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Biographie Correspondance journaux - Page 14

  • Ma vie avec Virginia - Leonard Woolf

    J’ai pris un grand plaisir, qui s’est étalé sur un temps considérable, à la lecture du journal de Virginia Woolf.

    J’ai lu avec intérêt la biographie d’Hermione Lee et avec un agacement certain celle de Vivian Forrester qui a tendance à ramener tout Virginia Woolf à sa vie sexuelle. 

    C’est une jolie expérience que la lecture de ce petit livre, une façon d’entrer dans l’intimité de l’écrivaine sans aucun voyeurisme, comme une amie qui viendrait prendre des nouvelles.

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    Leonard peint par Roger Fry en 1940

    Dès la préface on entend la voix de Cecil Woolf, neveu de Leonard qui dit « Sans lui, Virgnia n’aurait pas vécu assez longtemps pour écrire ses chef-d’oeuvre » et je dois dire qu’en confrontant ce livre avec le journal, je suis du même avis.

    On voit à travers ses pages, naitre, s’épanouir et souffrir un écrivain. Mais avant d’aller plus avant une ou deux choses : saviez-vous que le texte qui a présidé à la création de la Société des Nations après la Première Guerre est tout droit sorti de la plume et de la réflexion de Leonard Woolf ? Pour autant cet homme ne fit pas vraiment une carrière, il s’effaça derrière son épouse, la privilégiant, l’aidant à surmonter ses accès de folie.

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    Vu par Holywood

    Quelques pages nous parlent de la vie de Leonard avant Virgnia, le temps des colonies en somme, à Ceylan, expérience qui lui donna le goût ensuite de la politique pour défendre les peuples, se battre contre le colonialisme et le racisme.

    Il côtoie  la famille Stephen, Vanessa est la plus belle mais son attention est attiré par Virginia « Son expression, la forme même de son visage, changeaient avec une rapidité inouïe dès que se faisait sentir une tension, un souci, une inquiétude. »

    Manifestement amoureux il dit de Virginia « Elle est la seule personne que j’ai connu intimement et dont je peux dire qu’elle méritait l’appellation de génie. »

    Leonard Woolf détecta très tôt les problèmes psychiques de sa femme, on le sent d’une cruelle lucidité lorsqu’il évoque les épisodes de violence, l’anorexie, le basculement dans la folie, les crises de logorrhée, les tentatives de suicide. 

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    The writing lodge. ©NTPL/Eric Crichton

    On sent aussi à travers son texte toute l’attention qu’il fallait donner pour Virginia mène une vie sans heurts, de surveiller les moments annonciateurs ceux par exemple où « elle décolle au cours d’une conversation », la vie mondaine du couple qui parfois conduit Virginia au bord du gouffre.

    J’ai retrouvé intact dans ces pages, qu’on trouve aussi dans le Journal,  les moments de création littéraire, l’angoisse au moment de la relecture et de la publication d’un manuscrit, la folie qui rôde dans l’attente des critiques.

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    On sent l’aide et le soutien qu’a pu apporter Leonard au détriment de sa propre carrière : Les voyages faits ensemble, l’aventure de la Hogarth Press, les amis communs, l’achat et l’embellissement de Monk’s House. 

    « C’est un témoignage d’une qualité rare » nous dit M Venaille le traducteur et c’est vrai que ce texte est d’une haute tenue.

    Leonard est celui à qui Virginia Woolf a pu écrire « Ce que je veux dire, c'est que je te dois tout le bonheur de ma vie »

     Ajoutez ce livre à votre bibliothèque.

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    Le livre : Ma vie avec Virginia - Leonard Woolf - Traduit par Micha Venaille - Editions Les Belles lettres

  • Promenades d'Hermann Hesse

    Si vous voulez connaitre un peu mieux Hermann Hesse sans pour autant vous lancer dans une biographie voilà le livre qui convient.
    La vie de l’auteur est au centre mais à travers les lieux qu’il a habité, qu’il a aimé et surtout qu’il a arpenté.

    Montagnola, le lieu où il écrivit ses grands romans, c’est dans le Tessin à la limite de l’Italie 

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    Montagnola lui consacre un musée

    « Je n'ai jamais vécu dans un plus beau cadre qu'au Tessin et ne suis jamais resté autant d'années fidèle à un lieu de résidence qu'à celui où je me trouve aujourd'hui. [...] Le paysage tessinois, avec lequel j'ai véritablement fait connaissance en 1907, m'a toujours attiré à la fois comme une patrie prédestinée et comme un lieu d'asile ardemment désiré.»

