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Biographie Correspondance journaux - Page 22

  • La Femme d'un génie

    Depuis plusieurs mois je vagabonde ene Russie, l’écoute de Maître et serviteur, le témoignage de Tatiana Tolstoï ou l’hommage appuyé de Dominique Fernandez, il me restait à lire Sofia Tolstoï, qui mieux qu’elle pouvait restituer cette époque, le domaine Iasnaïa Poliana, la vie du créateur d’Anna Karénine ?

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    Le personnage très contreversé de Sofia Tolstoï m’attirait, était-elle une femme hystérique, jalouse et frustrée, ou bien la victime d’un homme violent, impatient, en proie aux tourments de l’âme ?
    Pour le savoir j’ai entamé un de mes pavés de l’été,  je vous propose de partager cette lecture avec moi.
    Pour une jeune fille de l’aristocratie russe, fille d’un des médecins du Tsar, se retrouver à 18 ans avec la charge d’un domaine, le choc est rude, mais Sofia Tolstoï est capable d’y faire face.

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    Sofia en 1866 avec Tatiana et Sergueï


    Quand en même temps elle découvre les exigences sexuelles de son mari et doit vivre continuellement soit enceinte soit en train d’allaiter, la réalité est alors brutale pour une jeune fille élevée bien loin de ces réalités.
    En vingt ans Sofia Tolstoï mettra au monde 13 enfants et en verra mourir 4, durant toutes ces années le soin des enfants, la surveillance de leur santé, le souci de leur éducation lui reviendront entièrement et sa vie sera rythmée par les grossesses, les accouchements, le sevrage et fausses couches.

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    Iasnaïa Poliana en hiver


    Léon Tolstoï aime son domaine d’Iasnaïa Poliana mais en laisse la gestion à sa femme. C’est une toute jeune femme, cultivée,  qui parle parfaitement le français et qui a lu « toute la littérature russe et (..) toute la littérature étrangère traduite en russe. »
    Elle va devoir mettre de côté ses rêves et se colleter avec la vie quotidienne.
    Pendant des années, jusqu’à ce que les études des enfants nécessitent de vivre à Moscou, Sofia Tolstoï va mener une vie frustrante 
    « Parfois, l'idée d'être irrémédiablement enfermée dans cette vie campagnarde dont je n'avais pas l'habitude m'oppressait terriblement. J'avais envie de bouger, de m'amuser, de trouver à quoi employer mes jeunes forces. ».


    Sa vie tourne totalement autour de son époux, elle l’admire, l’assiste, recopie indéfiniment ses manuscrits, sept fois le manuscrit de Guerre et Paix !! et à l’instar de Anna  Dostoïevskaïa, elle s’occupera de l’édition de ses oeuvres.
    Les années de création sont les années ou totalement dévouée et heureuse de participer à la naissance des grands romans de l’écrivain, Sofia Tolstoï est heureuse. Elle suit les conseils de lecture du grand homme, fait la lecture à haute voix à ses enfants, lit les classiques et les philosophes.

    Elle est bien entendu l’hôtesse accueillante mais ce rôle là finira par peser quand se fera interminable le défilé des admirateurs.
    Elle trouve peu de compréhension auprès de son mari et surtout aucune reconnaissance :

    « Comme je l'aimais, toute ma vie je fus mue par ce désir ardent de lui être utile, de lui plaire en tout. Oui, toute ma vie fut subordonnée à ce désir. Comment y répondait-il ? Eh bien, il devenait de plus en plus exigeant sans jamais m'encourager par son affection ni sa gratitude pour ce que je lui donnais. Je sentis toujours sa sévérité ».
    D’épouse craintive et soumise, elle va petit à petit se transformer en femme frustrée et les dernières années de la vie du couple seront totalement empreintes de mésentente et de déchirements.

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    Elle copia 7 fois le manuscrit de Guerre et Paix

    Sofia Tolstoï écrivain sait raconter la vie quotidienne avec une belle vivacité, on voit vivre la maisonnée, grandir les enfants, on découvre sa famille, les amis, les divertissements. Elle peint avec beaucoup de bonheur la nature, le domaine, les bois, les rivières, les étangs gelés, la cueillette des baies, les courses de charrettes. Elle aime la compagnie de certains visiteurs, elle rencontra à plusieurs reprises Tourgueniev. A Moscou près de sa famille la vie est plus conforme à ses attentes

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    La maison des Tolstoï à Moscou


    Tout au long de cette autobiographie on entend la sincérité dans la voix de Sofia Tolstoï, elle brosse le portrait d’un homme de génie mais humainement en proie aux tourments, perpétuellement exigeant, prônant l’abstinence mais d’une sexualité débridée, jamais satisfait, en proie à des tocades passagères (l’apiculture, les cures de lait de jument, les échecs, la cordonnerie, la chasse) dont tout son entourage fait les frais.

