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littérature anglaise - Page 3

  • Où vont les vents sauvages - Nick Hunt

    « Le vent qui vient à travers la montagne m’a rendu fou ! » Victor Hugo 

    hunt

    C’est une belle invitation à l’aventure que ce livre. Quand Nick Hunt était très jeune le vent l'a presque emporté, il en a gardé le souvenir qui est sans doute à l’origine de cette quête derrière les vents d’Europe.

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    L’auteur est allé à la poursuite des vents la plupart du temps à pied. Armé d’un bagage léger, anémomètre et cartes météo il a suivi les couloirs des vents.

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    Sa chasse s’est exercée envers 4 vents

    Chez lui d’abord dans les Pennines «  zone de hautes terres la plus étendue d’Angleterre » 

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    Les Pennines 

    Nick Hunt poursuit l’Helm. Pour le rencontrer il faut parcourir le Cross Fell, c’est le sommet des Pennines. Rassurez vous si vous ne voyez pas où c’est, j’ai du faire une petite recherche pour m’y retrouver.

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    Cross Fell

    « L’Helm pouvait propulser quelqu’un en l’air, catapulter des moutons comme de simples morceaux de laine, renverser de lourdes charrettes et détruire des étables en pierre »

    L’Helm est le seul vent auquel on a donné un nom chez nos ennemis du Brexit.

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    La Bora 

    Sa quête va le mener ensuite vers la Bora, un vent amer, nerveux, sec et glacial qui souffle de Trieste à travers la Slovénie et le long de la côte croate. Le vent qui souffla pour Rilke, Svevo ou Joyce. 

    La Bora est un vent froid terrible qui comme tous les vents curieusement souffle toujours trois, six ou neuf jours !

    hunt

    Sens Croatie 2012

    En 2012 «  La température avait plongé à moins quatorze degrés et la Bora créé de fantastiques sculpture de glace dans le port de Senj » 

    Pour Nick Hunt c’est l’occasion de rencontrer Tomas un personnage un peu extraordinaire qui va le sortir d’un mauvais pas « quand je me suis perdu dans les montagnes de Croatie et que je risquais de faire face à une situation terrible, il m'a pratiquement sauvé. C'est une personne extraordinairement excentrique et généreuse »

    hunt

    «  Il peut être violent comme un ouragan, faire couler les navires, écraser les maisons, renverser des camions, bloquer des autoroutes, déraciner des arbres, projeter des poissons hors de l’eau »

    Fini le froid, voilà un vent chaud, peut être que comme moi, vous ignorez où souffle le foehn, si vous imaginez ça dans un désert vous êtes à côté de la plaque !! 

    Le foehn c’est le vent qui balaie la plus longue chaine de montagnes d’Europe, vallées alpines, vallées du Rhin, les Quatre cantons, le Tessin jusqu’au Valais. Surprenant non ?

    hunt

    Un vent chaud et sec souvent associé à la mauvaise santé, aux migraines, aux crises de folie. Vous savez ces récits qui commencent ainsi « le Foehn soufflait ce jour là » 
    Il souffle aussi chez les puissants et riches du Liechtenstein, mais aussi chez les humbles du pays de Heidisi vous avez un doute ressortez votre exemplaire du livre et vous pourrez vérifier.

    hunt

    le Pays d'Heidi pays du foehn

    « Elle restait immobile, à écouter la voix profonde et mystérieuse du vent, qui se manifestait à elle depuis les cimes des monts »

    Le Foehn porte des noms variés selon les circonstances et les lieux «  le plus vieil homme du Rhin » ou « Mangeur de neige » 

    hunt

    Je dois dire que c’est le vent qui a eu ma préférence peut être parce que j’ai pendant des années parcouru les vallées Suisses avec bonheur.

    hunt

    La Crau

    Enfin le dernier c’est le Mistral, avec Nick Hunt on le suit de Valence aux étendues de lavande et à la Crau.
    Le Mistral c’est « le vent de folie » qui a tourmenté Van Gogh. Le vent dont on dit que c’est celui des idiots.

    hunt

    Van Gogh Oliviers et Alpilles 

    « La cime des arbres tanguait, se débattait, bouillonnait, les branches supérieures hurlant tandis qu’elles écorchaient leurs écorces respectives. L’air était chaud chargé d’humidité, et il ne descendait pas du nord, mais d’au-dessus, de derrière, d’au-dessous, de toutes les directions en même temps »

     

    Mais qui sais que le Mistral joue un rôle important dans le séchage « de l'herbe ou dans l'élimination des microbes, ce qui signifie qu'aucun conservateur ou pesticide n'est requis »:
    Ce vent qui souffla à Orange pendant 16 jours consécutifs en 2004.Ce vent qui fait que l’on parle d’Avignon la venteuse.

    hunt

    Tempête Amélie

    Un bon récit de voyage, de ceux que j’aime car il m’a rendu presque visible ces vents que jamais personne ne voit, m’a fait croiser montagnards, bergers ou marins. Parcourir des paysages sauvages.