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    Casa Camuzzi

    La Casa Camuzzi à Montagnola, c’est une belle maison romantique dont il fait sa terre d’élection après une grave crise familiale, le lieu qui va lui apporter en partie la paix de l’âme à permettre à son génie littéraire de voir le jour. C’est là qu’il va écrire Narcisse et Golmund, Le loup des steppes, le Jeu des perles de verre.

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    Il va aussi s’adonner à la peinture se sentant inspiré par ces paysages méditerranéens.

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    Plus tard il habitera la Casa Rossa, dans cette maison il abritera au moment de la guerre, Thomas Mann, Bertolt Brecht.

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    Il repose dans le cimetière de San Abbondio

     

    Le livre est superbement illustré avec en particulier des photos d’archives de la famille Hesse, des toiles de l’écrivain aux couleurs puissantes qui m’ont beaucoup plu.Le livre offre beaucoup d’extraits des oeuvres de HH qui viennent opportunément illustrer les photos, il a beaucoup marché dans les environs du lac du Lugano, dans le vallon de Pambio qui aujourd’hui n’a plus rien de rural, dans les ruelles de Morcote ou sur les pentes du Monte Arborea.

    Cette balade sur ses traces est un enchantement aux couleurs de l’Italie, celle des lacs, des madones et des villas splendides.

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    Le livre : Les promenades d’Hermann Hesse - Jean-Philippe de Tonnac - Editions du Chêne  Facile à trouver d’occasion

  • Un voyage sur le Nil - Anthony Sattin

    Florence Nightingale et Gustave Flaubert l’échappée égyptienne. 

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    David Roberts 

    Flaubert tout de suite ça vous parle, mais Florence Nightingale ? un personnage hors du commun la sainte patronne des infirmières dont j’ai lu la vie il y a des décennies et qui a sans doute été pour beaucoup dans mon envie de devenir infirmière.  

    L’occasion de faire un superbe voyage sur le Nil, voyage quasi impossible aujourd’hui sauf à avoir un grand goût du risque.

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    Les deux voyageurs

    En 1849 nos deux célébrités choisissent pour des motifs totalement différents de faire LE voyage en Egypte. Ils vont monter sur le même bateau mais leur périple prendra ensuite des chemins un peu différents.

    Flaubert n’est pas au mieux de sa forme, il veut écrire mais jusqu’à présent ce n’est pas très concluant. Certes il a écrit un livre mais ses amis sont très partagés sur la qualité du dit livre. Il vient de subir plusieurs drames avec la perte de plusieurs êtres chers, alors un voyage pour surmonter tout ça ? pourquoi pas ? Il va partir avec Maxime du Camp qui est le véritable organisateur du voyage.

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    Photo de Maxime Du Camp

    Florence elle c’est totalement différent, voilà une jeune femme issu de l’aristocratie anglaise qui refuse obstinément tous les prétendants que sa famille tente de lui faire épouser, qui crie haut et fort son envie de devenir infirmière au grand dam de sa famille.

    « Elle avait connu une déception amoureuse, et se battait pour se libérer de sa famille, prête à renoncer à une vie confortable et très privilégiée pour accomplir une tâche qui lui tenait à coeur »

    Que faisait-on à l’époque des jeunes filles insoumises ? On les mettait sur un bateau en espérant qu’un long voyage leur ferait oublier amours impossibles et autres fariboles.

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    Florence Nightingale en Crimée

    C’est un moment où l’Europe est totalement fascinée par l’Egypte et par les voyages en général, et bien des générations de voyageurs ont vu la l’occasion de vivre la grande aventure. L’époque où les européens pouvaient allègrement piller les richesses du pays.

    Ce qui réunit les deux personnages c’est le voyage intérieur qu’ils font chacun à sa façon.

    Florence aime l’exotisme des bains turcs, ose se déguiser pour visiter les mosquées, mais est aussi attentive à la misère de la population bref on sent en elle tout ce qui fera sa détermination plus tard sur les champs de bataille de la guerre de Crimée : le culot, le courage et la détermination.

