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Biographie Correspondance journaux - Page 15

  • Jean Henri Fabre - Aline Delage

    L’ Homère des insectes

     

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    Ma première lecture de Jean Henri Fabre remonte à mes 7 ans, c’était un petit livre extrait des Souvenirs entomologiques et c’est comme ça que j’ai passé l’été à chercher et à observer les insectes dont parlait l’auteur.

    C’était en Provence dans le Vaucluse et les mots de Fabre s'accordaient parfaitement avec le jardin où je lisais. 

    En 1989  j’ai acheté les Souvenirs entomologiques chez Bouquins et depuis je les ai parcouru, lu, j’ai relu les meilleurs passages, j’ai encore quelques pages à découvrir car j’ai lu autour de chaque insecte et il faut du temps si l’on ne veut pas friser l’overdose. 

     

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    Forcément l’envie de lire une biographie est venue. Jean-Henri Fabre est un personnage extraordinaire. 

    Ce qui m’a le plus impressionné c’est la force de sa curiosité et l’acharnement qu’il a mis à apprendre tout au long de sa vie. 

    Depuis une enfance pauvre en Rouergue, en passant par l’Ecole Normale classé premier au concours d'entrée et obtenant ainsi une bourse indispensable à cet enfant de pauvres.

    Il va ainsi assouvir son envie d’apprendre, apprendre tout : le grec, le latin, la poésie, la littérature.

    Il est curieux aussi des sciences donc il suit des cours du soir en chimie !

    Devenu instituteur il va mettre ses dons pédagogiques au service des enfants. Mais sa curiosité et son envie de progresser sont insatiables, il étudie l’algèbre, le calcul infinitésimal. Pour lui la science est tout.

     

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    « C'est là ce que je désirais, hoc erat in votis : un coin de terre, oh ! pas bien grand, mais enclos et soustrait aux inconvénients de la voie publique ; un coin de terre abandonné, stérile, brûlé par le soleil, favorable aux chardons et aux hyménoptères »

     

    On suit la vie de Fabre au gré de ses nominations, Carpentras, la Corse, Avignon, Orange.

    Il supporte mal le snobisme scientifique dont il est la victime ( ah la rencontre ratée avec Pasteur )  alors il herborise et chasse les insectes et fait paraitre des études qui étonnent et qui vont faire que Darwin son lecteur assidu lui donnera un surnom resté célèbre : l’observateur inimitable 

    Car dit-il

    « la science des livres est une médiocre ressource dans les problèmes de la vie ; à la riche bibliothèque est préférable l’assidu colloque avec les faits. »

     

    Victor Duruy qui avait été son inspecteur est devenu ministre, il remet à Fabre la Légion d’Honneur mais sur le terrain il n’est toujours pas reconnu par ses pairs.

    C’est l’époque des ses livres pour le grand public : Le Ciel, La Chimie de l’Oncle Paul, l’Histoire de la Bûche ou le Livre des Champs.

     

    Son quotidien est parfois douloureux, perte d’un enfant, d’une femme, remariage parfois difficile. Il se lance dans l’utilisation industrielle de la Garance, expérience qui finira par péricliter.

     

    Ayant prospecté les environs il finit par trouver ce qui sera sa dernière demeure et son havre de paix et de travail : Sérignan du Comtat.  Proche du Ventoux qu’il aime et au milieu des garrigues qui seront son terrain de jeux. Il a atteint son but.

     

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    « s’accorder un laboratoire en plein champ ».

