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A sauts et à gambades - Page 32

  • La Péninsule des 24 saisons - Mayumi Inaba

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    L’auteure de ce livre n’a pas encore soixante ans quand elle décide de faire une pause dans sa vie de travail à Tokyo.

    On peut dire qu’elle a préparé ses arrières, s’étant prise d’amitié pour la presqu'île de Shima elle s’est fait construire une maison. 

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    Presqu'ile de Shima

    Elle va partir y vivre espérant vivre en harmonie avec la nature, une vie simple, un rythme de vie plus lent, preuve en est qu’elle utilise le vieux calendrier japonais divisant chaque mois en deux périodes et ainsi 24 saisons.

    « Les saisons sont au cœur de notre vie quotidienne, ce ne sont pas quatre mais vingt-quatre saisons qui scandent nos journées. Les choses changent, les choses passent, et c'est bien ainsi. Ce n'est pas l'homme qui ajoute ou qui retranche, c'est la nature »

    Sa nouvelle vie est parfois difficile, décevante, mais la plupart du temps elle lui procure de la joie.
    Son regard change, son observation lui fait voir des choses ignorées
    « C’était un soir de pleine lune après la pluie. J'ai vu la proue de la barque qui semblait vouloir s'approcher de la lune pour la rejoindre.  Dans le halo de la lune qui se reflétait sur l'onde, la proue a bougé, j'en suis certaine. le reflet qui scintillait à la surface de l'eau en ondulations brillantes dessinait exactement une barque avançant sur la mer. Comme peu de personnes me croiront, je garde ce secret pour moi » 

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    Loin de la vie trépidante de Tokyo elle apprécie les falaises proches de chez elle, le marais dont elle protège l’existence.
    Elle marche, parcourt la côte, fait la cueillette des champignons.
    Elle développe des amitiés avec les habitants, participe aux fêtes, visite la miellerie  voisine.

    C’est une vie au rythme des saisons, parfois accélérée par les visites de sa mère âgée qui vient admirer le ballet des lucioles.

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    Ce livre n’est pas parfait il y a quelques longueurs mais c’est une parenthèse bienvenue en ce moment.
    J’ai aimé cette pause où l’on profite du parfum des fraises des bois, du cri des crapauds.
    Vous pourrez y glaner quelques recettes locales.

    Mayumi Inaba nous offre une pause très zen, immergée dans la nature, son journal m’a rappelé celui de Rick Bass et ses Cinq saisons 

     

    Deux avis sur ce livre de Lire et Merveilles  et Lecturissime

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    Le Livre : La péninsule des 24 saisons - Mayumi Inaba - traduit par Elisabeth Suetsugu - Editions Philippe Picquier 

     

  • Bribes provençales

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    « Ma douce, vive, exquise Provence. La parfumée, la bondissante, même quand elle dort ; la sage et la prudente, même quand elle est folle ; si intelligente, si sensée ; rieuse même dans le sérieux, et sérieuse dans le rire »

    « Qui ne pense pas au vent ne peut penser Provence. Elle est le royaume du mistral. Et son roi a bien le nom du maître. Elle est toute à lui, et il la régit toute, corps, âme et biens. »

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    « La terre de Provence, pleine de sel et d’esprit, donne à la vie une forme si heureuse que tout excès s’en élimine ; et comme le mistral, le rire emporte les miasmes. »

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    « Avec Sienne, Avignon est la plus belle des petites villes. Sienne est plus féminine, Avignon, plus virile. Sienne a bien plus d’art, Avignon plus de vie. A l’arrivée, Avignon flambe dans le couchant. Dans les petites rues au fleuve, que de femmes belles, brûlantes, éblouissantes.
    J’aime et je redoute Avignon. »

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                                        Les Alyscamps  Van Gogh

    « Je les ai vues dans le bleu du printemps, et le chant des oiseaux. Puis, dans le temps gris d’automne, et les allées toutes pleines de feuilles mortes, toutes bruissantes. Le vent de la mer les agitait et jouait de la harpe sur ces cordes cassées. Toutes ces feuilles sont couleur de terre, grises et déjà poussière, ou déjà tavelées de brune pourriture ; rares sont les feuilles jaunes, et pas une n’est d’or. »

     

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    « Les Baux sont, au milieu, le vrai cœur de la Provence. Les Alpilles sont belles comme une ode souriante de Pindare, comme un chœur d’Eschyle.
    Les Alpilles sont les plus belles montagnes que je sache avec les monts Albains, pour moi, qui ne dois point voir l’Attique, le Pentélique ni l’Hymette.
    Les Baux tiennent les orages en suspens ; ils dispersent les pluies, et ils lancent sans cesse le mistral et la lumière. »

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    Le livre : Provence - André Suarès - Editions Edisud

  • L'Ukrainienne Joseph Winkler

    J’ai acheté ce livre bien avant la guerre en Ukraine, attirée par le titre et surtout l’auteur que j’avais déjà lu 
    Lecture et événements se sont télescopés.

