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A sauts et à gambades - Page 121

  • L'Apocalypse selon Dürer - Alberto Manguel

    Mon souvenir le plus ancien de l’Apocalypse ce fut un film de Vincente Minelli  avec Glenn Ford, Charles Boyer, Ingrid Thulin et Lee J Cobb qui raconte la montée du nazisme et la lutte contre le mal qui prend le visage de Karl Boehm.

     

     

    Je n’ai jamais lu cette partie de la Bible sauf quelques extraits ici ou là mais par contre je me suis intéressée il y a longtemps aux seize gravures de l’Apocalypse réalisées par Albrecht Dürer. Ce sont des dessins qui impressionnent et qui furent son premier chef d’oeuvre qu’il n’était pas certain de vendre car il n’avait pas de commanditaire.

    Elles fourmillent tellement de détails que c’est mission impossible de les mémoriser.

    J’aime particulièrement Dürer  ses dessins, estampes, aquarelles mais l’Apocalypse si marquante ne faisait pas partie de mes préférés faute de comprendre bien le contenu et l’interprétation que l’on peut en faire.

     

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    La plus célèbre (un clic pour la voir en grand) 

     

    Et c’est là qu’intervient le passeur idéal : Alberto Manguel.

     

    Chez un éditeur peu connu il publie un petit opuscule sur ces seize gravures. Comme à son habitude il le fait avec simplicité, les petits textes qui accompagnent chaque gravure sont courts, clairs et entraînent le lecteur à la fois en un voyage géographique mais surtout littéraire et philosophique. On plonge dans la Bible allègrement, on fait un pas chez les philosophes de l’antiquité, impossible pour Manguel de ne pas être par la même occasion passeur de livres.

     

    Manguel vient souffler le sens à l’oreille du lecteur qui fait retour à l’image et puis à nouveau au texte. Cette conversation est passionnante d’autant que les reproductions sont de bonne qualité et que l’on peut toujours les afficher sur le web pour grossir encore certains détails. On comprend mieux la composition des gravures et on parvient à les replacer dans une période historique. 

     

    Un livre très réussi et pour info chez le même éditeur on peut trouver un Jérôme Bosch et un Patinir présenté par Sylvie Germain 

     

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    Agnès Dürer 

    Comme j’étais en voyage avec Dürer j’ai poursuivi avec son Journal de voyage qui est une réédition.

    Albrecht Dürer mène une vie relativement simple mais ses besoins d’argent sont constants, à l’époque il était parfois difficile aux artistes de se faire payer leur travail. Il entreprend donc un voyage pour tenter de faire renouveler une pension que l’empereur qui vient de mourir lui versait.

     

    A la suite de ce voyage il va faire un périple aux Pays-Bas. Si ce voyage est célèbre ce n’est pas par le contenu écrit du journal mais bien plutôt par les esquisses et dessins que l’artiste réalise à cette occasion.

    Il ne se souciait pas d’être lu.

    Il fait plusieurs portraits des peintres de l’époque dont Joachim Patinir, son intention est de se servir de ses dessins comme monnaie d’échange ou cadeaux.

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    L’oeil de l’artiste est toujours en alerte et le voyage nous vaut des oeuvres très variées de personnages rencontrés et leurs costumes, des paysages et des villes traversées.

     

     

    Les seize estampes de Dürer sont visible sur le site de l’Université de Liège

     

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    Les livres 

    L’Apocalypse selon Dürer - Alberto Manguel - Traduit par Christine Le Boeuf - Editions Invenit  2015

    Journal de voyage aux Pays-Bas - Albrecht Dürer - Traduit par Stan Hugue - Editions de l’Amateur 2015

  • Georges de La Tour - Jacques Thuillier et Pascal Quignard

     Il fit de la nuit son royaume 

     

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    Que diriez-vous de passer par la Lorraine pour un voyage artistique ? 

