Un grand classique de la littérature allemande, lu il y a bien longtemps dans une très très mauvaise édition de poche où le texte était parfois quasi illisible.
Une impression ? quel talent !! car c’est un véritable pavé que ce roman qui conte la saga des Buddenbrook famille enrichie par le commerce et le travail acharné des chefs de famille qui se succèdent.
Trois générations à l’oeuvre avec patriarche et collatéraux, serviteurs et ennemis, réussite et faux pas et pour finir le déclin d’une famille.
Lübeck la riche cité de la Ligue Hanséatique voit la réussite de Johann Buddenbrook, paré de la réussite de sa maison, de son mariage il va devoir laisser la place à Thomas son fils aîné mais Christian le cadet, artiste raté, va donner du fil à retordre à la famille, maladie, échec de ses entreprises, mariage hasardeux et doucement la famille va connaitre des difficultés qui aboutiront à sa perte avec la figure de Hanno le jeune musicien.
Si Thomas Mann parvient si bien à décrire cette ambiance de maison bourgeoise, cossue, figée sur ses valeurs, c’est que son père fut un riche négociant et un Monsieur le Consul, et qu’il n’a eu qu’à puiser dans ses souvenirs.
adaptation cinéma
Le travail, l’épargne, le respect de la morale imprègnent la famille Buddenbrook qui a pour devise « Dominus providebit » Dieu y pourvoira ! A un moment Dieu fera faux bond hélas.
On baigne dans les débuts du roman dans le poids des traditions, le mobilier, les tenues vestimentaires et les longs diners aux plats qui n’en finissent pas. Mais les lézardes arrivent, des amours impossibles, des dots perdues, un gendre qui est un fieffé coquin, la superbe affichée par la famille Buddenbrook prend l’eau.
Lübeck aujourd'hui
J’ai beaucoup aimé ce roman. Long certes mais l’on est vite fasciné par la force de cette communauté de marchands, par les liens qui les unissent et qui les font tenir debout.
Une époque où le destin des filles illustré par la figure de Toni, importait bien peu, et où pourtant elles jouent un rôle non négligeable par leur abnégation et ...leur dot. Une époque où le statut de l’artiste n’était pas accepté et où l’on y attachait l’idée de diléttantisme, d’oisiveté et de moeurs légères.
On décèle déjà le rôle pernicieux de la Bourse qui entraine spéculations et ruine et ne récompense pas toujours le goût du risque.
C’est un roman riche et puissant, une belle réflexion sur le statut social, les valeurs du travail et de la loyauté familiale car la famille touche à sa fin sans que jamais elle ne s’en rende vraiment compte.
Un pavé certes mais que l’on quitte à regret.
Il faut savoir que ce livre fut brûlé en autodafé par les nazis car « une famille de la race élue ne peut jamais déchoir »
Le livre : Les Buddenbrook - Thomas Mann - traduit par Geneviève Bianquis - Editions Fayard