    Ce que j’ai aimé c’est que Nick Hunt nous parle bien entendu de ses randonnées derrière les éléments mais aussi de l’histoire des lieux : on croise Schiller, Rossini et Guillaume Tell mais aussi le sinistre Milošević

    J’ai aimé : passer de hauts plateaux à des villages inconnus, des petites villes pittoresques et pleines d’histoire, rencontrer les gens de ces contrées avec leurs légendes et leurs traditions. 

    J’ai aimé sa capacité à nous faire entendre et sentir le vent, ses coups, ses gémissements, ses cris parfois.

    J’ai aimé qu’il tienne mêlé la météorologie et la mythologie, l’auteur sait écouter les mythes et les légendes et passer de la superstition aux informations scientifiques, nous parler des cartes et des histoires, de poésie et de philosophie.

    Avec les changements climatiques les vents vont changer « puisque les températures déterminent ce qu'ils font et dans quelle direction ils soufflent. » Ne ratez pas ce témoignage. 

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    Le livre : Où vont les vents sauvages. Marcher à la rencontre des vents d’Europe, des Pennines jusqu’en Provence - Nick Hunt - Traduit par Alexandra Maillard - Editions Hoëbeke

  • Des femmes remarquables - Barbara Pym

    La vie d’une vieille fille des années 50.

    gym

    Mildred Lathbury, fille de pasteur, vit seule, travaille à mi-temps dans un centre d'aide aux femmes en difficultés, et oeuvre pour sa paroisse. Vous la voyez déjà vieille et aigrie ? Pas du tout elle n’a que trente an Mildred mais faute de mari c’est déjà aux yeux de tous une vieille fille. Elle visite les vieilles dames, elle s’occupe de fleurir l’église et organise thés et ventes de charité et s’intéresse de près au Révérend Julian Mallory.

    Ce qui va bousculer sa vie c’est l’arrivée de nouveaux voisins.
    Imaginez un peu, lui, Rockingham Napier est officier de marine et sa femme est une belle et élégante anthropologue, de quoi faire rêver Mildred. 

    A partir de là je dirais que tout dérape un peu, Mildred va être le témoin des joies et problèmes de la vie de couple. Or le quotidien des époux n’est pas vraiment réjouissant et fait douter Mildred, le célibat n’aurait-il pas du bon en fait ?

    gym

    L'auteur

    Comme toujours avec Barbara Pym, il y a dans ce roman à la fois un humour grinçant mais aussi beaucoup de tendresse pour les personnages et une belle dose de mélancolie.

    La lucidité l’emporte dans les portraits, la dérision et le burlesque ne sont jamais absents. Les analyses de situations sont sans concession et très méchamment ironiques.

    Un roman de Barbara Pym comme je les aime.

    L’avis de Keisha sur Lecture/Ecriture 

    gym

    Le livre : Des femmes remarquables - Barbara Pym - Traduit par Sabine Porte - Editions Belfond 

  • Silas Marner - George Eliot

    J’ai entamé ma lecture de George Eliot avec deux de ses plus grands romans : Middlemarch et Daniel Deronda. 

    Une auteure que j’ai beaucoup appréciée et j’ai donc continué mon parcours avec Silas Marner, un roman de moindre importance mais qui remporta un joli succès.

    Certes c’est un roman plein de bons sentiments mais je suis de l’avis de Dominique Fernandez :
    « La phrase de Gide sur les bons sentiments qui font de la mauvaise littérature est devenue un lieu commun si despotique, qu’on ose à peine saluer en George Eliot une splendide romancière à l’écriture riche et intelligente. »    

    george eliot

    Silas Marner est un tisserand habile mais qui ne fraye pas avec les gens du village, il suscite d’ailleurs beaucoup de méfiance parmi les villageois.

    S’ils savaient que Silas a autrefois vécu une histoire d’amour qui s’est fort mal terminée seraient-ils plus compréhensifs ? Si par exemple ils apprenaient que Silas a été contraint de fuir son village après avoir été accusé injustement par son meilleur ami qui en passant lui a soufflé sa fiancée ! 

    george eliot

    Depuis il s’est installé à Raveloe, il travail comme artisan mais n’a ni femme, ni enfant. Il est devenu avare et tel Harpagon, il compte et recompte son trésor amassé patiemment au fil des années. 
    Il connait bien les herbes et les simples grâce à sa mère et tente de masquer les crises d’épilepsie dont il est victime.