    Jacques Callot est lorrain, Claude Gelée aussi d’où son nom mais surtout, surtout, Georges de La Tour est lorrain.

     

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    Le Vielleur - Musée des Beaux Arts de Belgique

     

    A l’origine ce tableau comprenait aussi un violoniste, La Tour a traité plusieurs fois ce thème et l’on retrouve un Vielleur au ruban au musée du Prado

     

    Question biographie c’est assez vite résumé, on ne sait pratiquement rien de lui. Enfin j’exagère un peu, on sait qu’il est né à Vic où il a passé pas mal d’années et Jacques Thuillier insiste « on ne dira jamais assez que La Tour n’est pas un artiste français » car à l’époque c’était un territoire appartenant aux Ducs de Lorraine et son destin s’en trouva marqué.

    Il fit un apprentissage dont on ne sait rien. On suppose qu’il fit le voyage à Rome un incontournable pour les peintres de cette époque mais rien ne le confirme sauf qu’à Rome vivait une société importante de lorrains.

    Retour en Lorraine et mariage avec Diane qui lui servira parfois de modèle.

    Jacques Callot illustrera la guerre et la peste qui chassent Georges de La Tour de Vic.

     

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    Jacques Callot Les Misères de la guerre

    Il s’établit à Lunéville sous la protection des Ducs de Lorraine, le duché est terre de la contre-réforme et les sujets religieux seront à l’honneur.

    Peintre très réaliste à ses débuts il n’est pas un peintre de la nature et celle-ci est absente de ses tableaux. 

    Puis son inspiration le portera vers le travail de la lumière et les toiles nocturnes dont on pouvait croire les flamands comme seuls maîtres. 

    Mais il peint aussi des tableaux diurnes comme La Nativité ou l’adoration des bergers.

     

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    « Les oranges et les rouges de La Tour brûlent par-delà le temps comme des braises.Pascal Quignard » 

     

    Il meurt à Lunéville et ....sombre dans l’oubli jusqu’en 1863 où on le « redécouvre ». C’est sans doute l’exposition de 1972 qui le fit connaitre mieux de grand public.

     

    Le livre de Jacques Thuillier est parfait pour connaitre un peu mieux le peintre et le situer dans son époque. On comprend bien son parcours et les reproductions sont de très bonne qualité. J’ai acheté ce livre d’occasion pour très peu cher et je ne regrette pas mon achat.

     

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    Saint Jacques

    Mais pour entrer dans le secret des tableaux de Georges de La Tour la compagnie de Pascal Quignard est parfaite. Il nous le montre obéissant aux leçons du Caravage.

    Il a une manière bien à lui de délivrer les secrets du peintre et d’interpréter ses tableaux. C’est lui qui dit « Il fit de la nuit son royaume » « Les oranges et les rouges de La Tour brûlent par-delà le temps comme des braises. » 

    Ou encore « Georges de La Tour élut la vie quotidienne la plus simple, la plongea et la simplifia encore dans la nuit, pour la revêtir du reflet de grandeur qu’est la luisance, la couche de lumière. »

     

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    « c’est le maître des nuits. C’est le maître des regards tournés en dedans. C’est le maître des paupières baissées. »

     

    Pour Pascal Quignard Georges de La Tour est LE baroque janséniste, ses personnages « sont immobiles, divisés entre la nuit où ils s'élèvent et la lueur qui les éclaire en partie. Surgissant dans l'ombre, touchés par un fragment de lueur, ils tiennent en suspens un geste incompréhensible »

     

    A vous de choisir : Jacques Thuillier pour la précision et l’étude complète, Quignard pour la beauté des mots alliée à la beauté des oeuvres.

