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Voyager - Page 15

  • Voyage vers Compostelle - Alain Cazenave-Piarrot

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    Ma bibliothèque Compostellane compte déjà pas mal de livres mais je suis toujours à l’affût. Aussi ai-je embarqué avec un pèlerin géographe. 

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    Le point de départ : Ossen village de la Batsurguère

     

    Il m’a été immédiatement sympathique cet homme : Il admire Elisée Reclus et décide pour ne pas être présent à la rentrée 2011 pour cause de retraite, de prendre son bâton (ferré par le beau-père) et de réaliser son rêve d’enfant. 

    Il a en effet rêvé des sources du Nil, de Valparaiso et de Compostelle, il avait réalisé les deux premières destinations alors ...Ultreïa 

     

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    J’ai aimé ce carnet de route, l’oeil de l’observateur est bien grand ouvert, les pleins et les déliés du paysage lui parlent, parfois ils lui parlent en langue de géographe mais le petit lexique ajouté rend les choses tout à fait claires et j’ai même eu beaucoup de plaisir à retrouver des mots oubliés qui dataient de mes lointains cours de géographie : ager, bachère, éteule ou talweg.

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    C’est tout à fait intéressant de s’attarder sur l’aspect économique ou même sociologique des terres traversées. Découvrir les paysages naturels sous l’angle géologique. L’auteur déchiffre les changements, le recul de l’agriculture traditionnelle, l'abandon complet de certains lieux, des zones industrielles empiétant sur les campagnes.

     

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    Ruesta " El Camino laisse la route par une brusque montée et, sur les trois ou quatre kilomètres qui le séparent de Ruesta, suit une ancienne cañada bordée de buis"

     

    Les petits croquis sont là pour nous éclairer, les villages, les ponts, les pentes verdoyantes, les vergers et les vignes ou la meseta pelée sous le soleil, sont autant de jalons pour ce parcours si particulier.

     

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    Mansilla de las mulas " la modernité à transformé un bourg de tierra de barro en décor pour opérette touristique"

     

    Mais n’oublions pas les rencontres car ici comme dans beaucoup de récit du chemin, les rencontres sont importantes même si pudiquement l’auteur ne s’appesantit pas sur cet aspect.

    Au fil du temps et des quelques 1000 kilomètres, une évolution se fait. Comme tous les pèlerins il va connaitre certains changements et entamer une réflexion sur sa « croyance au progrès matériel et moral de l'humanité. », faire fi du confort, s’alléger de beaucoup de contraintes.

     

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    Le bout du chemin

    " le soleil descend et descend, caché derrière les nuages. Je ne sais pas combien de temps, je reste ainsi à noyer mon regard dans l'océan qui s'agite. La nuit tombe doucement et s'installe en catimini."

     

    C’est un récit que l’on lit avec un réel plaisir, j’ai aimé le ton très libre, j’ai aimé la multitude de petits croquis, la liberté prise avec les chemins tout tracés. Une jolie façon de renouveler ce type de récit.

     

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    Le livre : Voyage vers Compostelle d’un pèlerin géographe - Alain Cazenave-Piarrot - Editions du Cerf

  • Dans l'oeil du faucon - Kathleen Jamie

    Un essai naturaliste comme je les aime. Peut-on être poète ET naturaliste, oui bien sûr, j’ai déjà fait l’expérience avec Alain Cugno le passionné de libellules ou les oies des neiges de W Fienes alors j’ai choisi de prendre les airs en compagnie de Kathleen Jamie.

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    Les Orcades

     

    Elle est poète et enseigne la littérature en Ecosse où se déroulent les chapitres de Dans l’oeil du faucon 

    Les îles d’Ecosse me font rêver malgré leur climat disons... pas vraiment sec, mais la beauté de ces paysages m’attire. Dans ce livre pas de découvertes extraordinaires, pas de plaidoyer tonitruant, non juste la nature et sa beauté, les dangers qui la menacent. 