     

    C’est un pour lui l’occasion de vivre sa passion

    « Je sens toujours bouillonner au fond de moi toute la fièvre de mes jeunes ans, tous mes enthousiasmes d'autrefois. » 

     

    L’Harmas va voir l’aboutissement du travail du savant qui garde intacte une joie d’enfant quand il observe :

    « Mon sujet est l’épeire soyeuse à large ventre festonné et argenté. »

     

    Il s’intéresse à l’insecte rouleur de boule qui ressemble à Sisyphe roulant son rocher

    « Ce mythe me plait. C’est un peu l’histoire de beaucoup d’entre nous, non odieux scélérats, dignes d’éternels tourments, mais gens de bien, laborieux, utiles au prochain. »

     

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    « un chaos de plantes et d'arbustes créés de toutes pièces pour attirer ici une foule d'insectes de plusieurs lieues à la ronde »

      

    Sur les pas de Pétrarque il fait l’ascension du Ventoux avec ses amis dont le philosophe John Stuart-Mill avec qui il espère écrire une Flore du Vaucluse.

     

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    S' il ne fut jamais reconnu par ses pairs et ne fit jamais partie de l’Académie des Sciences, aujourd’hui c’est le monde entier qui le célèbre et en particulier le Japon.

    Au pays du soleil levant, Il existe quatre traductions de ses Souvenirs entomologiques, ses ouvrages scolaires sont disponibles dans les grandes surfaces et les enfants continuent d'apprendre la littérature et les sciences de la nature à travers ses écrits.

     

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    Ses 600 aquarelles de champignons font l’objet d’un livre magnifique et d’expositions, ses admirateurs sont prestigieux : Mallarmé, Maeterlinck, Jünger bien sûr. Le Président de la République Poincaré fait un détour par l’Harmas pour le saluer.

    Et c'est Victor Hugo qui lui donne son plus beau titre : Homère des insectes.

     

     

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    Aquarelle de Pleurotus phosphoreus

     

    Faites connaissance avec cet extraordinaire vulgarisateur, qui fut l’un des premiers à pressentir l'importance de ce que l'on appelle aujourd'hui l'écologie et qui fit graver sur sa tombe « Minime finis sed limen vitae excelsioris  la mort n'est pas une fin mais le seuil d'une vie plus haute. » 

     

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    « Ces insectes, du bousier à la cigale en passant par les fourmis et autres carabes, Fabre les identifie, les classe, les observe dans leurs activités quotidiennes, analyse leur comportement, imagine leur psychologie, ou les dissèque pour percer le mystère de leur physiologie. »
     

    Un magnifique écrivain qui a un style bien à lui, vivant, parfois émouvant, souvent lyrique, sa passion transpire tellement qu’on ne le lâche pas.

     

    Pour le rencontrer :

     

    L’Harmas de Sérignan du Comtat qui est devenu  Muséum National d’Histoire Naturelle

    Micropolis la cité bâtie en l’honneur de Fabre  

    Son oeuvre en ligne 

    Le site de Philippe Defranoux et son travail sur Jean Henri Fabre illustré d’une multitudes de photos 

     

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    Les livres

    Jean Henri Fabre - Souvenirs Entomologiques - Editions Bouquins 

    Jean Henri Fabre l’observateur incomparable - Aline Delage - Editions du Rouergue 2005

    Jean Henri Fabre - Marie Mauron - Editions Alain Barthélémy 1980

  • Titus n'aimait pas Bérénice - Nathalie Azoulai

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    Une amoureuse plantée là par son amant qui préfère sa femme légitime, avouez que l’on a fait plus original, oui je le concède mais dès que vous les appelez Titus et Bérénice tout change. 

     

    Inconsolable notre Bérénice trouve un peu d’apaisement et de consolation dans la lecture à voix haute des pièces de Racine et fait revivre pour nous un Jean Racine lui aussi très partagé entre religion et théâtre, entre la rigueur de Port-Royal et le faste de Versailles. 

    On découvre un Racine qui cherche ses mots, qui s’initie à la versification, qui découvre la souffrance amoureuse et qui saura nous l’offrir avec Bérénice.

     

    C’est un livre ambitieux et chatoyant, l’auteur nous dit que les mots d’aujourd’hui ne suffisent pas à apaiser la douleur et que son héroïne finit par la trouver très loin dans le temps. Son portrait de Racine est riche et il est fait avec brio même si sont gommés les travers du grand homme qui laissa à leur triste sort ses amis jansénistes pour s’approcher au plus près du Soleil royal et en retirer bien des avantages.

