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Biographie Correspondance journaux - Page 18

  • Blanche Meyer et Jean Giono - Annick Stevenson

     D’ombre et de lumière

     

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    Deux livres pour entrer dans l’intimité d’un auteur qui comme tout un chacun eu sa part de lumière mais aussi une part d’ombre ignorée longtemps sur laquelle pèse le silence de ses proches, de ses amis et de ses principaux biographes.

     

    Commençons par le connu, le simple, le lumineux destin d’un homme à travers sa maison, son lieu de vie. Dans une collection tournée vers les maisons d’écrivains sa fille Sylvie Giono évoque de jolie façon la maison familiale : le Paraïs « ni forteresse, ni tour d’ivoire ».

     

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    Elle s’efface avec beaucoup de simplicité devant son père car « C’est lui, l’enchanteur, qui est l’âme de cet endroit »

    Elle nous ouvre grand les portes de cette maison où Giono écrivit tous ses romans, où son ombre rôde encore aujourd’hui.

    Elle a de belles expressions pour nous dire à quel point ce lieu a compté pour l’écrivain « C’est sa fenêtre sur l’imaginaire par laquelle il s’échappe du réel.».

    Son père est bien vivant à travers des objets commes ce tableau de peinture chinoise 

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    « qui représente des chevaux mongols, aux allures fines et déliées en même temps »

    ou ses pipes Dunhill ou un fin porte plume en bambou.

    La vie de la maison tournait autour de Giono, le rythme des activités, l’organisation des pièces, les aménagements tout était fait en vue de lui plaire et de lui donner le confort nécessaire à la création.

     

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    « C’est une maison vivante, une maison qui a une âme. Elle réunit le réel et le merveilleux. »

    C’est une image lumineuse qui est tracée par Sylvie Giono. Un peu trop lumineuse ?

     

    Un livre vient s’inscrire en ombre portée de cette vie idyllique toute tournée vers l’écriture et la famille.  

    Après la guerre l’écriture de Giono changea, le style, le type de récits, les personnages ...bref tout le monde s’accorda à parler de tournant dans l’oeuvre de l’écrivain, ce furent le cycle d’Angelo puis les Chroniques romanesques.

    Il y a quelques années Hubert Nyssen leva le premier le voile sur ce changement qui  fut en lien étroit avec la rencontre d’une femme, elle s’appelait Blanche Meyer. Une passion était née qui changea la vie de l’écrivain et métamorphosa son inspiration

    Annick Stevenson dans un petit livre vient éclairer l’événement et nous expliquer pourquoi la femme, son autobiographie et ses lettres sont restées dans l’ombre.

    Ils seront amants pendant dix ans au moins mais amis pendant toute la vie de l’écrivain. Pourquoi son nom n’apparait-il jamais dans les livres consacrés à Giono ? La biographie de Pierre Citron pourtant très bien documentée fait silence sur le sujet à la demande express de la famille. 

    Mais nous sommes plus de 40 ans après la disparition de l’écrivain alors quelle validité à l’interdiction faite à la fille de Blanche Meyer de mettre à disposition du public la correspondance de sa mère avec Giono ? 

    Nous sommes loin du temps où l’on cachait l’homosexualité du petit Marcel, ne serait-il pas temps de livrer le portrait complet de cette femme qui su inspirer les personnages d’Adeline, de Pauline de Theus et de l’Absente. 

    Pour cela 1300 lettres dorment sagement à l’université de Yale soumise au bon vouloir d’une famille qui s’honorerait d’ajouter au portrait de Jean Giono sa moitié encore dans l’ombre.

     

    Les livres

    Blanche Meyer et Jean Giono - Annick Stevenson - Editions Actes Sud

    Jean Giono à Manosque - Sylvie Giono - Editions Belin

  • Pour saluer Giono : biographies et entretiens

    Deux écrivains rendent hommage à l’auteur qu’ils admirent. 

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    Pierre Magnan n’a que quinze ans lorsqu’il rencontre Giono pour la première fois, il le voyait déambuler dans Manosque et un jour de grand courage il osa, lui le petit ouvrier typographe, lui demander un article pour la revue qu’il vient de créer.

