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« Cette plantation d’épinettes poussées en orgueil et fières comme des montagnes est un temple du silence où se dresse ma cabane. Refuge rêvé depuis les tipis de branches de mon enfance. »
« Je reste ici à manger du riz épicé près du feu, à chauffer la pièce du mieux que je peux et à appréhender le moment où je devrai braver le froid pour remplir la boîte à bois. »
« Le thé noir à la cardamome bout sur le poêle. J’ai la langue brûlée à force d’espérer que le baume des Indes coulant dans ma gorge saura réchauffer mes os. Ou redonner à mon squelette une posture moins accablée. »
« Moi aussi, je mènerai un combat, mais sans armes, sans vandalisme, sans sensationnalisme. Dans les limites légales de la désobéissance civile et dans la sagesse de Thoreau. Je planterai des arbres par milliers, je sèmerai des fleurs pour nourrir les rares abeilles, je vivrai de ma terre en métamorphosant la plantation d’épinettes en espace où la faune et la flore seront foisonnantes. Avec chaque sou économisé, j’achèterai toutes les forêts privées et les champs avoisinants en monoculture, et je les laisserai en friche, fleurir sans coupes, pousser en paix. Ma vie reprend du sens dans ma forêt. »
Le livre : Encabanée - Gabrielle Filteau Chiba - Editions Le Mot et le Reste
On peut descendre dans les rues pour manifester son mécontentement, on peut soutenir des associations, on peut regarder et écouter les informations sur des médias de qualité mais on peut aussi se plonger dans l’histoire d’un peuple et dans sa littérature pour comprendre un peu ce qui se passe, les enjeux, les traces sanglantes de l’histoire.
Mars 2020
Voici quelques titres sortis de ma bibliothèque ou des mes lectures au fil des années, allez y piochez dedans histoire de vous faire votre opinion !!
Avant un petit clin d’oeil
Tout le monde a le droit de changer d’avis sur un sujet mais lorsque des pseudo personnalités débitent des âneries je crois que nous sommes en droit des les pointer Alors si comme moi vous aimez voir une pseudo personnalitése prendre les pieds dans le tapis faites vous plaisir Comme disait Michel Audiard: Les C… ça osent tout c’est même à ça qu’on les reconnait
Le premier livre d’opposition
Le plus ancien livre que j’ai lu sur l’Ukraine c’est Maroussia, je devais avoir 7 ans et je garde un souvenir doux de cette enfant prête à lutter au coté de son géant et ami
Vous pouvez encore le trouver en numérique gratuit car ce livre est très ancien
Maroussia
La beauté de l’Ukraine
Blonds étaient les blés de l’Ukraine de Marie Gagarine
Un livre lu à l’adolescence qui m’avait marqué. On peut toujours le trouver d’occasion je pense la préface est de Macha Méril
Les livres de la guerre
Leux livres qui m’ont plus que touché : Tout passe de Vassili Grossman dont la mère fut tuée à Kiev sans doute dans les fosses de Babi Yar.
Plus ancien : La Garde Blanche de Mikhaïl Bulgakov : Une histoire de l’Ukraine après l’indépendance et à la fin de la guerre de 14, un livre fort que je n’ai jamais chroniqué mais que vous pouvez retrouver chez Tania
Holodomor : l'extermination par la faim
Si vous voulez comprendre la haine parfois forte pour la Russie, les Ukrainiens n’ont jamais oublié Holodomor : l’extermination par la faim.
« La famine meurtrière qui frappa l’Ukraine au début des années 30 reste un des chapitres les moins explorés de l’Histoire soviétique. Anne Applebaum répare enfin cette injustice par un livre qui fera date. Elle impressionne par la somme des connaissances rassemblées et commentéessur ce qui fut une véritable extermination de tout un peuple organisée par le Parti communiste soviétique sous Staline
Car cette famine organisée fit plus de 5 millions de victimes – dont 3.9 millions d’Ukrainiens, et l’héritage de cette mémoire que l’URSS a tenté d’éradiquer joue évidemment un rôle considérable dans les relations russo-ukrainiennes au temps présent.