     

    J’ai aimé ce roman et ce rapprochement entre deux amoureux dévastés, la Bérénice actuelle et Racine qui perd à la fois sa maitresse et son actrice fétiche La Duparc.

    L’écriture est belle, le propos habile et délicat. 

     

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    Mais comme je ne suis jamais tout à fait rassasiée j’en ai profité pour relire un petit essai de Jean-Michel Delacomptée sur Racine, essai qui lui est nettement moins dithyrambique, voire même carrément sévère avec l’homme qui toute sa vie courut après les honneurs, ne rêvant que d’une chose : s’approcher du roi et en retirer un bénéfice. 

     

    Ces deux lectures se répondent, je préfère la voix de Nathalie Azoulai mais ça c’est sûrement mon côté fleur bleue 

     

    Si vous voulez en savoir plus sur Racine c’est ici 

     

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    Les livres 

    Titus n’aimait pas Bérénice - Nathalie Azoulai - Editions P.O.L  2015

    Racine en majesté - Jean-Michel Delacomptée - Editions Flammarion -  A trouver d’occasion 

  • Tolstoï le pas de l'ogre - Christiane Rancé

     Un ogre russe 

     

    « Tout est énorme chez lui, le nez, les oreilles, les mains, les pieds, et l'ivresse de lui-même. »

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                     Tolstoï, le dernier automne : Photos du film © Kinovista 

     

    Oui oui je sais je vous ai déjà proposé un excellent livre sur Tolstoï, mais le talent a de multiples facettes et le bonheur de lire aussi.

    Ici pas de vraie biographie mais de simples rappels sous formes de tableaux rapides des moments clés de la vie de Leon Tolstoï. 

    Ce qui importe à l’auteur de ce livre c’est de comprendre l’homme Tolstoï au delà de l’écrivain. Comprendre ses contradictions, ses outrances, ses éclairs de génie. 

    Tolstoï l’aristo, le boulimique de lecture, il faut dire qu’il eu à sa disposition une bibliothèque de plus de 10 000 volumes ! car comme le dit Christiane Rancé tout est énorme chez lui.

     

    A « 30 ans il a déjà fait la guerre en Crimée, écrit, voyagé et lu » il ne lui manquait qu’une épouse... On sait la suite.

     

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    Le bureau de Tolstoï – Sergueï Prokoudine-Gorsky © Bibliothèque du Congrès Whashington

     

    Mais vient après le mariage et les enfants, vient l’inexplicable, l’angoisse, la peur, le doute, les tourments existentiels. C’est dans cet aspect que Christiane Rancé donne le meilleur pour montrer l’homme engoncé dans ses contradictions, dépassé par les affres de l’angoisse, la peur du néant.

    Tolstoï n’était pas un esprit religieux et pourtant le paradoxe fut que « son esprit était dévoré par l'attente de Dieu. », il devient végétarien, il refuse tout luxe,  il connait les nuits de doute et son attente le conduira à fuir femme et enfants pour finir sa vie à Astapovo.

     

    Même si le parcours de l’homme est connu, le livre de Christiane Rancé se lit avec intérêt. Elle ne fait pas l’impasse sur les répercutions pour la famille Tolstoï qui souffrit beaucoup. Elle nous montre un homme qui :

     

    « se stérilisait, s'éteignait à lui-même, se reniait... Alors qu'il produit ensuite Résurrection, La Mort d'Ivan Ilitch, et ce dernier texte sublime, écrit presque à l'insu de son entourage, Hadji Mourat, une ode à la vie et à la liberté éblouissante, où absolument rien n'est renié. »

     

    Elle dit :  « Je voulais réconcilier ces deux Tolstoï qu'on disait incompatibles, et en dégager la clé d'une quête métaphysique »

     

    Un livre court, riche, écrit avec élégance pour amateur de littérature russe.

