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Histoire - Page 10

  • Bribes du Sud

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    « La case de l’oncle Tom, faite de troncs d’arbres à peine dégrossis, était à peu de distance de « la maison ; » le nègre désigne ainsi par excellence la demeure du maître. Sur le devant s’étendait un gentil jardinet, où des soins assidus faisaient croître, chaque été, des fraises, des framboises, et une diversité merveilleuse, vu l’espace, de fruits et de légumes. Toute la façade était tapissée d’un grand bignonia écarlate, et d’un beau rosier multiflore, dont les branches, se croisant et s’enlaçant, laissaient à peine voir la rustique construction. D’éclatantes plantes annuelles, des œillets d’Inde, des pétunias, des belles de jour, orgueil et délices de la tante Chloé, trouvaient aussi un petit coin où déployer leur splendeur. »

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     « Vous le voyez, poursuivit-elle, vous ne savez rien d’ici ; mais moi je sais. Ici, pendant cinq ans, j’ai été foulée âme et corps sous le pied de cet homme, et je le hais comme je hais Satan ! Ici, vous êtes sur une plantation isolée, à dix milles de toutes les autres, au milieu des marais. Pas un blanc pour porter témoignage, si on vous brûle vif, – si on vous échaude, si on vous coupe en morceaux, si on vous jette en pâture aux chiens, si on vous pend, après vous avoir fouetté à mort. Ici, pas de loi divine ou humaine qui puisse vous protéger, vous ni aucun de nous. Et lui, cet homme, il n’est pas d’indignités sur terre dont il ne soit capable »

     

    Le livre : La Case de l’oncle Tom - Harriet Beecher Stowe - Editions Flammarion

  • Légende d'un dormeur éveillé Gaëlle Nohant

    « La liberté, la seule patrie qui mérite qu'on meure pour elle »

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    L'ami Eluard illustré par Fernand Léger

    Si je vous dis : années folles, entre-deux guerres, surréalisme, résistance , ça vous évoque quoi ou qui ?

    André Breton, Paul Eluard, Louis Aragon, Jacques Prévert, Jean Cocteau, Antonin Artaud le suicidé... 

    Oui bien sûr mais aussi : Federico Garcia Lorca, Pablo Neruda, Alejo Carpentier...
    Mais aussi la peinture de Foujita, de Picasso, d’Yves Tanguy...
    Et le théâtre de Jean-Louis Barrault ...

    Pourtant là il y a un nom qui manque à cette liste, celui de Robert Desnos, le poète, pas toujours surréaliste, mais toujours opposé au fascisme, Desnos le crève la faim, le journaleux, l’amant malheureux, l’ami de plus grand nombre, l’opposant à tous les extrémismes, le résistant, le déporté. 

    C'est une biographie romancée très réussie, lumineuse, passionnante que celle de Gaëlle Nohant. On y croise tout ce qui a compté à l’époque, les artistes, les penseurs, les militants, les amis du poète, toujours courant après la liberté, toujours en quête d’amour.
    Un splendide tableau de cette période si riche mais qui court à grand pas vers le désastre.

     

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    Max Morise, Max Ernst, Simone Breton, Paul Eluard, Joseph Delteil, Gala Eluard,

    Robert Desnos et André Breton 1923

     

    J’ai vraiment aimé cette biographie, Robert Desnos l’amoureux absolu, le guetteur éveillé, celui qui donnerait jusqu’à sa dernière chemise, le faussaire magnifique qui loin des lumières fabrique les faux papiers nécessaires à ses amis juifs.

    Robert Desnos qui peut faire le coup de poing pour des idées, pour défendre un ami mais qui refuse l’encartement au Parti Communiste et qui affirme « Que chaque jour t'apporte sa joie. Au besoin, provoque-la, prémédite-la. »
    Robert Desnos farouche opposant à tous ce qui limite la liberté

    Robert Desnos l’homme de radio que j’ignorais totalement et qui donne envie d’avoir accès à ces archives radiophoniques. Ah écouter la complainte de Fantômas !!!

    Le conteur pour enfant, si bien sûr je suis certaine que vous savez qu’une « fourmi de dix-huit mètre ça n’existe pas »

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    Robert Desnos l’amoureux qui croyait avoir « une étoile pour veiller sur moi et une sirène à retrouver. » l’amoureux d’Yvonne que la tuberculose guette, de Youki hélas mariée au peintre Foujita…

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    Foujita autoportrait

    Parfois ce Paris de l’entre-deux guerres est un rien trop foisonnant, l’avalanche de noms peu donner le tournis mais tant pis car je pourrais y revenir le jour où je le voudrais et cette vie intellectuelle était tellement effervescente qu’il est certainement difficile d’en rendre compte simplement.

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    Robert Desnos au camp de Terezin

    La mort de Desnos, elle, je la connaissais, elle termine de façon abrupte,douloureuse et poignante cette biographie 

    Un livre au souffle certain, à la dimension historique réussie, à l’évocation talentueuse d’un homme dont on souhaiterait avoir été l’ami.

