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« Chypre est un immense jardin où s’acclimatent les végétaux de la terre entière.
Les envahisseurs s’y succèdent pendant des siècles. Phéniciens, Grecs, Romains, Francs, Vénitiens, Turcs et Anglais y ont tous laissé des traces durables et maintes empreintes visibles. »
« Donc tout pousse, tout prospère : Jasmins, seringas, magnolias, hibiscus, amaryllis, bougainvilliers, volubilis, safran, eucalyptus, palmiers géants et palmiers nains; cycas, ginkgos, cadiers, bananiers, pistachiers, grenadiers. »
« Seules les roses ont déserté Chypre
Le Livre : Le Géographe des brindilles - Jacques Lacarrière - Editions OZOHNI
Toujours en panne de lecture je me suis tournée vers mes amours de toujours.
François Cheng nous invite dans le monde de la peinture chinoise et de la poésie.
C’est un bonheur total que ses livres, j’ai pris grand soin de mes exemplaires et bien m’en a pris car ils sont aujourd’hui vendus d’occasion à des prix prohibitifs et Phébus ne les a jamais réédités.
Le volume sur Shitao a ma préférence, une façon magnifique d’entrer dans le monde de la peinture de paysage ou comme les chinois aiment l’appelerShanshui peinture de montagne et d'eau.
Shitao Autoportrait
Classiquement dans ce livre François Cheng tisse une petite biographie du peintre
De naissance royale 1642 il a une enfance difficile et il se réfugie dans un monastère bouddhique. Initié à l’art il va connaitre le succès qui lui tournera un peu la tête, il signe ses oeuvres de différents pseudonymes dont le plus célèbre est« Citrouille-amère »
Il est l’auteur d’un traité de la peinture que François Cheng considère comme un sommet de la pensée esthétique chinoise. Il finira sa vie d’artiste retiré dans un ermitage .
François Cheng nous introduit dans le monde de cette peinture toute en atmosphère.
Conversation au bord du vide
Shitao est un paysagistes qui va vous faire rêver. Vous irez d’un ermitageà l’autre parfois à pied, parfois en barque parmi un royaume de montagnes et de brumes de cette chine hors du temps. Un monde chanté par les poètes chinois depuis des siècles.
Vous aurez du mal à quitter les lieux.
« ses coups de pinceau sont célèbres par leur vivacité, leur audace, mais surtout leur stupéfiante variété. Son esprit d’invention, sa hardiesse toujours en alerte ont littéralement brisé le moule de la composition classique »
François Cheng souligne l’importance du Vide dans la peinture de Shitaole Vide assure la circulation des souffles vitaux. Il y a la volonté chez le peintre de solliciter tous nos sens et ainsi d’approcher le mystère des choses, de goûter « la saveur du monde »
Shitao Dernière randonnée
Mélant commentaires, reproductions et poésie François Cheng comble le lecteur dont l’oeil va du rouleau chinois, à la plume de l’auteur à la poésie classique qui illustre si bien les paysages.
Ce sont plus que des beaux livres c’est un monde offert, allez y sautez dedans vous ne le regretterez pas.
Le Livre: Shitao la saveur du monde - François Cheng - Editions Phébus 1998
Imaginez Bach à 20 ans ! Oui je sais c’est un peu difficile.
Il est organiste à Arnstadt en Thuringe
« Arnstadt une ville glaciale en hiver »
Il est connu, respecté, obéissant. « Il jouait son rôle avec ferveur et discrétion » Le hasard le met en contact avec une partition de Dietrich Buxtehude, sept cantates,il savoure cette partition, elle l’exalte. L’urgence lui apparait de percer le mystère de cette partition, de rencontrer le créateur de cette oeuvre incroyable.
Il obtient un congé de 4 semaines du Consistoire, congé qu’il va allonger à sa guise. Il prend la route en plein hiver et va abattre les 400 km qui le séparent de Lübeck pour rencontrer le Maitre, la partition serrée contre son coeur.
Son voyage est tout de solitude et de silence. Rien ne lui importe, le froid de gueux, les voleurs qui le détroussent au passage, il n’a en tête que le Maître Buxtehude et sa musique parce que la musique est tout :
« On lit la musique comme on entre au couvent. On lit la musique pour entendre une autre voix que la sienne, plus profonde, plus sérieuse. Pour lire la musique, il faut être disponible à cette voix des profondeurs, à cet appel du silence, rugissant. »
Les Orgues d'Arnstadt
On a envie de dire qu’il fait une fugue, mais bon je vous l’accorde c’est un rien facile.