    Il entre pour la première fois dans « l’antre obscur » de l’écrivain et très vite sur l’invitation de son héros il prend la patache de Vachères et se retrouve bientôt sur le plateau du Contadour où il reviendra pour « la palabre interrogative sous le vent, à quatre, à huit, à quarante. J’en ai déjà, deux heures après mon arrivée, s’ajoutant au Mistral, la tête sonnante. »

     

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     De 1935 à 1939 les rencontres du Contadour   

     

    Parfois le maître lit ses oeuvres, il lui en lira pendant douze ans « tout le génie du verbe qu’il y avait mis se trouvait quintessencié et vous éblouissait. »

    Pierre Magnan pille littéralement la bibliothèque de Jean Giono, tout y passe : Rilke, Malraux, Gide, Steinbeck, Hardy, Dickens et Shakespeare. Mais renâcle devant Dostoievski.

     

     

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      La Bibliothèque de Jean Giono

     

    Les rencontres vont avoir lieu des années trente à la guerre, en 1945 Magnan retrouve Giono « Sur la route où il est seul, je le rejoins, je m’installe à ses côtés et je marche à son pas. »

    Les échanges reprennent :

    « Il me lut de cinq à huit heures du soir, un bon tiers de La Chartreuse. Il était dans un état d’enthousiasme indescriptible. Il avait écarté, pour faire place au livre devant lui, le manuscrit de Mort d’un personnage comme quantité négligeable.(..) J’ai lu depuis cinq ou six fois La Chartreuse de Parme ; à côté de mon éblouissement premier lorsque Giono ce jour-là me le réinventa, il me parut, le lisant moi-même, que, sur ce livre, le soleil s’était couché. »

    Vous l’avez compris Pierre Magnan est un inconditionnel et ce petit livre de souvenirs est le récit éblouit d’une admiration et d’une affection indéfectible.

     

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                                     Le Maître et l'admirateur

     

    Jean Carrière c’est tout autre chose, il fut l’assistant personnel de Giono et il démarre très fort en affirmant « Giono est le plus grand menteur de la littérature française du XXème siècle. » mais ajoutant quelques lignes plus loin « On ne se lasse pas de relire du Giono »

    Sa biographie n’est pas du tout linéaire d’ailleurs il affirme qu’elle tient en une phrase « Jean Giono, écrivain français vivant, né à Manosque et ne sachant pas nager. »

    A travers son livre et ses entretiens il démystifie l’auteur trop souvent présenté comme un « écrivain régionaliste » Giono n’incarne pas le Panturle de Regain, mais fut un romancier du bonheur à travers la figure d’Angelo Pardi.

     

     

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    Lui aussi est pétri d’admiration « J’ouvre un livre de Giono. Et brusquement mon coeur s’irradie d’une joie violente, insensée. »

    Dans les entretiens qui suivent la partie biographique, Jean Carrière  interroge Giono sur sa langue , sur le soleil qu’il n’aime pas, rêvant de vivre en Ecosse, sur ses goûts musicaux et littéraires, sur son admiration pour Don Quichotte et sa lecture permanente tout au long de sa vie de La Bible lui le mécréant absolu « j’ai toujours lu la Bible comme un livre de littérature, un livre d’histoires ou un livre de poèmes » dit-il avec un grand sourire, il avoue aussi être fan de foot et de boxe à la télévision ! 

    Ces entretiens ont fait l’objet d’un CD audio sous le titre « Du côté de Manosque » 

     

    Voilà vous avez le choix entre deux auteurs qui nous livrent un peu de la vérité de Giono, du  « voyageur immobile » mais nous verrons bientôt que tout n’était pas dit. 

     

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    Les livres

    Jean Giono Biographie et entretiens - Jean Carrière - Editions de la manufacture 1991

    Pour saluer Giono - Pierre Magnan - Editions Gallimard Folio 2002

     

                 

  • 7 Femmes - Lydie Salvayre

    Sept allumées des mots 

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    ©Makhi Xenakis 

    Livre d’une femme dédié à 7 autres femmes. 

    Parmi elles des grands noms de la littérature, que l’on connait que l’on a lu et puis d’autres nettement moins présents dans les bibliothèques et sur les blogs.

