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Biographie Correspondance journaux - Page 14

  • Albert Camus ou les promesses de la vie - Daniel Rondeau

    Il y a longtemps que je veux faire une chronique sur Albert Camus. Pas pour son Nobel, pas parce qu’il est l’écrivain français contemporain le plus lu dans le monde, non tout simplement parce que j’aime sa prose, sa philosophie, son amour pour un pays, sa façon d’être fidèle à une enfance, sa reconnaissance pour ceux qui l’ont éveillé et lui ont donné la chance de découvrir ses dons. 

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    J’ai une jolie bibliothèque Camusienne même si finances obligent je n’ai pas l’oeuvre en pléiade.

    J’ai sauté sur le Quarto publié il y a quelques mois où l’on retrouve l’essentiel, avec la publication de ses carnets en folio c’est tout Camus qui vient à nous.

    Au fil du temps j’ai accumulé pas mal de livres sur Camus, c’est d’eux dont je veux vous parler. Ils sont nombreux aussi je vais faire deux billets.

    Tout d’abord passons rapidement sur les deux biographies officielles, sans doute les plus complètes, les mieux documentées mais, car il y a un mais, si je les ai lues avec intérêt aucune n’a trouvé place dans ma bibliothèque car elles manquent singulièrement de chair et de sang si vous me permettez l’expression. Ouvrages documentaires mais assez éloignés de ce que j’aime dans les biographies : sentir vivre l’homme.

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    A gauche la famille Camus, à droite le gardien de but 
    © Camus ou les promesses de la vie

    J’ai mis dans la même catégorie le livre de souvenirs de Jean Grenier, il fut son prof au lycée et plus tard son mentor lors des premiers pas de Camus en littérature mais ses souvenirs sont largement entachés de non-dits, comment expliquer par exemple que Jean Grenier encourage Camus à s’inscrire au PCF quand dans le même temps il met la dernière main à un livre à charge contre ce même parti ? son admiration est exprimée parfois du bout des lèvres, alors que Camus malgré l’attitude de Grenier avec lui ou pendant l’occupation, ne lui a jamais compté ses remerciements. Dommage 

     

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    La rue de Lyon à Alger en 1956 

    J’ai commencé par ce qui m’a le moins passionné, il est temps de passer aux livres qui constituent mon fond Camus auquel je reviens régulièrement.

    Un tout petit livre dans lequel on trouve les lettres que Camus écrivit à un de ses amis poète, René Leynaud, celui-ci fut fusillé par les allemands. Dans ce même opuscule un petit essai d’André Comte-Sponville sur le Mythe de Sisyphe et surtout un article de Patrick Renou qui dit joliment sa passion pour Camus.

    « Parfois dans une vie, il y a deux ou trois noms qui reviennent, deux ou trois êtres qu’on ne quitte pas. Je garde Albert Camus. Avec une poignée d’écrivains qui ne cessent de revenir dans ma vie. »

    il a de très belles phrases comme celle-ci :

    « Les livres viennent de la solitude, de la grandeur du silence, de la mesure des mots, et, dans un même tourbillon, de la vivante nudité des sentiments. Ouvrir un livre de Camus, c’est ressentir immédiatement le désir d’être un peu moins lâche, un peu moins sot »

    et pour terminer 

    « Je dois à Camus — et c’est si peu de l’écrire — ces premiers matins du monde dans la lueur de lire. »

    Un petit livre non pas indispensable mais précieux.

     

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    Si vous chercher un livre agrémenté de photos intéressantes le livre de Daniel Rondeau est fait pour vous, il ne faut pas y chercher une analyse de l’oeuvre ni même une biographie importante mais j’aime ce livre pour son ton.

    Son introduction m’a ramené des années en arrière, pendant ce qu’on appelait alors, non pas la Guerre d’Algérie mais « les événements » 

    « Un transistor posé dans la cuisine rapportait un écho continu des événements qui se déroulaient de l’autre côté de la Méditerranée »

    je me souviens des reportages radio de l’époque, je revois ma vieille marraine m’annonçant la mort du fils d’une amie à Alger, je revois mes parents suspendus à la télévision la nuit du putsch...