C’est plutôt un pèlerinage initiatique, sa foi en Dieu l’accompagne, celle que l’on va retrouver dans l’Oratorio, dans les Messes et les Cantates. Le récit est d’ailleurs émaillé de références bibliques.
Statue de Bach à Arnstadt
Simon Berger nous fait vivre ce voyage :
« Les haleurs passent devant Bach. Lui regarde, heureux d’être étranger à leur labeur, honteux de ne pas les aider. De la musique plein la tête, il est à peine gêné par leur chant. On entend que Dieu est ma tour, que Dieu est ma forteresse. On ne sait pas qui chante. On devine à peine que quelqu’un chante. Tout parle d’une voix qui se met à chanter, sans que l’on sache quand, exactement. Les arbres, les haleurs, le silence chantent. C’est la musique qui commence. Ce n’est pas qu’elle emplit tout, c’est que tout subitement la connaît. La musique est devenue la couleur du monde. »
Est-ce ce voyage qui a transformé Johann Sebastian en Bach tout court ?
Un récit qui se déroule avec le temps de la musique pour le rythmer. D’ailleurs cela n’est peut-être jamais arrivé. Mais quelle importance ? On n’a l’impression de voir éclorele musicien, de le voir prendre son envol.
La rencontre avec Buxtehude va avoir lieu,reflet de la rencontre de l’auteur avec Johann Sebastian Bach « cet homme qui tutoie Dieu avec sa musique. »
Ce texte est un petit bijou, de ceux dont on regrette qu’il soit si court. Simon Berger est inspiré par Bach et nous sert un texte plein d’ardeur et de douceur mêlées, de musicalité.
Retrouvez dans ce roman la complicitémanifeste qui unit l’écrivain et le musicien. Il sait mettre en mots les bonheurs et la plénitude de la musique et vous n’aurez qu’une envie c’est d’accompagner cette lecture par une cantate, une fugue, là où va votre préférence.
Partons pour le froid sibérien, oui je sais je suis en avance sur l'hiver ?
Partons vers les grandes étendues sibériennes, terres désertiques et sauvages, majestueuses mais dangereuses.
Voilà comment commence le roman « Je n'avais aucun endroit où aller. Je me souviens m'être demandé s'il était possible qu'une route ne finisse jamais. Alors j'ai décidé de commencer ainsi. Voir jusqu'où la route irait. Cela me semblait un bon début. »
Une jeune fille reste seule après la mort de sa grand-mère, elle rencontre Igor. Igor c’est le sauvage par excellence, au magnétisme animal. Ils vont cheminer à travers une nature violente, dangereuse.
La jeune fille et Igor vont traverser le pays et se faisant vont traverser les époques à travers l’histoire et les légendes.
La guerre, la grande,a laissé des tracesqui petit à petit sont devenues légendes dans lesquelles la mort est toujours présente. L’ ancien monde qui a basculé il y a cinquante ans dans l’horreur, le Grand-Oubli.
la catastrophe
On apprend l’existence des Invisibles, ce sont les anciens pensionnaires d’un orphelinat abandonnés avec ses pensionnaires et qui maintenant représentent un danger.
La catastrophequi a rendu la vie si dure n’est pas très loin, elle a laissé le souvenir du froid qui tue, de la faim permanente, des dangers d’une forêt impénétrable et oh combien mystérieuse.
« Tout me revient. L'immensité du ciel. La traînée laiteuse d'un nuage juvénile. La fulgurance des trouées de lumière à travers les frondaisons. Un bourdon volette au-dessus de ma tête, plein d'une grâce pataude. »
Tout l’art de Laurine Rouxest de nous apporter cette nature avec une presque douceur alors que la furie des hommes est là, latente, cachée. Mais elle peut basculer en quelques mots vers l’âpreté et la pourriture.
Ici c’est le règne des grands espaces avec une nature singulière, de celle que l’on peut côtoyer chez Jack London par exemple.