Tableau de Nina Marchenko
Lisez : Famine rouge d' Anne Applebaum aux Editions Grassetqui s’impose par sa documentation incontestable, sa hauteur de vue et les perspectives qu’il dégage Un livre nécessaire pour comprendre un épisode tragique de l’Histoire du XXe siècle autant que la réalité politique actuelle de cette région du monde. »
La Seconde guerre mondiale
L’indispensable livre si l’on veut comprendre ce qui a laissé des traces dans les Terres de sang comme les nomme Timothy Snyder dans son livre magistral
Je ne suis pas aveugle sur le passé de l’Ukraine qui ne fut pas toujours reluisant, les pogroms, l’aide apporté au massacre des juifs, sont à ne pas oublier. Le pays a comme tous les pays d'Europe ses néo nazis hélas. En 2022 nous étions en paix en Europe et ce n’est plus le cas
Un livre que je suis en train de lire : L'Ukrainienne de Joseph Winkler qui raconte le parcours invraisemblable d'une adolescente Ukrainienne déportée par les nazis vers la Haute Autriche comme main d'oeuvre paysanne. Je vous en parlerai bientôt
Pour terminer je vous invite à écouter ou réécouter les 4 podcastsque France Culture a consacré à l'histoire de l'Ukraine en 2014 ils vous aideront là aussi à mieux comprendre la GUERRE d'aujourd'hui avec des invités qui savent de quoi ils parlent : Timothy Snyder ou Nicolas Werth
Je vous emmène en Haute Autriche dans les années 40 pour vous faire vivre pendant quelques décennies avec la famille Goldberger.
Le roman débute par une arrivée en catimini, celle de Ferdinand Goldberger à Rosental, personne n'est là pour l'accueillir il n’y a que l’idiot du village pour l’apercevoir.
Goldberger a été muté contre son gré à Rosental, des exactions commises on ne saura rien de précis mais des forfaits ont été commis pour qu’il quitte précipitamment son village et surtout son domaine d’innviertel.
La campagne de Haute Autriche
Il s’installe à Rosental avec sa fille Martha, son fils Ferdinand lui est au front puis prisonnier de guerre. La guerre parait loin, l’auteur ne la mentionne qu’à travers certains personnages comme la femme de l’aubergiste qui a perdu mari et frères.
Le frère et la soeur ne sont pas heureux de ce changement, Martha a perdu la parole comme si la culpabilité du père pesait sur les enfants.
Chez les Goldberger on lit laBible. Ferdinand a coché une formule de l'Exode qui éclaire le roman de façon violente « Moi, l'Eternel, ton Dieu, je suis un Dieux jaloux. Je punis la faute des pères sur les enfants jusqu'à la troisième et la quatrième génération »
L’exploitation passera au fils revenu de la guerre, il aura deux fils Thomas et Paul qui seront encore marqué par d’une certaine façon par le poids du péché. Les études n’aboutissent pas toujours, les mariages ne sont pas heureux, la ferme est florissante mais parfois les enfants se font attendre. Tous les personnages sont des taiseux, les sentiments sont peu exprimés, les gestes d’affection sont très rares.
Un récit fort, dense, parfois peut être un peu long mais c’est un très léger défaut. La Psychologie des personnages est parfaitement détaillée, riche, l’auteur scrute, analyse et rend palpable les doutes, la culpabilité, les regrets. J’ai aimé les descriptions du travail de la terre, des paysages magnifiques de la Haute Autriche, il y a des pages splendides. La nature est somptueuse, les lilas du titre sont là pour nous accompagner de génération en génération, de saison en saison, le parfum lui est toujours présent et rappelleindéfiniment le passé douloureux.
Reinhard Kaiser-Mühlecker est un des grands auteurs autrichiens très peu connu en France faute de traductions. Son écriture est sobre, classique mais d’une efficacité redoutable qui lui confère une vraie force.
Il est devenu écrivain car l’absence de réponse de sa famille et les silences sur la période du nazisme l’ont poussé vers le roman mettant en scène cet après guerre douloureux.
Ce roman permet à l'écrivain de parler de son pays, de la part très active qu'il a pris aux crimes du nazisme. Une façon de parler de l'indicible à travers la difficulté de communiquer des personnages.
