J’avais un énorme avantage en commencement ce livre, celui de n’avoir que de vagues souvenirs de mes cours de français sur Pascal et donc de démarrer ma lecture avec peu de connaissances, mais du même coup, peu de préjugés.
Une biographie teintée d’une grande admiration pour le scientifique, pour le penseur, pour le polémiste.
J’ai été surprise de découvrir dans Etienne Pascal, le père, un homme soucieux de ses enfants, totalement certain des dons de son fils et de sa fille. Assez voisin du père de Montaigne donnant une éducation sans obligations, sans pleurs et sans châtiments.
Mais curieusement une éducation dont les livres sont presque absents, basée sur les expériences scientifiques et l’apprentissage des langues (grec, latin, hébreu)
Blaise Pascal montre très vite des dons en mathématique, après la mort de sa mère la famille issue de la petite noblesse auvergnate va quitter Clermont-Ferrand pour Paris.
Surprise aussi de voir, cet enfant de 12 ans à peine, invité à dialoguer avec les savants de son temps et en l’espace de quelques années allonger la liste de ses découvertes de façon impressionnante.
La machine à calculer de Pascal : Musée des Arts et Métiers
Pascal le savant va successivement travailler sur les coniques , la machine à calculer, fait faire ses premiers pas à la physique expérimentale en montrant l’existence du vide et de la pression atmosphérique, modéliser le calcul des probabilités et la théorie du calcul intégral.
Là j’avoue que quelques pages m’ont semblé un peu ....complexes mais j’ai fait confiance à l’auteur.
là j'ai calé un peu
Tout au long de sa vie y compris quant il est réellement très malade, il poursuit une correspondance avec Pierre Fermat sur ses recherches en mathématique et en passant comme pour s'amuser, crée le premier service de transport en commun parisien. Diable d’homme !
Et bien sûr vous n’avez là que le petit côté du génie.
L’autre facette c’est le penseur, le philosophe, l’écrivain dont la langue est toute de simplicité, de clarté, de métaphores superbes, d’humour, l’incarnation du goût de Pascal pour la raison, le coeur de la langue française dit Jacques Attali.
On voit avec tristesse cet homme extraordinaire devenir prisonnier de sentiments un peu trop violents pour sa soeur Jacqueline, jeune femme qui mériterait une biographie pour elle seule. Pascal tellement attaché à sa soeur qu’il va jusqu’à lui interdire d’entrer au couvent et pour cela tentant de la priver de sa part d’héritage à la mort du père.
Il se tourne totalement vers la religion.
Les jansénistes lui ouvriront les bras et cela nous vaudra Les Provinciales, un texte qui n’a rien perdu de sa virulence, une réflexion aujourd’hui encore pertinente sur la liberté et d’une vraie modernité nous dit Attali. C’est le temps de Port Royal, le temps de la clandestinité.
Port Royal au temps de Pascal
Pascal accumule les notes prises ici et là sur n’importe quel bout de papier, ficelées ensemble sans réel ordre, elles deviendront Les Pensées publiées après sa mort.
Si je n’éprouve pas pour Pascal la sympathie que j’ai pour Montaigne, son goût pour l'ascétisme me le rend un peu lointain, cette biographie m’a donné envie de le lire au delà de ce que j’en connais qui est bien maigre.
Le beau portrait d’un homme énigmatique, violent dans ses réquisitoires, passionné par la réflexion intellectuelle, ambitieux et conscient de sa valeur, grand croyant et penseur politique.
Quelques passages des Provinciales valent d’être relus aujourd’hui, bref un génie.
Jacques Attali est parfait en biographe, ni trop, ni trop peu, le portrait se dessine peu à peu, il dévoile les côtés peu sympathiques comme l’amour teinté de jalousie que Pascal voue à sa soeur, son envie un peu trop violent de notoriété et son goût un peu trop prononcé pour le silice et la pénitence.
Une belle biographie.
Le livre - Blaise Pascal ou le génie français - Jacques Attali - Le livre de poche