« Tout cela a commencé, voici quinze ans déjà, par un pique nique à la pointe orientale de l`Ile d’Orléans, là où l’accès au fleuve est rendu hasardeux, en juillet, par une immense batture chargée de joncs, de foin de mer et de riz sauvage. »
Pierre Morency est dans ma bibliothèque depuis 1990 c’est dire que j’ai eu le temps de le lire, le relire, fureter dans ses écrits et y revenir au gré d’autres lectures.
Ses livres étaient devenus introuvables en France mais aujourd’hui un éditeur a pris le risque de rééditer son premier livre : L’oeil américain
Ils avaient "l'oeil américain"
L’œil américain est une expression qui dit l’aptitude de voir, de percevoir, tout indiqué pour ce classique de la littérature québécoise Avoir l’œil américain, c’est « avoir des yeux et des oreilles tout le tour de la tête ! »
L’auteur ornithologue et poète, convie le lecteur à une promenade guidée en immersion sur les bords du Saint-Laurent, au cœur des forêts d’épicéas, pour qu’avec lui nous arpentions la batture et sa maison du fleuve, que nous explorions les iles du fleuve, ses rivages.
« Tout a été découvert, sommes-nous portés à penser dans nos moments de lassitude.
Pendant ce temps-là, dehors, une exubérance à chaque seconde se renouvelle, les racines travaillent, les sources montent, les poissons fulgurent dans les torrents, les écorces crient, les feuillages se peuplent de nids, les nids répandent des chants, les gazouillis répondent à des feulements, des plaintes s’enroulent dans les creux du silence, les arbres inventent des musiques, les champs ondulent et crépitent à midi »
En partageant son éblouissement face au spectacle de la faune et la flore sauvages, il invite à prêter attention à la vie qui palpite autour de nous.
« Avoir l’œil américain, n’est-ce pas également se pourvoir de l’aptitude à entendre ce que nous écoutons, à voir ce qui est derrière quand on regarde devant ? »
Les oiseaux du Saint Laurent © Photographie Martin Forget
Son observation devient une histoire, un chant poétique dans lequel on entend le chant des sources, des oiseaux, le bruissement des insectes.
De chronique en chronique on se faufile dans les hautes herbes avec le coyote, on entend le grillon, on voit glisser le raton laveur, l’auteur nous invite à célébrer la nature dans toute sa splendeur.
« La nature n’est nulle part plus admirable que dans ses œuvres infimes ».
Pierre Morency est un écrivain et poète québécois. Il a donné des chroniques naturalistes à la radio, chroniques qui devinrent un livre puis plusieurs.
La trilogie est magnifique et était devenue introuvable en tout cas en France, cette nouvelle édition est vraiment la bienvenue
Ce livre est dans ma bibliothèque tout proche de ceux de Thoreau, de John Muir, d’ Annie Dillard, de Barry Lopez ou Robert Lalonde, il fait ami ami avec Sue Hubbell et Nicole Lombard.
Un genre littéraire qui m’enchante depuis de nombreuses années, qui réconcilie la nature et la culture, qui nous emporte loin de nos matériels soucis, qui fait voyager ceux qui ne pourraient le faire autrement, qui met du baume au coeur quand on en éprouve le besoin.
Les Livres
L’oeil américains - Pierre Morency - Editions Le Mot et le Reste
La vie entière - Pierre Morency - Editions Boréal
Lumière des oiseaux - Pierre Morency - Editions Boréal