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  • Une Odyssée Un père, un fils, une épopée - Daniel Mendelsohn

    J'ai commencé l'été avec Homère et je le termine avec lui.
    Les lectures sont parfois faites de coïncidences, de croisements, de rebondissements.

     

    homère

    Après avoir écouté tout l'été les chroniques de Sylvain Tesson j'avais ressorti l'Odyssée dans la traduction de Philippe Jacottet, celle que je préfère et de loin. Du coup je n'ai eu qu'un petit geste à faire pour la rouvrir lorsque j'ai entamé le dernier livre de Daniel Mendelsohn

     

    homère

    C'est toujours un peu inquiétant d'ouvrir le livre d'un auteur dont on a admiré, lu et relu l'opus précédent. Lorsqu'on a été emporté par un récit, que l'on a parlé du livre autour de soi pour le faire lire. 

    Et si ce titre qui vient de paraitre était une déception ?  Il vous faut quelques pages, mais quelques pages seulement pour savoir que non, vous ne serez pas déçu. Non le livre va tout naturellement trouver sa place dans votre bibliothèque, le plus difficile sera de décider où le glisser, comment le classer ……

    homère

    Vous avez pu lire dans mon billet précédent les premières lignes de ce livre, c'est un petit clin d'oeil à la littérature grecque, ce type d'introduction porte le nom de proème nous apprend Daniel Mendelsohn, en quelques lignes l'auteur nous place au coeur du récit.

    homère

    L'histoire du voyage d'Ulysse et de son retour vers Ithaque, l'histoire de Jay Mendelsohn âgé de 81 ans, qui a été ingénieur en aéronautique et  enseignant en informatique et qui va comme tous les étudiants du séminaire mené par son fils, s'immerger dans l'oeuvre du barde mythique.

    Quand je dis "comme tous les étudiants", ce n'est pas tout à fait vrai car malgré la promesse faite à son fils de rester silencieux, Jay Mendelsohn va mettre son grain de sel dans l'affaire.

    Surtout parce qu'il n'aime pas Ulysse, il lui dénie l'appellation de héros. Jay Mendelsohn est un adversaire résolu du mensonge ce qui le rend hostile à Ulysse le menteur divin.

    homère

    Ses positions trouveront parfois un appui auprès des étudiants, parfois seront en opposition frontale à celles de son fils au point de perturber quelque peu les cours.

    Les étudiants s'amusent mais aussi profitent des échanges et les interruptions du vieil homme finissent par faire naitre discussion et réflexion.

    La lecture du poème homérique devient très concrète, plus riche, l'interprétation du fils est remise en cause, discutée à travers des souvenirs partagés entre le père et le fils.

    Après le séminaire, père et fils vont s'embarquer pour une croisière en Méditérrannée pendant dix jours sur les traces d'Ulysse. Il y a des scènes étonnantes et jubilatoires pendant cette croisière qui va mettre au jour des liens entre père et fils, l'occasion pour l'un et l'autre d'exprimer amour, exaspération, surprise ou colère.

    homère

    Daniel Mendelsohn est un professeur compétent, sérieux mais pour notre plus grand plaisir il joue avec sa spécialité, avec la langue grecque.

    Mimétisme est un mot grec, normal alors que la composition du livre soit l'occasion pour Mendelsohn de s'amuser à suivre les "circonvolutions dans le temps et dans l'espace " comme dans la littérature grecque. Parce qu'il s'amuse avec le lecteur, imbriquant pour notre plus grand plaisir, analyse littéraire, aperçu de ce qu'est un séminaire, et l'histoire familiale, l'histoire de ce père si proche et si lointain. Créant chez le lecteur cette sensation de circularité.

    homère

    Pénélope par Bernard Buffet

    Le mélange entre analyse de l'oeuvre et souvenirs familiaux est parfaitement réussi, le tissage est serré, des thèmes comme celui du lit nuptial qu'Ulysse a construit, qui lui permettra de se faire reconnaitre de Pénélope, trouve un bel écho avec ce lit construit des mains de Jay et sur lequel il va encore coucher lors de sa venue chez son fils à l'occasion du séminaire.
    Un lien indéfectible entre père et fils comme il est lien dans l'épopée entre Ulysse et Pénélope.

     

    homère

    Ulysse et les prétendants

    Il y a beaucoup d'émotion dans ce livre, quelques mois après le séminaire Jay Mendelsohn a fait une chute qui a entrainera son décès. 

    Ce livre est comme le Kaddish que le fils prononcerait sur la dépouille de son père, le séminaire et la croisière furent l'occasion de faire la paix. 

