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Voyager - Page 5

  • Voyage au pays du Silence - Neil Ansell

    En ce moment je suis avide de voyages, donc après le Japon et l'Alaska je vous embarque pour l'Ecosse.

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    Arisaig dans les Highlands

    Neil Ansell est un grand voyageur  qui se tourne chaque année vers une destination plus proche, plus personnelle : son pays. 
    Après une vie passée dans la campagne galloise, il part sac à dos dans les Highlands écossais, le pays du silence.

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    Le coeur des Highlands

    Il marche un peu à l’aveugle, sans but précis autre que parcourir un secteur des Highlands, attentif aux chants des sources ou des oiseaux, aux plantes, aux embruns, au vent. 

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    Les randonnées ne sont pas toutes simples, parfois il fait demi-tour parfois il se perd un peu, pas de GPS ni même de boussole pour lui, c’est un cheminement vers l’incertain.
    Il est parfois en situation difficile, en quête d’abri ou tout simplement d’eau à boire.
    Il lui arrive de dévaler un peut trop vite une colline, de se couper sur des rochers ou d’avoir le coeur qui s’emballe un peu trop.

    Mais surtout il est en train de perdre l’ouïe ce qui lui fait dire que les quelques chants d’oiseaux qu’il perçoit encore seront les derniers. 

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    Courlis Parc des Cairngorms

    C’est un passage du livre qui m’a profondément touché.
    Pourtant le périple est peuplé d’oiseaux : aigles, courlis, geais, corbeaux ou  éperviers. Mais aussi les loutres qu’il croise régulièrement.

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    Loutre de mer 

    L’auteur nous lance une invitation à le suivre sur des sentiers improbables, les pieds dans la tourbe, dans un paysage de pierres, de rochers, d’arbustes rabougris. 

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    Landes écossaises

    Il marche comme un vagabond solitaire, dans une des régions les plus silencieuses et désertes de l’Ecosse. Pour être précis ce sont les districts de Knoydart, Moidart, Arisaig, appelés aussi Rough Bounds.

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    « J'ai tourné mon regard vers le ciel (…) c'était comme être vivant. »

    Récit plein de remarques naturalistes qui donnent envie de le suivre sur les chemins côtiers et par les landes de cette région magnifique.
    Récit de voyage, journal de route et surtout véritable chant d’amour pour une région d’un homme qui a arpenté toute la planète. 
    L’écriture est très agréable on y sent toute l’affinité que Neil Ansell a pour la nature.

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    Le livre : Voyage au pays du silence - Neil Ansell - Traduit par Béatrice Vierne - Editions Hoëbeke

  • Bribes d'une île

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    « Paradis bien rude, certes, et stérile d’apparence, mais paradis pour celui qui sait regarder, jardin d’Eden au printemps lorsque dans toutes les fissures de la roche tranchante le miracle de la vie fait pousser des fleurs délicates et étranges. »

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    Falaises d'Aran : Dun Aengus

    « Paradis des oiseaux qui nichent dans les falaises l’abri des prédateurs depuis que le dernier renard de l’île a disparu comme par magie. »

     

    « Paradis de silence où l’on n’entend que le vient, l’océan et les cris des oiseaux, où l’on s’écoute surpris du rythme apaisé du coeur et de l’esprit. »

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    « Paradis de pierre, dur et si tendre à la fois qu’il tombe dans les plis des eaux »

    Le livre : Grain d’aran - Dominique Beugras - Editions La Bibliothèque

  • Les Rois du Yukon - Adam Weymouth

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                                              Le roi du Yukon

    Le fleuve Yukon coule sur environ 3200 km du Canada à l’Alaska jusqu’à la mer de Béring.

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    La particularité extraordinaire de ce fleuve est que chaque été des centaines de milliers de saumons, les rois du Yukon, remontent la rivière jusqu’au lieu de leur naissance, jusqu’à la frayère où ils ont grandi.

    Ils font cette rude remontée pour aller pondre où ils sont nés, ils s’y reproduisent puis après quelques remontées, ils y meurent.

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    C’est la plus grande migration de la planète !

    Le Yukon coupe en deux l’Alaska et est selon les endroits parfois large de 11 km, réparti dans un dédale de chenaux, d’îles plus ou moins inondables.

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    Adam Weymouth a voulu comprendre la destinée de ces saumons mais surtout ce qui aujourd’hui fait qu’ils sont en perdition.
    Il embarque seul puis accompagné dans une nature plus que sauvage, avec un simple canoé et un vaste territoire à investiguer.

    Il mettra 4 mois pour descendre le Yukon, en faisant des haltes dans des villages, des points de pêche, il veut comprendre la pêche et son déclin? 

    La pêche a été autorisée au Canada et en Alaska sans précautions aucunes, sans écouter le savoir des autochtones, l’utilisation de filets dérivants a été une catastrophe écologique. Des communautés qui longtemps ont vécu du saumon et qui aujourd’hui se retrouvent démunies.

