Je l'ai beaucoup aimé et il vient de sortir en poche
N'hésitez pas vous passerez un très bon moment de lecture
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Je l'ai beaucoup aimé et il vient de sortir en poche
N'hésitez pas vous passerez un très bon moment de lecture
L'été de l'amitié
Dommage que l’édition française de ce livre n’ait pas gardé le sous titre de l’édition allemande : l’été de l’amitié. Un sous-titre qui dit tout pour les protagonistes de cet été là.
On pourrait aussi l’intituler : Portrait de groupe, car en exil dans la station belge d'Ostende on retrouve là des écrivains chassés d’Allemagne et d’Autriche par le régime nazi.
Ostende avant guerre
Stefan Zweig bien sûr qui a espéré longtemps pouvoir être encore édité en Autriche, qui va devoir se résoudre au départ et au divorce, il faut dire qu’à Ostende ce n'est pas sa femme mais c’est Lotte Altmann qui est à ses côtés.
Joseph Roth que les abus d’alcool n’empêchent pas d’être le plus lucide sur la situation de l’Allemagne.
Mais dans cette station balnéaire ils ne sont pas seuls et viennent s’ajouter des noms comme celui d’Arthur Koestler qui ne va pas tarder à « virer sa cuti » communiste, et des artistes et écrivains qui sont aussi dans le collimateur nazi : Irmgard Keun, Hermann Kesten.
Arthur Koestler
C’est un petit livre tout à fait intéressant sur cette période, on y voit l’amitié mais aussi les heurts entre Zweig et Roth, l’atmosphère de déliquescence qui règne et qui présage d’une fin difficile pour certains d’entre eux.
C’est un récit empreint de tristesse bien sûr mais aussi d’éclat de rire, de fêtes au champagne, tant il est bon de lutter contre la mort à venir et l’extinction des voix qui furent celles d’une Europe cosmopolite et si riche. Il y est question de perte, de poésie, de politique et c’est tout à fait captivant.
Cette ville refuge est à la fois idyllique et terrible, la fin d’un monde s’inscrit déjà dans le sable de la plage.
Eeguab vient de le lire aussi
Le livre : Ostende 1936 - Volker Wiedermann - traduit par Frédéric Joly - Editions Piranha
Heimat
Lorsque Hermann Steputat voit le jour c’est le jour de la mort du Maréchal Hindenburg, un héros en Prusse Orientale.
Le père d’Hermann est le maire de Joekehnen un village perdu entre Vistule et Niémen, il vient de troquer le drapeau rouge blanc noir contre celui du nouveau parti, et notre Hermann va grandir en même temps que s’installe le nouveau régime.
Il a une enfance heureuse, il court dans les prés, suit la charrette de Samuel le juif, voit arriver la première voiture dans la village et se trouve un nouvel ami Peter Aschmoneit.
La guerre qui commence n’a pas beaucoup de prise sur le village, sauf pour Peter dont le père est au front. Ah et puis la vie devient même facile car arrivent des prisonniers polonais à qui on fait faire les tâches harassantes mais que l’on invite pour fêter Noël.
Bref c’était un semblant de guerre jusqu’au jour où les troupes traversent le village, direction la Russie ! Et pour le village rien ne change « Le seigle mûrissait, le trèfle avait des fleurs blanc et rouge », Karl Steputat produit du miel à profusion.
Une chose cependant Samuel Mathern le juif du village a disparu.
« Il était couché au fond des roseaux avec Peter et chantait les victoires de l’Allemagne aux canards et aux crapauds »
Hermann et Peter grandissent et vivent les derniers moments d’une enfance heureuse. Brusquement tout bascule, terminées les victoires que l’on affiche sur la carte de la mairie, aucun renseignements ne parvient au village, Joekehnen et ses deux cents habitants retiennent leur souffle... Les Russes arrivent !
Arno Surminski est un écrivain célèbre et reconnu en Allemagne, Joekehnen est son livre le plus célèbre et comme le roman de Siegfried Lenz La Leçon d’allemand , il se situe en Prusse Orientale, région dévastée par la guerre, soumis au pillage de l’armée Russe et éclatée entre deux nations : la Pologne et la Russie après la guerre.