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    Famille Camus © Camus ou les promesses de la vie

    Et je partage son éblouissement à la première lecture de Camus :

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    Tipasa 

    « C’était le printemps, le soleil donnait, je vivais. Quand je fermais les yeux, je respirais l’odeur des absinthes dans les ruines de Tipasa, j’entendais la respiration de la mer, je nageais avec Rieux et Tarrou dans la tiédeur de l’eau, sous une caresse de lune et d’étoiles qui desservait l’étreinte de la peste. »

    Daniel Rondeau a composé un livre tout en admiration, j’ai aimé les photos de la Casbah de l’époque, de la famille Camus dans le quartier de Belcourt. 

    Beaucoup de documents intéressants dans ce livre et des photos magnifiques, un livre où l’on apprend rien de nouveau mais où l’on sent battre le pouls de Camus.

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    «  Il y avait chez lui, une noblesse, une ardeur serrée, une façon de voir l'éternité dans chaque instant, un mouvement naturel entre la prose et la parole qui l'ont fait grandir dans son cœur et durer dans celui des hommes. »

    Dans le prochain billet 3 autres livres  vous attendront ici 

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    Les livres :

    mes préférés

    Albert Camus De l’absurde à l’amour - André Comte-Sponville - Editions de l’aube   disponible en numérique
    Camus ou les promesses de la vie - Daniel Rondeau - Editions Menges  réédité en 2011

    les plus connus

    Albert Camus Une vie - Olivier Todd - Editions Gallimard Folio
    Albert Camus - Herbert Lottman - Editions du Seuil   à trouver d’occasion
    Albert Camus Souvenirs - Jean Grenier - Editions Gallimard

  • Dictionnaire amoureux de Stendhal

    Quand on aime on ne résiste pas au Dictionnaire amoureux d’un auteur. En plus écrit sous la houlette de Dominique Fernandez ça ne se refuse pas.

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    D Fernandez a lu Stendhal très jeune et depuis accumule notes et commentaires, autant dire que son dico s’est écrit presque tout seul.

    Parfois dans ce genre de livre on aime certains articles et on en saute allègrement certains moins attrayants, là je dois dire que j’ai lu tout de bout en bout ET dans l’ordre, un exploit pour moi qui aime bien aller à sauts et à gambades.....

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    Stendahl passa par Vilnius lors de la retraite de Russie 

    J’ai aimé le portrait de cet homme, rougeaud, court sur pattes, laid, un rien paralysé devant les femmes qui  nous a donné des portraits de jeunes hommes fringands, beaux, et faisant pâmer les femmes !  Jolie revanche.

    D Fernandez nous promène dans la vie et l’oeuvre avec bonheur, humour, éloquence, passion.

    On suit Henri à la suite de l’armée impériale, on est avec lui en Italie et en Russie, à l’opéra, dans les musées et les concerts, les salons et les bals.

     

    C’est un chant d’amour pour l’Italie qu’il partage avec son auteur fétiche et que D Fernandez sait nous transmettre.

    J’ai aimé qu’il me tente fortement avec la Vie d’Henry Brulard que je n’ai pas lu contrairement à Keisha, une « autobiographie extraordinaire de liberté et d’insolence » un livre sans vanité ni prétention nous dit Fernandez contrairement à Chateaubriand et Flaubert, ces deux là il ne les aime pas beaucoup.

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    J’ai aimé l’accent que Fernandez met sur le style de l’auteur, sur son admiration pour des peintres ou des auteurs peu reconnus à l’époque mais qu’il défend parce qu’il les apprécie.

     

    J’ai aimé l’explication qu’il donne devant la vie amoureuse catastrophique de son héros «  Il avait sans doute la passion des conquêtes, des débuts, beaucoup moins celle des relations inscrites dans la durée. Et il était trop libre pour envisager de se marier. Il ne vécut en ménage que quinze jours dans sa vie. »

    J’ai découvert la passion de Stendhal pour Shakespeare que j’ignorais.

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    Ses manuscrits 

     

    Bref à travers les articles de ce dictionnaire c’est un homme à l’intelligence étincellante, à l’humour parfois un peu lourd, à l’anticléricalisme notoire, à la liberté totale face aux conventions, à une indifférence totale aux modes de son temps que l’on découvre. 

