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Littérature danoise

  • La Mort en Arabie - Thorkild Hansen

    Vous est-il arrivé de classer un livre sans l’avoir lu et de l’oublier là pendant ...des années. 

    Cette Mort en Arabie a subi ce sort là, pourquoi ? je n’en sais rien, il est parmi mes livres depuis 1988 !! Je crois me souvenir que j’ai commencé à le lire et soit j’ai abandonné pour me tourner vers autre chose, soit il ne m’a pas plu sur le moment. Il a suivi tous mes déménagements, je ne l’ai ni perdu, ni prêté, ni vendu, ouf...
    Ce livre est superbe, c’est un petit joyau, un savant mélange de récit d’exploration, de récit de voyage et de biographie. 
    Et en prime vous pouvez encore le trouver en Actes sud Babel

    Cette histoire bien réelle dépasse toute fiction imaginable, elle rassemble tous les ingrédients d’un roman réussit : un but fantasmé, des participants qui sont des personnages de roman, et surtout un art de la narration admirable.

     

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    Clic pour agrandir

    1761 Le roi du Danemark, Fredérik V, a décidé de financer une expédition pour l’Arabie, pour découvrir les traces de la main de Dieu dans le désert du Sinaï, trouver les sources des récits bibliques, rapporter des manuscrits, comprendre l’appellation Arabie heureuse qu’Alexandre nous a laissé, et plus prosaïquement découvrir la provenance de l’encens.

    Bien sûr il est aussi question d’ enrichir les collections royales de botanique et ainsi faire la nique au grand Linné, de cartographier les régions traversées, de faire des croquis de toutes ces merveilles.

     

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    Dans le Sinaï sur les traces de Moïse

    Le choix des participants va s’avérer à la fois catastrophique et très heureux, il y a là Peter Forsskål  le savant botaniste, Carsten Niebuhr le mathématicien, astronome et arpenteur, Georg Baurenfeind le dessinateur, Johann Kramer et Christian von Haven sensé être linguiste mais un être vain et incompétent. De ces cinq hommes un seul rentrera vivant !

    Parce que ne vous faites aucune illusion, on sait dès le début que ce sera un échec retentissant, mais une fois enclenché la machine du récit je vous parie  que vous voudrez savoir le pourquoi et le comment de tout ça.

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    Safar au Yemen

    La route passe par Constantinople, le Caire et ses pyramides, le Sinaï puis la mer rouge et l’Arabie. 
    Mais dès les premiers jours de l’expédition on sait que des obstacles vont surgir, ni géographiques, ni politiques mais bien la mésentente dans le groupe en proie à l’ambition démesurée de certains, à l’attrait pour l’argent, à la vanité, au nationalisme parfois exacerbé, au petites trahisons.
    Ils rêvent de gloire, de laisser une trace dans l’histoire.

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    Le voyage nous est raconté en grande partie grâce au journal du survivant, nous suivant leurs découvertes, la volonté des plus sages de se fondre dans la population en adoptant son mode de vie, ils arpentent, ils herborisent, ils cartographient à tour de bras. Pendant des années la carte du Yemen sera celle de cette expédition.
    Mais la fatalité, la déraison des hommes vont avoir raison de l’expédition. Ils parviennent jusqu’à Saana, la malaria s’attaque à plusieurs membres, le climat politique devient malsain.

     

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    Lamekk port de la mer rouge  

    La fin de l’expédition est dantesque. Un seul survivant ! mais que dire du retour ! Les participants sombrent dans l’oubli, leurs travaux tombent dans les oubliettes du temps et sont parfois ridiculisés ou pire ignorés.

    Les collections si patiemment amassées seront détériorées par les conditions de transport, l’humidité ou la chaleur, pillées par goût du lucre.

    Thorkild Hansen a fait à la fois un travail d’historien mais a mis toute sa science du récit pour nous étonner, nous surprendre, il distille les informations et nous le suivons ventre à terre.
    L’absurdité du destin  est un thème cher à Hansen, il y a du Camus chez cet homme.

    La Mort en Arabie est  considéré comme le chef-d’œuvre de Thorkild Hansen. 

    Je sais qu’habituellement je ne livre pas autant de détails d’un livre, mais ici peu importe, ce qui fait l’intérêt du livre ce sont les hommes, les contrées, la réflexion parfois philosophique et poétique qui sous-tend le récit, le résultat on le connait dès le début du livre.

    Un livre qui pourrait prendre place dans votre bibliothèque ou vous offrir un voyage sans quitter votre chaise longue

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    Le livre : La mort en Arabie - Thorkild Hansen - Traduit par Raymond Albeck - Editions Actes Sud ou Actes Sud babel

  • Baronne Blixen - Dominique de Saint Pern

    Une femme un destin

     

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    Pour tous aujourd’hui elle a le visage de Meryl Streep grâce au film tiré de son livre La Ferme africaine. Cette femme marquée très jeune par la tragédie avec le suicide de son père, a connu un destin exceptionnel.