Ce livre montre bien à la fois la naïveté d’une partie des habitants, la rouerie d’une autre partie et bien sûr les quelques virulents adeptes du National Socialisme.
Un récit plein de nostalgie pour le temps de l’enfance. L’auteur ne cherche pas à déclencher la pitié, n’occultant rien des comportements, la dérision et un certain humour sont présents mais par dessus tout un profond amour pour un coin de terre balayé par l’histoire.
Si le sujet vous intéresse je vous rappelle le livre de Marion Dönhoff sur le même sujet
Aujourd’hui ce livre est à chercher en bibliothèque ou d’occasion.
Le livre : Jokehnen Chronique d’un village des confins allemands - Traduit par Evelyne Schmitt - Editions Noir sur blanc 2002
L'auteur :
Il a passé son enfance en Prusse orientale. Ses parents furent déportés en Union soviétique
Devenu journaliste Arno Surminski publia son livre en 1978, il a remporté de nombreux prix pour son oeuvre.
Son souhait : « concilier les deux générations, pour les amener à mieux se comprendre »
Heimat : Le lieu où l’on nait, le village où l’on grandit, le pays que l’on quitte.
Deux livres qui évoquent cela avec pour l’un le regard d’un enfant et pour l’autre tout ce que le pays comptait d’écrivains ou d’artistes.
Un essai naturaliste comme je les aime. Peut-on être poète ET naturaliste, oui bien sûr, j’ai déjà fait l’expérience avec Alain Cugno le passionné de libellules ou les oies des neiges de W Fienes alors j’ai choisi de prendre les airs en compagnie de Kathleen Jamie.
Les Orcades
Elle est poète et enseigne la littérature en Ecosse où se déroulent les chapitres de Dans l’oeil du faucon
Les îles d’Ecosse me font rêver malgré leur climat disons... pas vraiment sec, mais la beauté de ces paysages m’attire. Dans ce livre pas de découvertes extraordinaires, pas de plaidoyer tonitruant, non juste la nature et sa beauté, les dangers qui la menacent.
Près de chez elle K Jamie a eu la chance d’avoir un faucon pèlerin qui nichait, « véritable pilote de formule un » d’après elle, elle l’observe alors que « les fleurs de prunier vont éclore »
Mais nous dit-elle les pèlerins ne s’intéressent pas aux fleurs « ils les laissent aux bouvreuils pivoine et aux mésanges bleues »
Elle consulte des livres pour comprendre ce qu’elle voit, pour mieux observer ces oiseaux qui se déplacent en « formation d’avions de combat » , elle lit William Fienes et surtout J.A. Baker un ornithologue amateur qui a écrit un livre magnifique : .(il est dans ma bibliothèque je vous en parlerai un jour)
Elle nous fait vivre au rythme des oiseaux, éprouver leur peur et nous montre leur quête de nourriture.
Elle nous rend ce monde là sensible et nous invite à lever les yeux pour apercevoir un faucon dans les nuages ou un crâne d’oiseau blanchi sur une plage.
Vous visiterez aussi les vestiges d’une vie antique, vous entrerez dans les shielings ces drôles de cabanes qui l’été servaient d’habitation aux bergers qui venaient faire pâturer les moutons et fabriquaient leur fromage et leur beurre.
Mais cet essai n’est pas le seul du livre, vous pouvez aussi avec elle voir dans les dauphins, s’agiter les girouettes d’Edimbourg et admirer la nature qui perd pied petit à petit devant l’homme même dans cette région assez sauvage.
J’ai aimé sa simplicité. Elle ne cherche pas à faire oeuvre de technicien, foin de l’identification et de l’étiquetage des oiseaux, elle préfère nous inviter sur son île un jour de solstice d’hiver sur les Orcades. Elle nous apprend à regarder, à écouter et son livre est à lire dehors, sur une plage déserte ou au bord d’une falaise bretonne ....
Pour répondre à votre curiosité lisez le billet de Lewerentz
Le livre : Dans l’oeil du faucon - Kathleen Jamie - Traduit par Béatrice Vierne - Editions Hoëbeke 2015
Après la méditation, l’isolement, la solitude vous devez avoir l’oeil bien aiguisé et la patience en bandoulière
Alors prenez votre ciré, vos jumelles et hop je vous emmène sur des îles mystérieuses