    Une Odyssée est un livre où l'on apprend beaucoup sur Homère et son oeuvre mais plus encore sur les liens qui unissent parents et enfants.

    On retrouve dans ce livre toute la tendresse dont est capable Mendelsohn, l'érudition qui est la sienne qu'il cache parfaitement bien pour ne pas gêner le lecteur. 

    homère

    Les Mendelsohn Père et fils

    Ce récit très personnel est totalement intemporel et peut parler à tous. 

    Un livre à offrir à vos parents ou à vos enfants comme le trait d'union d'une génération à l'autre.

     

    homère

    Le Livre : Une Odyssée, un père, un fils, une épopée - Daniel Mendelsohn - Traduit par Clotilde Meyer et Isabelle Taudière - Editions Flammarion

     

  • Bribes homériques

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    « Par un soir de janvier, il y a quelques années, juste avant le début du semestre de printemps au cours duquel je devais enseigner un séminaire de licence I sur l'Odyssée, mon père, chercheur scientifique à la retraite, alors âgé de quatre-vingt-un ans, m'a demandé, pour des raisons que je pensais comprendre à l'époque, s'il pourrait assister à mon cours, et j'ai dit oui »

     

    Le livre : Une Odyssée Un père un fils une épopée - Daniel Mendelsohn -traduit par Clotilde Meyer et Isabelle Taudière - Editions Flammarion

  • Lutter contre l'oubli

    shoah

    L'histoire ne nous tombe pas du ciel,
    Elle ne tient que par l'attention et la persévérance de ceux qui veulent son incertitude *

    La véritable tragédie n'est jamais une confrontation directe entre le Bien et le Mal, mais plutôt, de façon plus exquise et plus douloureuse à la fois, un conflit entre deux conceptions du monde irréconciliables. **

    Oublier les morts serait les tuer une deuxième fois.***

     

    Les Livres 

    * Pierre Pachet - La violence du temps - Editions du Seuil
    ** Daniel Mendelsohn - Les Disparus - Editions Flammarion
    *** Elie Wiesel - La nuit - Editions de Minuit

  • La Carte postale Anne Berest

    Un livre que je n’ai pas lâché et pour moi en ce moment cela tient de l’exploit. Foin du battage médiatique autour de ce livre, sachons reconnaitre la sagesse de la jeune génération qui a couronné ce livre du Goncourt des lycéens.

    shoah

    Anne Berest lit un extrait de son livre 

    Une carte postale jetée dans une boite aux lettres sans âge chez Lelia la mère de l’auteure.
    Nous sommes en janvier 2003 et sur la carte quatre prénoms Ephraïm, Emma, Noémie, Jacques
    Le père, la mère et leurs deux enfants, tous morts en déportation à Auschwitz.

    shoah

    Comprendre la provenance de cette carte, la relier au passé, reconstruire petit à petit l’histoire de la famille Rabinovitch, c’est ce que vont faire Anne la fille, aidée de Lelia Picabia la mère afin de suivre le fil rouge vers les grands parents Rabinovitch, les oncles et tantes disparus mais aussi ceux qui ont survécu comme Myriam celle dont le prénom n’est pas sur la carte postale et qui sont passés entre les mailles du filet.

    shoah

    Aujourd’hui tout lecteur intéressé par la Shoah sait que longtemps le silence s’est fait autour de la déportation, autour du retour des camps, autour de la responsabilité des autorités. 
    Mais en voir l’implication directe, non pas pour une entité floue « les juifs » mais pour des personnes nommées, décrites jusque dans leurs défauts, leur beauté, leur maladresse c’est tout autre chose.

    Anne Berest à travers sa quête fait entendre la voix des exilés, des oubliés, des disparus, des victimes mais aussi la voix de ceux et celles qui ont tendus la main.
    Si vous avez lu Les Disparus de Daniel Mendelsohn, vous reconnaitrez ici la même quête, le même souci et la même interrogation face à l’identité juive.

    shoah

    J’ai aimé ce livre pour sa richesse, il m’a rappelé un livre lu il y a longtemps mais qui est aujourd’hui encore dans ma bibliothèque : Adieu Volodia de Simone Signoret qui décrivait si bien ces immigrés fuyant les pogroms et tentant vaille que vaille de « s’assimiler » persuadés que la France était leur salut.

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    le rêve sioniste 

    Le lecteur traverse le temps des années 20 à aujourd’hui mais aussi toute l’Europe malmenée de la Russie à la Pologne, de la Lettonie à la France, le lecteur rencontre le rêve sioniste en Palestine qui n’a pas toujours des couleurs joyeuses.

