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Le Coeur converti - Stefan Hertmans

Un roman qui mêle petite et grande histoire, qui a ses racines en Provence mais qui emporte le lecteur vers Narbonne et plus loin encore en Egypte.

 

Nous sommes en 1092 Vigdis Adélaïs est une jeune fille issue d’une famille de Rouen, elle s’est enfuie avec David Todros un jeune juif, fils du grand rabbin de Narbonne «  que tout le monde nomme le Roi aux juifs car sa lignée descendrait tout droit du roi David » 

Et aujourd’hui le couple en fuite arrive dans le Vaucluse « Depuis la fenêtre qui m’offre une vue sur la vallée, je vois au loin deux personnes approcher. Elles doivent venir des hauteurs de Saint-Hubert, d’où l’on peut contempler aussi bien le sommet du mont Ventoux que la vallée de Monieux » du moins c’est ainsi que les imagine Stefan Hertmans. 

 

ruines de Monieux.jpg

Ruines du village de Monieux

Saviez-vous que le Lubéron fut une région où les juifs vécurent un temps sans être inquiétés ? Il reste encore des traces même si elles sont difficiles à repérer.
« Nombre de maisons ont donc commencé à s’effondrer dès la fin du dix-huitième siècle. Il n’en reste que des tas de pierres pittoresques, recouverts de vigne sauvage qui en octobre se teinte de rouge. » 

Mais quand Vigdis Adélaïs, devenue Hamoutal, et David y pénétrèrent le pays était à quelques mois de l’appel du pape Urbain II pour la Sainte Croisade et Monieux va connaître un pogrom terrible.

 

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Urbain II prêchant la croisade et la mort

pour les musulmans et les juifs "Dieu le veut"

Comment une jeune fille qui a connu une vie d’aisance et de sécurité va-t-elle faire face aux dangers multiples : sa famille d’abord des chevaliers Normands assoiffés de vengeance, les armées de croisés qui vont déferler sur le village de Monieux. Les dangers du temps : épidémies, accouchement difficile, famine.

C’est un roman très réussi. L’auteur parvient à nous embarquer sur les traces quasi invisible de ce couple hors norme. 
Il le fait avec beaucoup d’empathie, avec tendresse et bienveillance sans pour autant omettre les faits noirs et violents. 
Le destin d’Hamoutal nous emporte bientôt, on la suit à travers bois, rivières et mers. 

Par de très habiles allers-retours entre présent et passé on suit son enquête qui le conduit de Rouen à Narbonne, de Palerme jusqu’au mystère d’une Guéniza véritable « puits de souvenirs »  ou à l’Université de Cambridge. 

maquette d'une Guéniza.jpg

Maquette d'une Guéniza

 

Stefan Hertmans fait parfaitement revivre le passé, du funeste « Dieu le veut » des croisés en délire aux descriptions d’une région où il vit 

« Tout donne l’impression que le paysage est resté le même au fil des siècles. Pourtant, ce jardin d’apparence paisible était à l’époque la partie la plus peuplée du village, où les ruelles étaient étroites et les hautes maisons sombres collées les unes aux autres. Ici dominaient le bruit, la puanteur et la diversité quotidienne d’une communauté médiévale grouillant de vie, entretenant des relations étroites et intenses. Ici on vivait et on mourait, on dormait, on travaillait et on jurait, on faisait l’amour et des enfants venaient au monde dans les conditions les plus primitives. »

Un roman comme je les aime.

 

Le Livre : Le coeur converti - Stefan Hertmans - Traduit par Isabelle Rosselin - Editions Gallimard 2018

Commentaires

  • J'ai préféré Guerre et thérébentine, peut-être simplement parce que la période historique m'intereese plus, car le procédé littéraire est sensiblement le même.

  • effectivement je viens de terminer dans la foulée Guerre et Térébenthine et je suis d'accord avec toi mais ce livre là touchait je pense l'auteur très fortement d'où une sensation d'implication qui rend le livre plus fort

  • Dans la même veine, j'ai beaucoup aimé de Maud Tabachnik " L'Etoile du Temple", un roman policier historique qui se passe à Carpentras au temps de Philippe le Bel.

