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A sauts et à gambades - Page 132

  • Annabel - Kathleen Winter

    Après deux livres autour de l'enfance restons y pour un livre encore.

    Qu'arrive-t-il quand un enfant n'est pas comme les autres ?
    Sur un sujet difficile une vraie réussite littéraire.

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    Je ne peux pas dire mon plaisir mieux que Marine Landrot sur Télérama : 

    « Un livre cher qu'on partage avec les personnes dignes de confiance, qui auront interdiction d'exprimer la moindre déception sous peine de vous blesser déraisonnablement. Annabel fait partie de ceux-là »

     

    Dieu que le sujet était difficile pourtant ! Né(e) en 1968 au fin fond du Labrador, l'enfant n’est ni fille ni garçon, mais les deux à la fois. Relisez les Métamorphoses c'est ce qu'on appelle l'hermaphrodisme.

    Le secret n’est partagé que par trois personnes, Thomasina qui l’a aidé à venir au monde et ses parents. 

    Une décision est prise, ce sera un garçon que ses parents appellent Wayne mais que la mère en secret nomme Annabel

    Séjour à l’hôpital et traitement hormonal à vie voilà le lot de Wayne jusqu’à ce qu’à ce que la personne qui tente de s’épanouir derrière ce prénom brise conventions et tabous pour tenter de devenir une personne assumée, désirable, indépendante. 

     

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    C’est chez In Cold Blog que j’ai vu le livre et depuis je m’étais promis de le lire; rien ne pressait et je l’ai ouvert je dois le dire avec un préjugé favorable, mais mon plaisir de lecture est allé bien au-delà. 

    C’est un roman splendide et qui ne s’en tient pas à un sujet un peu hors norme, les liens familiaux, les relations parents/enfants, l’idéal que les parents rêvent pour leurs enfants, l’adolescence, tout est traité magnifiquement jusqu’à la nature de ce Labrador si dur de climat et qui fabrique des hommes et des femmes comme Treadway et Jacinta.

    Il faut un talent très sûr d’écrivain pour parvenir à toucher les lecteurs, les faire s’interroger sur leurs attentes, leurs a priori , leurs angoisses face à la différence. 

    C’est plus que réussi alors accordez lui une place dans votre bibliothèque

     

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    Le livre : Annabel - Kathleen Winter - Traduit par Claudine Vivier - Editions Christian Bourgois

  • Intempérie - Jesús Carrasco

    Il fait partie des romans de cette rentrée de janvier et répond à mon envie de me tourner un peu plus vers la littérature espagnole.

     

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    Oubliez l’hiver et sa froideur, le roman nous installe sur un plateau pelé sec et poussiéreux.

    La sécheresse prolongée a vidé les villages, sous le couvert des buissons un enfant se terre, il a fuit droit devant pour échapper aux adultes qui le poursuivent et que l’on devine immédiatement violents.

    S’il est repris la punition sera terrible « Lui revint à l’esprit l’image du père empressé et servile en compagnie de l’Alguazil »

    Dans sa fuite désespérée l’enfant croise la route du vieux chevrier.  Celui-là connait les  astuces pour survivre, les points d’eau et partage ses provisions. « Comme oreiller, le vieux avait installé sa bardelle rembourrée de paille de seigle. Le garçon y posa la tête avec précaution, et s'installa du mieux possible sur la laine râpeuse

     

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    Les liens se tissent, l’enfant reste en retrait mais pour supporter la faim, la soif et la peur il va devoir faire confiance au vieux berger. Il va apprendre à harnacher le baudet, à rassembler le maigre troupeau de chèvres, à trouver les sources.

     

    Une intrigue minimaliste et pourtant le récit est riche. On sent la chaleur, on a la bouche sèche avec un goût de poussière, on sent l’odeur du lait chaud de chèvre. Le rythme est inexorable, pas de retour en arrière possible, l’obligation d’avancer, de fuir. 

     

    J’ai tout aimé dans ce roman : le ton, le rythme, l’écriture sèche et précise, les dialogues laconiques. La violence sous jacente qui refait soudain surface. 

    Sandrine a aimé aussi ce roman par contre je n’y ai pas senti pour ma part de trace de roman un peu apocalyptique. 

    J’ai surtout pensé à ces personnages plein de dignité qui font face à l’adversité.

    J’ai pensé aux romans de Miguel Delibes 

     

     

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    Le livre : Intempérie - Jesús Carrasco - Traduit par Marie Vila Casas - Editions Robert Laffont

  • Naufrages - Akira Yoshimura

     

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    Un roman court qui a des allures de conte, dont l’auteur jamais ne nous précise la période ou le lieu de son histoire. On ne sait presque rien de ce village de pêcheurs d’un Japon millénaire, pauvre, tellement pauvre que lorsque les ressources s’épuisent, les hommes vont louer la force de leurs bras, loin, avec l’espoir de revenir un peu moins pauvres.

     

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     « Des bateaux passaient de temps en temps dans la journée. Généralement quand la mer était calme, mais aussi quand elle était agitée. Ils disparaissaient alors très vite, leurs voiles à mi-hauteur, ballottés par la houle qui les faisait tanguer dangereusement. Isaku les regardait en compagnie des autres villageois. »

     

    Isaku est seul depuis que son père est parti, il doit faire vivre sa famille, ses capacités de pêcheur sont encore bien faibles et, malgré tous ses efforts, le riz vient à manquer.

    Il est temps pour Isaku d’être initié, d'être initié au secret inavouable partagé par tout le village : le pillage des bateaux, tous sont des naufrageurs, allumant des feux trompeurs sur la plage pour faire échouer les navires. 