     

    Un dictionnaire pour les amateurs de Stendhal et ceux qui veulent faire mieux connaissance

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    Le livre : Le Dictionnaire amoureux de Stendhal - Dominique Fernandez - Editions Plon

  • L'âme sensible - Jean Dutourd

    Stendhal mon ami

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    Jean Dutourd, est un auteur que je n’avais jamais lu, un homme qui appréciait la provocation. Aussi ai-je été stupéfaite à la lecture de ce livre.

    Tout d’abord il faut que je rende justice et dire que j’ai lu ce livre grâce à un article lu quelque part dans la blogosphère mais impossible de remercier l’auteur car je n’ai pas pu en retrouver l’origine. Agaçant.

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    Musée Stendhal à Grenoble

     

    J’aime Stendhal, pas tout Stendhal mais presque tout. J’ai lu ce livre comme un guide ami, comme un guide de lecture et de relecture. 

    Il faut vous dire que Jean Dutourd ne livre pas comme ça ses impressions et son goût pour Stendhal, non il a un intercesseur : Prosper Mérimée.

    L’ami d’Henri Beyle, le fidèle. 

    Dans un petit opuscule HB Mérimée parle de son ami, de ses passions, de ses goûts, de ses travers aussi, de sa vie.

     

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    © François Boudinot Statues de Paris

    Jean Dutourd ouvre chaque petit chapitre par un extrait de Mérimée et nous le commente, sérieusement, parfois avec agacement car il ne juge pas Mérimé parfait, mais le plus souvent avec jubilation.

    Certes dit-il « Il y a des répétitions et des négligences » mais ce petit livre « fait un grand honneur à deux hommes que j’aime ».

     

    Avec nos deux Cicerones on entre dans les salons de l’époque, dans les loges d’opéra, on suit Henri Beyle en Russie sur les champs de bataille, et puis bien sûr on rencontre Stendhal amoureux.

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    La Campagne de Russie

     

    On entrevoit des épisodes de la grande Histoire et parfois aussi de la petite, c’est l’occasion pour Dutourd de faire des parallèles avec sa propre vie.

    Sensible à la grandeur d’âme de Stendhal et comme lui détestant les sots il nous livre un jeu de miroirs très attrayant dans lequel j’ai beaucoup aimé me perdre.

    Rien d’une biographie ce livre est plutôt une friandise qui donne envie de retourner à Stendhal et Mérimée, et comme les bonbons, une fois qu’on a mis la main dans le paquet, on ne s’arrête plus.

     

    Courrez faire les bouquinistes pour trouver ce livre ou HB de Mérimée.

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    Le Livre : Jean Dutourd - L’âme sensible - Editions Gallimard 1959 

  • Flannery O'Connor Dieu et les gallinacés

    Voyage dans le vieux sud

     

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    © Ivre de livres

     

    Après la lecture de Ce sont les violents qui l’emportent j’avais envie de lire une biographie de l'auteur. 

    Cécilia Dutter retrace la vie de cette dame du sud dont les romans ne furent pas accueillis avec enthousiasme mais qui aujourd’hui est reconnue comme une grande romancière américaine.

    o'connor

    C’est une biographie très admirative que livre Cécilia Dutter, elle n’hésite pas au long du livre à faire le parallèle avec sa vie, ses propres émotions. Ce n’est pas gênant cela donne une teinte intimiste qui m’a plu. C’est son père qui lui offrit les nouvelles de Flannery O’Connor Les braves gens ne courent pas les rues, qu’elle considère comme un cadeau littéraire.

    o'connor

    Ce qui fait le centre de la vie de Flannery c’est l’écriture mais aussi hélas la maladie

    C’est une femme à nulle autre pareille, catholique en pays protestant, écrivain femme dans une région où les hommes font la loi, profondément croyante mais n’hésitant pas à rendre grotesques les dévots, défenseur des noirs au pays de la ségrégation. 

    Pas étonnant dans ces conditions que ses romans peinèrent à rencontrer leur public. 

    Comme beaucoup d’écrivains américains elle passa par les ateliers d’écriture mais très vite sut s’en démarquer pour dessiner le monde rural qui l’entourait, les personnages parfois burlesques parfois pathétiques qu’elle côtoyait. Quand elle découvre Faulkner elle se reconnait en lui et va lui emboiter le pas.

    o'connor

    Flannery O’Connor est une battante, il lui fallut lutter non seulement contre les préjugés mais aussi et surtout contre la maladie. A l’époque le lupus érythémateux était synonyme de mort, elle en reconnut les premiers signes à 26 ans et en mourut jeune à 39 ans.