    Collaborateurs et résistants se mêlent, bêtise et malhonnêteté administrative des autorités d’après guerre qui refusent le terme de déporté, qui nie les faits et leurs conséquences et chape de plomb qui recouvre les crimes pendant des années.

    shoah

    Les Rafles

    J’ai aimé la façon qu’a l’auteur de dire le plus difficile en peu de mots. Elle sait nous transmettre cette inquitétude qui se transforme en peur puis en panique devant la montée de l’horreur. 
    Elle sait parfaitement nous transmettre la colère, l’incrédulité, la sidération, puis après, le mutisme de ceux qui sont revenus.

    J’ai aimé la construction et l’apparition de personnages comme Irène Némirovski ou Grabrielle Buffet et Vicente Picabia ou même André Gide.

    J’ai aimé la démarche d’Anne Berest qui dit « Je me reconnais enfin : je suis fille et petite fille de survivants » 

    shoah

    Le Film Les Guichets du Louvre 

    J’ai aimé la façon qu’à l’auteur de rythmer son récit par des dates qui touchent la famille Rabinovitch mais aussi tout citoyen de l’époque : 30 janvier 1933,  juillet 1942 et la rafle du Vel d’hiv qui pour moi est illustré par le film  Les Guichets du Louvre  le film de Michel Mitrani où l’on voit à la fois le zèle d’une police aux ordres et le courage de ceux qui surent désobéir.

     

    Une remarque :  parfois il y a confusion entre qui parle et de qui on parle. Mais est ce un petit défaut ou une volonté de l’auteure car c’est bien le propre de ce genre de quête d’être en permanence dans le flou, l’incertain, le rêve mêlé au cauchemar. 

    Lisez et faites lire ce livre, offrez le aux plus jeunes, une jolie façon de tisser le lien entre un passé douloureux et un futur que l’on voudrait meilleur.

    shoah

    shoah

    Pour poursuivre cette lecture vous pouvez aussi lire Les Disparus de Daniel Mendelsohn, La Rafle du Vel d’Hiv  de Claude Levy et Paul Tillard

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    Le livre : La Carte Postale  - Anne Berest  -  Editions Grasset

     

  • Terres de promesse - Joseph Pearce

    Terres de promesse - Joseph Pearce - Traduit du néerlandais par Guy Rooryck - Editions Actes Sud
    terresdepromesse.gifL'élimination des juifs d'Europe reste l’événement le plus important et le plus tragique du XX ème siècle.
    Alors que la communauté juive influençait la vie sociale, économique et culturelle de l’Europe et tout particulièrement de l’Europe centrale, leur disparition, outre qu’elle a appauvri à jamais la vie des idées, la vie scientifique, a provoquée une nouvelle diaspora qui pèse encore aujourd’hui sur les survivants et leurs familles.

    Jusqu’à quatorze ans Joseph Pearce ignora que son père Vernon Pearce, s’appelait en réalité Werner Peritz, était juif allemand et né à Breslau (l’actuelle Worclaw).
    Son père mis à l’abri en Angleterre par sa famille en 1938, comme beaucoup d’autres enfants, avait pris la nationalité anglaise, il avait épousé une jeune femme d’origine Flamande et s’était convertit au catholicisme.
    Joseph Pearce devenu journaliste va un jour partir à la recherche de sa famille dispersée.
    Ses grand-parents, oncles, tantes, cousins vivent ou ont vécu aux quatre coins du monde, sa quête va le mener de Bolivie en Israël, d’Australie en Angleterre et enfin aux Etats-Unis. Sa grand-mère paternelle Else Durra s’est suicidé en 1951 et Joseph Pearce veut comprendre pourquoi.

    Il se rend avec son père en Pologne, Worclaw étant l’ancienne ville allemande de Breslau d’où est originaire pratiquement toute sa famille. Breslau qui abritait une communauté juive importante avant guerre, où les familles Peritz et Durra se sentaient parfaitement assimilées, Félix Peritz le grand-père s’était vu décoré de la Croix de guerre, les juifs allemands ne connaissaient pas les pogroms que subissaient juifs polonais ou russes.

     

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    Breslau en 1929

    La promulgation des lois anti-juives, la Nuit de Cristal en 1938 pendant laquelle les nazis ont détruit livres, magasins et synagogues, ont provoqué l’éclatement forcé, le déracinement et l’éparpillement d’une partie de la famille pour se soustraire à la barbarie nazie. D’autres n’ont pu quitter l’Allemagne.
    Il rencontre un à un ses oncles, ses cousins qui peu à peu éclairent l’histoire de la famille entière. Les témoignages des survivants ou descendants, les lettres échangées dont il prend connaissance, les photos retrouvées chez chacun, sont autant d’éclairages poignants qui permettent de comprendre la profonde culpabilité des survivants, la douleur des exilés, et font de ce document un livre universel.

