par André Fayot - Editions José Corti

  • L'année sans été - Gillen d’Arcy Wood

     Vous allez retrouver ici les deux personnages de mon billet précédent : Napoléon, ou du moins la fin de l'ère Napoléonienne et Turner qui donna des couleurs à cette année (ces années devrait on dire d'ailleurs) sans été.

     

    En avril 1815, près de Java, se produisit une éruption volcanique qui entraina un bouleversement climatique pendant 5 ans et qui changea la vie des hommes sur tous les continents, entraina plusieurs millions de morts, provoqua des changements importants pour la science, pour l'art, pour la littérature.

    Sans doute la première catastrophe climatique répertoriée, l'éruption du Tambora, qui peut-être comparée à celle de Santorin 1600 ans Avant JC qui anéantit la civilisation Minoenne.

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    Cette éruption localisée entraina des cataclysmes en chaine et donne un aperçu assez effrayant de ce qui attend la planète dans les années à venir, car le changement ne fut alors que de 2 °C…

    Si vous êtes étonnés de n'avoir jamais entendu parler de ce volcan et de son éruption, pensez que 1815 en France c'est la fin des guerres napoléoniennes et les regards sont plutôt tournés vers Saint-Hélène que vers Java.

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    Je vous propose de faire un tour du monde des conséquences qui grâce aux explications très claires, aux tableaux statistiques et aux schémas du livre, sont très clairement exposées 

    Commençons au plus près de l'éruption : outre les dégâts et les morts dus à la lave et aux fumées toxiques, il y eu bien sûr un tsunami, on estime pour Java et les îles proches à environ 100 000 victimes, la cendre recouvrait les cultures et l'obscurité dura une semaine entière.

    Bien entendu le nuage ne s'arrêta pas aux frontières ! c'est toute l'Asie qui fut atteinte plongeant des régions entières dans le chaos et la famine

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    Les rizières du Yunnan

    Au Yunnan en Chine c'est la famine qui fait des ravages, le riz est sensible aux variations climatiques et les paysans meurent de faim, on vend des enfant pour un sac de riz, ils sont prêts à tout aussi quand la survie devient impossible ils se tournent vers une autre culture qui fera à terme des ravages conséquents : la culture du pavot. En quelques décennies, l'opium fut cultivé à travers le Yunnan Le « triangle d'or » de la production internationale d'opium était né.

    « Un poète chinois Li Yuyang, a évoqué de la manière la plus émouvante qui soit le monde dévasté par la crise climatique »

    La pluie tombe sans fin, comme les larmes de sang

    d’un homme sentimental.

    Les maisons coulent et frissonnent

    comme un poisson dans les eaux qui ondulent

    Je vois mon fils aîné accroché à la chemise de sa mère.

    Le petit pleure sans qu’on l’entende. Il n’y a plus d’argent, et

    Le riz est aussi rare que les perles, nous offrons nos couvertures pour nous sauver.

    Un seul dou de riz, et rien de plus à la maison.

    Nous n’avons que quelques acres, et rien n’y pousse.

    Ma femme et mes enfants ont partagé leurs grains pour

    Toute l’année.

     

    Restons en Asie avec l'Inde et le Bengale : la poussière de l'atmosphère va entrainer des changements dans l'évaporation dans l'océan indien et entrainer des variations funestes des moussons, une alternance de sécheresse et d'inondations. 

    Plus pernicieux, la variation des températures et de l'humidité provoque la mutation du germe du choléra qui va flamber et se propager comme une trainée …de lave
    L'épidémie sera mondiale, elle atteindra Paris, Moscou, et les USA.