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    « Lorsque ses entreprises se soldaient par un échec, ce qui arrivait assez souvent, Lev Nikolaïevitch sombrait dans le désespoire et affichait une humeur maussade. »
    Lorsqu’il veut, au nom de ses convictions, abandonner ses droits d’auteur, c’est sans se soucier des besoins de sa famille.

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    Une fois ce livre fermé, mon admiration pour l’écrivain Tolstoï n’a pas changé mais l’homme ne sort pas grandi de ces pages.
    Pourtant en écho tout au long l’amour et l’admiration de Sofia Tolstoï s’y répand, envers et contre tout.
    Si vous aimez la Russie, la littérature russe, si vous aimez Tolstoï, faites une place à ce livre dans votre bibliothèque.


    La chronique d'Un livre l'autre

    Les illustrations du billet proviennent de Tolstoï Salon

    Le livre : Ma vie - Sofia Tolstoï - Traduit et préfacé par Luba Jurgenson - Editions des Syrtes 2010



  • Lincoln - Gore Vidal

    Un grand saut par dessus l’Atlantique, après le Pays de Galles je vous propose l’Amérique de Scarlett O’Hara ....

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    Non pas de crainte je ne vous fais pas le coup d’Autant en emporte le vent, je vous propose le portrait en pied de l’homme dont l’effigie est connue de tous et je vous emporte au temps de la Case de l’Oncle Tom, au temps de l’esclavage, au temps de la guerre de Sécession.

    D’abord vérifions :
    Je parie que comme moi vous ignorez que Lincoln fut élu pour le parti républicain, ben oui, moi je le voyais forcément démocrate ...et bien non.
    Je parie que comme moi vous êtes certain que Lincoln était pour l’abolition de l’ esclavage , et bien non pas du tout,  ouh je vous vois sursauter derrière votre écran...
    Je parie que comme moi vous ignorez que si la guerre de Sécession a duré aussi longtemps alors que le Sud n’avait ni industrie, ni chantiers navals c’est parce que ...les généraux nordistes étaient (au début de la guerre) des incapables.

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    Pour lutter contre ce catalogue d’idées reçues j'espère vous convaincre de lire le roman de Gore Vidal avec des yeux innocents et un esprit ouvert.

    1861 Abraham Lincoln vient d’être élu président, premier président républicain pour un tout jeune parti qui n’a guère que 7 ans.
    Comme souvent aux Etats-Unis le nouveau Président est ...minoritaire, il va donc devoir ferrailler avec les sénateurs et le Congrès.
    Lincoln pendant sa campagne a milité non pour une abolition de l’esclavage ( j’entends sa statue qui se brise) mais pour une interdiction de celui-ci dans les états du nord.
    Avant même que Lincoln prête serment, les sudistes par la voix de  Jefferson Davis, font sécession, et les états du sud rejoignent un par un la Confédération. Il n’y a plus d’Etats-Unis mais deux ennemis face à face.
    Lincoln est dans une position plus que fâcheuse, il est face à une rébellion, les escarmouches se multiplient, et commence la seule guerre qui se déroulera sur le territoire américain.

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    Voilà le décor planté, Gore Vidal dans ce roman biographique va nous permettre de suivre Lincoln pendant 4 ans. Ballotté, malmené par les intrigues des politiciens qui l’entourent, aux prises avec la course au pouvoir que mène ses amis, Abraham Lincoln va tenir bon.
    Son plus grand souci n’est pas l’esclavage, le devenir des esclaves, non son souci constant c’est rétablir la cohésion de son pays.
    Il va pour cela enfreindre des règles juridiques, économiques, supprimé l’Habeas Corpus (vous avez dit démocrate ???) battre monnaie pour acheter armes, munitions et payer les militaires.
    Voilà pour la vie publique mais c’est faire peu de cas de sa vie privée, une femme Mary dont la moitié de la famille est sudiste, qui a l’art de faire des dettes, de se lancer dans des travaux dispendieux pour donner un peu lustre à la Maison Blanche,  sans compter que Washington « capitale naturelle du sud » à plusieurs reprises est menacée par les troupes confédérées la Virginie ayant basculée côté sud.

