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Albert Camus Fils d'Alger - Alain Vircondelet

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A Lourmarin

C’est parti pour une seconde chronique camusienne avec les livres qui m’ont le plus apporté, soit par la proximité de l’auteur avec Camus, soit par la richesse du propos.

J’ai dit dans le premier billet que les biographies les plus connues ne m’avaient pas enthousiasmées, celle d’Alain Vircondelet m’a plu à un détail près.

Mettons d’abord à plat ce qui m’a gêné, A Vircondelet est manifestement croyant et tente à plusieurs reprises de ramener Camus dans le giron de l’Eglise, de façon sans doute sincère mais affirmer que Camus est en quelque sorte un chrétien qui s’ignore c’est un peu trop pour moi, c’est peut être le fantasme d’Alain Vircondelet mais cela est réfuté par toutes les positions de Camus tout au long de sa vie, de ses écrits.

Bon maintenant passons au positif, Alain Vircondelet saisit de très belle façon la proximité qu’il a avec l’écrivain.

Comme Camus il eu une enfance à Alger, il fréquentait  les mêmes plages, les mêmes rues, le même soleil. Le style qui emploie est d’ailleurs proche volontairement je pense de celui de Camus et c’est assez réussi 

Il y a de beaux portraits, on comprend l’amour que Camus portait à cette terre, l’enfance et l’adolescence sont parfaitement détaillées avec un ton très chaleureux que j’ai aimé.
Il y a de très belles pages sur l’Algérie, sur la douleur de l’exil, son livre est centré sur cet aspect et pour cela je l’apprécie.

 

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Tipasa

Emmanuel Roblès fut son ami de toujours, celui des bons et des mauvais jours. 
Camus le premier permis à Roblès de voir ses livres édités, il fut à ses côtés lors de la disparition d’un de ses enfants, ils partageaient l’amour de l’Algérie.

Emmanuel Roblès trace un beau portrait, l’aventure du théâtre à Alger, sa collaboration au journal l’Alger républicain dont les chroniques vaudront à Camus d'être un des premiers expulsés d’Algérie. un séjour commun en Kabylie.

Roblès met l’accent sur les gestes de générosité de Camus même avec ses ennemis de papier, André Breton par exemple qui après l’avoir cloué au pilori pour un Homme révolté, vint quémander de l’aide lors d’un procès en correctionnelle, ou la phrase assassine de Jules Roy qui ne pardonnait pas son refus d’ engagement pour l’Algérie française et qui dit lors de la mort de Camus « la mort lui a finalement rendu un grand service » ! on ne peut être plus élégant ! 

Un petit livre qui sans être indispensable fait un beau portrait de l’écrivain et traduit bien sa fidélité en amitié.

 

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Dans son livre Jean Daniel ne tente jamais de se faire passer pour un proche de Camus mais il est celui qui le respecte comme une sorte de père spirituel jusqu’à la fracture de la guerre d’Algérie et du refus de Camus de soutenir le FLN. 

C’est le Camus journaliste qui est mis en avant ici :

« Il est vrai qu’il a désavoué la détention d’un injuste pouvoir, la tentation de distribuer le blâme et l’éloge, la difficile résistance au culte de la mode et de l’air du temps. La compétition entre les rivaux, le dénigrement transformé en système et les courtisans de tous les pouvoirs. Pourquoi ? Simplement parce que c’est aussi cela, le journalisme. »

Il a aimé le Camus qui toujours fut

« dans le camps des humiliés, des oubliés de l’Histoire »

Une belle place est faite au journaliste de Combat. C’est pour moi un livre bien équilibré, honnête, sincère et juste, qui ne masque rien des désaccords mais qui est toujours empreint de respect et d’admiration. Un très beau livre.

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Camus journaliste

Enfin pour terminer le livre de Michel Onfray.

Oui oui je sais Onfray est parfois dans l’outrance, dans l’impatience, dans l’imprécation. Oui MAIS

C’est de loin le livre qui m’a le plus aidé à comprendre Camus, sa philosophie d’abord et là Onfray est excellent, même si il fait pas mal de digressions, c’est clair et riche à la fois.

On lui a reproché de faire une place trop grande au débat avec Sartre, peut-être, mais j’ai aimé que lorsqu’on aime un auteur, un philosophe, on n’hésite pas à le défendre et ses défenseurs étaient à l'époque assez peu nombreux.

Si Camus à souffert ce n’est pas d’avoir eu trop d’amis et de soutiens ! Les années noires de 1956 à sa mort, Michel Onfray s’attache à remettre en perspective le combat de Camus, sa haine du terrorisme, son refus de toute peine de mort. Il note à quel point la calomnie prit la place du débat dans ces années là. 