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    « En voyageant en canoë  et en parcourant le même chemin que les poissons, bien que pagayant dans la direction opposée, j'espérais mieux comprendre ce qui change, non seulement dans la vie de la rivière, mais dans la vie de les gens qui en dépendent. »

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    cuisiner en chemin mais attention aux ours

    Ces femmes et ses hommes sont parfois à plusieurs centaines de km de la route la plus proche. 
    L’avion est très coûteux, les déplacements pratiquement impossibles une bonne partie de l’année.
    Le lien avec la culture des ancêtres est rompu. Certains deviennent pour survivre des stars de la téléréalités : survivre en Alaska !!!

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    Téléralité : 100 jours pour survivre, les revenus remplacent la pêche 

    Les changements climatiques aggravent encore le problème

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    Il rencontre des pêcheurs, des biologistes, ils échangent sur les problèmes de surpêche, d’industrialisation, de déforestation qui modifie les berges du fleuve, des barrages qui empêchent la remontée des Rois du Yukon

     en 2015, l'interdiction des rois a été étendue à l'ensemble du fleuve Yukon, une décision sans précédent mais qui ne s'avère pas suffisante.

     

    J’ai aimé ce livre, pour les informations bien entendu mais surtout pour le partage avec toutes les personnes rencontrées, pêcheurs, missionnaires, filous, aventuriers.

    Adam Weymouth partage leur vie, relève les filets avec eux, entretien le fumoir à saumon, cuisine avec les femmes parfois,  prend le temps de les écouter et c’est passionnant.

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    Parce que l'Alaska c'est ça aussi l'or noir sur l'or blanc 

    Le constat est alarmant car si la destruction est rapide, elle est surtout durable et les choix qui s’offre pour inverser ce changement se révèlent coûteux et pas forcément couronné de succès

    Ce livre se lit comme un roman d’aventures avec ours et loups en prime, l’écriture est très agréable, les chiffres ne viennent pas tourmenter le lecteur mais sont suffisamment clairs pour que le message soit délivré.

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    Il y a de belles descriptions des paysages, de belles rencontres comme Mary âgée de 80 ans qui a vécu de façon traditionnelle pendant des décennies et qui aujourd’hui communique avec sa très nombreuse famille avec un iphone !

    Pour ceux et celles qui suivent ce blog, le livre le plus proche de celui-ci c’est Rêves arctiques de Barry Lopez 

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    Le livre : Les rois du Yukon - Adam Weymouth  - Traduit par Bruno Boudard - Editions Albin Michel 2021

  • Japon perdu - Alex Kerr

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    Temple KInkaku à Kyoto

    La culture japonaise m’a toujours fascinée avec ses paradoxes, ses traditions, sa société, et son histoire. 
    J’ai déjà fait plusieurs voyages au Japon, Sur les chemins de Sata, à la rencontre de poètes ou de peintres. 

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    Alex Kerr

    Le récit d’Alex Kerr m’a enchanté, écrit en japonais à l’origine, il permet de suivre trente ans de la vie de cet homme 
    « Au début des années 1970, Alex Kerr, jeune étudiant américain, acquiert une maison abandonnée, plusieurs fois centenaire, sur l'île japonaise de Shikoku. Ce sera le point de départ d'une vie d'écrivain, d'antiquaire, d'expert érudit et passionné du Japon. »

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    Alex Kerr a fait connaissance très jeune avec le Japon ses parents étant nommé à Yokohama après la guerre.
    Il fait des études pour apprendre le japonais et l’histoire du pays. Il arpente le pays. 
    Quelques années plus tard fasciné par la beauté des lieux il achète une maison ancienne, abandonnée, dans la vallée de l’Iya sur l’île de Shikoku qu’il nommera Chiiori.
    « En entrant dans ces habitations vides, j'ai été frappé par leur obscurité, la paix qui y régnait. Je me souviens encore parfaitement qu’en ressortant des maisons, j’étais ébloui par la lumière du soleil qui contrastait avec la pénombre intérieure. Les montagnes de l'autre côté de la vallée étaient couvertes de brume. »

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    Pont dans la vallée de l'Iya

    Il faut des efforts intenses pour payer les travaux nécessaires, la réparation des toits, trouver les artisans capables, préserver la beauté prête à disparaitre.
    Alex Kerr va vous permettre de découvrir le Japon ancien, sa calligraphie; la cérémonie du thé; le théâtre Kabuki, vestiges d’un temps passé.