    Elle aimait rire et se moquer, elle aimait la parodie. Il lui fallait supporter de vivre auprès de sa mère dont elle était physiquement dépendante dans la vie quotidienne.

     

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    Andalusia Farm à Milledgeville

    Elle sut transformer cet sorte d’enfermement à Milledgville, petite ville de Georgie, « infime point sur la carte »  en un lieu privilégié d’observation, grâce à un oeil perçant et un humour caustique.

    Ecrivain sans complaisance, ce que montrent ses nouvelles et ses romans, elle aimait la vie et le faisait savoir.

    Sa passion pour les paons est célèbre et exaspérait sa mère. Ils pullulent et saccagent le jardin mais elle admirait « l’inutile et indifférente beauté » des volatiles.

    o'connor

    l’inutile et indifférente beauté

    Le combat pour l’écriture est parfaitement rendu par Cécilia Dutter ainsi que la foi profonde de Flannery

    « Son œuvre est un pied-de-nez au prêt-à-penser consensuel. Elle nous bouscule, nous secoue, torpille nos préjugés et nos pauvres évidences pour nous révéler l’envers du décor »

    J’ai aimé découvrir le personnage et je poursuis la lecture de son oeuvre, un univers singulier et attachant.

     

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    Le livre : Flannery O’Connor Dieu et les gallinacés  Cécilia Dutter - Editions du Cerf

  • Montaigne la splendeur de la liberté - Jean-Christophe Bardyn

    J'aime qu’une lecture me dérange, m’interroge sur mes certitudes, remette en cause des idées trop figées. 

    Malgré la lecture de quatre biographies de mon auteur fétiche j’ai été incapable de résister à une nouvelle parution.

    Au gré des écrits sur Montaigne on l’imagine parcourant sa librairie, feuilletant, annotant, chevauchant de temps à autre mais revenant méditer dans sa tour.

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    La librairie virtuelle de Montaigne

    Que nenni nous dit Jean-Christophe Bardyn « Au fil des siècles, les repeints se sont accumulés au point de défigurer l’original. » et c’est bien un Montaigne rajeuni, à la verdeur manifeste qui apparait une fois gratté le vernis des siècles. 

    « Il faut rendre à Montaigne sa démesure, y compris dans la modération, ses passions violentes et ses colères sanguines, son goût à la fois puissant et raffiné, et pour finir, quand il le faut, son âme partisane »

    Voilà on est prévenu d’emblée et JC Bardyn a épluché moults documents mais a cherché aussi à lire entre les lignes quand sciemment  Montaigne nous y a laissé des indices.

    Le portrait s’enrichit de mille anecdotes, de croisement d’informations qui donnent sens à des détails parsemés ça et là dans les Essais.

    La question principale est celle de sa naissance après ...11 mois de grossesse, on sourit, sauf qu’à l’époque lorsqu’une femme déclarait accoucher après 11 mois c’était le plus souvent pour masquer une grossesse illégitime

    Alors Montaigne enfant illégitime ? Je dois dire que les arguments de JC Bardyn sont tout à fait convaincants quand on les met bout à bout, une mère absente des Essais, un frère en procès avec lui quant à la succession du père, une tentative de mise sous tutelle de l’héritage au profit de la mère.  

    Non content de nous surprendre JC Bardyn dépoussière aussi la légende, l’apprentissage du latin ne lui fut pas réservé mais il le suivit en compagnie de son frère Thomas, il fit vraisemblablement des études à Paris sous l'égide de Turnèbe penseur et pédagogue de l'époque.

    Le choix par son père de la magistrature pour ce fils ainé appuie la thèse de la bâtardise alors que tout naturellement à l’époque c’était le métier des armes qui était préféré pour l’héritier.

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    La princesse de Montpensier

    On découvre Montaigne et La Boétie compagnons d’infortune, l’un en raison d’une enfance perturbée l’autre par sa probable bâtardise, le sage n’étant pas celui qu’on croit.
    La Boétie étant l’élément modérateur d’un Montaigne très porté vers les femmes mariées ce qui à l’époque représentait le danger véritable de finir une épée en travers du corps.