     

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    Les livres

    Georges de La Tour - Pascal Quignard - Editions Flohic 1991

     

    Georges de La Tour -  Jacques Thuillier - Editions Flammarion 2002 et 2013

  • D'art d'art

    J’emprunte mon titre à l’émission de France 2 mais l’occasion était trop tentante

     

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    Je vous propose de faire un brin de voyage de la Lorraine aux Pays-bas en passant par l’Allemagne à la rencontre de peintres que j’aime et qui sont depuis longtemps dans ma bibliothèque mais mon rayon c’est enrichi récemment, c’était donc la bonne occasion.

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    A vos palettes et pinceaux ici dès demain

  • Sur l'idée d'une communauté de solitaires - Pascal Quignard

    Un livre minuscule et en le lisant je me disais : du Quignard tout pur avec un titre pareil !

    Après la lecture de la biographie de Pascal ce petit livre s’imposait. Port Royal fascine P Quigard depuis longtemps, déjà dans les Petits traités les noms de certains solitaires apparaissent. 

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    « Le propre de Port Royal pour moi, c’est l’invention passionnante – même si elle est difficilement concevable pour l’esprit – d’une communauté de solitaires. » 

     

    Les ruines de Port Royal parlent à P Quignard lui qui est né au Havre dans une ville bombardée et qui était un champ de ruines.

    Le jansénisme l’a toujours attiré, il y revient souvent dans ses différents livres. C’est aussi l’occasion pour lui de rendre justice à Sainte Beuve qui par son Port Royal fit connaitre ces hommes qui choisirent le retirement, la solitude, l’austérité.

     

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    Pour ceux et celles qui redoutent un certain hermétisme de l’auteur, il n’est pas présent ici.

    Port Royal est un fil rouge et le livre est constitué de plusieurs conférences le plus souvent musicales et littéraires données à plusieurs occasions, mais le lecteur attentif ne se perd jamais et on ressent une belle unité à la lecture des textes.

    La musique baroque est omniprésente, Couperin ou Purcell ou l’inconnu Froberger ce fut l’occasion pour moi de découvrir certaines oeuvres. Il laisse voir de belles figures du jansénisme : Sacy, Jacqueline Pascal et le peintre George de la Tour sont au rendez-vous

     

    Claude Pujade-Renaud a écrit un roman très prenant sur la période difficile qui suivit la destruction de Port Royal et qu’évoque très bien P Quignard :

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    « En 1711 Port Royal fut rasée sur l’ordre du roi Louis XIV en sorte qu’il « n’y restât pas pierre sur pierre ». Puis, à la fin de l’automne, alors que le froid était très vif, que la terre était couverte de neige, les tombes furent ouvertes. Les chiens affamés, les corbeaux, les corneilles, les souriceaux des champs dévoraient ce qui restait de chair sur les os des saints qui étaient morts. Ils dévorèrent Racine. Ils dévorèrent Monsieur Hamon qui avait été son maître. »

     

    Enfin j’ai trouvé dans ce livre une citation que j’avais déjà croisée mais sans la noter hélas de Thomas a Kempis et aujourd’hui je vais la faire mienne :

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    « Quaesivi in omnibus requiem, et nusquam inveni nisi in angulo cum libro » 

    J’ai cherché partout dans ce monde le repos, un abandon, une halte, et je ne l’ai nulle part trouvée que dans un coin avec un livre ». 

     

    Un tout petit livre pour amateurs de P Quignard et de ses thèmes de prédilection.

     

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    Le livre : Sur l’idée d’une communauté de solitaires - Pascal Quignard - Editions Arléa 

  • Blaise Pascal ou le génie français - Jacques Attali

    J’avais un énorme avantage en commencement ce livre, celui de n’avoir que de vagues souvenirs de mes cours de français sur Pascal et donc de démarrer ma lecture avec peu de connaissances, mais du même coup, peu de préjugés.

     

    Une biographie teintée d’une grande admiration pour le scientifique, pour le penseur, pour le polémiste

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    J’ai été surprise de découvrir dans Etienne Pascal, le père, un homme soucieux de ses enfants, totalement certain des dons de son fils et de sa fille. Assez voisin du père de Montaigne donnant une éducation sans obligations, sans pleurs et sans châtiments.