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    Alors qu'il termine un manuscrit, en 1981, Joseph Winkler s’ installe dans une ferme près de sa vallée natale de Carinthie, à Mooswald. 

    Il fait la connaissance d'une femme d'origine ukrainienne, Nietotchka Vassilievna Oliachenko,  qui va lui raconté sa vie... 

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    Tableau d'Anastasia Rak 

     

    Le roman se compose de deux parties. 

    Dans la première partie on suit l’installation de l’auteur à la ferme, sa participation aux travaux agricoles, fenaison, cueillette des baies, soins des bêtes et le début de ses entretiens avec la maitresse de maison installée là depuis la guerre. 

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    Petit à petit les mots arrivent, toute la parole retenue depuis des décennies, se déverse.

    Un récit voit le jour, récit du destin d’une femme, d’une famille et au delà  d’un pays entier.

    Ne vous attendez pas à un récit romanesque, non c’est brut de décoffrage, sans fioriture aucune, les phrases s'enchaînent sans style littéraire, les souvenirs et anecdotes se pressent,  le discours est souvent répétitif, illustrant combien les souvenirs sont encore vivants dans l'esprit de Nietotchka.

    Si vous ne connaissez rien de l’histoire de l’Ukraine vous allez en même temps prendre une leçon d’histoire. 

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    La chasse et les arrestations de Koulaks

    L’enfance pauvre dynamitée par la chasse aux Koulaks du pouvoir soviétique, par l’expropriation des paysans, par l’interdiction de cultiver la terre, les réquisitions qui vident le garde manger. La fuite du père pour échapper aux arrestations, la faim qui s’intalle.

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    Holodomor en Ukraine 

    Et là Nietotchka parle de sa mère, Hapka Davidovna Iliachenko, son héroïne, son modèle. 
    Une mère qui paie le prix fort pour assurer une subsistance à ses deux filles.

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    La famine que l'on cherche à fuir 

    Mais le destin est bassement joueur car après avoir survécu à l’Holodomor, Hapka voit ses filles déportées en Autriche par les nazis. 
    Déportation dans des wagons à bestiaux pour traverser l’Europe centrale.

    L’arrivée à 15 ans dans une ferme dont Nietotchka ne connait rien, elle est la servante, la Russe avec tout le mépris sous ce nom, séparée de sa soeur qui va vivre dans une autre vallée.
    Le soir elle regarde en direction de l’Ukraine

    « J’ai tendu les bras et j’ai sangloté. Je regardais vers l’est et je me disais Maty doit être là-bas. Je n’arrivais pas à comprendre que j’étais loin de ma mère. Je la cherchais sans cesse, sans cesse, je me postais sur le balcon et je regardais vers l’est ou bien je me tenais dans ma chambre près de la fenêtre à l’est et je l’ouvrais comme si je voulais l’appeler, comme si je voulais l’entendre m’appeler. »

    La mère et les deux filles sont doublement victimes, et pourtant Nietotchka parle sans haine. 
    « Là-bas, en Russie, les gens ne sont pas plus mauvais que ceux d’ici »
    Elle parle avec un fatalisme, une humilité et un courage qui laissent le lecteur abasourdi.

    Le récit est suivi des lettres échangées entre Nietotchka et sa mère Hapka Davidovna Iliachenko. On y sent toute la douleur de cette femme, privée de ses filles, dans l’incapacité des les rejoindre, tout rapprochement étant impossible par manque d’argent et le rideau de fer.

    Cette histoire a profondément marqué Joseph Winkler 
    « Depuis que j'ai quitté Nietotchka Vassilievna, je ne lis presque plus que de la littérature russe. Chez Dostoïevski, chez Tchékhov, chez Gorki, chez Tourguéniev, le long du Dniepr, je cherche encore des traces de la petite Nietotchka Vassilievna Iliachenko, de sa mère Hapka Davidovna Iliachenko, de son père Bassili Grigotovitch Iliachenko. Si je déploie une carte, c'est toujours la carte de la Russie. »

    Nous lecteur nous sommes parfois perdu dans ce récit, les repères chronologiques sautent, il n’y a aucun effet littéraire, les répétitions disent toute la douleur, les souvenirs épouvantables, mais c’est ce qui confère à ce récit une force inimaginable.