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    Flaubert c’est autre chose, son intérêt se porte parfois sur des lieux et des dames que la morale réprouve absolument plus que sur les temples et autres tombeaux. Le voyage l’aide à sortir d’une période dépressive et lui donnera la force d’entamer en rentrant à Paris SON grand roman.

    Ils feront tous les deux le récit de leur voyage, récits dont Anthony Sattin dit avec humour

    « mettons que Gustave Flaubert décrit mieux les bordels, et Florence Nightingale mieux les temples, mais elle écrit tout aussi bien. »

    Anthony Sattin connaissait parfaitement la vie de Florence Nightingale pour avoir éditer ses lettres en Angleterre et a profité d’une coïncidence de dates pour mettre en perspective ces deux voyageurs « engagés sur des chemins distincts mais comparables » et pour lesquels le voyage en Egypte fut déterminant.

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    Le livre : Un hiver sur le Nil - Anthony Sattin - Traduit par Florence Hertz - Editions Noir sur Blanc

     

  • Jean Henri Fabre - Aline Delage

    L’ Homère des insectes

     

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    Ma première lecture de Jean Henri Fabre remonte à mes 7 ans, c’était un petit livre extrait des Souvenirs entomologiques et c’est comme ça que j’ai passé l’été à chercher et à observer les insectes dont parlait l’auteur.

    C’était en Provence dans le Vaucluse et les mots de Fabre s'accordaient parfaitement avec le jardin où je lisais. 

    En 1989  j’ai acheté les Souvenirs entomologiques chez Bouquins et depuis je les ai parcouru, lu, j’ai relu les meilleurs passages, j’ai encore quelques pages à découvrir car j’ai lu autour de chaque insecte et il faut du temps si l’on ne veut pas friser l’overdose. 

     

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    Forcément l’envie de lire une biographie est venue. Jean-Henri Fabre est un personnage extraordinaire. 

    Ce qui m’a le plus impressionné c’est la force de sa curiosité et l’acharnement qu’il a mis à apprendre tout au long de sa vie. 

    Depuis une enfance pauvre en Rouergue, en passant par l’Ecole Normale classé premier au concours d'entrée et obtenant ainsi une bourse indispensable à cet enfant de pauvres.

    Il va ainsi assouvir son envie d’apprendre, apprendre tout : le grec, le latin, la poésie, la littérature.

    Il est curieux aussi des sciences donc il suit des cours du soir en chimie !

    Devenu instituteur il va mettre ses dons pédagogiques au service des enfants. Mais sa curiosité et son envie de progresser sont insatiables, il étudie l’algèbre, le calcul infinitésimal. Pour lui la science est tout.

     

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    « C'est là ce que je désirais, hoc erat in votis : un coin de terre, oh ! pas bien grand, mais enclos et soustrait aux inconvénients de la voie publique ; un coin de terre abandonné, stérile, brûlé par le soleil, favorable aux chardons et aux hyménoptères »

     

    On suit la vie de Fabre au gré de ses nominations, Carpentras, la Corse, Avignon, Orange.

    Il supporte mal le snobisme scientifique dont il est la victime ( ah la rencontre ratée avec Pasteur )  alors il herborise et chasse les insectes et fait paraitre des études qui étonnent et qui vont faire que Darwin son lecteur assidu lui donnera un surnom resté célèbre : l’observateur inimitable 

    Car dit-il

    « la science des livres est une médiocre ressource dans les problèmes de la vie ; à la riche bibliothèque est préférable l’assidu colloque avec les faits. »

     

    Victor Duruy qui avait été son inspecteur est devenu ministre, il remet à Fabre la Légion d’Honneur mais sur le terrain il n’est toujours pas reconnu par ses pairs.

    C’est l’époque des ses livres pour le grand public : Le Ciel, La Chimie de l’Oncle Paul, l’Histoire de la Bûche ou le Livre des Champs.

     

    Son quotidien est parfois douloureux, perte d’un enfant, d’une femme, remariage parfois difficile. Il se lance dans l’utilisation industrielle de la Garance, expérience qui finira par péricliter.

     

    Ayant prospecté les environs il finit par trouver ce qui sera sa dernière demeure et son havre de paix et de travail : Sérignan du Comtat.  Proche du Ventoux qu’il aime et au milieu des garrigues qui seront son terrain de jeux. Il a atteint son but.

     

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    « s’accorder un laboratoire en plein champ ».

