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A sauts et à gambades - Page 133

  • Résurrection - Leon Tolstoï

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    le film des frères Taviani 

     

    Le troisième et dernier des grands romans de TolstoÏ, Résurrection, est un peu son testament.

    L’histoire que raconte l'écrivain est inspirée d’un fait réel. 

    Katioucha Maslova est une jeune fille élevée par ses tantes, jeune fille séduite et abandonnée, elle a donné naissance à un enfant qui est mort aussitôt. La seule voie qui s’ouvre est la prostitution. Lors d’une sordide affaire de mort violente, elle est arrêtée puis condamnée au bagne. Dans le jury de ce procès il y a le prince Dimitri Nekhlioudov qui n’est autre que celui qui l’a jadis séduite et abandonnée. 

    Sur la voie de la rédemption Dimitri va tenter de soustraire Katioucha à une sentence trop dure, puis va tenter par tous les moyens de se faire pardonner et de l’aider à survivre pendant le long voyage vers la Sibérie.

     

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    Aleksander Sochaczewski

    Rédemption, tel est le thème du roman, pour le prince il importe de mettre en adéquation sa foi et ses actes et ses idées. Il est évident que Tolstoï apparait fortement en filigrane de ce personnage. La quête difficile du prince vers un pardon espéré, vers une libération spirituelle est émouvant, il est honteux de son comportement et est prêt à tout abandonner. Est-ce la bonne façon d’obtenir le pardon ? est-ce suffisant ? 

     

    Certes certains passages sont un peu trop lyriques et emphatiques à mon goût mais j’ai pris un vrai plaisir à la lecture de ce roman, le style est celui de Tolstoï et ça on ne s’en lasse pas, il peut en quelques lignes vous transporter : la scène la plus forte et la plus splendide se déroule durant la fête de Pâques et est magnifiquement évoquée.

    Sa remise en cause d’un certain ordre social, son interrogation sur les privilèges de la noblesse, ses descriptions de l’univers carcéral, des conditions de la mise en oeuvre de la justice sont terrifiantes et expliquent les difficultés qu’il a eu à publier son roman. L’Eglise orthodoxe y a vu blasphème et profanation, moi j’y vois la quête inlassable d’un homme après ses idéaux.

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    Cela m’a rappeler le Tchékhov de l’île de Sakhaline. Il y a dans ce roman un souci d’authenticité très fort qui le rend extrêmement attachant. Un grand roman qui vaut d’être découvert.

     

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    Le Livre : Résurrection - Léon Tolstoï - Traduit par - Gallimard Pléiade

  • La Terre - Emile Zola

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                         La récolte des pommes de terre - Jules Bastien-Lepage

     

    J'arrive au bout de ma lecture des Rougon Macquart et La terre sera celui qui m'a fait l'impression la plus forte avec autrefois Germinal

    Le lien avec le cycle des Rougon c’est Jean Macquart le frère de Gervaise, il est ouvrier agricole chez Hourdequin un riche exploitant de la Beauce qui voudrait rénover les pratiques agricoles et qui se heurte au refus de ses journaliers.

    L’autre versant familial ce sont les Fouan, ils vivent à Rognes un petit village

     

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    « Cette Beauce plate, fertile, d'une culture aisée, mais demandant un effort continu » 

     

    Le vieux Fouan décide de donner ses terres en partage à ses enfants : Fanny, Buteau le coureur de jupons et Jésus-Christ, alcoolique champion de la mauvaise foi et de la couardise, en échange d’une rente versée par chacun des enfants et de l’hébergement.

    Un partage qui ne satisfait personne, les enfants se sentant spolier par cette rente qui peut durer des années, chacun estimant l’autre avantagé par le partage. 

    Avarice, brutalité, cruauté, avidité deviennent le quotidien entre les enfants et cela dument arbitré pour son plus grand intérêt par le notaire local Maître Baillehache (ah ce nom !)

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    C’est Buteau qui le premier refuse de verser la rente, par ailleurs il poursuit de ses assiduités Françoise une cousine devenue riche alors qu’il est marié à Lise. 

    Françoise se rapproche de Jean Macquart au grand dam de la famille. 

     On va au fil du temps voir les manoeuvres, les magouilles, les mensonges fleurirent pour s’approprier le plus possible de terre et respecter le moins possible l’engagement pris. C’est la montée de la haine entre tous les protagonistes, haine et avidité vont conduire au meurtre balayant tout semblant de morale et de liens familiaux. 