     

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    Près de chez elle K Jamie a eu la chance d’avoir un faucon pèlerin qui nichait, « véritable pilote de formule un » d’après elle, elle l’observe alors que « les fleurs de prunier vont éclore »

    Mais nous dit-elle les pèlerins ne s’intéressent pas aux fleurs « ils les laissent aux bouvreuils pivoine et aux mésanges bleues »

    Elle consulte des livres pour comprendre ce qu’elle voit, pour mieux observer ces oiseaux qui se déplacent en « formation d’avions de combat » , elle lit William Fienes et surtout J.A. Baker un ornithologue amateur qui a écrit un livre magnifique :  .(il est dans ma bibliothèque je vous en parlerai un jour) 

     

    Elle nous fait vivre au rythme des oiseaux, éprouver leur peur et nous montre leur quête de nourriture.

    Elle nous rend ce monde là sensible et nous invite à lever les yeux pour apercevoir un faucon dans les nuages ou un crâne d’oiseau blanchi sur une plage.

     

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    Le Cairn de Maeshowe

     

    Vous visiterez aussi les vestiges d’une vie antique, vous entrerez dans les shielings ces drôles de cabanes qui l’été servaient d’habitation aux bergers qui venaient faire pâturer les moutons et fabriquaient leur fromage et leur beurre.

     

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    Les Shielings

     

    Mais cet essai n’est pas le seul du livre, vous pouvez aussi avec elle voir dans les dauphins, s’agiter les girouettes d’Edimbourg et admirer la nature qui perd pied petit à petit devant l’homme même dans cette région assez sauvage.

    J’ai aimé sa simplicité. Elle ne cherche pas à faire oeuvre de technicien, foin de l’identification et de l’étiquetage des oiseaux, elle préfère nous inviter sur son île un jour de solstice d’hiver sur les Orcades. Elle nous apprend à regarder, à écouter et son livre est à lire dehors, sur une plage déserte ou au bord d’une falaise bretonne ....

     

    Pour répondre à votre curiosité lisez le billet de Lewerentz

     

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    Le livre : Dans l’oeil du faucon - Kathleen Jamie - Traduit par Béatrice Vierne - Editions Hoëbeke 2015

  • Un temps pour se taire - Patrick Leigh Fermor

    Faire retraite

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    Ma première lecture de Patrick Leigh Fermor remonte à ...je préfère ne pas compter !

    A l’époque j’avais cherché d’autres livres de lui mais rien n’était édité alors de guerre lasse j’avais acheté en anglais :  A Time to keep silence, mais bien sûr j’ai calé sur la lecture trop ardue pour moi.

    Aujourd’hui je comprends pourquoi ! Le livre est enfin traduit en français grâce à Guillaume Villeneuve et aux éditions Nevicata et la langue, les réflexions, les interrogations de ce petit livre sont d’une telle densité, d’une telle qualité que ... je n’avais aucune chance.

     

    En 1948 PL Fermor fait sa première retraite à l’abbaye de Saint-Wandrille en plein pays de Caux. Elle sera suivie de beaucoup d’autres, il fera retraite à Solesmes haut lieu du chant grégorien et même à la Grande Trappe celle du « riche, beau et fastueux » abbé de Rancé.

     

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    Solesmes

    C’est une courte lecture, cet amateur de marche, ce bon vivant qui peut chanter dans plusieurs langues, cet amoureux de la vie s’est à plusieurs reprises retiré dans une abbaye et vécu au rythme des chants grégoriens.

    Sa première expérience fut difficile, les règles lui semblent intimidantes et le silence est dur à supporter « L’endroit avait le caractère d’un énorme tombeau, d’une nécropole dont j’étais le seul habitant vivant » mais bientôt sa dépression disparait, son agitation s’apaise et un sommeil d’enfant lui apporte un repos et une capacité de travail jamais connue « cette extrême lassitude se réduisit à rien, la nuit se ramena à cinq heures de sommeil léger, sans rêve, parfait, suivi d’un réveil plein d’énergie et de fraîcheur limpide » 

    PL Fermor a des mots magnifiques pour exprimer ce temps de solitude, ce changement intervenu en lui, son voyage intérieur est riche et passionnant.