  • ah je note même si d'une façon générale je n'aime pas trop cette auteure

  • (pssst : 2018 et pas encore 3018)
    Oui, je ne connaissais pas du tout ce passé. l'autre dimanche dans Talmudiques on parlait d'une gueniza en Alsace, avec une expo à la clé

  • ah c'est intéressant ça
    je suis trop pressée question date je vais corriger :-)

  • J'avais beaucoup aimé Guerre et therebentine, qui m'avait beaucoup touchée. J'hésite un peu plus pour celui ci, le contexte m'est étranger, mais je me doute que j'y viendrai, pour découvrir. Et puis ce que tu dis de l'écriture est motivant.

  • n'ayant pas lu le premier au moment de la lecture de celui là je me suis laissé prendre à la fois au sujet et à la forme du récit que j'aime bien

  • Un écrivain belge néerlandophone souvent primé et traduit, je ne l'ai jamais lu, honte à moi.

  • ah ah les cordonniers ....etc etc

  • C'st un très beau roman dont tu parles très bien mais je garde aussi ma préférence à Guerre et térébenthine....

  • oui je suis d'accord maintenant ayant lu les 2 mais l'implication personnelle de l'auteur explique sans doute cela

  • Je n'ai pas entendu parler de ce roman ; est-ce que la partie qui se déroule à Rouen décrit la vie de la ville à cette époque-là ? La communauté juive y était importante.

  • non on ne peut pas dire que la ville de Rouen soit mise très en avant car le couple la quitte rapidement

  • apparement tu devrais lire celui là en premier et Guerre et térébenthine ensuite qui est plus prenant encore

  • L sujet m'intéressse, je ne connais pas du tout cet auteur; Occasion de le découvrir

  • c'est le sujet qui m'a porté vers cette lecture et je ne regrette pas du tout

  • Moi non plus je n'avais jamais entendu parler de lui! Il est pourtant traduit en espagnol, même ses poèmes.
    Merci donc, je vais m'y intéresser.

  • ce roman là est très bien mais celui sur la guerre de 14 est vraiment excellent

  • J'ai entendu des historiens parler de ce roman sur France Culture et ils avaient l'air assez enthousiastes aussi !
    Beaucoup entendu parler de Térébenthine et apparemment je ne suis pas la seule.

  • les deux romans sont intéressants, j'aime la façon qu'a l'auteur de passer de la grande à la petite histoire

  • Je confirme, tu es une grande tentatrice et je vais garder en mémoire ce titre d'un auteur que je ne connais pas du tout. A nouveau, merci, Dominique !

  • les deux romans de l'auteur sont excellents

  • c'est un plaisir de croiser un nouveau lecteur de ce blog

  • Je l'avais repéré mais je craignais d'être aveuglée par les néons de la rentrée. Ton billet m'avait presque fait changer d'avis avant que je lise les commentaires et retienne plutôt "Guerre et therebentine".

  • A n'en lire qu'un effectivement je pense que c'est Guerre et térébenthine mais j'ai bien aimé aussi ce roman pour le sujet et la période

  • Les deux titres sont notés et j'ai bien compris qu'il fallait commencer par la lecture de celui-ci. Que de choses intéressantes à découvrir, merci Dominique. Bises et lumineuse journée à toi. brigitte

  • deux romans qui devraient plaire à ta maman

  • Au risque d'être peu original, Guerre et térébenthine (encore lui) attend toujours son heure dans ma bibliothèque. Mais je trouve le sujet de ce livre vraiment très intéressant aussi. Merci !

  • cet auteur a l'art de choisir de bons sujets

  • Un grand auteur néerlandophone. Je ne connaissais pas son dernier, Noté !
    Il y a aussi l'excellent "Guerre et térébenthine" que je n'ai pas encore lu.

  • j'ai lu les deux dans la foulée et comme tout le monde je préfère son livre sur la guerre de 14 mais pas en raison d'une écriture meilleure, plus sans doute parce que le récit le touchait de très près et que cela transparait

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