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Lettre que Camus adressa à Louis Germain son instituteur au moment du Nobel

19 novembre 1957

Cher Monsieur Germain,

J'ai laissé s'éteindre un peu le bruit qui m'a entouré tous ces jours-ci avant de venir vous parler un peu de tout mon cœur. On vient de me faire un bien trop grand honneur, que je n'ai ni recherché ni sollicité. Mais quand j'ai appris la nouvelle, ma première pensée, après ma mère, a été pour vous. Sans vous, sans cette main affectueuse que vous avez tendue au petit enfant pauvre que j'étais, sans votre enseignement, et votre exemple, rien de tout cela ne serait arrivé. Je ne me fais pas un monde de cette sorte d'honneur mais celui-là est du moins une occasion pour vous dire ce que vous avez été, et êtes toujours pour moi, et pour vous assurer que vos efforts, votre travail et le cœur généreux que vous y mettiez sont toujours vivants chez un de vos petits écoliers qui, malgré l'âge, n'a pas cessé d'être votre reconnaissant élève.

Je vous embrasse, de toutes mes forces.

Albert Camus

 

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Sans doute parce que, de mon côté, j’ai eu un père qui était très mesuré sur ce qu’il fallait faire en Algérie, je me retrouve totalement dans la position de Camus et dans l’analyse qu’en fait Michel Onfray.

J’ai apprécié les chapitres consacrés à chaque livre de Camus, son rôle de journaliste que j’avais déjà découvert avec Jean Daniel. 

Bref un livre peut être un peu tonitruant mais qui sert Albert Camus, un livre auquel je reviens quand j’ai besoin d’éclaircissement sur la pensée et les positions de Camus. 

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Les livres
Albert Camus Fils d’Alger - Alain Vircondelet - Editions Fayard ou Hachette pluriel 
Frère de soleil - Emmanuel Roblès - Editions du seuil - d’occasion ou en numériqueAvec Camus - Jean Daniel - Editions Gallimard
L’ordre libertaire - Michel Onfray - Editions Flammarion ou J’ai lu

Commentaires

  • Bravo pour ce tour d'horizon si complet, on a l'impression qu'il nous suffira de choisir parmi ces titres au gré de ce que l'on voudra "re" découvrir de cet écrivain si important (en tout cas pour moi)

  • C'était bien mon intention, parfois j'aimerai bien que quelqu'un m'aide un peu à choisir dans une masse de livre sur un sujet ou sur un auteur

  • Tu nous fais entrer dans ta bibliothèque section Camus, là! Bon, tu conseilles quoi, ses oeuvres ou les biographies?

  • Ses oeuvres évidement mais parfois il est très intéressant de voir quand et pourquoi une oeuvre a été crée pour moi la vie et l'oeuvre ne font qu'un, une sorte de généalogie littéraire

  • Ta bibliothèque est bien fournie ! Très touchante, cette lettre de reconnaissance et de fidélité.

  • Cette lettre est magnifique de simplicité, je crois que tout Camus est là

  • Merci pour ces présentations nuancées. Moi je n'ai lu que le livre d'Onfray que j'avais énormément apprécié.
    Une lettre émouvante...

  • le livre d'Onfray est tout à fait passionnant même avec ses défauts car il dresse un beau portrait de l'écrivain et de l'homme

  • Merci pour toutes ces idées de lecture autour de Camus, teintées de ton propre regard et de ton émotion.

  • J'ai aimé construire ces deux billets qui m'ont obligé à m'interroger sur mes lectures de Camus

  • les livres de ce billet sont vraiment excellents il n'y a plus qu'à choisir
    Cette lettre que je connais depuis longtemps m'a toujours semblé magnifique et d'une belle humilité

  • Voilci une bibliographie bien étoffée! je ne saurais par où commencer. Peut être par Jean Daniel que j'ai lu régulièrement dans la presse

  • le livre de Jean Daniel est excellent, il y fait preuve d'une belle sincérité jusque dans ses erreurs mais l'admiration l'emporte

  • Oh quelle magnifique lettre, c'est si beau l'humilité et la gratitude. Tous ces livres sont teintés du ressenti de leur auteur, à chacun de se faire son idée, bien-sûr. Je serai tentée en première lecture par Michel Onfray, j'aime ses questionnements, j'aime ses indignations... Merci Dominique, douce journée. brigitte

  • Son livre est une belle façon d'avoir un portrait de l'homme et de l'écrivain même si de temps à autre M Onfray s'emporte un peu, ça fait partie de son charme :-)

  • Une lettre émouvante que tout enseignant aimerait recevoir! et qui en dit long sur l'homme . J'ai enseigné Camus au Maroc dans une classe de terminale avec des élèves marocains. Les choix de Camus par rapport à la colonisation furent très discutés.

  • sa position était intermédiaire, ni ceci ni cela et c'est beaucoup plus difficile à tenir que les positions extrêmes mais aujourd'hui avec le recul peut on lui donner tord ?

  • J'ai lu Camus, j'aime beaucoup ! Mais pas de biographie, j'ai là l'embarras du choix! Merci Dominique !

  • pioche allègrement

  • Des livres qui me sont chers

  • Merci pour ces belles photos de Tipasa. Enfant, j'ai joué dans ces ruines. C'est un endroit magnifique.

  • ce doit être un beau souvenir

  • J'ai lu je ne sais combien de fois la lettre de Camus à Monsieur Germain. Et à chaque fois, j'en ai les larmes aux yeux.

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