    Autrefois très croyant, la souffrance et l’injustice l’ont atteint «  La lumière de sa foi s’était éteinte complètement » 

    george eliot

    Un jour son magot lui est enlevé, c’est le second coup dur de la vie de Silas Marner mais la consolation va prendre les traits d’une enfant abandonnée, à la chevelure couleur or, une enfant qui va lui montrer le chemin de la résilience. Eppie va devenir le centre de sa vie.

    george eliot

    George Eliot parvient à faire un roman bien rythmé, d’un récit assez convenu elle fait une jolie parabole en donnant épaisseur et humanité à ses personnages.
    Elle nous dit qu’il ne faut pas baisser les bras, que la résilience est possible et que le bonheur peut finir par apparaitre.

    Vous voulez quelques avis autorisés ?

    « La beauté de ses premiers livres, Scènes de la vie du clergé, Adam Bède, le Moulin sur la Floss,  est immense.» a dit Virginia Woolf

    « Le texte que je tiens pour son chef-d’oeuvre »  dit Dominique Fernandez, même si j’ai un classement un peu différent des oeuvres de George Eliot, peu importe, ce roman est un excellent roman que j’ai pris un très grand plaisir à découvrir.

    Les Livres : 

    Silas Marner - George Eliot - Traduction Joseph Vilar - Editions Omnibus L’art de raconter - Dominique Fernandez - Editions Le Mercure de France

     

  • Tour d'horizon - Kathleen Jamie

    Depuis la lecture de ses premiers écrits j'ai mis une veille sur l’auteur et toc voilà un recueil de textes brefs dans la même veine que son premier livre.

    Kathleen Jamie nous entraine à sa suite d’île en île, dans des lieux où je n’avais même jamais rêvé d’aller mais j’ai suivi cette écossaise bon teint, cette poétesse des choses de la nature avec un grand plaisir.

    Jumelles en main Kathleen tient là son rôle d’observatrice : depuis les aurores boréales, les ruines de villages à l’abandon, d’éclipse de lune jusqu’à une colonie de Fous de Bassan.

    jamie

    « D’un vert lumineux de la couleur du plumage d’une sarcelle, l’aurore boréale scintille presque immédiatement au dessus de nos têtes. Elle se développe dans la nuit étoilée comme l’haleine projetée contre un miroir (…)D’abord c’est un voile émeraude puis cela prend la forme d’un cocktail à la menthe. »

    Elle sait regarder y compris ce qui ne devrait pas être dans le paysage, comme cet aileron qu’elle ne cherchait pas mais qui est bien là.
    Sa pensée vagabonde au gré de la lumière du jour, de l’infiniment petit à l’infiniment dangereux.

    jamie

    Cette  auteure est une éveilleuse qui sait nous faire admirer le monde dans toute sa diversité, ses mystères. Elle sait le faire avec légèreté, allègrement, sans fioritures aucunes.
    « Continuez à regarder, même quand il n’y a pas grand-chose à voir. Ainsi votre œil apprend ce qui est normal, et quand quelque chose d’anormal apparaîtra, votre œil le repérera. » 

    J’aime les îles et en particulier celles du nord de l’Europe, alors là c’est un festival  Saint Kilda, Rona, North Mains, je vous laisse chercher où tout ça prend forme au milieu des eaux agitées de l’Atlantique ou dans les eaux fraîche de l’Arctique

    jamie

    « Les falaises biscornues de Saint Kilda sont à nouveau apparues à l’horizon »

    J’ai aimé ces textes simples, dépouillés même et à hauteur de …femme. Elle ne se paie pas de mots mais elle parvient à faire vibrer ses textes.

    jamie


    « Il se dégage des montagnes, de la glace et du ciel, un silence minéral qui exerce une puissante pression sur nos corps. C’est un silence ­venu de très loin, effrayant, qui fait ressembler le bruit sous mon crâne au cri d’une oie criarde. J’aimerais réduire mon esprit au silence, mais je pense que cela prendrait des années »

    jamie

    Musée de Bergen

    Il y a un rien de magie dans ses écrits, elle est habitée par les légendes celtiques, alors suivez là faites vous ornithologue, ou archéologue et parcourez avec elle le Groenland, les Féroé, les Hébrides ou un musée un rien poussiéreux, tout est bon pour célébrer la terre, le « paysage de mer grise et de ciel blanc rincé de pluie et hanté d’oiseaux » ou bien les pluviers, les fulmars et autres oiseaux des mers. 

    jamie

    Le livre : Tour d’horizon - Kathleen Jamie - Traduit par Ghislain Bareau - Editions La Baconnière

     

  • Le Moulin sur la Floss - George Eliot

    Lorsqu’un auteur me plait je vais souvent au bout de ma lecture, parfois il me faut beaucoup de temps mais cahin-caha j’avance.