     

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    Yad VaShem Holocaust Museum: Hall of Names, Photo by David Shankbone ©


    Publié une première fois en 1989 ce livre vient d’être réédité et va trouver place dans ma bibliothèque à côté des Emigrants de W G Sebald et des Disparus de D Mendelsohn

    L’auteur
    Né aux environs de Bruxelles en 1951, Joseph Pearce est critique littéraire et chroniqueur pour les deux grands quotidiens flamands De Morgen et De Standaard. Il est l’auteur de plusieurs romans dont Graines de pavot (Actes Sud, 2007)

  • Dix essais

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    En route pour dix essais marquants de ces dix dernières années. Je vois d’ici la moue de certains qui n’aiment pas les essais. 
    Moi j’aime, normal vous me direz pour une blogueuse placée sous la houlette du créateur du genre.

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    Ce fut carrément la foire d’empoigne pour décider
    J’ai fait des listes, barré, ajouté, barré à nouveau, rajouté encore 
    J’ai même triché un rien en ajoutant ici des livres que je n’avais pas mis dans la case histoire (ben oui) 

    Attention cette liste n’est pas un classement, ça je suis incapable de le faire, ce sont simplement mes dix lectures les plus fortes de ces dix dernières années.

    Trois livres tournent autour d’un même sujet. Normal, depuis plusieurs mois maintenant j’ai entrepris l’étude de l’ hébreu biblique car je suis depuis toujours fascinée par la Bible, du coup j’ai beaucoup lu autour de ce thème évidement 

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    ça calme tout de suite n'est ce pas ?

     

    J’ai été passionnée par le livre de Pierre Assouline Vies de Job, et depuis même si je n’ai pas fait de billets là dessus j’ai lu plusieurs livres sur le sujet, mais le sien reste vraiment celui qui m’a le plus enthousiasmé 

    J’ai élu aussi au titre des meilleurs essais la somme que représente La Bible dans les littératures du monde mon intérêt pour la Bible étant largement plus littéraire que religieux, cette somme m’a vraiment laissé stupéfaite, j’ai retrouvé là des écrivains que j’aime : Faulkner, Giono, Proust bien sûr qui tous peu ou prou ont été imprégnés, inspirés, marqués par la Bible 
    Et puis pour ne pas en rester à l’Ancien Testament, il y a bien sûr Le Royaume que j’ai lu et écouté (lu par l’auteur, Emmanuel Carrère est parfait dans le rôle ) à plusieurs reprises malgré tout ses petits défauts

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    Pour moi qui ai besoin de sagesse

    Autre compilation mais celle là d’un autre siècle, Erasme et ses adages, oui je sais c’est pas vraiment glamour mais c’est un peu comme un dico ou une encyclopédie si vous avez le malheur de l’ouvrir vous êtes ameçonné et vous passez un temps fou à rebondir d’un adage à l’autre Là aussi je suis admirative du travail de traduction de toute une équipe.

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    J’ai dit que j’ai flirté avec l’histoire, deux essais m’ont passionné dans des genres bien différents 
    L’un centré sur un pays, l’autre carrément sur le monde

    Goulag d’ Anne Appelbaum fut  un choc malgré des lectures déjà faites sur le sujet, un livre à lire pour tout amateur d’histoire de la Russie
    Dans un genre nettement plus ludique mais pour autant excellent c’est Sapiens, le livre de Yuval Noah Harari dont le succès fut immense et que je mets sans hésitation sur ma liste.

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    Que serait cette liste sans l’auteur dont je mets sans hésitations deux des livres dans ce choix de la décennie passée : Monsieur Mendelsohn, là aussi je triche un rien car Les Disparus apparait dans ma liste de livres lus avant l’ouverture du blog mais dans un billet sur mes lectures les plus importantes il apparaissait déjà : Pour la quête du passé qui dévide l’écheveau de l’histoire, pour la restitution par l’auteur à travers les personnages de sa famille de la mémoire de personnes empêchées de témoigner, parce qu’il fouille les souvenirs des témoins avec compassion et dignité...Un très très grand livre
    Par contre son dernier essai un rien homérique, lui est bien sur ce blog et fut certainement une des meilleures lectures des mois écoulés. 

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    Vous êtes au bout ......... 

    Deux chouchous indétrônables  Proust et Montaigne.

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                                             Mon marque page préféré 

    Impossible de ne pas donner une place à Pietro Citati et à sa Colombe poignardée pour moi un des meilleurs essais sur Proust et le joyeux Comment vivre de Sarah Bakewell qui permet à Montaigne d’être présent sur cette liste de bienheureuse façon