     

    C’est un pour lui l’occasion de vivre sa passion

    « Je sens toujours bouillonner au fond de moi toute la fièvre de mes jeunes ans, tous mes enthousiasmes d'autrefois. » 

     

    L’Harmas va voir l’aboutissement du travail du savant qui garde intacte une joie d’enfant quand il observe :

    « Mon sujet est l’épeire soyeuse à large ventre festonné et argenté. »

     

    Il s’intéresse à l’insecte rouleur de boule qui ressemble à Sisyphe roulant son rocher

    « Ce mythe me plait. C’est un peu l’histoire de beaucoup d’entre nous, non odieux scélérats, dignes d’éternels tourments, mais gens de bien, laborieux, utiles au prochain. »

     

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    « un chaos de plantes et d'arbustes créés de toutes pièces pour attirer ici une foule d'insectes de plusieurs lieues à la ronde »

      

    Sur les pas de Pétrarque il fait l’ascension du Ventoux avec ses amis dont le philosophe John Stuart-Mill avec qui il espère écrire une Flore du Vaucluse.

     

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    S' il ne fut jamais reconnu par ses pairs et ne fit jamais partie de l’Académie des Sciences, aujourd’hui c’est le monde entier qui le célèbre et en particulier le Japon.

    Au pays du soleil levant, Il existe quatre traductions de ses Souvenirs entomologiques, ses ouvrages scolaires sont disponibles dans les grandes surfaces et les enfants continuent d'apprendre la littérature et les sciences de la nature à travers ses écrits.

     

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    Ses 600 aquarelles de champignons font l’objet d’un livre magnifique et d’expositions, ses admirateurs sont prestigieux : Mallarmé, Maeterlinck, Jünger bien sûr. Le Président de la République Poincaré fait un détour par l’Harmas pour le saluer.

    Et c'est Victor Hugo qui lui donne son plus beau titre : Homère des insectes.

     

     

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    Aquarelle de Pleurotus phosphoreus

     

    Faites connaissance avec cet extraordinaire vulgarisateur, qui fut l’un des premiers à pressentir l'importance de ce que l'on appelle aujourd'hui l'écologie et qui fit graver sur sa tombe « Minime finis sed limen vitae excelsioris  la mort n'est pas une fin mais le seuil d'une vie plus haute. » 

     

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    « Ces insectes, du bousier à la cigale en passant par les fourmis et autres carabes, Fabre les identifie, les classe, les observe dans leurs activités quotidiennes, analyse leur comportement, imagine leur psychologie, ou les dissèque pour percer le mystère de leur physiologie. »
     

    Un magnifique écrivain qui a un style bien à lui, vivant, parfois émouvant, souvent lyrique, sa passion transpire tellement qu’on ne le lâche pas.

     

    Pour le rencontrer :

     

    L’Harmas de Sérignan du Comtat qui est devenu  Muséum National d’Histoire Naturelle

    Micropolis la cité bâtie en l’honneur de Fabre  

    Son oeuvre en ligne 

    Le site de Philippe Defranoux et son travail sur Jean Henri Fabre illustré d’une multitudes de photos 

     

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    Les livres

    Jean Henri Fabre - Souvenirs Entomologiques - Editions Bouquins 

    Jean Henri Fabre l’observateur incomparable - Aline Delage - Editions du Rouergue 2005

    Jean Henri Fabre - Marie Mauron - Editions Alain Barthélémy 1980

  • Titus n'aimait pas Bérénice - Nathalie Azoulai

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    Une amoureuse plantée là par son amant qui préfère sa femme légitime, avouez que l’on a fait plus original, oui je le concède mais dès que vous les appelez Titus et Bérénice tout change. 

     

    Inconsolable notre Bérénice trouve un peu d’apaisement et de consolation dans la lecture à voix haute des pièces de Racine et fait revivre pour nous un Jean Racine lui aussi très partagé entre religion et théâtre, entre la rigueur de Port-Royal et le faste de Versailles. 

    On découvre un Racine qui cherche ses mots, qui s’initie à la versification, qui découvre la souffrance amoureuse et qui saura nous l’offrir avec Bérénice.

     

    C’est un livre ambitieux et chatoyant, l’auteur nous dit que les mots d’aujourd’hui ne suffisent pas à apaiser la douleur et que son héroïne finit par la trouver très loin dans le temps. Son portrait de Racine est riche et il est fait avec brio même si sont gommés les travers du grand homme qui laissa à leur triste sort ses amis jansénistes pour s’approcher au plus près du Soleil royal et en retirer bien des avantages.