     

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    A la question

    « Quels sont pour vous les trois plus grands romans jamais écrits ? », William Faulkner répondit sans hésiter : « Anna Karénine ! Anna Karénine ! Anna Karénine ! » 

     

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    Le livre : Tolstoï le pas de l’ogre - Christiane Rancé - Editions du seuil et Points seuil

  • Dostoïevski Les années miraculeuses - Joeph Frank

    Les biographies sur Dostoïevski sont multiples, on peut en trouver de toutes sortes mais LA biographie indispensable c’est celle de Joseph Frank. On n’est pas aussi favorisé que le public anglo-saxon qui dispose d’une bio en 6 volumes, Actes Sud avec l’aide de l’auteur a réduit cela à un volume uniquement, certes une biographie réduite mais malgré tout oh combien passionnante ! 

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    La version française est centrée sur ce que Frank appelle les années miraculeuses, les années les plus productives pour Dostoïevski.

    Peut-on se représenter le travail de l’écrivain ? En six ans ce sont cinq des plus grands textes russes qui vont être publiés. Crime et châtiment, Le joueur, L'idiot, L'éternel mari et Les démons 

    Dostoïevski est rentré de l’exil qui a suivi le bagne, repris un travail littéraire mais la mort de son frère et de sa femme l’ont mis dans une situation difficile le contraignant par devoir à prendre en charge un beau-fils et la famille de son frère. Ses dettes s’accumulent, ses éditeurs ne lui font aucun cadeau, les crises d'épilepsie augmentent.

    Il est acculé et contraint à écrire sans relâche. Spirale infernale.

    C’est la collaboration puis le mariage avec  Anna Grigorievna  Snitkina.

     

    Plus de vingt ans les séparent mais cette jeune femme est sans doute pour beaucoup dans ces années miraculeuses, permettant à l’écrivain de faire face à ses engagements, l’aidant à supporter la charge familiale, tolérant son addiction au jeu et lui offrant une vie de famille paisible. Quatre années en Europe  permettent d’échapper un peu aux créanciers mais aussi de perdre le peu d’argent qu’il gagne sur les tapis des casinos.

     

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    Crime et Châtiment paraît en feuilleton  en 1865, les critiques sont parfois sévères mais les lecteurs sont au rendez-vous. 

    « ouvrage d’une puissance fascinante, l’un des plus importants romans du XIXe siècle, qui dès sa publication suscite une grande controverse critique »

    Pour aider le lecteur  J Frank nous souffle

    « Il y a donc, enchâssé dans Crime et châtiment un point de vue sur la façon dont il faut lire le roman  (...)

    Personne à notre connaissance, n’a jamais accordé la moindre attention à cette composante : il serait utile de réparer cette omission flagrante. »

    Il attire notre attention sur

    « certaines pages les plus émouvantes que Dostoïevski ait jamais écrit »

    Raskolnikov est patiemment disséqué, étudié, critiqué, compris.

    « Dans la pure tradition du roman du XIXe siècle, Dostoïevski achève son livre sur un épilogue par lequel l’existence des ses personnages principaux se poursuit au-delà des limites de l’intrigue, qu’avait close l’aveu de Raskolnikov. »

     

    Si l’accouchement de Crime et Châtiment fut difficile c’est avec la parution du Joueur que

    « Dostoïevski est parvenu à gagner l’un des plus grands paris de sa vie; il réalise la prouesse exceptionnelle de composer une longue nouvelle en moins d’un mois, en respectant le délai imposé. » grâce à Anna Grigorievna.

     

    Mariage, départ pour l’Europe.C’est en voyage qu’il rencontre Tourgueniev et qu’il affine ses idées sur l’Europe, la Russie, le nihilisme.