     

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    Grande amoureuse, exerçant un pouvoir magnétique sur les hommes, détentrice d’un charisme formidable et d’une intelligence étincelante, voilà la femme qui partit à la conquête de l’Afrique au bras d’un mari qui lui transmettra de la syphilis en guise de cadeau de noces.

     

    Il existe plusieurs biographies de Karen Blixen, ici l’auteur Dominique de Saint Pern a pris le parti du roman, donnant la parole à une secrétaire Clara sur qui Karen Blixen, comme sur tout son entourage, exerça son emprise.

    Commencé sur le tournage du film de Sidney Pollack, le roman emporte le lecteur sur la piste des lions, dans la ferme où Karen connut tour à tour la passion, les déconvenues, la jalousie, le bonheur et la douleur du deuil.

     

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    Karen dans la version cinéma

     

    C’est un vrai plaisir que ce roman biographique même si l’on y apprend que peu de choses nouvelles. On voit vivre Karen Blixen parmi cette aristocratie anglaise et européenne qui venait chasser les grands fauves, on la retrouve défendant bec et ongles les africains vivant sur sa ferme, mais on voit aussi une jeune femme un peu snob, futile parfois, manipulatrice souvent et pleine des préjugés de son époque.

     

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    C’est ce mélange qui la rend attachante et vivante, ce n’est pas une icône, non c’est une femme meurtrie qui quitte l’Afrique et qui va grâce à l’écriture tenter de reprendre en main sa vie. Elle va réussir cela au delà de toute espérance, engrangeant les succès littéraires, frôlant le Nobel par deux fois.

     

    Un bon roman biographique, restituant parfaitement l’ambiance de l’époque, le personnage fascinant de Karen Blixen un rien anorexique, d’un caractère de chien mais sachant conquérir le public par sa voix et par sa plume, Truman Capote, Marilyne Monroe, Carson Mc Cullers furent parmi ses admirateurs. 

     

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    avec une admiratrice

    Laissez vous entrainer jusqu’aux pieds des collines du Ngong sur les traces d’une femme complexe et brillante.

     

    Ecoutez l’émission Répliques sur Karen Blixen

     

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    Le livre : Baronne Blixen - Dominique de Saint Pern - Editions Stock

  • Ombres sur la prairie - Karen Blixen

     Retrouvailles avec Karen Blixen

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    Si vous n’avez pas lu La Ferme africaine vous avez certainement vu le film ! Rarement l’adaptation d’un livre fut aussi réussie au point de ne pouvoir à nouveau lire Karen Blixen sans avoir le visage de Meryl Streep en filigrane.

    Je vous parlerai un jour ou l’autre de sa correspondance mais aujourd’hui j’avais envie de retrouvailles avec un livre court moins connu que la Ferme Africaine. 

     

    Quatre petits récits placé dès les premières lignes sous la protection de Farah « le gardien de mon univers africain » dit Karen Blixen.

    Ces Ombres sur la prairie complètent très heureusement la magnifique Ferme Africaine et éclairent certains aspects de la vie de Karen Blixen qu’elle a passé sous silence dans son roman.

    Elles revient sur les tribus qui peuplaient alors le Kenya, leurs pratiques ancestrales, sur ses lectures pour comprendre la loi musulmane et la confiance que lui font les africains qui l’entourent.

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    Elle revient longuement sur Farah à qui elle est attachée de façon très forte et dont elle dit qu’il est « Le plus authentique gentleman que j’aie connu. » qui dirigeait la maison et conduisait la vieille Ford « comme si elle eût été la Rolls Royce des Rothschild » elle donne des nouvelles de Juma ou de Kamante  « le grand solitaire » et sa fameuse « sauce Cumberland » et prouve ainsi que son attachement ne s’est pas interrompu avec son retour au Danemark.

    Elle revient sur certains épisodes évoqués dans la Ferme Africaine, chasse aux lions, chasse aux éléphants. Et vous verrez le rôle que peut jouer une « lettre du roi ».

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    Karen Blixen revient sur les soins qu’elle dispensât tout au long de son séjour « je finis par savoir réduire la fracture d’un bras ou d’une cheville » ou ses tentatives vaines pour soigner les morsures de serpent.

    Les récits ne sont pas exempts de parfum colonialiste mais rien qui n’entache la sincérité de Karen Blixen dans l’attachement qu’elle avait pour tous les africains qui ont gravité autour d’elle, qui ont travaillé sur la ferme et l’on sent un grand dévouement de part et d’autre.

    Elle revient sur les derniers temps passés en Afrique, le retour au Danemark, les lettres échangées pendant des années avec les uns et les autres mais inexorablement l’Afrique s’éloigne « La Croix du sud était restée suspendue au ciel pendant quelque temps, telle une trace lumineuse de ce monde englouti » et finit par disparaître.

     

    Un petit livre que j'ai eu beaucoup de plaisir à relire.