    J’ai aimé l’humilité de Joseph Winkler, s’effaçant derrière l’Ukrainienne, lui rendant la grandeur de son histoire, lui conférant une vérité magnifique.

    « Nietotchka Vassilievna Iliachenko m’a extirpé de mon recoin où les araignées avaient déjà tissé leurs toiles »

    Un livre que je ne peux que vous recommander, comme un accompagnement à la terrible réalité que vit l’Ukraine en ce moment.

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    Le livre : L’Ukrainienne   Joseph Winkler  Traduit par Bernard Banous   Editions Verdier 

     

  • Bribes de Notre-Dame

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    « Notre-Dame de Paris brûle. Des langues de feu, rouge et orange vifs, s’échappent de la toiture et lèchent le ciel, comme dans un tableau de damnation de la Renaissance. La foule est immobile et silencieuse, le regard perdu, égaré. L’instant est tragique, mais aussi magnifique. Les larmes perlent sur les joues des spectateurs impuissants, les lèvres prononcent des prières silencieuses »

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    « Il est des certitudes qui nous aident à vivre. Elles sont les piliers de l’existence sans lesquels nous ne pourrions supporter les épreuves du temps. Notre-Dame est l’une d’elles depuis plus de huit cent cinquante ans. 
    Cette soirée du 15 avril 2019 a au moins eu le mérite de le rappeler à tous ceux qui l’avaient oublié. Si en un soir Notre-Dame peut disparaître sous nos yeux, alors toutes nos autres certitudes peuvent elles aussi s’effondrer : démocratie, paix, fraternité. »

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    « Notre-Dame représente l’un des exploits architecturaux de l’humanité, le visage de la civilisation et l’âme d’un pays singulier. À la fois sacrée et laïque, gothique et révolutionnaire, médiévale et romantique, elle a toujours offert un refuge à tous, croyants ou athées, chrétiens ou non. »

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    Manuscrit de V Hugo

     

    « Hugo a trouvé le titre, Notre-Dame de Paris, et se met à écrire le 25 juillet. Deux jours plus tard, les Parisiens dressent des barricades à un jet de pavé de ses fenêtres. Tout comme pour son ami Delacroix, les événements de juillet 1830 vont enfiévrer son inspiration et décupler ses forces créatrices.

    La cathédrale ne fournira pas seulement le décor du récit. Au côté du peuple de Paris, elle sera l’histoire et l’héroïne du roman. Au fur et à mesure qu’il construit l’intrigue et façonne ses personnages – la belle bohémienne Esmeralda, son soupirant secret, le gentil sonneur de cloches bossu Quasimodo, l’horrible archidiacre Claude Frollo, le poète sans le sou Gringoire, le beau capitaine de la garde Phoebus – l’écrivain est comme dépassé par le récit qu’il a imaginé. »

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    Le livre : Notre Dame  L’âme d’une nation - Agnès C Poirier  - Editions Flammarion

  • La Carte postale Anne Berest

    Un livre que je n’ai pas lâché et pour moi en ce moment cela tient de l’exploit. Foin du battage médiatique autour de ce livre, sachons reconnaitre la sagesse de la jeune génération qui a couronné ce livre du Goncourt des lycéens.

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    Anne Berest lit un extrait de son livre 

    Une carte postale jetée dans une boite aux lettres sans âge chez Lelia la mère de l’auteure.
    Nous sommes en janvier 2003 et sur la carte quatre prénoms Ephraïm, Emma, Noémie, Jacques
    Le père, la mère et leurs deux enfants, tous morts en déportation à Auschwitz.

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    Comprendre la provenance de cette carte, la relier au passé, reconstruire petit à petit l’histoire de la famille Rabinovitch, c’est ce que vont faire Anne la fille, aidée de Lelia Picabia la mère afin de suivre le fil rouge vers les grands parents Rabinovitch, les oncles et tantes disparus mais aussi ceux qui ont survécu comme Myriam celle dont le prénom n’est pas sur la carte postale et qui sont passés entre les mailles du filet.