L'auteur
Un très court roman mais empreint d’une telle force que l’on voudrait que l’histoire ne finisse pas. Tout m’a plu le dépaysement, le côté universel des personnages, le côté atemporel de l’histoire J’ai aimé ce monde de légendes et de croyances. J’ai aimé que l’on sente les liens attisés par la mémoire entre les générations du passé et celle d’aujourd’hui « Mais quelque chose reste intact à travers les ans. » J’ai aimé le climat instauré par l’auteur, le mélange entre un lointain passé et des récits traditionnels.
J’ai aimé la notion detraces, celles que les générations précédentes ont laissé et celles que nous laisserons. J’ai aimé le style à la fois fort et doux, ancré dans le réel et poétique.
Une réussite totale.
Le livre : Une immense sensation de calme - Laurine Roux - Editions du Sonneur ou Folio
" Cette batture, à la naissance de l'estuaire, serait-elle pour moi aussi envoûtante sans la présence des grandes oies des neiges qui, chaque année, d'avril à la fin de mai, viennent y faire halte avant de repartir pour la Terre de Baffin? Ici, juste devant le chalet, est le lieu des contemplations portées par l'incessant jargon des oiseaux blancs. Lieu fertile aussi en spectacles singuliers: le paysage tout à coup s'anime d'une vie étrange, la seule à pouvoir vraiment combler l'écouteur de nature, et parfois même le ravir, au sens premier du terme."
jusqu'en Terre de Baffin
Le livre : Lumière des oiseaux - Pierre Morency - Editions Boréal
Elle aimait faire la cuisine, elle était végétarienne ce qui n’était pas du tout à la mode, elle était une passionnée de voyage, intrépide et indépendante, elle était gardienne de la nature et anticonformiste.
Elle ? C’est Marguerite Yourcenarou plutôtMarguerite Cleenewerck de Crayencour, petite fille éduquée dans de riches demeures, ne mettant pas un pied à l’école mais se révélant une intellectuelle cultivée et libre.
Vous pouvez bien entendu trouver une biographie très complète, vous pouvez lire son livre d’entretien avec Matthieu Galey mais vous pouvez aussi choisir de découvrir cette femmeà travers un livre splendide qui pourrait s’intituler « l’art de vivre de Marguerite Yourcenar »
J’avoue que je ne suis pas totalement objective parlant de ce livre car j’aime l’oeuvre et je suis fascinée par le destin de cette femme. Qui était Marguerite Yourcenar ? Nous la découvrons à travers des photosinédites, grâce à des documents d’archives américains, ses manuscrits, sa correspondance, tout cela étant conservé à l’université de Harvard.
Il y a bien sûr son entrée à l’Académie Françaisele 22 Janvier 1981, cérémonie retransmise à la télévision !! j’ai l’impression que c’était hier, comme son entretien avec Bernard Pivot que l’on sent si fier et si intimidé par la prestance et le talent de cette femme.
Villa au Mont Noir
Achmy Halley, spécialiste de l’écrivaine, a dirigé pendant dix ans la Villa au Mont-Noirdans les Flandres et a séjourné sur l’île des Monts Déserts et a pu ainsi feuilleter les carnets, la bibliothèque et s’entretenir avec des voisins, des proches et nous faire ainsi entrer dans l’intimité de cette femme et nous dévoiler des facettes nettement moins connues. L’iconographie est superbe et très riche.
Petite plaisance
Marguerite Yourcenar aimait les plaisirs de la vie : faire la cuisine qu’elle voyait comme une alchimie, elle aimait faire son pain et enseignait l'art du pain à la française aux enfants du voisinage.
« il y a peu de différences entre le pain et les livres. On les pétrit pour leur donner forme et on les laisse grandir ».
Elle aimait aussi le jardin qu’elle a créé avec Grâce Frick, elle vivait au jardin, s'activant au potager et se passionnant pour la botanique, elle se nommait volontiers « servante des oiseaux ».
« Chaque herbe du jardin c’est un morceau de moi »
Le livre embrasse la vie de l’écrivaine, portrait intime plein d’anecdotes qui le rendent savoureux, et si vous est fan de recettes vous pourrez réaliser quelques une des préférées de la dame qui était passionnée des cuisines du monde autant que de voyages.
Un grand merci à Bonheur du jour qui m'a lancé sur la piste de ce livre. Laissez vous tenter par cette balade à Mont Désert, un beau livre qui chez moi a trouvé place à côté des Mémoires d’Hadrien et de l’Oeuvre au noir.