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    Vous pouvez aussi faire le choix du livre audio

     

    L’encre du roman précédent est à peine sèche qu’il lui faut de nouveau chercher l’inspiration pour un nouveau roman. Il accumule les notes, les compilations de faits divers, il cherche un personnage

    « qui incarne son idéal moral positif. »

    Il va créer le Prince Mychkine affligé d’épilepsie, Aglaïa, Nastassia Filippovna et Rogojine. 

    « Si l’Idiot est le plus inégal de ses quatre meilleurs romans, il reste le texte où l’écrivain exprime le plus profondément sa vision de la vie, dans toute sa complexité tragique, sur un ton particulièrement poignant  et avec une intense émotion dont le lyrisme touche au sublime. »

    Pour Joseph Frank l'Idiot 

    « est la plus personnelle de ses oeuvres majeures, le livre dans lequel il exprime ses certitudes les plus intimes, les plus chères et les plus sacrées » « Un affrontement dramatique entre l'humain et le divin » 

     

    Dans les derniers mois passés en Europe il va écrire l’Eternel mari une grande nouvelle et débuter Les Démons ! 

    Si vous n’avez jamais lu Dostoïevski commencez par l’Eternel mari, le trio classique de la femme, du mari, de l’amant, mais la farce prend une toute autre dimension sous la plume de Dostoïevski. Il étudie les revirements de personnalité, les évolutions psychologiques, la transformation morale, les conflits intérieurs. Veltchaninov et Troussotski l’éternel mari sont inoubliables.

    « la plus travaillée des oeuvres courtes de Dostoïevski » 

     

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    Les Démons au théâtre 

     

    Dernier des romans des années miraculeuses Les Démons, certainement l’oeuvre la plus difficile d’accès à mon avis dont J Frank nous ouvre les portes.

    L’idée du roman n’est pas récente, Dostoïevski l’a en tête depuis longtemps, il a même commencé à peintre ses personnages.

    C’est le roman qui a fait que les bolcheviks vont doucement éliminer Dostoïevski de la scène littéraire russe pour n’y laisser que Tolstoï moins dangereux.

    Décembre 1869 à février 1870 Dostoïevski va reprendre toutes ses notes et créer l’oeuvre où la vie politique russe est la plus présente.

    Il y a un fond de raillerie et de parodie dans le roman avec les coups de griffes données aux occidentalisés dont Tourgueniev est le représentant.

    Joseph Frank consacre deux chapitres à l’analyse du roman c’est dire son importance.

    Le roman a

    « à maintes reprises été critiqué avec virulence en tant que calomnie malveillante du mouvement révolutionnaire russe »

    l’histoire donnera largement raison à Dostoïevski et l’on peut aujourd’hui considérer

    « le livre comme un ouvrage plus prophétique que diffamatoire ». 

    Stavroguine est un héros inoubliable, maléfique, tourmenté et effrayant.

    Les personnages du roman vivent 

    « les questions morales, philosophiques et sociales les plus profondes et les plus complexes. »

    « Les démons demeurent insurpassés par leur tableau prémonitoires des enlisements moraux et des trahisons potentielles que recèlent (...) l’idéal révolutionnaire. »

     

    Ce livre de Joseph Frank  est pour moi le type même de la biographie parfaite, éclairant l’oeuvre, la faisant vivre, la commentant, l’expliquant et dressant en filigrane le portrait d’un homme tourmenté grâce à des analyses fines et profondes et une connaissance étourdissante de l’oeuvre. 

     

    Le livre fourmille de détails bienvenus, le tableau politique et intellectuel de la Russie permet au lecteur de replacer l’écrivain dans son siècle et d’accéder à l’homme Dostoïevski avec son courage, son abnégation mais aussi sa xénophobie et son antisémitisme larvé. 

    Le propos est  d’une grande richesse et d’une puissante vigueur, l’auteur s’est plongé dans la correspondance, les journaux, et la traduction est très bonne.

     

    Un défaut à cette biographie ? oui celle de s’arrêter trop tôt et du coup de ne pas nous donner l’analyse des Frères Karamazov.