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    le Choléra a atteint le Québec

    En Europe c'est une baisse généralisée des températures, des étés pluvieux, inondations, retard des cultures.
    « Les Allemands appellent 1817 l'année du mendiant »

    C'est surtout l’Irlande qui connaît une effroyable famine, c'est pour les Irlandais le début d'une période très sombre, le gouvernement anglais restant sourd à leurs appels et à ceux de leur poète William Carleton qui écrit un conte resté fameux sur cette famine oubliée

    En Suisse des glaciers avancent jusqu'à détruire le Val de Bagnes. A Chamonix Percy Shelley note

    « Ces glaciers avancent constamment dans la vallée, ravageant dans leur lente mais irrésistible progression les pâturages et les forêts qui les entourent. »

     

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    Le glacier des Bossons Chamonix © ivredelivres

    Curieusement en Angleterre il y eu un côté positif aux variations climatiques. Pour comprendre il faut d'abord dire qu'il y eu un effet paradoxal à cette catastrophe, si la planète se refroidit, les pôles eux se réchauffent et cela crée l'ouverture temporaire des mers polaires. Les explorateurs britanniques vont sauter sur cette opportunité pour partir à la recherche du fameux passage du Nord-Ouest. Si ils eurent de la chance quelques saisons, la suite fut plus difficile avec la perte de la fameuse expédition Franklin.

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    Expédition arctique en 1819

    Mais finissons notre tour du monde avec les Etats-Unis qui connurent leur première vraie crise économique, les gelées et la sécheresse dans l'est du pays détruisirent les récoltes, poussèrent les agriculteurs à la ruine, on vit des chutes de neige conséquentes en plein été ! 

    L'« année 1816-où-il-a-gelé-à-en-mourir ». Le 6 juin  « comme dans un mauvais rêve, il commença à neiger. De gros flocons, humides.» 

    « Les oiseaux tombaient des arbres, raides morts, tandis que les fermiers craignaient que leurs moutons qu’ils venaient de tondre ne survivent pas »

    La famine qui suivit déclencha un déplacement de population et la première ruée vers l'ouest et un afflux d'émigrants 

    «  1817 est l’année qui a vu le plus grand nombre de migrants britanniques et européens arriver sur le sol américain.»

     

    Finissons par une note culturelle  

    « Le froid était « exceptionnel » et les villageois se plaignaient du retard du printemps.Quelques jours plus tard, une tempête de neige leur gâcha la vue de Genève et de son célèbre lac »

    des tempêtes exceptionnelles se lèvent sur le Léman, que faire lorsqu'on ne peut pas sortir ?

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    Percy Shelley, Mary Shelley  Lord Byron

    « on compta 130 jours de pluie entre avril et septembre » Le froid était exceptionnel. Cet été sombre a certainement contribué à l'écriture d'un célèbre roman. Mary Shelley  « écrirait ainsi sa propre histoire d’horreur évoquant un sinistre monstre qui reçoit accidentellement la vie pendant une tempête » Frankenstein était né.

     

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    La peinture est, elle aussi, impactée par ces changements 
    On dit que les couleurs rouge orangé du ciel dans ces années là sont celles qui ont inspiré JMW Turner 

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    Les ciels de l'époque inspirèrent aussi John Constable

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    La baie de Weymouth  à l'approche de l'orage 
    John Constable - Musée du Louvre

    « En Grande-Bretagne, un pic extrême de vents venus de l’ouest soufflant en tempête et accompagnés de pelotons de nuages de pluie venus de l’Atlantique déferla mois après mois – une armée aérienne grise qui apporta la misère aux paysans de Grande-Bretagne comme dans l’ouest du continent. Dans une peinture de Constable datant d’octobre 1816, la baie de Weymouth – une jolie crique abritée sur la côte sud de l’Angleterre où l’artiste passait sa lune de miel – baigne dans une pâle lumière sous un ciel tourmenté gris-noir »

     

    Un livre passionnant, un rien effrayant quand même, ce n'est que vers les années 90 que les conséquences d'une éruption se firent jour grâce au progrès de la climatologie.
    Pourtant un homme avait fait le lien entre éruption et changement climatique « en juin 1783 l'éruption du  Laki, un volcan islandais provoqua un refroidissement brutal, des récoltes catastrophiques et, l’année suivante, la misère en Europe ; il fut aussi à l’origine de la formation de glaces menaçant la navigation transatlantique »  cet homme c'était Benjamin Franklin, un visionnaire. 