    Je vous livre la liste :

    Deux anglaises sur lesquelles je vais passer vite car on sait tout ou presque d’elles : Emily Brontë et Virginia Woolf. Sylvia Plath que j’ai eu le plaisir de croiser comme La femme du braconnier, Colette l’incontournable et puis des femmes nettement plus discrètes, dont la notoriété est parfois à éclipse ou dont l’oeuvre est d’un accès plus abrupte : Marina Tsvetaeva, Ingeborg Bachmann, Djuna Barnes.

     

    Lydie Salvayre a choisi de prendre le contre-pied de Proust et de nous dévoiler pour chacune ce qui les a fait vivre, ce qui les a enflammé, ce qui les a délivré ou plongé dans l’angoisse.

    Sept allumées de littérature et de poésie qui traversent leur siècle en brandissant haut leur talent, en menant parfois des combats perdus d’avance sans jamais faiblir.

    L’auteur avoue s’être penchée sur ces destins de femmes alors qu’elle même était en souffrance « Je traversais une période sombre. Le goût d’écrire m’avait quitté

    Elle a choisi uniquement des écrivains qui avaient compté pour elle et qui «  ont en commun d’avoir choisi de vivre comme elles l’entendaient, avec une force, un courage extraordinaires, si l’on considère qu’à l’époque où elles écrivaient ».

     

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    Ce sont 7 leçons que nous donne Lydie Salvayre avec ces femmes pour qui écrire était plus important que la réputation, que l’amour parfois, que la vie même.

    J’ai aimé ces portraits même si certains d’entre eux étaient déjà des figures connues, j’ai aimé retrouvé pour chacune le combat mené, la rage d’écrire.

    Les portraits sont un peu inégaux mais tous sont intéressants. 

    Celui qui à mon sens est le plus réussi est celui de Marina Tsvetaeva, Marina l’intrépide, Marina la rebelle; la correspondante enfiévrée de Rilke et de Pasternak dont Lydie Salvayre fait un portrait éblouissant.

     

    Christian dans un de ses billets s’est penché sur un roman d’Ingeborg Bachman,

    Claude est également sensible à ce livre

    Quant à Colo c’est elle qui m’a donnée l’envie de le lire 

     

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    Le livre : 7 femmes - Lydie Salvayre - Editions Perrin

  • L'échange des princesses- Chantal Thomas

    Après les déceptions, les réels plaisirs avec un récit historique qui se situe au XVIII ème siècle et met en scène deux fillettes qui vont servir de troc entre deux nations.

     

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                                              Le régent Philippe d'Orléans

     

    Pour améliorer les relations franco-espagnoles et asseoir ses prétentions au trône de France, le Régent Philippe d’Orléans va proposer à la couronne d’Espagne, deux mariages pour le moins surprenants.

    On marie qui avec qui ?

    Le futur Louis XV qui a tout juste 11 ans avec l’infante d’Espagne Anna Maria Victoria qui en a ........4, et comme il faut équilibrer les comptes le Régent projette de marier ...sa propre fille Louise-Elisabeth, Melle de Montpensier, songez qu’elle au moins à l’âge du mariage, elle a 12 ans et son promis le prince des Asturies futur roi a, lui, l’âge canonique de 15 ans.

     

    Les deux royaumes sont tout à fait heureux à la pensée de ses deux unions. On organise et c’est le Duc de Saint Simon qui va être l’émissaire du Régent, il faut dire qu’il lorgne depuis longtemps sur un titre de Grand d’Espagne que lui conférera à coups sûr son rôle d’entremetteur.

     

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    l'ambassadeur auprès de la cour d'Espagne

    Il ne suffit pas de signer les contrats de mariage, il faut organiser  l’échange des princesses. Pendant des mois ces deux fillettes vont prendre la route et rouler l’une vers l’autre et vers leurs époux respectifs.

     

    Si la très jeune infante d’Espagne, après un voyage où elle a mille occasions de perdre la vie, s’habitue assez bien à la cour de France, c’est une petite poupée qui passe de mains en mains, qui séduit et s’amuse dans les jardins de Versailles.

    Il n’en ai pas de même pour Melle de Montpensier qui vit elle un cauchemar absolu. Son futur époux est laid, la cour lui fait grise mine, le palais de l’Escurial est sinistre et l’époque n’est pas très riante, la monarchie étant sous la coupe de la terrible Inquisition.