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    Mary Lincoln


    Les personnages secondaires sont magnifiques de vérité, de complexité. Je vous recommande Kate Chase une féministe au sens politique aigu, son père Salmon P Chase, secrétaire d’Etat au Trésor qui fait passer son ambition avant sa loyauté envers Lincoln, William Seward persuadé d’être capable de mener Lincoln à la baguette et « d’enlever l’exécutif à ce Président » ce qui va se révéler une grossière erreur.
    Quant aux généraux, chefs d’armée et autres militaires là on est parfois secoué par le rire devant tant d’incompétence et on ne peut que se dire que Dieu était avec les nordistes !

    Ce roman historique est passionnant, on y découvre un Lincoln inconnu, malmené, en proie au doute, retors, parfois manipulateur et qui tient des propos surprenant  « Mon objectif suprême est de sauver l’Union et non de sauvegarder ou détruire l’esclavage. Si je pouvais sauvegarder l’Union sans libérer un seul esclave, je le ferais ; si je pouvais la sauvegarder en libérant tous les esclaves, je le ferais. Et si je pouvais le faire en libérant quelques-uns et en laissant de côté d’autres, je le ferais aussi. »

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    Crédit photo ©Bettmann CORBIS

    5 années, une réélection et quelques 600.000 morts plus tard Abraham est assassiné.

    Une destinée extraordinaire, un roman à la hauteur de cette destinée.
    Gore Vidal est habile, nous ne parcourons pas les champs de bataille, non il nous fait rester au plus près du personnage, il nous permet presque de comploter avec lui. La vie à la Maison Blanche, les bagarres, les guerres d’influence, la peur, les complots, les colères devant l’impéritie des militaires, tout est magistralement raconté de l’intérieur.
    Peu à peu Lincoln se débarrasse de ses oripeaux de petit avocat de province pour prendre une stature présidentielle et se couler dans son rôle et être fidèle à sa légende.

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    Si vous aimez l’histoire, si la guerre de Sécession vous intéresse alors ce pavé de 900 pages en papier bible et couverture souple pour faciliter une lecture de vacances, est fait pour vous.

    Le livre : Lincoln - Gore Vidal - Traduit par Gérard Joulié - Galaade Editions -
     



  • Darwin et le bouleversement du monde - Jean-Claude Ameisen

    Embarquez vous sur le Beagle sur les traces de Darwin

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    Un livre scientifique qui a des allures de polar, une biographie qui se lit comme un roman, oui je vous fait l’article, oui je veux vous convaincre de lire ce livre !

    Darwin : j’ai laissé passé les festivités liées aux anniversaires car j’éprouve vite un certain ras le bol quand tous les journaux, toutes les revues se donnent le mot, mais je dois dire qu’il y a un avantage c’est de voir fleurir les publications et les livres.

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    Sur les traces de Darwin : magnifique voyage proposé par le CNRS

    Cette biographie s’attache à nous livrer un portrait en pied, sans occulter les difficultés, les doutes, les erreurs parfois, du grand savant. On est invité dans son intimité, on le suit de son voyage sur le Beagle à l’élaboration de sa théorie ....

    Embarqué en 1831, il ne revient en Angleterre que cinq ans plus tard, entre temps il a amassé une quantité d’observations, d’expériences, d’échantillons qui  suffirait à remplir la vie d’un homme, mais pour Charles Darwin ce n’est que le début de l’aventure.

    Jean Claude Ameisen nous fait toucher du doigt le combat intérieur mené par Darwin, ses doutes, ses questionnements, tout ce qui le fait hésiter à porter à la connaissance de tous sa théorie. Vingt ans, il lui faudra vingt ans !
    En même temps il nous restitue un aspect de Darwin que pour ma part j’ignorais, son combat contre l’esclavage, le combat d’une vie. On suit avec passion le parcours de Darwin, ses relations avec d’autres savants de l’époque, Cuvier, Buffon, Lamarck qui fut son grand rival. On est touché par les doutes en matière religieuse et la véritable épreuve que représentent les conséquences de sa théorie sur ses convictions.

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      Le dessin original tiré des carnets de Charles Darwin montrant sa réflexion concernant les différentes lignées d'espèces dont certaines s'éteignent et d'autres mutent.