     

     

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    L'auteur et son épouse 

     

    Imaginez un homme qui a passé sa vie à lire et relire Dostoïevski, à analyser son oeuvre, à comparer ses romans et à tenter de comprendre son cheminement intellectuel et personnel. Tellement impressionné par l’écrivain qu’il décide dans les années 50 d’apprendre le russe et qu’il se promène avec sous le bras une grammaire russe et que sa maison est pleine de photos de son auteur fétiche et d’affiches des films adaptés de l’oeuvre.

    Joseph Frank est un universitaire éminent, professeur émérite l'Université Stanford et Princeton. Son travail a été plusieurs fois récompensé par des prix prestigieux aux USA et salué par la critiques :

    « Une réalisation monumentale... »

    « Il a changé de manière significative notre compréhension de l'homme et son travail »

    « Frank a réussi triomphalement »

    « Magnifique... » 

     

    En lisant cette biographie je n'ai pas pu m'empêcher de repenser aux film "la femme aux cinq éléphants" qui montre si bien le travail de la traduction

     

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    Tout Dostoïevski chez Actes Sud 

     

     

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    Le livre : Dostoïevski, les années miraculeuses (1865-1871) - Joseph Frank -  traduit par Aline Weill - Solin Actes Sud

  • Le Secret de l'Empereur - Amélie de Bourbon Parme

    ah le bon livre, l’excellent roman ! Je suis tombée sous le charme dès le premier chapitre.

    Je sais que certains sont un peu réfractaires au roman historique mais je vous assure celui-là est tout à fait réussi.

     

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    D’abord le héros de l’histoire : Charles Quint, l’empereur de la moitié de l’Europe, un homme qui a vu très tôt les couronnes s’amonceler sur sa tête, c’est rare un homme qui n’a rien demandé et qui se retrouve: 

    Roi de toutes les Espagnes 

    Empereur du Saint Empire romain germanique, en gros l’Empire Austro-Hongrois

    Roi d’Aragon, de Naples et de Sicile 

    Roi des Pays bas : hollande Flandre et Luxembourg 

    Duc de Bourgogne donc de la Savoie, de la Franche Comté et du nord de la France : si vous savez « Besançon vieille ville espagnole » nous disait le grand Victor

    ouf je crois que je n’ai rien oublié...

     

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    « Neuf fois je suis allé en Haute Allemagne, six fois je suis passé en Espagne, sept en Italie, dix fois je suis venu au Pays-Bas. (...) Quatre fois en temps de paix ou de guerre je suis entré en France, deux en Angleterre, deux autres fois, je suis descendu en Afrique, ce qui fait au total quarante voyages... »

     

    1555 Après quarante ans de règne et avoir voyagé partout dans ses possessions, alors qu’il est le souverain le plus puissant il renonce à ses titres, à ses prérogatives, il dépose son sceptre et ses couronnes et « les oripeaux de la gloire ». 

    Lui qui a combattu Soliman le Magnifique, François Ier et surtout Luther, il veut abdiquer.

    Son fils n’est pas du tout réjouit, son frère envoie une fin de non recevoir quant au Pape il est furieux.

    Mais Charles Quint est têtu, la goutte l’a rendu quasi infirme et il veut se retirer en Espagne dans un monastère auprès des moines hiéronymites (de l’ordre de Saint Jérôme) 

     

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    « Les abords du monastère étaient calmes, plus tranquilles que tous les territoires traversés durant ce périple : le silence des moines était contagieux, il irradiait des alentours de l’enceinte comme une onde bienveillante. »

     

    Mais rien n’est simple et le voyage de Bruxelles vers l’Espagne prendra beaucoup plus de temps que prévu. 

    Dans ses bagages l’Empereur emporte outre un portrait de son épouse, sa collection d’horloges. Leurs mécanismes le fascinent en un temps où la science horlogère a encore une petit parfum d’hérésie. Il ajoute à ses bagages une curieuse horloge portant une mystérieuse inscription en latin, cette horloge le fascine. 