     

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    Anna Maria Victoria et Louise-Elisabeth,

    héroïnes malgré elles de "l'Echange des princesses"  (©DR)

    Un récit totalement historique et totalement incroyable.
    J’avais lu avec plaisir Les Adieux à la reine et j’ai retrouvé ici le même plaisir. L’écriture est parfaite et s’accorde à merveille avec l’époque décrite. L’utilisation des lettres et journaux des différents protagonistes est faite avec habileté et sans jamais peser sur le récit.

    Chantal Thomas fait un tableau étonnant de la cour d’Espagne et peint parfaitement le Versailles de cette époque.

    La fin n’est pas une surprise car nous savons tous que Louis XV épousera finalement Marie Leczinska, mais le récit de cette échange extraordinaire garde toute sa force.

     

      

    Le livre : L’échange des princesses - Chantal Thomas - Editions du seuil numérique 

  • Madame Proust - Evelyne Bloch-Dano

    Longtemps je me suis couché de bonne heure.......

     

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    Des personnages se détachent de La Recherche.

    Comme dans un jeu des sept familles  je demande la mère, bonne pioche pour moi d’avoir lu le livre d’Evelyne Bloch-Dano.  

    Il était sur mon Ipad depuis quelques semaines mais je ne sentais aucune urgence, à écouter Antoine Compagnon et son été avec Proust c’est devenu une envie forte.

     

    C’est une biographie de la mère de l’écrivain qui se lit pftt comme un roman.

    Jeanne Weil nait en 1849 dans une famille juive de a haute bourgeoisie parisienne mais cette biographie nous fait découvrir une foule de personnages qui vont graviter autour d'elle.

    Une famille tenant le haut du pavé parmi les familles de la grande bourgeoisie juive, un père décoré de la Légion d’honneur, un oncle ministre. 

    Dans la famille c’est la première à se marier hors de la communauté, son père voyait là l’occasion de renforcer leur intégration à la bonne société de l’époque, Adrien Proust était déjà un médecin respecté et tenait une place enviable dans le système de santé de l’époque. 

    Epouser un catholique c’était franchir un échelon de plus vers l’assimilation sans jamais renier ses origines et par exemple sans jamais se convertir.

     

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    C’est un portrait très attachant que brode Evelyne Bloch-Dano, Jeanne Proust est une bourgeoise cultivée, soucieuse en permanence d’être une épouse irréprochable qui sert les intérêts de son mari. Elle reçoit le tout Paris à la fois artistique et scientifique.

    Voilà pour l’aspect mondain de Jeanne Proust, maintenant l’autre facette c’est cette relation unique avec un de ses fils qui ne prendra fin qu’à son décès.

    Jeanne Proust fut une mère très attentive à la grande émotivité de Marcel, elle tâcha à la fois de le réconforter et de l’aguerrir mais en vain. Plus tard elle admis ses penchants sans jamais pourtant être capable d’en parler avec lui, le carcan moral est encore bien présent.

     

    Cette amour fusionnel est largement décrit et commenté par Evelyne Bloch-Dano et elle ne cache rien des heurts qui parfois découlèrent de cette relation, heurts avec le père ou le frère.

     

     

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                                  Mère et fils

     

    Ardente dreyfusarde Jeanne eut là le courage de tenir tête à son époux qui par ailleurs ne dédaignait pas les petites demoiselles de l’Opéra.

     

     

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    Les débuts littéraires de Marcel lui doivent beaucoup. C'est une femme cultivée qui lit énormément, qui admire et sans doute se retrouve dans Mme de Sévigné. Elle a également un passion pour la musique.  Sa connaissance de l'anglais lui permit d'assurer avec son fils la traduction de Ruskin qui le fit connaître dans le monde littéraire.

     

     

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                 un montage amusant de Proust et de Ruskin

     

    L’auteur ajoute un cahier photographique pour compléter cette biographie de la Maman du petit Marcel …….

    Elle ne vit jamais la revanche éclatante que son fils pris et ne connut jamais l’hommage magnifique que son fils lui rendit à travers son oeuvre. 

    Les passages dans la Recherche du Temps Perdu concernant la mère sont parmi les plus mémorables du roman. 

     

    Une belle biographie qui obtint le Prix Renaudot de l’essai et que j’invite les amateurs de Proust à mettre dans leur bibliothèque

     

    Le livre : Madame Proust - Evelyne Bloch-Dano - Editions Grasset numérique 

  • Lettres à Théo - Vincent Van Gogh

     

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    Ma dernière visite au musée Van Gogh d’Amsterdam remonte à une quinzaine d’année. 