    Mon auteure actuelle est George Eliot, après l’essai de Mona Ozouf il est temps de revenir aux romans. 

    Impossible de commencer cette chronique sans répéter les mots de Proust
    « deux pages du « Moulin sur la Floss » me font pleurer. » 

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    Moulin de Parham - John Constable

    Faisons connaissance avec Maggie et Tom Tulliver, elle est vive, intrépide, enthousiaste, curieuse de tout, rêveuse et vite enfiévrée par les livres, Maggie voudrait tant étudier. Mais elle souffre d’un handicap certain : c’est une fille.

    Tom lui est le point de mire de la famille, il porte l’ambition du père, s’élever dans la société et pour cela faire des études ce qui exige des sacrifices et l’endettement pour M Tulliver propriétaire d’un moulin. 

    Tom aime beaucoup sa soeur mais ne peut pas s’empêcher de lui adresser piques et rebuffades, de l’humilier et de faire preuve de pas mal de mesquinerie, trouve normal de recevoir un souverain lorsque Maggie doit se contenter de shillings, en cela il ne fait que suivre l’avis d’une société qui maintien la femme en état de dépendance et de soumission.

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    Lorsqu’après des déboires, dus à l’ entêtement du père, la famille  se retrouve démunie, ruinée, Tous les espoirs reposent sur Tom qui doit permettre aux Tulliver de retrouver leur place dans la société et ainsi venger l’honneur de son père. 

    Pour parvenir à ce résultat la famille va devoir consentir des sacrifices. Sacrifier son bien être et se séparer de ses possessions, je vous recommande une scène autour d’un problème de théière qui est un morceau d’anthologie, le tempérament sarcastique de George Eliot éclate dans ce genre de scène.

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    Mais le sacrifice va aller bien au-delà pour Maggie. Elle a un tempérament ardent Elle va devoir sacrifier beaucoup, une amitié amoureuse avec Philipp Wakem le fils de l’ennemi juré des Tulliver, puis un amour éclos bien malgré elle pour Stephen le fiancé de sa cousine.

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    Je sais qu’il est habituel de parler de ce roman comme celui de l’amour entre un frère et une soeur  mais pour moi indéniablement c’est le roman de Maggie, c’est elle le centre du récit.

    Elle est une héroïne superbe, en soeur aimante alors que son frère est très souvent dur et injuste avec elle « Tu as toujours pris plaisir à me punir... tu as toujours été dur et cruel avec moi. » crie-t-elle dans un moment de révolte. 

    Jeune fille vite enflammée elle  a au fond d’elle la volonté farouche de ne nuire à personne et accepte pour cela de sacrifier ses propres désirs, ses propres passions. 

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    J’ai aimé les scènes bucoliques autour du moulin, la peinture très poétique d’une vie naturelle et simple. 
    La rivière est centrale dans le roman, voici ce que dit Mona Ozouf dans son essai sur George Eliot 
    « La Floss cependant est bien la personne centrale du récit. Séduisante, incertaine, ombrageuse, un brin sorcière, elle est la maîtresse du moulin qu’elle cerne, fait vivre menace »

    Si je n’ai pas comme Proust, pleuré à la lecture du Moulin sur la Floss, j’ai cependant été touchée par Maggie qui va rester pour moi, un de ces beaux personnages à l’égal de Jane Eyre, de Dorothea de Middlemarch ou d’Elizabeth Benett.

     

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    Le livre : Le Moulin sur la Floss - George Eliot - Gallimard Folio

     

  • L'autre George, à la rencontre de George Eliot - Mona Ozouf

    « C’est curieux que dans tous les genres les plus différents, de George Eliot à Hardy, de Stevenson à Emerson, il n’y a pas de littérature qui ait sur moi un pouvoir comparable à la littérature anglaise et américaine.(…) deux pages du « Moulin sur la Floss » me font pleurer. » 

    Lettre de M Proust à R Billy

    george eliot

     Il y a dans les écrivains d’aujourd’hui, des auteurs pour qui j’ai une réelle admiration, Mona Ozouf en fait partie. J’ai lu ses articles littéraires et surtout son essai sur Henry James. Quand j’ai vu qu’elle proposait une promenade dans la forêt des romans de George Eliot je n’ai pas pu résister.

    george eliot

    Mona Ozouf lit Le Moulin sur la Floss  vers 15 ans sur les conseils de son professeur de français, elle n’a jamais cessé depuis.

