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Traduire la poésie

Juste après avoir lu la biographie de Shakespeare j’ai lu la nouvelle traduction des sonnets parue chez P.O.L, dans le même temps j’ai lu chez BOL un poème de Francisco de Quevedo que j’aime particulièrement mais qui dans mon exemplaire est assez différent.....alors je vous propose une petite expérience

 

                          shakespeare,quevedoshakespeare,quevedo

 

 

 

 

 

 

 

 

Deux exemples, chaque fois après la langue originale les deux traductions avec le nom du traducteur et l’année de la traduction.

Les choix sont différents, il y a ou non respect total de la forme.


Je suis frappée par la différence qui se dégage dans chaque exemple, cela confirme quel art difficile est celui de la traduction et que dire de la traduction de poèmes !

L’original en Espagnol

"¡Ah de la vida!"... ¿Nadie me responde?
¡Aquí de los antaños que he vivido!
La Fortuna mis tiempos ha mordido;
las Horas mi locura las esconde. 

Jacques Ancet  2011

                      "Hé là ! la vie !" ... Personne ne m´entend ?
                       À moi, les autrefois que j´ai vécus !
                       Dans mes années, la Fortune a mordu;
                       Les Heures, ma folie leur fait écran.

 Bernard Pons  2003

« Holà, vivants ! »....Personne qui réponde ?
A moi jadis et antans de ma vie !
La Fortune dans mes jours a mordu ;
Les Heures, ma folie me les dérobe


Et pour la langue anglaise


Un sonnet fameux qui a fait les beaux jours du cinéma

 

les quatre premiers vers du poème et la chute en deux vers

Let me not to the marriage of true minds
Admit impediments, love is not love
Which alters when it alteration finds,
Or bends with the remover to remove.

If this be error and upon me proved,
I never writ, nor no man ever loved.

Frédéric Boyer  2010

                 non pour moi un mariage d’amour
                 ne connaît pas d’obstacle amour
                 n’est pas l’amour s’il change pour changer
                 ou suit le premier à quitter la place

                 si j’ai tord et qu’on me le prouve alors
                 jamais je n’ai écrit jamais personne n’a aimé

Henri Thomas  1994

Non, je n’admettrai pas d’obstacle au mariage
Des coeurs sincères. Cet amour n’est pas l’amour,
Qui change quand il trouve ailleurs un changement,
Ou se détourne dès que l’autre se détourne,

Si c’est erreur, s’il est prouvé qu’elle soit mienne,
Je n’ai jamais écrit, nul n’a jamais aimé.

Où vont vos préférences ?

 

Les livres :
Sonnets de Francisco de Quevedo - Edition bilingue José Corti  2003
Les Furies et les peines - Editions Gallimard Poésie 2011
Sonnets de William Shakespeare - Editions Le Temps qu’il fait  1994
Sonnets de William Shakespeare  - Editions P.O.L 2010          

Commentaires

  • @ JEA : mes remerciements matinaux

  • C'est un régal cette vidéo. Il est toujours difficile de réussir une bonne traduction.

  • @ Dimitri : Difficile toujours la traduction mais celle de la poésie ........

  • Dans les deux cas je préfère la deuxième traduction, plus "fidèle" (si tant est que l'on puisse l'être). Du coup j'aurais été bien ennuyée si tu avais mis de l'allemand dont je ne parle pas un traitre mot !

  • @ Irrégulière : je suis assez d'accord avec toi je préfère H Thomas et B Pons

  • Woaw, les différences sont vraiment énormes. Personnellement, je lis peu de poésie et j'essaie de lire en VO le plus possible parce que la poésie traduite, je ne vois pas vraiment l'intérêt. Mais comme Irrégulière, je préfère la deuxième traduction pour les deux extraits, plus fidèles et plus travaillés.

  • @ Zarline : hélas hélas la poésie traduite c'est la seule chose accessible aux malheureux comme moi que ne possède aucune langue vraiement, et puis la poésie j'ai besoin de la lire à voix haute alors en VO ......:-(

  • Pour le sonnet de Shakespeare, je préfère la deuxième traduction de Henri Thomas qui me paraît plus limpide, très simple, proche du texte. "Non, je n'admettrai pas d'obstacle..."
    Par contre pour les deux derniers vers, je préfère celle de Frédéric Boyer : Si j'ai tort et qu'on me le prouve...

  • @ Claudialucia : je trouve que selon le moment où on lit les mots ne sonnent plus de façon identique. Mon coeur balance

  • Aucune traduction n´est parfaite. Cést en fait une "négociation" entre vouloir garder le sens ou privilégier la forme

  • @ BOL : sens et forme , résoudre l'impossible

  • Pour l'Espagnol je préfère Bernard Pons
    et pour l'Anglais Henri Thomas
    Quant à la vidéo toujours aussi bon
    Bonne soirée

  • @ autourdupuits : un des rares poèmes que je crois avoir fini par mémoriser en anglais, quant à le réciter là ............

  • Les traductions plus anciennes sont plus fluides, plus mélodieuses, me semble-t-il. C'est en poésie que la difficulté de traduire est la plus visible, mais la prose peut aussi changer complètement d'une traduction à l'autre : j'en ai fait l'expérience avec "Une journée d'Ivan Denissovitch" de Soljenitsyne - et comment juger quand on ignore tout d'une langue ?

  • @ Tania : bien d'accord, souvent je lis que la traduction est excellent, c'est aussi ce que j'éprouve quand je suis parfaitement à l'aise dans un récit, que l'esprit de l'auteur m'apparait accessible, en poésie c'est effectivement beaucoup plus compliquer car il ne faut pas seulement que l'esprit soit satisfait mais qu'en quelque sorte que cela parle à l'âme

  • Tu vas penser que je suis compliquée Dominique, mais dans les deux cas je ferais un mélange des deux versions que tu nous offres.
    Certains vers, par leur tournure, sonnent mieux à mon oreille que d'autres quand je les dis à voix haute.
    Merci pour cette belle idée.

  • @ Colo : Tu n'es pas la seule, ClaudiaLucia est du même avis, conjuguer un peu les deux
    C'était une expérience due aux hasards des lectures du billet de BOL, des pages sur Shakespeare de Claudia et ma lecture de l'antibiographie de Bryson

  • Je préfère également les traductions de Pons et de Thomas. Leur style est plus littéraire ce qui ne veut pas dire plus riche de sens. La traduction est un exercice très personnel, ce billet l'illustre bien.

  • @ Claire-lise : on le sait que la traduction est très personnelle mais là pour moi l'exemple était tellement frappant qu'il m'a étonné

  • Pourriez-vous publier l'intégralité de la traduction de Pons ? Merci

  • @ Jeanne : bonjour, respectueuse du droit d'auteur je ne publie pas la totalité des textes dans les billets mais vous pouvez en bilbliothèque vous reporter au livre sans problème

  • Je suis en train de faire le bilan Shakespeare pour la fin avril. Tu m'avais dit que je pouvais utiliser tes billets mais comme j'avais oublié de noter celui-ci, je préfère te demander confirmation. merci!

  • @ Claudialucia : tu te sers comme promis

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