     

    Vous avez dit réchauffement climatique ? 

     

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    Le livre : L’année sans été - Gillen d’Arcy Wood - Traduit par Philippe Pignarre  - Editions La Découverte

  • Une auteure, ses voyages, ses rencontres

    Béatrice Commengé est peut-être un nom que vous ne connaissez pas. Elle est traductrice et écrivain et sa spécialité ce sont les livres d’amitié. Amitié, compagnonnage, admiration pour un auteur. 

    Je la lis depuis bientôt trente ans ! J’ai commencé avec sa Danse de Nietzsche et j’ai continué en la suivant sur les chemins d’Hölderlin, de Rilke, et tout récemment Lawrence Durrell.

    C’est une femme qui aime la littérature et les voyages.

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    J’aime son parti pris de nous faire entrer dans la vie d’un écrivain par une porte dérobée, une visite à Durrell alors qu’elle était jeune, Rilke pour ses promenades au Luxembourg, Nietzsche pour les paysages de l’Italie.

    J’aime les récits qu’elle fait comme une voyageuse qui accompagnerait l’écrivain dans ses errances, dans sa recherche de la beauté, dans ses souffrances aussi. 

    J’ai beaucoup aimé son livre sur Nietzsche qui est aujourd’hui réédité chez Verdier, Nietzsche à Portofino, je me souviens de m’être promenée sur ces sentiers là avec ce livre sous le bras et être allée du texte au paysage pour sentir le bonheur de Nietzsche devant ces mêmes couleurs.

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    Rilke je l’ai expérimenté à Paris, il est âgé de quarante cinq ans et séjourne dans un petit hôtel face au Luxembourg. Six jours pendant lesquels, anonyme et presque clandestin il retrouve le Paris qu’il a aimé, où il a écrit. Il cherche ici l’inspiration qui lui permettrait de terminer ses Elégies, entamées mais jamais terminées.

    Eternel amoureux Rilke revient sur les pas de ses amours. Il revient sur sa rencontre avec Rodin, le maître.

    Pendant ces six jours le temps est comme aboli et Béatrice Commengé explore tous les contours de l’âme du poète en même temps qu’elle explore le quartier et les traces laissées par Rilke.

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    Rilke et Paul Valéry

    Le dernier de ses livres qui m’a particulièrement touché est consacré à Lawrence Durrell, un écrivain que j’ai déjà évoqué ici. 

    Béatrice Commencé est jeune la première fois où elle le rencontre, trente ans après le souvenir est toujours vif 

    «  Lawrence Durrell m’avait ouvert la porte en me demandant : “Aimez-vous l’Indian Curry ? 
    Sans une hésitation aucune, il me proposait de partager son délice d’enfant. Mon cerveau traduisit aussitôt : Darjeeling, 1920. C’était donc là qu’il vivait quand il avait faim – en enfance. Il se promenait dans un paysage dont on l’avait arraché à onze ans et qu’il n’avait jamais revu. J’étais venue chercher la Provence, la Grèce, l’Égypte, Alexandrie, et il m’offrait l’Himalaya. L’homme de soixante-quatre ans vivait toujours au pays de Kipling. »

    J’ai beaucoup aimé retrouver Durrell à Bellapaix à Chypre,  en Egypte bien entendu et en Provence.

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    Espace Durrell à Sommière

    Ces livres sont très attachants, très vivants, ils dressent des portraits subtils, riches. C’est un grand plaisir de suivre ses balades littéraires. J’espère que vous serez nombreux à tenter la découverte et à glisser ses livres dans vos valises parfois.

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    Les livres de Béatrice Commengé

    En face du jardin six jours dans la vie de Rainer Maria Rilke - Editions Flammarion
    Et il ne pleut jamais naturellement - Gallimard (sur Hölderlin)
    Une vie de paysage - Editions Verdier
    La danse de nietzsche - Editions Verdier poche