     

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    Une des horloges de Charles Quint

     

    J’arrête là mon récit et je vous laisse découvrir plus avant ce monarque hors normes, c’était la première fois qu’un souverain abdiquait depuis ....Dioclétien en ..305 

    J’ai tout aimé dans ce roman, la façon habile et talentueuse d’Amélie de Bourbon Parme de nous dresser le portrait de son arrière arrière arrière arrière ....grand-père.(j’ai peut-être oublié un arrière) 

    La passion, voire l’obsession de cet homme pour ses horloges aux mécanismes précis qui résistent au temps comme lui résiste à la maladie avec ses articulations pesantes et douloureuses. La vie dans un monastère perdu en Estrémadure est qui n’est pas à proprement parlé une vie de moine.

    C’est traité avec sensibilité, érudition et un joli brin de plume, un rien de suspens en sus.

     

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    Le livre : Le secret de l'empereur - Amélie de Bourbon Parme - Editions Gallimard 2015

  • En Provence sur les pas de Bosco - JF Jung et Sophie Pacifico le Guyader

    Henri Bosco le méconnu

     

    J’ai déjà dans ma bibliothèque des balades sur les pas de Giono ou une visite privée de sa maison, j’aime ces parcours personnalisés sur les traces d’un écrivain.

    Henri Bosco est un peu trop ignoré à mon goût aussi quelle belle idée que ce livre fait de textes et de photos.

    Disons tout de suite que les photos sont superbes et ont fait l’objet d’une expo à l’Isle sur la Sorgue. 

     

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    Il fut chargé de l’inventaire de la bibliothèque du Château de Lourmarin

     

    Mais le livre permet surtout de nous rappeler l’oeuvre et le parcours d’Henri Bosco.

    Comme Giono, inutile de parler de lui comme d’un écrivain régionaliste car son oeuvre est bien au-delà des romans de terroir. 

    C’est un monde onirique, parfois fantastique et toujours d’une inventivité et d’une créativité extraordinaire.

    Sa petit nièce Sophie Pacifico Le Guyader ouvre le livre avec un texte à sa mémoire qui permet d’entrer dans l’oeuvre de celui qui « rêvait de devenir un grand poète »

     

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    Le Bastidon d'Henri Bosco 

     

    Elle détaille la singularité de cette oeuvre, sa magie.

    « Qui a lu Le Mas Théotime n’oubliera plus l’image de la croix, du coeur et de la rose; qui a lu Hyacinthe gardera toujours en mémoire le mythe de l’âme emprisonnée au coeur d’un arbre. »

     

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    clic pour agrandir

     

    Une oeuvre qui permet de renouer avec la nature

    « Tiens me dit-il, montrant un arbuste qui semblait monter la garde, « c’est un laurier d’Apollon » Puis il coupa une branche du feuillage et, en me la tendant, il proposa de faire une halte » 

     

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    Elle dit cette écriture si particulière et si envoûtante

    « Il possédait l’art de conter les tempêtes de l’âme. Ses mots étaient polis comme les galets du Rhône, ses périodes amples comme des bourrasques de mistral. »

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    Henri Bosco s’est éteint en 1976 

    « Il repose au cimetière de Lourmarin non loin d’Albert Camus en ce Lubéron où il connait, selon la parole de René Char, « l’éternité à Lourmarin ».

     

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    Lourmarin

     

    Dans la seconde partie les photos de Jean-François Jung sont accompagnées par des extraits issus des romans. Enfin une partie photos souvenirs clôt le livre 

     

    Ce qui pour ma part me réjouit c’est que j’ai encore à lire plusieurs de ses romans et donc que j’ai devant moi du plaisir assuré.

    Un joli cadeau à vous faire ou à faire à un amateur d’Henri Bosco

     

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    Le livre - En Provence sur les pas d’Henri Bosco - Sophie Pacifico Le Guyader et Jean-François Jung - Editions Equinoxe