     

    Livre épouvantable et magnifique pour lequel le travail de recherche de Zola paie au centuple.

    Caricature ? oui sans doute mais réalisme aussi à une époque où le problème de l’héritage des terres était très prégnant, si Zola force le trait, en même temps il brosse un tableau proche du réel, le temps où pour survivre il fallait une bonne terre et où l’on était prêt à tout pour cela. Le roman montre bien aussi l'avénement de la mécanique dans l'univers agricole. L’époque où la voix des femmes était inexistante. 

    C’est un roman très dur mais que j’ai aimé.

     

    Il me reste deux lectures pour clore mon cycle Zola : Le rêve et le Dr Pascal 

     

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    Le livre : La Terre - Emile Zola - Editions numérique 

  • Le bout du bout du monde - Luis Sepúlveda

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    Pas question de m’arrêter en si bon chemin et me voilà loin de l’Amazonie mais toujours avec Luis Sepulveda

     

    Après plus de vingt ans d’exil loin du terrifiant Pinochet, Sepúlveda après la lecture de Bruce Chatwin a une forte envie de retrouver son bout du bout du monde.

    Le voyage qu’il entreprend c’est celui de la mémoire et du voyage qu’il fit adolescent sur un baleinier.

    Le rêve pour un jeune qui vient de lire avec passion Moby Dick grâce à son oncle Pepe

    « C’est de lui que j'ai reçu mes premiers livres, ceux qui m'ont fait connaître des écrivains que je n'oublierai jamais ; Jules Verne, Emilio Salgari, Jack London. C'est de lui que j'ai reçu une histoire qui a marqué ma vie : Moby Dick, d'Herman Melville »

    Il fait la connaissance du Basque, grand chasseur de baleine, et de  Pancho son harponneur et la pêche commence.

    Si les souvenirs sont magnifiés par le temps il lui reste très fort le conseil du capitaine lorsqu’ils se quittent et parlant des baleines : « l’heure est venue de les laisser en paix »

     

     

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    La seconde partie du livre est une enquête à coup de téléphone, d’agences de presse, d’amis d’amis pour comprendre ce qui se passe au large du Chili et de l’Argentine dans ces eaux mythique pour tout marin mais qui excitent la convoitise des usines à tuer les baleines. Tout est bon pour masquer ces pratiques. 

    Le narrateur est vite en lien avec un mystérieux Jorge Nielsen qui crie à l’aide et demande l’appui des associations écologistes. La tuerie des baleines se fait malgré tous les interdictions.

     

    Notre journaliste va mettre ses pas dans les pas de son adolescence et partir pour cette terre mythique et cette mer porteuse de tant de légendes.

    Il faut culot et habileté pour mêler les thèses écolo et la poésie des récits de mer mais Sepulveda y parvient parfaitement et j’ai dévoré ce petit livre.

    Comme souvent dans ce cas là, j’ai eu envie de rouvrir des livres plus anciens qui sont automatiquement remontés à ma mémoire.

     

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    Le livre : Le Bout du bout du monde - Luis Sepúlveda - Traduit par François Maspero - Editions Métailié

     

  • Le vieux qui lisait des histoires d'amour - Luis Sépulveda


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    Voyager avec un livre audio c’est possible. Je me suis embarquée pour une petite ville d’Amazonie juste avant Noël et j’ai fait connaissance avec Antonio José Bolivar.

    C’est déjà un vieil homme mais il m’a plu tout de suite. Il a perdu sa compagne depuis longtemps, il vit là et est devenu l’ami des Shuars des indiens qui vivent assez paisiblement et qui lui ont appris la vie dans cette forêt magnifique et dangereuse.

     

    Antonio c’est un homme bizarre, quand rien ne va il se rabat sur les histoires d’amour des livres qu’il a à sa portée, bel antidote à la vieillesse.

    Quand un jaguar devient un danger pour le village, Antonio est aussitôt sollicité, lui le connaisseur de la forêt et qui sait tout de la chasse.

     

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    Les Shuars 

    Un tout petit et splendide récit, ode naturaliste et réflexion loin de tout discours bien pensant écolomachin, on a envie de se mettre en colère ou de rire selon l’humeur d’Antonio.

    Les personnages sont truculents et lorsque l’on termine l’écoute du récit on a trop envie de rester encore un peu avec ce vieux pas comme les autres et hop par la magie de l'ipod on repart au début.