    Ensuite c’est la noria vers l’épave pour récupérer le riz, des objets utiles pour chacun ou pouvant être vendus. Mais il peut arriver que le bateau n’apporte pas l’abondance espérée et fasse le don mortel de la maladie.

     

    « C’est un crime passible des châtiments les plus extrêmes. Sans ces naufrages, le village aurait disparu depuis longtemps, laissant place à une côte inhospitalière semée de rochers. Les naufrages avaient permis à leurs ancêtres de survivre sur cette terre, et les villageois se devaient de perpétuer la tradition. Ils croyaient que l’âme des défunts partait loin dans la mer, et qu’après un certain temps, comme elle n’avait aucun autre endroit où aller, elle revenait s’installer dans le ventre d’une femme enceinte. »

     

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    « Les villageois marchaient de long en large sur la plage, les yeux fixés sur la mer. Il faisait de plus en plus froid, et les hommes venaient tour à tour rajouter du bois sous les deux chaudrons. Puis, sur un geste du chef du village, on apporta des bûches supplémentaires pour faire un nouveau feu autour duquel les villageois se rassemblèrent. »

    J’ai vraiment aimé ce roman sombre, le narrateur nous montre le village, la faim qui tenaille, le froid, l’angoisse que ceux qui sont partis ne reviennent jamais. Isaku est un être simple mais sa vie est marquée par la peur, l’espoir de subvenir aux besoins de sa famille mais rêve aussi de connaitre l’amour.

    J’ai aimé ce tableau d’une communauté incapable d’aider les siens sauf en provocant le malheur.

    Un récit âpre qui suit les rythme des saisons sans jamais que nous n’y trouvions de consolation, rythmé aussi par les naissances, les mariages, les morts. Tout le quotidien est exploré sans jamais être pesant. 

    Il y a un côté impermanent dans ce récit, comme les villageois on attend un mieux qui ne vient jamais. 

     

    Un récit que j’ai aimé malgré son côté très sombre, pas de révolte chez ces pêcheurs, une angoisse qui pèse sur leur vie, un fatalisme qui fait accepter les privations, les douleurs. Quand tuer est la seule façon de survivre ....

     

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    Le Livre : Naufrages - Akira Yoshimura - Traduit par Rose Marie Makino-Fayolle - Editions Actes Sud numérique

  • Dur d'être un enfant

    J'aime retrouver le temps béni de l'enfance et des souvenirs heureux mais parfois enfance rime plutôt avec violence.

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    Deux romans très différents mais où l'enfant lutte pour sa survie

    ici demain.

  • Karpathia - Mathias Menegoz

    284117.jpg C’est le titre qui m’a attiré et une ou deux critiques qui parlent de roman d’aventure et de réussite.

     

    Petit résumé historico-géo-politico .....

    1830 Le comte Alexander Korvanyi est capitaine dans l’armée Austro-hongroise, il est aussi le propriétaire d’un vaste domaine loin de Vienne et de ses ors, au fin fond de la Transylvanie. En jeune homme bien né il fait sa cour à une jeune baronne au caractère bien trempé : Cara Von Amprecht et même, même, se bat en duel pour ses beaux yeux. 

    Le jeune couple part vers la  haute vallée du Maros (Maramures aujourd'hui) et de la Korvanya vers ces Carpathes mystérieuses et arrive dans un château plongé dans les brumes et le froid.

     

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    Un château habitable mais sans grand confort et aussi une partie mystérieuse : le château noir, laissée sans aucun soins par l’intendant du domaine.

    Il faut dire que dans toute la Korvanya ce château est un symbole car cinquante ans plus tôt la révolte des cerfs Valaques s’est terminée par un incendie et la mort du seigneur du moment.

    Que fait un jeune comte quand il prend possession de ses domaines ? et bien après s’être rendu compte que le tout est très mal géré il va vouloir jouer son rôle de petit seigneur local et augmenter la production agricole, rénover les méthodes de cultures, bref moderniser.

    Cara et Alexandre mesurent assez vite que rien ne sera simple, l’intendant   est détesté, l’atmosphère lourde de peur, de suspicion, de haine entre les paysans et le château, et surtout entre les différents groupes ethniques :  Magyars, Saxons, Valaques et Tziganes. Les uns sont libres, les autres sont serfs !

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    Les Valaques - Miklos Barabas

    Le jeune comte va faire erreur sur erreur, ignorant les signaux d’alarme, les superstitions, la misère et l’hostilité ambiante. 

    Sa dernière initiative sera de réveiller la tradition de la « jagdfest » une chasse festive qui se termine en général en orgie.

    Lorsque des enfants disparaissent  la révolte ancienne semble bien de retour.

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    Jagdfest aujourd'hui

     

    Un roman qui a tout pour séduire parfaitement documenté, un roman à la Dumas.

    Oui mais ....le récit touffu est coupé de façon incessante par des explications, des renseignements techniques, bref on s’impatiente en diable.

    La première partie du roman promet beaucoup, puis l’on se lasse, Mathias Menegoz nous explique les choses au lieu de les dévoiler à travers les personnages et les péripéties. 

    Ce roman est trop explicatif, trop didactique, trop pédagogique ce qui gâche  le plaisir de la lecture. 

    Mathias Menegoz a du talent, je le lirai à nouveau s’il lâche la bride à son imagination sans volonté de nous instruire mais seulement de nous faire caracoler derrière ses héros il sera un auteur selon mon coeur.

     

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            L'auteur Photo © Jean Christophe Marmara 

    Le Livre : Karpathia - Mathias Menegoz - Editions POL

  • Au pays de Dracula

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    La Transylvanie, le pays de Dracula, c'est là que je vous emmène demain alors le collier d'ail n'est pas en option 

    oh c'est ici dès demain