     

    Pourtant l’auteur n’en reste pas là et avec sa culture et sa verve habituelle il nous fait parcourir les hauts lieux du monachisme en france, en Angleterre et jusqu’en Cappadoce où il a découvert  des monastères troglodytes riches de trésors

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    « les marches aboutissaient à une salle scintillante qu’éclairait au zénith un rayon de soleil assourdi. Lentement une église byzantine, complexe, ténébreuse, se matérialisa autour de nous. Nous étions sous un dôme central orné d’une fresque du Christ Pantocrator » 

     

    Ce voyageur impénitent nous ouvre les portes des monastères rupestres de Cappadoce où il cherchât les traces des premiers chrétiens anachorètes.

    Il nous invite à connaitre un peu mieux ce monachisme oriental et la figure de Saint Basile dont il nous livre une lettre particulièrement révélatrice de l’esprit de cet homme érudit, tolérant, chose surprenante pour l’époque.

     

    Vous avez compris que ce livre m’a énormément plu, PL Fermor est « Un compagnon sans égal, libre de tout horaire ou convention, d'une curiosité et d'un enthousiasme inlassables. » ce n’est pas moi mais le New York Times qui le dit.

    Son récit d’une belle qualité littéraire est épuré et riche. Son écriture nous restitue sa recherche, ses doutes, le silence auquel il aspire.

    La traduction de Guillaume Villeneuve est parfaite. 

    Je vous invite à poser ce livre sur les rayons de votre bibliothèque.

     

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    Le livre - Un temps pour se taire - Patrick Leigh Fermor - Traduit par Guillaume Villeneuve - Editions Nevicata

  • Le Phare Voyage immobile - Paolo Rumiz

    Après avoir cavalé derrière lui sur les routes d’Europe, sur les traces d’Hannibal, ouf je peux faire une pause avec le dernier livre de Paolo Rumiz.

    Un voyage immobile sur une île dont on devine un peu la situation au milieu de la Méditerranée sans doute du côté de la côte Dalmate.

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    Un phare peut être comme celui là

     

    Paolo Rumiz réalise un rêve vieux comme le monde, partir sur une île déserte (enfin presque), se couper du monde et vivre là sans contraintes autres que celles de la météo.

    Il va vivre trois semaines dans un phare, avec les gardiens pour seuls compagnons et porter son regard sur ce qui d’habitude nous échappe : les nuages, les étoiles, le vent.

    Le temps qui passe est ponctué de pêche parfois miraculeuse, d’incursion en cuisine lorsqu’il invite ses hôtes autour d’un risotto dont le fumet vient nous titiller les papilles. Il observe ces énormes bateaux qui croisent au loin

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     les oiseaux qui « saluent la mort de la lumière » par un concert tonitruant.

     

    Paolo Rumiz se fait ermite et épicurien à la fois et c’est l’occasion pour lui de revenir vers ses lectures, vers ses amis, de rêver et de perdre pied parfois.

     

    Même si je le préfère en voyageur, j’ai pris un grand plaisir à cette lecture.

    Un récit qui s’adresse plus aux adeptes du Taoïsme qu’à ceux de Marco Polo .

     

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    Le livre : Le phare voyage immobile - Paolo Rumiz - Traduit par Béatrice Vierne - Editions Hoëbeke

  • Berezina - Sylvain Tesson

    « Sombres jours ! l'empereur revenait lentement,

    Laissant derrière lui brûler Moscou fumant.

    Il neigeait. L'âpre hiver fondait en avalanche.

    Après la plaine blanche une autre plaine blanche » ¹

     

    Ca vous rappelle quelque chose non ?

    Vos cours d’histoire ? 1812 et la Grande armée aux prises avec le Général Hiver ? bref la Retraite de Russie.

    Pas question ici d’un cours d’histoire mais plutôt d’un récit épique où sur les pas des grognards, trois français et deux russes, vont nous refaire la retraite.

     

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                             © Photo Thomas Goisque 

     

    Ils ont décidé d’utiliser des side-cars, si vous ne voyez pas à quoi ça ressemble repassez-vous la Grande vadrouille, et de suivre le trajet suivi par l’armée napoléonienne  quittant Moscou où le Tsar les a piégé.

