Après un petit tour poétique il est temps de revenir aux polars.
Si vous avez un intérêt certain pour la Pologne, si En mémoire de la forêt vous a plu, alors ce polar là est fait pour vous.
Deuxième roman de Zygmunt Miloszewski traduit chez Mirobole, le premier était bon, celui là est excellent.
Il fait totalement écho aux livres de Jan Gross et nous montre une Pologne en pleine mutation qui s’éloigne d’un passé douloureux et encombrant parfois.
Teodore Szacki, procureur de son état, a fait le choix de se faire muter dans la petite ville médiévale de Sandomierz loin de Varsovie, une petite et charmante ville au bord de la Vistule.
Il s’ennuie un rien jusqu’à ce meurtre terrible, une femme bien connue dans la ville, Ela Budnik, presque une sainte, est égorgée et tous les indices font penser à un rituel juif, du moins ces rituels dont les juifs étaient accusés et qui déclenchaient autrefois des pogroms.
Une image montrant des assassinats rituels présumés
Cathédrale de Sandomierz (XVIIIe)
Ici comme ailleurs en Pologne la communauté juive a disparu, mais un vieux fond de superstition et de haine est vite remué par le meurtre. Les investigations s’orientent vers le conjoint naturellement mais aussi vers une bande de nationalistes genre FN qui affiche une façade de bon ton mais façade qui se lézarde assez vite.
Et la presse s’en donne à coeur joie.
Notre procureur est un ambitieux malmené par le sort, divorce, amours ratées, célibat forcé, en plus il n’est pas vraiment sympathique mais on se prend au jeu et on finit par l’appuyer dans sa recherche, on voudrait pouvoir lui souffler la solution.
Le procureur est aidé par Barbara Sobieraj qui a été écartée de la direction de l’enquête en raison de ses liens privilégiés avec la victime. Il peut aussi s’appuyer sur Leon Wilczur mais avec qui les relations sont difficiles.
Lorsque les meurtres s’accumulent et font de plus en plus penser à des actes commis par un juif, l’enquête tourne à l’obsession pour Theodore Szacki.
Un polar très habile qui met en perspective à la fois le passé polonais, son antisémitisme mais aussi les efforts d’une communauté pour tourner la page.
C’est sans compter avec le côté très très noir de l’âme humaine, avec un vieux fond de superstition et avec la culpabilité qui hante les consciences.
Le livre : Un fond de vérité - Zygmunt Miloszewski - Traduit par Kamil Barbarski - Editions Mirobole