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    Nostalgique de ce monde perdu, critique de la quête effrénée de modernité si destructrice du patrimoine culturel et naturel, Alex Kerr continue pourtant d'aimer le Japon de tout son être. 
    « Ma mère m'a emmené un jour dans une boutique d'antiquités dans le quartier de Motomachi. J'observais avec émerveillement de vieux objets en porcelaine d'Imari, que l'on sortait avec grande précaution de leur emballage de paille. À cette vue, j'ai ressenti une fascination indescriptible. C’est à ce moment-là que je suis tombé amoureux du Japon. »

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    Temple de Tenmangû

    Il parle de sa vie au Japon, son travail pour des fondations, la recherche d’une maison plus proche de son travail, il trouve Kameoka une demeure dans un sanctuaire Tenmangû.
    Son savoir énorme à propos des objets anciens, de leur restauration : paravents, écrans, manuscrits.

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    Pour reboiser !! faire pousser des arbres sur des arbres

    Il attire l’attention sur les pertes générées par le Japon d’aujourd’hui, par les désastres écologiques comme le déboisement brutal et catastrophique. Il dit qu’au Japon aucune ville, aucun village n’est préservé.

    Son livre a surpris les japonais qui n’étaient guère intéressés par leur patrimoine.
    Japon Perdu a reçu en 1994 le prix Shincho Gatugei et fait d’Alex Kerr le premier étranger à recevoir ce prix, qui récompense chaque année la meilleure oeuvre de non fiction publiée au Japon. 

    Lire Japon perdu c’est entrer dans un monde fascinant, revivre un monde qui n’existe pratiquement plus, c’est faire provision de nostalgie. 
    Je suis très attiré par le Japon mais guère par celui d’aujourd’hui, j’ai donc trouvé là mon bonheur.

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    Le Livre : Japon perdu  Alex Kerr - Traduit par Guillaume Villeneuve - Editions Nevicata 2020

     

  • Bribes de Chypre

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    « Chypre est un immense jardin où s’acclimatent les végétaux de la terre entière.

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    Les envahisseurs s’y succèdent pendant des siècles. Phéniciens, Grecs, Romains, Francs, Vénitiens, Turcs et Anglais y ont tous laissé des traces durables et maintes empreintes visibles. »

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    « Donc tout pousse, tout prospère : Jasmins, seringas, magnolias, hibiscus, amaryllis, bougainvilliers, volubilis, safran, eucalyptus, palmiers géants et palmiers nains; cycas, ginkgos, cadiers, bananiers, pistachiers, grenadiers. »

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    « Seules les roses ont déserté Chypre 

     

    Le Livre : Le Géographe des brindilles - Jacques Lacarrière - Editions OZOHNI

  • Shitao ou la saveur du monde - François Cheng

    Toujours en panne de lecture je me suis tournée vers mes amours de toujours.

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    François Cheng nous invite dans le monde de la peinture chinoise et de la poésie.

    C’est un bonheur total que ses livres, j’ai pris grand soin de mes exemplaires et bien m’en a pris car ils sont aujourd’hui vendus d’occasion à des prix prohibitifs et Phébus ne les a jamais réédités. 

    Le volume sur Shitao a ma préférence, une façon magnifique d’entrer dans le monde de la peinture de paysage ou comme les chinois aiment l’appeler Shanshui peinture de montagne et d'eau.

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    Shitao Autoportrait

    Classiquement dans ce livre François Cheng tisse une petite biographie du peintre 

    De naissance royale 1642 il a une enfance difficile et il se réfugie dans un monastère bouddhique. Initié à l’art il va connaitre le succès qui lui tournera un peu la tête, il signe ses oeuvres de différents pseudonymes dont le plus célèbre est  « Citrouille-amère »

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    Il est l’auteur d’un traité de la peinture que François Cheng considère comme un sommet de la pensée esthétique chinoise. Il finira sa vie d’artiste retiré dans un ermitage .

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    François Cheng nous introduit dans le monde de cette peinture toute en atmosphère.

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    Conversation au bord du vide 

    Shitao est un paysagistes qui va vous faire rêver. Vous irez d’un ermitage à l’autre parfois à pied, parfois en barque parmi un royaume de montagnes et de brumes de cette chine hors du temps. Un monde chanté par les poètes chinois depuis des siècles.

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    Vous aurez du mal à quitter les lieux.

     « ses coups de pinceau sont célèbres par leur vivacité, leur audace, mais surtout leur stupéfiante variété. Son esprit d’invention, sa hardiesse toujours en alerte ont littéralement brisé le moule de la composition classique »

    François Cheng souligne l’importance du Vide dans la peinture de Shitao  le Vide assure la circulation des souffles vitaux.
    Il y a la volonté chez le peintre de solliciter tous nos sens et ainsi d’approcher le mystère des choses, de goûter « la saveur du monde »

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    Shitao Dernière randonnée

    Mélant commentaires, reproductions et poésie François Cheng comble le lecteur dont l’oeil va du rouleau chinois, à la plume de l’auteur à la poésie classique qui illustre si bien les paysages. 

    Ce sont plus que des beaux livres c’est un monde offert, allez y sautez dedans vous ne le regretterez pas.

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    Le Livre : Shitao la saveur du monde - François Cheng - Editions Phébus 1998