    Ne vous laissez pas impressionner par la taille du livre, il vaut absolument l’effort de lecture

     A lire pour tous les amoureux de poésie, de peinture, de théâtre ou d’histoire.

    L’avis de Lecturissime 

     

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    Le livre : Légende d’un dormeur éveillé - Gaëlle Nohant - Editions Eloïse d’Ormesson 

     

  • Bribes pour paléontologue

    « Quand on le laisse un peu tranquille, il s’autorise à rêver. Il se pose dans un coin où personne ne viendra le dénicher, à l’abri des bourrades, il rêve de chasses éternelles »

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    la frise des cerfs Lascaux

    « Le geste, il le portait en lui, il se sentait capable de le reproduire »

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    « Cette nuit là, il rêva que les grands animaux féroces s’approchaient doucement de lui et qu’il les caressait sans crainte »

     

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    Les lions de la grotte Chauvet

    « Et là devant la troupe stupéfaite qui écoutait un énième récit de chasse miraculeuse (…) Tous les regards se sont tournés vers l’ombre découpée d’un petit cheval au ventre rond contre la paroi, comme s’il paissait à côté d’eux, nullement dérangé par leur présence. »

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    Frise des petits chevaux Lascaux

    « Tout le monde éclate de rire »

     

    Le livre : Le paléo Circus - Jean Rouaud - Editions Flohic - A trouver d’occasion

  • Le bon coeur - Michel Bernard

    Il fallait tout le talent de Michel Bernard pour me faire entrer dans ce roman. Autant vous le dire, Jeanne d'Arc, oui c'est d'elle qu'il s'agit, ce n'est pas vraiment mon héroïne de prédilection, tout ce qui tourne autour de cette femme m'agace ou me fait rire, la pucelle et la sainte, l'image de la frêle jeune femme sauvant la nation, pour moi une illuminée mystique et ça sans compter sur les couronnes tressées par la famille Le Pen.

    Bref vous avez compris que je déteste, enfin... je détestais.

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    Magie des livres et des mots, je ne comprends toujours pas comment Michel Bernard m'a embarqué mais je peux vous dire que je l'ai suivi sur les routes pieds et poings liés. 

    Tout d'abord j'ai aimé le portrait  « Grande, carrée d'épaules, bien campée sur ses jambes, le visage ouvre, les yeux vifs, le regard profond, intense »

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    Un peu comme celle de Luc Besson

    Je me suis amusée d'entendre son entourage la soutenir, la défendre, l'admirer « Elle aurait du prêcher à la place du curé », j'ai aimé la jeune fille qui va river son clou au Duc de Lorraine, qui vêtu en écuyer enfourche un vieux cheval saluant la foule qui lui fait escorte. 

    La geste de Jeanne commence…….

    Bon je ne vais pas me couvrir de ridicule et vous raconter la suite, non, je vais vous dire : lisez ce livre, que vous soyez ou non amateur d'histoire, que vous aimiez ou non Jeanne d'Arc

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    Siège d'Orléans

    J'ai aimé le portrait que trace Michel Bernard de Jeanne, portrait qui commence par une gifle magistrale,  mais aussi les portraits de tous les personnages qui gravitent autour d'elle et autour du roi. 

    On entre aperçoit Charles d'Orléans prisonnier et s'occupant à faire des vers, on croise Gille de Rais, et bien entendu un certains nombres de « mangeurs de viande bouillie »

    J'ai aimé surtout la langue de Michel Bernard, une savante alliance entre poésie et réalisme, entre la beauté des paysages 

    « Ils marchaient à pas lents. Sur les claies d'osier le chèvrefeuille avait repris sa croissance. Sous les tonnelles pointaient, violettes, les pousses de la vigne. Entre les murs du château attiédis, dans la terre, ameublie et fumée, l'hiver avait cessé de mordre »

    et le sang des champs de bataille

    « Chaque cavalier laissait derrière lui un sillage sanglant et gémissant. Les soldats à pied qui suivaient en trottinant achevaient les blessés et rattrapaient les ennemis qui avaient échappé à la grande faux de la cavalerie »

    Sa Jeanne est magnifique jusque dans la défaite, elle a, dit-il, ce qui manque à la France de ce temps là « la foi, la confiance et l'autorité »

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    Ingrid Bergman dans Jeanne au bûcher 

    J'ai beaucoup aimé les pages sur le procès et la captivité, sobres, parfois cinglantes, émouvantes aussi car on oublie l'héroïne pour ne voir plus qu'une jeune femme contrainte, enfermée, terrorisée. 

    Un beau et bon roman qui début bien mon année de lecture

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    Le livre : Le bon coeur - Michel Bernard - Editions de la Table Ronde

  • Le Fils - Philipp Meyer

    AF et Luocine sont deux lectrices à qui je fais confiance, avec qui je partage des plaisirs de lecture, alors quand elles se sont mises à deux pour me pousser de lire ce roman, je me suis laissée convaincre. Je m'incline elles avaient mille fois raison.