    Depuis longtemps je voulais lire une biographie du peintre en parallèle avec sa correspondance.

    C’est chose faite et j’en suis ressortie plus amoureuse que jamais de cette peinture et de ce peintre.

     

     

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                              © Luuk Kramer/Van Gogh Museum

     

    Jusqu’ici j’avais picoré ces Lettres à Théo mais cette fois en parallèle de la biographie j’ai fait une lecture suivie et cela s’est révélé passionnant.

     

    Dès les premières lettres on est accroché, une famille qui n’est pas riche mais vit dans une certaine aisance, un père pasteur qui va à la fois servir de modèle permanent et d’objet de haine à la façon d’un Kafka. Vincent pourrait comme Kafka écrire sa lettre au père.

     

    Des études pas vraiment glorieuses et pas vraiment terminées, et un début de la vie d’adulte difficile.

    Un départ pour l’Angleterre où il va connaitre ses premières amours et se révéler doué pour les langues, plus tard il ajoutera le français à la panoplie au point d’écrire une partie des ses lettres en français.

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                    Les premières oeuvres  1882 

     

    D’échec en échec le voilà quasi missionnaire auprès des mineurs du Borinage, c’est pour lui une période mystique pendant laquelle il découvre le travail sordide, la faim, ses dessins en portent la trace, ils ont la noirceur de la mine et la dureté du travail. Plus tard lisant Zola il se reconnaitra dans Germinal.

     

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                  Les mangeurs de pommes de terre 1885

     

    Les lettres sont pleines de ses doutes, de ses souffrances mais aussi de ses lectures, c’est un lecteur passionné et attentif. ll admire Hugo, Balzac et par dessus tout Zola. Rien à voir avec les lettres d’un fou, même si de temps à autre le ton change, l’exaltation le tient, que ce soit pour une femme, pour la Bible ou pour la peinture.

     

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                          Arles 1888 

     

    Nous n’avons pas les réponses de son frère mais l’on sent très bien son rôle modérateur, complice.

    Le départ pour Arles apparait comme une chance mais très vite les démons reviennent. Alcool, hallucinations, la misère matérielle détruit sa santé, son corps le lâche et son esprit va suivre ce qui le conduit vers l’hôpital psychiatrique où il trouve un certain repos.

     

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                  A Saint Rémy de Provence  la nuit étoilée 1889

     

    Théo a essayé de le faire connaitre, d’organiser des expositions de ses oeuvres mais Vincent s’y oppose le plus souvent. On le suit à travers ses lettres jusqu’à la cassure finale.

     

     

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                      A Auvers sur Oise 1890

     

    Ces lettres sont profondément touchantes et désespérantes car on le voit s’enfoncer dans la folie tout en essayant de tenir la tête hors de l’eau grâce à la peinture. ll cultive les ruptures, régulièrement avec Théo quand celui ci renâcle à le soutenir, ruptures avec des femmes, rupture avec Gauguin

    Pourtant c’est à Théo qu’il envoie tout, ses dessins, ses premiers tableaux, les toiles qu’il peint frénétiquement à Arles, cette frénésie se poursuit lorsqu’il est interné à Saint Rémy de Provence : imaginez il peint en un temps très court 200 toiles et parmi elles ses toiles les plus célèbres.

     

     

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                Hôpital Saint Paul de Mausole © Ivredelivres

     

    J’ai vraiment été accroché par ces lettres, Van Gogh y apparait dans toute sa nudité et sa faiblesse mais aussi dans toute sa passion pour la peinture, exutoire à la folie qu’il sent poindre. 

     

    Vous pouvez aussi écouter ces lettres lues par Denis Lavant.

    Un site existe mais en VO

     

    La biographie permet de replacer ces lettres dans leur contexte.

    Mon seul regret c’est de n’avoir pas en parallèle les oeuvres pour en suivre l’évolution.

    Une édition existe aujourd’hui chez Actes Sud en six volumes qui permet cela mais son prix est carrément prohibitif (380€)

     

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    Les livres : 

    Lettres à Théo - Vincent Van Gogh - Editions Gallimard

    Van Gogh - David Haziot - Editions Gallimard Folio