La suite du roman est déjà paru en Autriche. Je serai certainement attentive à la sortie et traduction des Lilas noirs
Le livre : Lilas rouges - Reinhard Kaiser-Mühlecker - Traduit par Olivier Le Lay - Editions Verdier
« Pour la première fois, il me semblait qu’en des mots se trouvaient enclos les merveilles et les effrois du monde, que des mots avaient le pouvoir d’en convoquer les puissances, peut-être même de les créer. »
« Par eux s’opérait une mystérieuse alchimie. Comme si venaient à moi le monde, une infinité de mondes, une cohue de personnages, hommes, femmes, enfants qui se bousculaient, me captivaient – m’envahissaient ? Non : m’agrandissaient. Que je ferme les yeux, encore aujourd’hui, et ils reviennent, qui me font signe (…)Chasseurs d’or de James Oliver Curwood,Chingachgook pleurant son fils mort, dernier des Mohicans,Ivanhoé s’inclinant devant sa belle au tournoi d’Ashby »
« J’étais Buck redevenu loup, qui menait la chasse en tête de sa meute, sous les lunes pâles, Allan Quatermain en quête des mines du roi Salomon, Mary Yellan, aussi, découvrant les mystères de l’Auberge de la Jamaïque, tout comme Prue, l’héroïne de Sarn au bec-de-lièvre, face aux moqueries et aux insultes, ou Scarlett prête à tout pour Tara. »
« Ils se pressent, comme aux premiers jours, me rappellent que tous m’ont fait ce que je suis, sont à jamais partie de moi »
Le livre : Pour l’amour des livres - Michel Le Bris - Editions Grasset
C’est agréable de reprendre contact avec un auteur que l’on a déjà lu avec plaisir. J’ai lu deux romans d’Hélène Gestern, le dernierL’odeur de la forêt avait été un vrai plaisir de lecture. J’ai donc repiqué avec son dernier roman et je vous invite à faire de même.
Un roman qui a la musique comme toile de fond mais aussi l’art si intrigant de la lutherie, l’ébénisterie d’art, la connaissance pointue des partitions , le monde des musicologues et enfin la musique qui envoûte.
D
Domenico Scarlatti
Petite colle : Savez vous combien Scarlatti a composé de sonates ?555 mesdames messieurs, du moins 555 qui nous soient parvenues.
Aussi lorsque Grégoire Coblence ébéniste se voit confier un étui de violoncelle et qu’il y découvre une partition très ancienne sa curiosité est piquée. Il n’est pas musicien mais fou amoureux de musique, serait il possible que ce soit une oeuvre du compositeur italien, la 556 ème sonate ?
Un ébéniste d'art
La recherche qu’il va entamer va lui permettre d’oublier un peu sa femme qui l’a planté là deux ans auparavant sans aucune explication.
Il partage son atelier avec un luthier, Giancarlo Albizon homme à femme et en proie au tourment du jeu et des dettes qui vont avec. Celui ci voit immédiatement dans la partition l’occasion de payer ses dettesoubliant un peu vite que la partition appartient avant tout au propriétaire du violoncelle.
Un luthier
Lorsque la partition est volée les deux hommes vont devoir faire appel à des connaisseurs pour tenter de retrouver la partition et l’authentifier.
Hélène Gestern nous fait faire connaissance avec un musicologue odieux, un mécène riche comme Crésus, et Manig Terzian célèbre claveciniste qui a enregistré l'intégrale des 555 sonates.
« Quand je l'ai déplié, des grains de poussière ont dansé dans le soleil. J'ai reconnu immédiatement les lignes qui réglaient les pages et les notes qui s'y accrochaient en zigzag. C'était une partition » Ici la partition de la sonate K 466
Nous voila dans une partition à cinq voix, elles vont s’entremêler pour promener le lecteur dans le monde de la musique celle- ci étant LE personnage majeur du roman.
J’ai aimé cette découverte, elle m’a instruite et amusée à la fois. Tous ces personnages partagent d’une certaine façon l’amour de la musique, pour certain c’est l’occasion de jouer Scarlatti peut être pour la dernière fois, pour un autre c’est l’occasion d’écraser ses confrères, pour le troisième c’est le moment d’assouvir le besoin compulsif de posséder.
Scott Ross
Hélène Gestern se nourrit de musique, elle dit dans une interview qu’elle a découvert Scarlatti grâce à l’intégrale de Scott Ross.
Avec son roman elle a fait une adepte supplémentaire de Scarlatti que je connaissais très peu et dont je vous invite à écouter la K. 466 je suis tombé sous le charme immédiatement.