     

    Plusieurs chapitres nous entraînent du côté de la lumière : les sciences de la vie doivent tout à Darwin et Ameisen fait un vaste tour d’horizon des acquis que nous lui devons : la biologie, la génétique. Mais il y a aussi une face sombre, c’est le dévoiement de la théorie de l’évolution, son utilisation pour servir la cause de l’eugénisme ou du racisme.

    Jean Claude Ameisen est un passeur exceptionnel, son écriture est d’une grande élégance sans nuire à la simplicité, ses propos éclairés par la philosophie et la poésie sont pleins de ferveur, d’admiration.

    C’est un livre riche, plein, un livre savant et pourtant à la portée de tous, j’ai été captivé et je vous propose de vous embarquer vous aussi sur le Beagle vous ne le regretterez pas.

    Si vous voulez écouter JC Ameisen dans une conférence sur Darwin c'est sur Canal U


    Le livre : Dans la lumière et les ombres Darwin et le bouleversement du monde - Jean Claude Ameisen - Editions Points Seuil

     

  • Père et fils

    Flaubert et Maupassant, le père et le fils, le maître et l'élève

                      

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    Gustave Flaubert à Guy de Maupassant

    " Quant à moi je travaille avec violence, ne voyant personne, ne lisant aucun journal, et gueulant dans le silence du cabinet, comme un énergumène."

    " Enfin, mon cher ami, vous m’avez l’air bien embêté et votre ennui m’afflige, car vous pourriez employer plus agréablement votre temps. Il faut, entendez-vous, jeune homme, il faut travailler plus que ça. J’arrive à vous soupçonner d’être légèrement caleux.
    Trop de putains, trop de canotage, trop d’exercice ! "

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    Micheline Presle dans Boule de Suif de Christian-Jaque

    " Mais il me tarde de vous dire que je considère Boule de Suif comme un Chef d’oeuvre ! Oui jeune homme ! Ni plus, ni moins, cela est d’un maître. C’est bien original de conception, entièrement bien compris et d’un excellent style. Le paysage, les personnages se voient et la psychologie est forte. Bref je suis ravi."

    Guy de Maupassant à Gustave Flaubert

    " Mon cher Maître, j’ai vu Zola hier soir et il m’a dit que vous ne viendriez pas cet hiver ! Cette nouvelle m’a tellement étonné et désolé que je vous prie de me dire tout de suite si elle est vraie. Passer l’hiver sans vous voir ne me paraît pas possible ; c’est mon plus grand plaisir de l’année d’aller causer avec vous chaque dimanche pendant trois ou quatre mois."


    Le livre : Gustave Flaubert /Guy de Maupassant - Correspondance - Editions La Part Commune

  • Dostoïevski, mémoires d'une vie - Anna Grigorievna Dostoïevskaïa

    Dans l'intimité de l'écrivain

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    Il n’est pas si fréquent d’avoir, pour éclairer la vie d’un écrivain, le témoignage de son épouse, certains de leurs écrits sont parfois des actes vengeurs et enlèvent ainsi une part de crédibilité.
    Les mémoires d’Anna G Dostoïevskaïa ne sont pas du tout dans ce registre. D’un bout à l’autre on y sent la vérité, la sincérité et le souci d’une honnêteté totale.

    En 1866 Anna Grigorievna se voit proposer un moyen de gagner sa vie, M Olkhine son professeur de sténographie la propose pour aider un écrivain en difficulté qui doit rendre un livre dans un délai extrêmement court sous peine de voir tous ses droits sur ses livres précédents lui échapper. Elle accepte immédiatement car " Depuis mon enfance, le nom de Dostoïevski, romancier préféré de mon père, m’était familier " et elle a lu récemment Crime et châtiment
    Pour Fédor Dostoïevski c’est un ange tombé du ciel ! Il va pouvoir écrire le roman attendu dans les délais ce sera Roulettenbourg qui plus tard prendra le titre du Joueur et en même temps avancé la dictée de l’Idiot.

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    La première rencontre montre un Dostoïevski qui " était de taille moyenne. et se tenait très droit. Ses cheveux châtain clair et même légèrement roux étaient fortement pommadés et soigneusement lissés."
    Pendant ce travail en commun Dostoïevski va petit à petit se confier à Anna, parler de sa passion pour le jeu, des dettes énormes qu’il a contracté, et surtout de son épilepsie. Il faudra vingt six jours pour terminer le roman, et un mois pour que l’écrivain demande Anna Grigorievna en mariage.  