     

    J’ai aimé ce roman et ce rapprochement entre deux amoureux dévastés, la Bérénice actuelle et Racine qui perd à la fois sa maitresse et son actrice fétiche La Duparc.

    L’écriture est belle, le propos habile et délicat. 

     

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    Mais comme je ne suis jamais tout à fait rassasiée j’en ai profité pour relire un petit essai de Jean-Michel Delacomptée sur Racine, essai qui lui est nettement moins dithyrambique, voire même carrément sévère avec l’homme qui toute sa vie courut après les honneurs, ne rêvant que d’une chose : s’approcher du roi et en retirer un bénéfice. 

     

    Ces deux lectures se répondent, je préfère la voix de Nathalie Azoulai mais ça c’est sûrement mon côté fleur bleue 

     

    Si vous voulez en savoir plus sur Racine c’est ici 

     

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    Les livres 

    Titus n’aimait pas Bérénice - Nathalie Azoulai - Editions P.O.L  2015

    Racine en majesté - Jean-Michel Delacomptée - Editions Flammarion -  A trouver d’occasion 

  • Tolstoï le pas de l'ogre - Christiane Rancé

     Un ogre russe 

     

    « Tout est énorme chez lui, le nez, les oreilles, les mains, les pieds, et l'ivresse de lui-même. »

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                     Tolstoï, le dernier automne : Photos du film © Kinovista 

     

    Oui oui je sais je vous ai déjà proposé un excellent livre sur Tolstoï, mais le talent a de multiples facettes et le bonheur de lire aussi.

    Ici pas de vraie biographie mais de simples rappels sous formes de tableaux rapides des moments clés de la vie de Leon Tolstoï. 

    Ce qui importe à l’auteur de ce livre c’est de comprendre l’homme Tolstoï au delà de l’écrivain. Comprendre ses contradictions, ses outrances, ses éclairs de génie. 

    Tolstoï l’aristo, le boulimique de lecture, il faut dire qu’il eu à sa disposition une bibliothèque de plus de 10 000 volumes ! car comme le dit Christiane Rancé tout est énorme chez lui.

     

    A « 30 ans il a déjà fait la guerre en Crimée, écrit, voyagé et lu » il ne lui manquait qu’une épouse... On sait la suite.

     

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    Le bureau de Tolstoï – Sergueï Prokoudine-Gorsky © Bibliothèque du Congrès Whashington

     

    Mais vient après le mariage et les enfants, vient l’inexplicable, l’angoisse, la peur, le doute, les tourments existentiels. C’est dans cet aspect que Christiane Rancé donne le meilleur pour montrer l’homme engoncé dans ses contradictions, dépassé par les affres de l’angoisse, la peur du néant.

    Tolstoï n’était pas un esprit religieux et pourtant le paradoxe fut que « son esprit était dévoré par l'attente de Dieu. », il devient végétarien, il refuse tout luxe,  il connait les nuits de doute et son attente le conduira à fuir femme et enfants pour finir sa vie à Astapovo.

     

    Même si le parcours de l’homme est connu, le livre de Christiane Rancé se lit avec intérêt. Elle ne fait pas l’impasse sur les répercutions pour la famille Tolstoï qui souffrit beaucoup. Elle nous montre un homme qui :

     

    « se stérilisait, s'éteignait à lui-même, se reniait... Alors qu'il produit ensuite Résurrection, La Mort d'Ivan Ilitch, et ce dernier texte sublime, écrit presque à l'insu de son entourage, Hadji Mourat, une ode à la vie et à la liberté éblouissante, où absolument rien n'est renié. »

     

    Elle dit :  « Je voulais réconcilier ces deux Tolstoï qu'on disait incompatibles, et en dégager la clé d'une quête métaphysique »

     

    Un livre court, riche, écrit avec élégance pour amateur de littérature russe.

     

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    A la question

    « Quels sont pour vous les trois plus grands romans jamais écrits ? », William Faulkner répondit sans hésiter : « Anna Karénine ! Anna Karénine ! Anna Karénine ! » 

     

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    Le livre : Tolstoï le pas de l’ogre - Christiane Rancé - Editions du seuil et Points seuil