Une auteure que j’ai apprécié, un éditeur qui mérite d’être connu, c’est pas mal non pour un tout petit livre.
Saint Jérôme - Leonello Spada
Même si depuis quelques temps j’ai un peu perdu mon envie de lire, il faut bien que j’avoue que j’ai le vice de la lecture, celui que Larbaud dénommait Ce vice impuni.
Sans vouloir faire de comparaison, je n’oserai pas, voilà un autre adepte de ce vice.
Saint Jérôme, érudit absolu, lettré magnifique, était parmi ses contemporains une exception, celui qui a tout lu, tout absorbé et qui bientôt sera celui qui traduit.
Saint Jérôme Albrecht Dûrer
« Jérôme lisait Cicéron le jour et Platon la nuit, les préférant au style négligé des livres saints »,
Et voilà le problème qui surgit, grand lecteur certes mais qui avait un préférence pour Cicéron plutôt que pour les écrits des livres saints c’est plutôt mal vu ça.
Saint Jérôme - Simon Vouet
« Jérôme n’en fait qu’à sa tête. Il lit ce qu’il veut, il écrit ce qu’il veut, de la satire à la caricature en passant par la polémique ou la dogmatique, dans une liberté totale et sans partage. »
Il va rater d’un cheveu la tiare de Saint Pierre, voilà où mène la lecture !! Il aura sa traversée du désert qui l’emmènera à Bethléem. Mais comme on ne se refait pas il emporte Virgile avec lui.
Au désert - Lorenzo Lotto
Il faut dire que d’après Lucrèce Luciani, notre Jérôme était un rien ombrageux, colérique, préférant la solitude à ses contemporains, mettant toute sa hargne et sa passion dans ses lettres. Saint Augustin un de ses destinataires n’a pas vraiment apprécié.
D'irréductibles ennemis : Saint Augustin et Saint Jérôme
Pour l’époque Jérôme fait figure d’exception, il est trilingue et outre la latin qui est sa langue que l’on peut dire maternelle, il maitrise le grec et l’hébreu qu’il a apprit au prix d’efforts héroïques.
Lucrèce Luciani dit de lui qu’il est « philosophe, rhéteur, grammairien, dialecticien »
A la lire on peut ajouter qu’il était un polémiste opiniâtre, un styliste magnifique, un traducteur qui a laissé une trace indélébile avec sa traduction de la Bible.
Vu par Le Caravage
« Chez Jérôme, la lecture engendre la lecture. Elle est en amont et en aval de lui, comme une eau qui l’entoure, le baigne, le pénètre et passe sans cesse dans le moulin de son esprit »
Elle profite de cette sorte d’écrit biographique pour nous introduire dans la fabrique des livres de l’époque, le travail des copistes qui copient et recopient, une période nous dit-elle qui est comme « l’acte de naissance de la littérature occidentale ».
J’ai découvert le rangement des livres , à plat ou vertical, la naissance des bibliothèques personnelles que l’on retrouvera chez Montaigne.
La bibliothèque d'Ivre de livres
Lucrèce Luciani à sa façon de ranger « Le rangement de ma bibliothèque c’est une longue guerre amoureuse, ceux qui enchantent, ceux qui procurent du plaisir, ceux que l’on peut oublier, ceux que l’on relira à coup sûr »
Ce petit livre est à la fois érudit, drôle, impertinent, passionnant. D’une richesse qui vous embarque immédiatement vers cette naissance de l’écrit qui ne sera dépassée que par celle de l’imprimerie. C’est une ode à la passion de lire, aux livres, aux bibliothèques.
Vu par Antonello da Messina
« Un lettré au milieu de ses livres qui lit et écrit comme il respire »
Petit livre rare qui va trouver sa place naturellement dans ma bibliothèque.
Et qu’on se le dise Saint Jérôme est le patron des traducteurs
Le livre : Le Démon de Saint Jérôme - Lucrèce Luciani - Editions La Bibliothèque