     

    Mais curieusement une éducation dont les livres sont presque absents, basée sur les expériences scientifiques et l’apprentissage des langues (grec, latin, hébreu) 

    Blaise Pascal montre très vite des dons en mathématique, après la mort de sa mère la famille issue de la petite noblesse auvergnate va quitter Clermont-Ferrand pour Paris. 

    Surprise aussi de voir, cet enfant de 12 ans à peine, invité à dialoguer avec les savants de son temps et en l’espace de quelques années allonger la liste de ses découvertes de façon impressionnante. 

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    La machine à calculer de Pascal : Musée des Arts et Métiers

    Pascal le savant va successivement travailler sur les coniques , la machine à calculer, fait faire ses premiers pas à la physique expérimentale en montrant  l’existence du vide et de la pression atmosphérique, modéliser le calcul des probabilités et la théorie du calcul intégral.

    Là j’avoue que quelques pages m’ont semblé un peu ....complexes mais j’ai fait confiance à l’auteur. 

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    là j'ai calé un peu 

     

    Tout au long de sa vie y compris quant il est réellement très malade, il poursuit une correspondance avec Pierre Fermat sur ses recherches en mathématique et en passant comme pour s'amuser, crée le premier service de transport en commun parisien. Diable d’homme !

     

    Et bien sûr vous n’avez là que le petit côté du génie.

    L’autre facette c’est le penseur, le philosophe, l’écrivain dont la langue est toute de simplicité, de clarté, de métaphores superbes, d’humour, l’incarnation du goût de Pascal pour la raison, le coeur de la langue française dit Jacques Attali.

    On voit avec tristesse cet homme extraordinaire devenir prisonnier de sentiments un peu trop violents pour sa soeur Jacqueline, jeune femme qui mériterait une biographie pour elle seule. Pascal tellement attaché à sa soeur qu’il va jusqu’à lui interdire d’entrer au couvent et pour cela tentant de la priver de sa part d’héritage à la mort du père. 

    Il se tourne totalement vers la religion.

    Les jansénistes lui ouvriront les bras et cela nous vaudra Les Provinciales, un texte qui n’a rien perdu de sa virulence, une réflexion aujourd’hui encore pertinente sur la liberté et d’une vraie modernité nous dit Attali. C’est le temps de Port Royal, le temps de la clandestinité.

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    Port Royal au temps de Pascal

    Pascal accumule les notes prises ici et là sur n’importe quel bout de papier, ficelées ensemble sans réel ordre, elles deviendront Les Pensées publiées après sa mort.

     

    Si je n’éprouve pas pour Pascal la sympathie que j’ai pour Montaigne, son goût pour l'ascétisme me le rend un peu lointain, cette biographie m’a donné envie de le lire au delà de ce que j’en connais qui est bien maigre.

    Le beau portrait d’un homme énigmatique, violent dans ses réquisitoires, passionné par la réflexion intellectuelle, ambitieux et conscient de sa valeur, grand croyant et penseur politique.

    Quelques passages des Provinciales valent d’être relus aujourd’hui, bref un génie.

    Jacques Attali est parfait en biographe, ni trop, ni trop peu, le portrait se dessine peu à peu, il dévoile les côtés peu sympathiques comme l’amour teinté de jalousie que Pascal voue à sa soeur, son envie un peu trop violent de notoriété et son goût un peu trop prononcé pour le silice et la pénitence. 

     

    Une belle biographie.

     

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    Le livre - Blaise Pascal ou le génie français - Jacques Attali - Le livre de poche

     

  • Port Royal

    Deux livres qui vous emmèneront du côté de Port Royal ou du moins de ce qu’il en reste.

     

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    Un lieu mythique fréquenté par Mme de La Fayette, Mme de Sévigné... 

     

     

    Vous êtes prêts ?  silice et missel en option