    Sylvain Tesson aime les défis et avec deux acolytes avec qui il a déjà bourlingué : Cédric Gras et Thomas Goisque et Vassili et Vitaly côté russe, il va nous refaire la retraite en hiver ! 

    Cette marche forcée véritable course contre la mort se répète deux cent ans après à bord de trois Oural, arborant fièrement un drapeau impérial et Tesson coiffé d’un bicorne et dans ses fontes des livres des livres des livres.

    Les étapes sont celles de 1812 : Smolensk, Minsk, le passage de la Berezina, Vilnius ...On suit en parallèle l’épopée napoléonienne et celle de nos cinq grognards d’aujourd’hui.

    La route est parfois dangereuse pour les side-cars et la visibilité du conducteur souvent voisine de zéro.

    Le récit est ponctué des témoignages et mémoires des soldats de 1812 et des vicissitudes mécaniques de 2012.

     

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    C’est tout à fait réussi, on se prend au jeu.

    Cet hommage aux « petits, les obscurs,les sans-grades. (...) qui marchions fourbus,blessés,crotté,malades, sans espoir de duchés ni de dotation » ²

    Ces grognards qui ont suivi Napoléon depuis l’Egypte et qui vont pour survivre « vivement, avec un peu de neige, encor » se faire « un sorbet au sang de cheval mort » ³

     

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    C’est environ 400 000 personnes qui ont perdu la vie lors de cette retraite, on sent Sylvain Tesson admiratif devant leur courage et leur abnégation, il sait parfaitement remettre quelques pendules à l’heure. La Berezina n’est pas un fleuve extraordinaire, non c’est une simple rivière et non malgré la connotation qui s’attache à ce nom, il ne s’agit pas d’une défaite française mais bien d’une tragédie « La retraite de Russie repose ainsi sur ce paradoxe, une armée marche, de victoire en victoire, vers son anéantissement total. »

     

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    Mikhaïl Koutouzov l'adversaire 

     

    Vous l’aurez compris j’ai aimé ce livre avec juste le petit bémol des bouteilles de Vodka qui défilent à croire que cela lui sert de carburant ! 

    C’est un petit livre réjouissant, parfois drôle, qui donne envie de lire les mémoires du Sergent Bourgogne ou une biographie de Caulaincourt seul homme de l’entourage de l’Empereur à garder la tête froide et bien entendu de lire ou relire Guerre et Paix.

     

     

    Citations ¹ Victor Hugo   ² ³ Edmond Rostand L’Aiglon

     

    Tout savoir sur la Berezina 

     

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    Le livre : Berezina - Sylvain Tesson - Editions Guérin 

  • Géographie de l'instant - Sylvain Tesson

     

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    Jusqu’ici mes lectures de Sylvain Tesson ne s’étaient pas révélées très convaincantes, agacée par le ton de son récit d’ermite russe, pourtant j’ai lu avec intérêt cette Géographie de l’instant.

    J’ai aimé car cette lecture correspondait à mon rythme de lecture un peu haché, ce recueil de chroniques se prêtait bien à une lecture en zigzag. 

    Comme souvent dans ce genre de livres tout n’est pas du même niveau, j’ai aimé les petits récits des antipodes, certains sont beaux, d’autres drôles ou désolants selon la destination ou la période. 

     

    J’ai picoré allègrement des titres de livres qui me font de l’oeil et question lecture Sylvain Tesson n’est pas en reste.

    Par contre j’ai nettement moins été subjuguée par ses jugements un peu à l’emporte pièce, je n’arrive pas à comprendre ce qui donne autant d’assurance à un auteur sur des sujets qui ne sont en rien de son ressort propre. Comprenez moi, tout le monde à droit à un avis mais le publier sous couvert de l’écrivain voyageur je trouve ça prétentieux et inutile. 

    Un petit livre plutôt sympathique donc truffé de citations,  ça j’aime  et de destinations qui font rêver.

     

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    Le livre : Géographie de l’instant - Sylvain Tesson - Editions Pocket