     

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    Le livre : Ombres sur la praire - Karen Blixen - Editions Gallimard 1961 ou folio ou Quarto 

  • Je ne porte pas mon nom - Anna Grue

    jeneportepasmonnom.gifJe ne porte pas mon nom - Anna Grue - Traduit par Catherine Lise Dubost - Editions Gaïa
    Repartons sous le climat nordique, le polar s'y porte bien et voilà une nouvelle auteure qui devrait devenir une habituée des blogs littéraires.
    Après la Suède et Mankell, après Jo Nesbo et la Norvège, Indridason et l'Islande, voici Anne Grue la danoise.
    Je vous présente Dan Sommedahl, votre nouveau compagnon, un flic ? non pas du tout, un détective ? non plus, juste un type qui travaille dans la pub et qui en a, mais alors vraiment, ras la casquette. Il gagne beaucoup d'argent, vit dans un quartier huppé de Chrisianssund (cherché pas sur la carte) a une femme charmante mais il a " passé un mois au lit, pelotonné sous sa couette, frappé par une violente dépression due à un état de stress prolongé"

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    Un peu de couleur locale

    Pour être complet il faut vous dire que son meilleur ami Flemming Torp, lui est ...,allez devinez , oui !!  vous avez gagné : il est commissaire de police. Alors quand une employée de son entreprise Kurt & Ko est retrouvée assassinée, pour passer le temps et aider son ami, notre publicitaire va se lancer dans l'enquête en tandem avec Flemming.
    Il va largement trouver de quoi s'occuper et penser un peu moins à sa déprime, La jeune femme assassinée n'existe pas, elle inconnue de son employeur et bien sûr n'a aucun papiers d'identité, l'enquête s'oriente vers des réseaux de prostitution, vers le travail d'immigrés clandestins.
    Je sais que vous allez trouver Dan Sommerdhal bien sympathique, vous aimerez aussi son chien Luffe
    L'intrigue tient la route, les personnages sont bien campés, l'écriture est pleine d'allant et je sais déjà que j'aurai du plaisir à retrouver notre héros dans une prochaine aventure.

    L'avis de Maud

    annagrue.jpgL'auteur :

    Anna Grue est née au Danemark en 1957. Elle débute comme graphiste puis journaliste dans la presse écrite. Elle publie son premier roman en 2005 et décide, deux ans plus tard, de devenir écrivain à plein temps.
    Je ne porte pas mon nom, est le premier opus d'une série de polars mettant en scène Dan Sommerdahl, dit "le Détective chauve". (source l'éditeur)

  • Le marin américain - Karsten Lund

    Le marin américain - karsten Lund - Traduit du danois par Ines Jorgensen - Editions Gaïa

    le marin américain.gifUn long roman qui vous transporte au Danemark et qui s’étend de la fin du XIXème siècle à nos jours.Les côtes danoises à l’extrême nord du pays, un pays rude de landes sauvages, un pays de marins pêcheurs aux visages burinés, aux mains et au dos usés par les saisons de pêche.
    Ane
    mariée à Jens Peter se ronge de ne pas avoir d’enfant, elle est montrée du doigt dans une communauté où la faute incombe à la femme. Tout y passe, de la visite chez le médecin aux prières ferventes en passant par le recours à la guérisseuse.

    Alors que son mari est en mer, l’unique rescapé d’un naufrage est amené mort de froid chez Ane qui le soigne. C’est un homme bien différent des gens du village  « Le cœur d'Ane cessa de battre quand elle le vit. Jamais elle n'avait vu un homme aussi beau. Il était différent de tous ceux qui vivaient par ici. Il avait une moustache noire, des cheveux noirs et de longs cils. Un visage étroit, un long nez droit et une petite bouche »
    Le lendemain l’homme a disparu et malgré toutes les recherches du garde-côte Carlsen qui l’a sauvé, on ne retrouve aucune trace de lui. Il s’est volatilisé.
    Neuf mois plus tard naît un garçon Anthon dit Tonny dont les traits, les yeux, les cheveux rappellent  l’américain
    Le couple résiste à tout les racontars, Jens s’attache à ce fils et  Ane défie la communauté en créant sa propre entreprise.

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    Tonny, que tout le monde appelle l’américain, grandit et devient un patron pêcheur à qui tout réussit.
    Pourtant pèse sur la famille l'ombre du marin disparut. Carlsen n’a jamais totalement abandonné les recherches.
    Quelques décennies plus tard le narrateur revient à Skagen sa ville natale  d’où est originaire toute sa famille et va chercher à élucider « en levant le couvercle du tonneau » ce qui est toujours  un mystère.

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    La côte de Skagen aujourd'hui

    Percer le mystère est secondaire, ce roman est agréable par la peinture d’une communauté qui évolue au fil du temps, par les descriptions très réalistes du monde des pêcheurs. Au fil du temps la pêche devient une industrie mais n’en est pas moins dure,  La nature est très présente dans ce qu’elle a de sauvage, de dur mais aussi de magnifique : les dunes battues par les vents, le froid qui glace les chemins...
    Un roman attachant d’une écriture fluide et agréable.

     

    L’auteur
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    Karsten Lund né en 1954 est journaliste à la télévision danoise
    Le marin américain est son premier roman