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    Aujourd’hui tout lecteur intéressé par la Shoah sait que longtemps le silence s’est fait autour de la déportation, autour du retour des camps, autour de la responsabilité des autorités. 
    Mais en voir l’implication directe, non pas pour une entité floue « les juifs » mais pour des personnes nommées, décrites jusque dans leurs défauts, leur beauté, leur maladresse c’est tout autre chose.

    Anne Berest à travers sa quête fait entendre la voix des exilés, des oubliés, des disparus, des victimes mais aussi la voix de ceux et celles qui ont tendus la main.
    Si vous avez lu Les Disparus de Daniel Mendelsohn, vous reconnaitrez ici la même quête, le même souci et la même interrogation face à l’identité juive.

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    J’ai aimé ce livre pour sa richesse, il m’a rappelé un livre lu il y a longtemps mais qui est aujourd’hui encore dans ma bibliothèque : Adieu Volodia de Simone Signoret qui décrivait si bien ces immigrés fuyant les pogroms et tentant vaille que vaille de « s’assimiler » persuadés que la France était leur salut.

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    le rêve sioniste 

    Le lecteur traverse le temps des années 20 à aujourd’hui mais aussi toute l’Europe malmenée de la Russie à la Pologne, de la Lettonie à la France, le lecteur rencontre le rêve sioniste en Palestine qui n’a pas toujours des couleurs joyeuses.

    Collaborateurs et résistants se mêlent, bêtise et malhonnêteté administrative des autorités d’après guerre qui refusent le terme de déporté, qui nie les faits et leurs conséquences et chape de plomb qui recouvre les crimes pendant des années.

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    Les Rafles

    J’ai aimé la façon qu’a l’auteur de dire le plus difficile en peu de mots. Elle sait nous transmettre cette inquitétude qui se transforme en peur puis en panique devant la montée de l’horreur. 
    Elle sait parfaitement nous transmettre la colère, l’incrédulité, la sidération, puis après, le mutisme de ceux qui sont revenus.

    J’ai aimé la construction et l’apparition de personnages comme Irène Némirovski ou Grabrielle Buffet et Vicente Picabia ou même André Gide.

    J’ai aimé la démarche d’Anne Berest qui dit « Je me reconnais enfin : je suis fille et petite fille de survivants » 

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    Le Film Les Guichets du Louvre 

    J’ai aimé la façon qu’à l’auteur de rythmer son récit par des dates qui touchent la famille Rabinovitch mais aussi tout citoyen de l’époque : 30 janvier 1933,  juillet 1942 et la rafle du Vel d’hiv qui pour moi est illustré par le film  Les Guichets du Louvre  le film de Michel Mitrani où l’on voit à la fois le zèle d’une police aux ordres et le courage de ceux qui surent désobéir.

     

    Une remarque :  parfois il y a confusion entre qui parle et de qui on parle. Mais est ce un petit défaut ou une volonté de l’auteure car c’est bien le propre de ce genre de quête d’être en permanence dans le flou, l’incertain, le rêve mêlé au cauchemar. 

    Lisez et faites lire ce livre, offrez le aux plus jeunes, une jolie façon de tisser le lien entre un passé douloureux et un futur que l’on voudrait meilleur.

    shoah

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    Pour poursuivre cette lecture vous pouvez aussi lire Les Disparus de Daniel Mendelsohn, La Rafle du Vel d’Hiv  de Claude Levy et Paul Tillard

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    Le livre : La Carte Postale  - Anne Berest  -  Editions Grasset

     

  • Vive la technologie

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    21 jours, bonté divine ma colère n’est pas encore calmée.

    21 jours et à peu près autant de coups de téléphone 

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    Je me suis mis en prière 

    21 jours à batailler avec l’application dédiée sur mon téléphone qui heureusement pour moi dépend d’un autre opérateur

    21 jours sans internet par la grâce de mon opérateur préféré !!! 

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    Et depuis hier soir le miracle c’est accompli, le wifi est de nouveau opérationnel.

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    Vous pensez que je crie victoire, euh presque parce que mystérieusement la télé elle ne fonctionne pas, là ça me gêne moins je ne la regarde plus depuis 2 ans !

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    Moi qui avais repris mon blog un peu cahin-caha, cette panne prolongée m’a redonné l’envie furieuse de faire des billets, allez comprendre quelque chose 
    Bref je suis heureuse de vous retrouver après quelques visites chez vous je serai opérationnelle.

    Vive internet