    Elle va pour 14 ans attachée sa vie à celle de l’écrivain. Elle sera pour lui une compagne dévouée, prête à passer plusieurs années à l’étranger pour permettre à son mari d’échapper aux usuriers. Elle est  un soutien constant pendant les années d’écriture des chefs-d’oeuvre : les Démons, les Frères Karamazov, elle partage avec lui les jours sombres où il s’est remis à jouer, les jours fastes où il est invité à la cour par le Grand-duc Constantin et la grande-duchesse Alexandra. Elle le suit lorsque Dostoïevski fait des lectures publiques de ses oeuvres malgré sa fatigue et malgré les crises d’épilepsie. Elle s’efface lorsqu’il est pressenti pour faire le discours en l’honneur de l’inauguration d’un monument à Pouchkine.
    Elle conduira son époux à sa dernière demeure au cimetière de Tikhvinsk dans la Laure Saint-Alexandre Nevski grâce à l’intercession du Grand-duc Constantin, entourée d’une foule nombreuse qui rendait hommage à l’écrivain du petit peuple.

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    Si vous aimez Dostoïevski ce livre vous plaira, il n’est en rien une analyse de l’oeuvre, mais il est le témoignage de la vie quotidienne d’un écrivain. Anna Grigorievna n’est pas écrivain, son livre ne vaut pas par le style. Il est attachant par la vivacité, la sincérité que l’on entend derrière les mots. On y découvre un homme pressuré par son entourage familial et qui ne sait rien leur refuser, un père de famille qui vénère ses enfants et qui s’occupe d’eux " c’est aussi un tendre père de famille pour lequel tout ce qui se passe dans la maison a une grande signification "
    On y voit vivre une famille russe au quotidien, les réceptions, les relations amicales, les difficultés, la résidence d’été, les voyages.
    Elle ne cache rien Anna Grigorievna la jalousie maladive de son mari,  les contraintes du travail du grand écrivain qui comme Balzarc, comme Dumas, court après l'argent

    " Il fallait de l’argent pour vivre, pour payer les dettes ; pour cette raison, malgré la maladie, et quelquefois le lendemain d’une crise, il était nécessaire de travailler, de se hâter, sans même revoir le texte écrit, pourvu que celui-ci pût être remis le jour fixé et rapporter le plus vite possible l’argent qu’on en attendait. "

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    Bureau de Dostoïevski

    C’est le manque d’ambition d’Anna qui rend le livre  si simple et si touchant. Jusqu’à la fin de sa vie après la mort de Dostoïevski, elle travaillera sans relâche pour défendre et éditer l’oeuvre de son mari. Elle ne parle de lui qu’avec admiration et amour " Il était bon, généreux, charitable, juste, désintéressé, délicat, compatissant "
    Elle sait nous le rendre vivant, proche et si l’on été admirateur de l’oeuvre on éprouve de la sympathie pour l’homme après avoir lu son récit.

    Si vous voulez une biographie de Dostoïevski centrée sur son oeuvre c’est le livre de Joseph Franck qu’il faut livre aux éditions Actes Sud.


    Le livre : Dostoïevski, mémoires d’une vie - Anna Grigorievna Dostoïevskaïa - Traduction André Beucler - Mercure de France

  • Un journaliste au temps de Louis XVI

    En 1785 Hérault de Séchelles effectue le voyage à Montbard pour rencontré M de Buffon

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     "J’avais une extrême envie de connaître M de Buffon"

    "Je vis une belle figure noble et calme"

     

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    "Quelle palpitation de joie me saisit lorsque j’aperçus de loin la tour de Montbard, les terrasses, les jardins qui l’environnent"

     

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    "Des prairies coupées par des rivières, des vignobles, des coteaux brillants de culture, et toute la ville de Montbard, ces jardins sont mêlés de plantations, de pins, de platanes, de sycomores, de charmilles et toujours des fleurs parmi les arbres."

     

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    "Je vis de grandes volières où Buffon élevait des oiseaux étrangers qu’il voulait étudier et décrire."


    Hérault de Séchelles effectua cette visite au grand naturaliste en 1785, élu à la convention, il perdit la tête en même temps que Danton, Camille Desmoulins et Fabre d’Eglantine.

    Une page sur la biographie de Buffon et un billet de Jean Jadin

    Livre : Voyage à Montbard - Hérault de Séchelles - Gallimard Le Promeneur