     

    La lecture par Féodor Atkine est tout simplement parfaite, le ton, le rythme, la voix, tout est envoûtant et parfaitement accordé à la personnalité d’Antonio et à la grâce du récit de Sepúlveda. Une belle façon de découvrir ce texte.

     

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    Le livre audio : Le vieux qui lisait des romans d’amour - Luis Sepúlveda - Lu par Féodor Atkine - Editions Audiolib

  • Une Rançon - David Malouf

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                                     © « L’Iliade et l’Odyssée Editions Cocorico, 1957.

     

    Il faut un certain culot ET un talent certain pour réécrire la fin l’Iliade ! 

    L’Iliade c’est le mythe par excellence, l’épopée indépassable et pourtant David Malouf a décidé d’y apporter sa contribution.

     

    En 1943 son institutrice fait une lecture à voix haute de l’Iliade, pour David ce récit se télescope avec ce que les australiens alors vivent au quotidien c’est à dire la campagne du Pacifique où beaucoup des leurs périront. Pour l’enfant de huit ans cette lecture est un choc total. Les traces vont subsister et l’écrivain va un jour s'en emparer.

     

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    Achille a vengé Patrocle et vaincu Hector.

    Paradoxalement la violence d’Achille connait son paroxysme dans ce moment, il refuse de rendre le corps à Priam et Andromaque, il est encore envahi par une colère terrible, la mort d’Hector ne lui suffit pas il lui faut plus,

     il « chassa les gouttes de sueur brûlante de ses yeux, toucha légèrement les chevaux avec les guides et s’élança dans la plaine, se retournant de temps en temps à demi pour voir le corps , dont la tête et les épaules rebondissaient sur le sol aride et caillouteux ».

    11 jours durant la folie se poursuit mais les dieux veillent et le corps d’Hector chaque matin est comme au premier jour.

    Priam ne veut plus qu’une chose c’est procéder aux funérailles de son fils. Lui rendre les honneurs dues aux braves.

     

    Alors le vieux roi va faire quelque chose d’inédit, d’insensé, loin des manigances des dieux de l’Olympe.

    Il veux forcer le destin et avoir « La chance de pouvoir agir par nous-même. De tenter quelque chose qui pourrait forcer les événements à emprunter un cours différents. »

    Il va imaginer un échange, une rançon pour racheter le corps de son fils. S’il faut supplier il suppliera, s’il faut s’humilier il le fera.

     

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    Priam suppliant  Achille - Alexandre Ivanov

    Le voyage de Troie jusqu’au camp d’Achille va se faire sur une simple charrette avec un modeste serviteur comme guide. 

    C’est tout le talent de David Malouf de rendre ce voyage, si éprouvant pour le vieux roi, ce voyage est proche d’une renaissance.

    La nature, la simplicité, l’écoulement du temps, toutes choses qu’un roi a oublié et qui le ramènent à sa condition d’humain épris de liberté.

    Il y a dans ce récit la grandeur de l’épopée et la sobriété d’un récit à hauteur d’homme. Non seulement Homère n’est pas trahi mais le lecteur n’a qu’une envie c’est retrouver « l’aurore aux doigts de rose » et « Achille au pied léger » 

    Une sensation de tranquille sagesse irrigue tout le roman et l’on ressort envoûté et ébloui.

     

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                            Les restes de Troie

     

    Il est des moments dans le face à face des hommes qui peuvent être des instants de paix, de grâce, d’empathie.

    En lisant la Rançon je n’ai pas pu m’empêcher de penser à la rencontre entre Patrick Leigh Fermor et ce général allemand qui est son prisonnier et avec qui il partage un instant hors du temps de la guerre autour de la poésie récitant les vers d’une Ode d’Horace que l’allemand a commencée.

    Ou encore ces moments volés pendant la Première guerre où allemands et français entonnent un chant de noël. Des moments où la vie l’emporte sur la haine, sur la violence.  

     

     

    Lisez l’avis d’Anne qui a aimé aussi 

     

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    Le livre : Une rançon - David Malouf - Traduit par Nadine Gassie - Editions Albin Michel 

  • Que dire ?

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    Pour tous ces journalistes courageux et parfois dérangeants au talent que chacun reconnaissait même lorsqu'on ne partageait pas leurs idées ou leurs opinions