    Montaigne n’a pas tout dit de sa vie, la période ne s’y prêtait pas, quand on élucubre pour savoir si Montaigne était stoïcien, sceptique, épicurien, en fait notre homme était avant tout hédoniste et libertin « Montaigne fut un très grand séducteur. » 

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    Diane d'Andouins future maitresse d'Henri de Navarre

    A travers ses Essais Montaigne a énuméré de façon plus ou moins explicite la liste de ses maitresses, Diane de Foix-Candale à qui il laissa peut être un héritier,  Madame de Duras, Diane d’Andouins et qui deviendra la maitresse d’Henri de Navarre !  Madame d’Estissac et  peut être aussi Marguerite de Valois. Montaigne a cultivé les relations et pas seulement intellectuelles.

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    Marguerite de valois par Clouet

    J’ai aimé le portrait de Montaigne en maire de Bordeaux cherchant avant tout à temporiser entre les différentes factions, à négocier chaque fois que c’est possible, à mettre les magistrats devant leur responsabilité quant à la misère qui sévit dans leur ville.

    Cet homme  n’est pas banal, un jour il reçoit le roi dans son château, un autre jour il fait connaissance avec les cellules de la Bastille dont il sort grâce à Catherine de Médicis. Il est même un jour obligé de fuir en roulotte avec sa maisonnée pendant plusieurs semaines !!

    « L’époque des guerres civiles a façonné sa pensée et son style au point qu’ils entreront toujours en résonance avec les périodes troublées, inventives et inquiètes.» 

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    Ecrivit-il un pamphlet sur elle ? 

    Peut être y eut-il un Montaigne pamphlétaire, le Discours merveilleux, libelle contre Catherine de Médicis qui courait dans les salons et châteaux de l’époque est peut être de sa main. 

    Je le dit tout net j’ai aimé cette biographie, elle s’appuie sur quantité de documents et surtout sur le croisements de bons nombres d’écrits que l’auteur fait parler en les confrontant. C’est un livre passionné et qui va sans doute remuer le Landerneau universitaire.

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    Voilà un auteur qui par la magie de sa biographie pleine de gourmandise m’est rendu encore plus proche.

    Si vous êtes curieux de cette époque, si vous aimez que vos convictions soient un peu ébranlées alors lisez ce livre 

    Laissons le mot de la fin au biographe :

    « Montaigne a toujours fait, autant qu’il le pouvait, ce qu’il voulait, sans se préoccuper à l’excès des jugements moraux, sociaux ou religieux. L’absence de repentir qu’il revendique hautement signifie qu’il assume tous les aspects de sa vie, parce qu’il les a tous voulus, pour autant que cela dépendait de lui » 

     

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    Le livre : Montaigne La splendeur de la liberté - Jean-Christophe Bardyn - Editions Flammarions Les grandes biographies

    Les biographies lues :  Jean Lacouture, Madeleine Lazard, Donald Frame Hugo Friedrich et Jean-Michel Delacomptée.

     

  • Le monde de Balzac

    Lorsque l’on veut connaitre mieux un romancier, la voie naturelle après la lecture des romans, c’est la biographie.

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    Balzac et les personnages de la Comédie humaine

    J’ai deux biographies de Balzac dans ma bibliothèque, en fait même trois. La plus ancienne est celle d’André Maurois, sincèrement elle m’ennuie, pas de rythme, pas vraiment d’analyse des oeuvres, bien entendu c’est bien écrit mais vraiment très daté hélas.

    Le seconde de François Taillandier est un peu courte à vrai dire car si le chapitre d’ouverture est très séduisant ainsi que l’épilogue, la bio elle même est un peu fade et surtout ne procure aucune envie forte de lire Balzac c’est mon principal reproche.
     

    Et puis il y a Stefan Zweig avec Trois maîtres, comme d’habitude c’est du bonheur de lecture, et surtout, il est celui qui donne envie de se précipiter sur les romans. 

    Enfin il y a les essais d’Alain sur Balzac et ce fut une jolie découverte, à la fois passeur et analyste de l’oeuvre, avec eux je me suis régalée.

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    Voilà ce que j’ai retenu et qui m’a donné envie de plonger tête première dans la Comédie humaine

    Tout d'abord suivons Zweig.