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    les Cow-boys les vrais !

    Au début on dirait une saga familiale, Philipp Meyer donnant la parole tour à tour à des personnages issus de plusieurs époques, d'Eli McCullough le Colonel à Peter le fils et, sautant une génération, à l'ambitieuse Jeannie-Anne devenue une des grosses fortunes du Texas.

    Ce roman est vaste comme les terres qu'occupent les McCullough au Texas, large comme la période de temps qu'il couvre, des années 1850 à aujourd'hui, un roman nerveux et âpre comme les habitants de cette région, premiers colons pressés de s'installer, Commanches défendant leur territoire, Texas rangers jouant de la gâchette, mexicains envahisseurs ou victimes au gré des guerres, enfin les premiers prospecteurs de l'or noir faisant fleurir les derricks dans le paysage.

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    Les Commanches

     

    Le procédé du roman à plusieurs voix n'a rien de neuf, Philipp Meyer parvient à faire oublier le procédé et on se laisse emporter par les différents récits, heureux à chaque fois de retrouver un personnage, un lieu, une époque.

    Eli, tout d'abord qui avant de devenir le Colonel est un gamin enlevé par les Comanches à onze ans, il va vivre et s'intégrer totalement à cette communauté pour la quitter vers 15 ou 16 ans lorsque les tribus sont décimées par la variole et autres épidémies. Il va gravir l'échelle de ranger à propriétaire terrien. 

    Le Fils, le mouton noir, Peter qui vit malgré lui dans l'ombre du Colonel, pas assez courageux pour se révolter, trop sensible pour accepter la violence et les exactions perpétrées à l'encontre des propriétaires d'origine mexicaine. Pourtant c'est lui qui refusera les codes et les traditions, rongé par la culpabilité. 

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    une carte des territoires Commanches

    Enfin Jeannie-Anne qui n'aurait jamais du prendre la tête de la famille si la guerre n'était pas passée par là et n'avait emporté les héritiers prévus et qui vivant ses derniers instants revient sur sa vie faite de surprises et de révolte, de poigne et de hargne.

    Les personnages sont magnifiquement mis en scène, la vie avec les indiens, celle des cow-boys, les vrais, se battant contre la sécheresse, contre les voleurs de bétail.

     

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    Deux cavaliers : un classique du genre

    C'est un vrai grand roman de l'ouest américain, une belle fresque, cruelle, sordide parfois, dévastatrice, gavée de violence, pétrie de culpabilité.
    L'histoire folle d'une conquête qui aujourd'hui encore marque les états américains.

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    La conquête de l'or noir 

    Philipp Meyer dynamite tous les clichés véhiculés par les films hollywoodiens de la conquête, des troupeaux de bisons aux blancs victimes de méchants indiens, mais tout autant il explose les codes qui présentent l'indien comme écolo avant l'heure et vivant en harmonie avec la nature.

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    Les westerns de mon enfance et adolescence

    L'ambition, les rêves de gloire, la spéculation, la course au pouvoir sont les moteurs de cette conquête qui laisse derrière elle le chaos parfois, la mort le plus souvent.

    Philipp Meyer en chef d'orchestre est parfait, son récit a du souffle, de la vigueur, de la couleur, de l'émotion. 

    Vous trouverez chez Luocine de multiples extraits qui donnent bien le ton du livre

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    Le Livre : Le Fils - Philipp Meyer - Traduit par - Editions Albin Michel ou Le livre de Poche

  • Bribes de western

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        Tableau de Robert Jenkins Onderdonk

    Quatre hommes remarquables présidaient à la destinée d’El Alamo. Deux héros de la frontière : Jim Bowie, le chef des volontaires, et Davy Crockett. Et deux gentlemen, issus d’excellentes familles : le colonel William Travis, commandant des troupes régulières, et James Bonham, un garçon calme et sûr, d’un courage sans égal. L’origine de ces quatre personnages résumait bien l’histoire des Norte-Americanos au Texas. Les deux pionniers de la frontière venaient du Tennessee, bien sûr ; et les deux gentlemen, de Caroline du Sud. De la ténacité de ces quatre héros dépendrait la défense d’El Alamo.

     

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    Le mythe

    Dans les ténèbres, sept clairons mexicains, chacun à la tête de sa colonne, se mirent à jouer l’une des sonneries les plus terrifiantes qui aient jamais retenti sur les champs de bataille du monde.
    Rien de commun avec un ordre perçant de passer à la charge, ou un cri émouvant pour galvaniser les cœurs.
    C’était el Degüello, ancienne sonnerie maure intimant l’ordre à l’ennemi de se rendre. Son nom signifie « décapitation », et le sens de la sonnerie ne faisait aucun doute

     

    Une musique mythique que l'on entend aussi

     dans Rio Bravo

     

    Le livre : Texas - James Michener - Editions du Seuil ou Points Seuil