    Elle s’étonne qu’en France, George Eliot ne soit que très peu lue, est-ce la taille de ses romans souvent touffus, est-ce l’étude psychologique des personnages toujours détaillée, toujours riche ou tout simplement est-ce par méconnaissance de l’oeuvre ?

    Son livre qui se compose de deux grandes parties, tout d’abord l’analyse fine et complète de trois des grands romans de George Eliot, Le Moulin sur la Floss, Middlemarch, Daniel Deronda. 

    george eliot

    l'adaptation BBC de Daniel Deronda

    Puis une série de chapitres pour découvrir l’auteure, ses prises de position, son féminisme avant l’heure, sa vie d’une femme extrêmement intelligente, courageuse et qui fut victime d’un ostracisme social très très victorien.
    Mary Ann Evans, qui se souvenait que lorsqu'on avait appris que Jane Eyre était l'oeuvre d'une Charlotte, le ton de la critique avait subitement changé, pris un pseudonyme.

    Son premier ouvrage, Les Scènes de la vie cléricale rencontre un certain succès puis Adam Bede parait en 1854  recueille une bonne critique. Le reste suivra jusqu’à Daniel Deronda

    george eliot

    Scènes de la vie cléricale 

    Mona Ozouf nous fait entrer dans les réflexions de cette femme en but au puritanisme de l’époque en raison de sa vie privée, elle vit avec un homme marié et ayant perdu la foi elle ne met plus les pieds à l’église.

    Une petite idée du puritanisme ambiant ?
    Dans Le Moulin sur la Floss, Maggie l’héroine est couverte de baisers….sur l’avant-bras par son amoureux, la critique y vit une scène révoltante, très choquante of course.

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    George Eliot by John Letts,
    1986, Newdegate Square, Nuneaton © LH Images/Alamy

    Pourtant cette femme est portée par une morale, Mona Ozouf nous fait entrer dans la confidence de cette morale sans Dieu, d’une morale qui ne nie pas la femme, qui revendique même l’égalité. 
    Comble de l’horreur George Eliot considère que la maternité ne définit pas les femmes ni ne doit les enfermer. Ici, la modernité d'Eliot est éclatante et c’est elle sur laquelle insiste Mona Ozouf.

    Mona Ozouf manie l’oxymore à son propos : « Sédentaire voyageuse, athée religieuse, conservatrice de progrès, rationaliste éprise de mystère… »
    George Eliot est dotée d'une formation religieuse très imprégnée d'évangélisme, sensée convertir des impies elle se retrouve à leurs côtés.
    C’est une darwiniste convaincue qui  croit au développement et au progrès, et met son espoir dans la science, voir le beau personnage du médecin dans Middlemarch. 
    Elle se révèle aussi visionnaire lorsqu'elle évoque dans Daniel Deronda l'idée d'un Etat juif en Palestine... en 1876, vingt ans avant Theodor Herzl.

    george eliot

    Pour les amateurs de George Sand, tout un chapitre est consacré à la comparaison entre la vie et l’oeuvre des deux George les plus célèbres du monde de la littérature.

    Etant déjà lectrice de George Eliot, ce livre m’a conforté dans mon admiration pour la femme qu’elle fut.
    J’ai commencé mon parcours avec les plus grands romans Middlemarch et Daniel Deronda et je suis en bonne compagnie, Léon Tolstoï, Henry James, Marcel Proust, Virginia Woolf, D. H. Lawrence connaissaient bien son œuvre… Certains, comme James et Woolf, lui ont même consacré d’importants articles.
    Pour Virginia Woolf lire Eliot constituait une expérience « frappante » et « magnifique »

    george eliot

    Mona Ozouf et George Eliot : deux féministes

    Mona Ozouf dit dans une interview :
    « Oui, il y a des choses que je relis constamment. Probablement parce que, même tragiques, elles me consolent. »
    Dans ce livre elle rend  un hommage appuyé à la littérature dans un style simple mais avec une telle conviction que je vous défie de ne pas faire de l’oeuvre d’Eliot votre prochaine lecture.

    Pour les anglophones vous pouvez lire :  My Life in Middlemarch paru en 2014 de Rebecca Mead, 

    george eliot

    Le Livre : L’autre George : à la rencontre de George Eliot - Mona Ozouf - Editions Gallimard