    « Balzac fut le premier romancier professionnel; Zweig dit qu’il trouve là son plein équilibre, il devient « l’historien de son temps »

    Après plus de dix ans d’insuccès il publie le Colonel Chabert et Eugénie Grandet.  Il a découvert la loi qui dorénavant dominera son œuvre 

    « représenter la réalité, mais en y introduisant un dynamisme plus vigoureux, parce qu’il est limité à un petit nombre d’individus. »

    En ces années-là Balzac a découvert son grand secret :
    tout est sujet ; la réalité est une mine inépuisable quand on s’entend à la fouiller. Il n’est besoin que d’observer comme il faut et chaque homme devient un acteur de La Comédie humaine.

    On ne peut imaginer ce que cet homme qui, en dix semaines, fut capable de faire sortir pour ainsi dire du néant La Cousine Bette et Le Cousin Pons aurait pu créer encore.

    A propos de celui qui introduisit l’argent dans le roman Zweig nous dit

    « Il est à côté des prodigues, pour compter leurs dépenses ; à côté des usuriers, pour compter le taux de leurs intérêts ; à côté des marchands, pour calculer leurs bénéfices ; à côté des dandys, pour compter leurs dettes et à côté des politiciens, pour compter leurs pots-de-vin. »

    Balzac ne doit pas être jugé d’après un de ses livres pris en particulier, mais d’après l’ensemble

    « il doit être considéré comme un paysage avec sa montagne et sa vallée, son horizon illimité, ses crevasses traîtresses et ses torrents rapides. »

    L’œuvre de Balzac est immense. Dans ses quatre-vingts volumes vit toute une époque, tout un univers, toute une génération. Jamais avant lui n’avait été méthodiquement tentée une entreprise aussi grandiose ; jamais l’audace d’une volonté surhumaine ne fut mieux récompensée.

    A sa mort Victor Hugo prononça l’éloge funèbre

    « Messieurs, le nom de Balzac se mêlera à la trace lumineuse que notre époque laissera dans l’avenir… »

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    Château de Saché

     

    Passons aux essais maintenant que je n'avais jamais lu et qui m'ont énormément plu.

    Alain démarre son livre par un brin d’histoire personnelle pour saluer son père qui l’a mené vers la lecture

    « Mon père avait des dettes et des soucis : il ne voulait pas y penser ; c’est la raison peut-être pour laquelle il fut un enragé liseur. »

    Mais attention pour se lancer dans la Comédie humaine il faut être lecteur

    « Connaissez-vous le bruit d’une feuille que l’on tourne ? Si vous n’y entendez pas le destin et l’irrévocable, c’est que vous n’êtes pas lecteur ou disons liseur. »

    Comme son père avec lui il partage avec nous ses lectures des romans de Balzac, les uns après les autres

    « me voilà jeté dans un de mes livres préférés »

    Il nous fait part de ses choix, de ses préférences  : le Curé de Tours, un médecin de campagne des romans fort mal accueillis par la critique 

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    Le Lys dans la vallée dont Balzac dit

    « Je prépare une grande et belle œuvre, intitulée Le Lys dans la vallée, une figure de femme charmante, pleine de cœur, ayant un mari maussade, et vertueuse »

    « Les illusions perdues  cette somme balzacienne rassemble les thématiques essentielles et met exemplairement en place le mythe d’une jeunesse et d’une époque symbolisées par les tribulations, espérances et désillusions du héros, Lucien de Rubempré. »

    L'on passe d’un récit assez sobre à une énorme fresque aux 273 personnages 

    C'est le moment où Balzac songe à rassembler et relier tous ses personnages pour en former une société complète.

    Il y a de la part d'Alain des mises en garde, des éclaircissements, des coups de colère pour des romans trop peu lus, ses personnages préférés comme Beatrix. ou le roman qu'il préfère peut-être : un Curé de village.
    Alain lit et relit avidement la Comédie humaine.

    C’est un livre que je vous recommande, il vous donnera envie d’élargir vos lectures aux titres moins connus ou de relire ceux qui vous importent mais dont vous avez oublié les détails.

     

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    Les livres 

    Trois maîtres - Stefan Zweig - Traduit par - Editions Belfond ou Le livre de poche
    Balzac - Alain - Editions Gallimard Tel 1999