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Littérature française et francophone - Page 48

  • Quelques Historiettes - Jacques Bonnet

    historiettes.gifQuelques Historiettes - Jacques Bonnet - Editions Denoël
    Le titre complet : Quelques Historiettes ou petit éloge de l’anecdote en littérature.
    J’ai retrouvé avec plaisir Jacques Bonnet, il nous avait convié dans sa bibliothèque pleine de fantômes  il met ici le même enthousiasme, la même verve pour faire sortir de l’ombre un écrivain très peu lu et très peu connu.
    Le prétexte c’est une étude sur l’anecdote " forme littéraire des plus négligées "  il est parmi ceux qui aime le genre " L’anecdote anime les conversations les plus banales, participe à la bonne ambiance des réunions en société, ponctue utilement les discours officiels"
    Rassurez vous ce n’est pas un cours que nous fait l’auteur car après un petit tour d’horizon souvent très drôle pour nous faire bien sentir la différence entre le bon mot et l’anecdote ( j’adore son histoire de De Gaulle en Chine, je vous en laisse la découverte).
    On voit poindre déjà des livres à lire si ce n’est déjà fait :  La vie des douze César de Suétone, la Bible (eh oui) pour en arriver au coeur du sujet : Les Historiettes de Gédéon Tallemant des Réaux, le champion du genre toutes catégories confondues.

    GedeonTallemantdesRéaux.jpgUn petit zoom sur l’homme nous est proposé par Jacques Bonnet, un écrivain du XVII ème qui écrivit ses Historiettes en 2 ans, prouesse quand vous saurez qu’elles représentent 2 volumes en pléiade !
    Issu d’une famille de banquiers protestants il s’est prudemment converti au catholicisme en ces temps d’Edit de Nantes
    Scandaleuses Historiettes, non publiables et non publiées de son vivant, J Bonnet dit "Gédéon Tallemant des Réaux appartient à cette catégorie particulièrement restreinte : celle des auteurs d’importance entièrement posthumes"
    Alors que sont ces fameux récit injustement méconnus ?
    Tallemant fait des portraits des hommes et des moeurs de son temps en vrai collectionneur d’histoires et curieux insatiable.
    Scandaleuses, libres, libertines, écrites d’une plume légère en comparaison de Saint Simon que Jacques Bonnet traite " d’emperruqué là où Tallemant va tête nue "
    Quel est le dessein de Gédéon " Il ne veut pas seulement être utile, mais comme tout rapporteur d’anecdotes s’efforce d’intéresser, de surprendre, d’amuser son lecteur, de le retenir par la manche."
    Une littérature spontanée qu’aimait Céline qui disait " Ah relisant Tallemant des Réaux, Montluc, Agrippa, mes Dieux ! mes bougres ! mes potes ! "
    Jacques Bonnet fait un rapprochement entre l’écrivain du XVIIème et Proust, le compare à La Bruyère et Saint Simon à l’avantage de Tallemant.
    Quand vous fermez ce petit livre vous avez une envie furieuse de lire ces Historiettes, un chemin vers les livres comme je les aime

    Un extrait
     " Il adopte un ton familier et vivant et un style qui fait tout passer. Prenons un exemple :
    " A Orléans on disoit à une fille qui n’avait point d’inclinaison pour son accordé : Quand vous aurez  couché ensemble, vous  l’aimerez davantage. Au bout de quelque temps on luy demande des nouvelles « Il est vray » dit-elle « que le couchage y fait "
    Il est évident que la saveur de l’anecdote ne tient qu’au " Il est vray " dit-elle  "que le couchage y fait "
    toute autre manière de l’énoncer l’aurait affadie ou tirer vers la vulgarité "

    Un autre extrait beaucoup plus long sur ce site

  • Vent printanier - Hubert Haddad

    vent .jpgVent printanier - Hubert Haddad - Editions Zulma
    Un billet court aujourd’hui, non pas parce que j’ai peu à dire mais ces quatre courtes nouvelles sont tellement denses et tellement magnifiques que je voudrais tout vous dire et prendre ainsi le risque de déflorer un peu le sujet.

    Un marchand de jouet, un vieux photographe, un joueur de violon, un vieux juif, un enfant Rom ..........Leur histoire à chacun, chacun de ces personnages porte en lui le destin de milliers d’autres, on ne sait plus s’il s’agit d’une histoire rêvée ou de la réalité, si cela se déroule aujourd’hui ou hier. Mais par delà le temps et les pays les personnages sont proches les uns des autres malgré la dureté de leur vie, ils ont tous en commun l'amour, amour d'une mère, d'un jouet, d'un souvenir, d'une musique.

     

    Purim Play, high res.jpg

    En lisant Haddad je ne peux m’empêcher de penser à Boris Cyrulnik et à la résilience possible pour tout être humain qui a souffert et pour qui s’ouvre une possibilité de vivre à nouveau à condition que quelqu’un lui tende la main.

    Aifelle a fait un très bon billet sur ce livre avec quelques extraits et vous pouvez lire aussi la chronique de Clara donc je ne vais pas renchérir mais en ces temps d’avalanches littéraires faites une place à ce livre dans votre bibliothèque

    Une interview de l’auteur

  • Parle-leur de batailles - Mathias Enard

    Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants - Mathias Enard - Editions Actes Sud - 2010
    Un roman qui se place sous la protection de Kipling ne peut pas être mauvais, le titre magnifique étant de bon augure j’ai entamé ma lecture avec détermination.
    Un saut de puce pour se retrouver à Florence en 1506, à ma droite Michel-Ange, face à lui Jules II et ça ne se passe pas bien du tout, Michelangelo Buonarroti, pour le nommer correctement, travaille pour le Vatican depuis des mois mais l’argent n’arrive pas, le pape est très mauvais payeur, conscient de sa valeur et très en colère, Michel-Ange décide de quitter Florence et de partir pour Constantinople où le Sultan lui fait miroiter une fortune pour construire un pont sur le Bosphore.
    Qui résisterait ?
    Malgré la peur, Jules II est puissant et un peu teigneux si vous me pardonnez l’expression, c’est bien tentant, d’autant plus que le grand Léonard s’est proprement cassé les dents sur le projet. Alors pour Buonarotti c’est un appel irrésistible, s’enrichir ET damer le pion à Léonard de Vinci.
    Voir son nom retentir comme celui qui a dessiné les plans du pont sur la Corne d’Or et l’appat du gain l’emportent  sur la crainte qu’il éprouve envers les sbires de Jules II et envers sa peur de la mer et des naufrages.

    Bajazet.jpg

    La cour du Sultan Bajazet

    L’orient est une belle découverte même si l’inspiration côté architecture n’arrive pas aussi vite que prévu. Michel Ange flâne avec délices dans le coeur de la ville orientale, il a un guide cultivé et ..épris de lui, le poète Mesihi, une amitié teinté d’un peu d’amour se fait jour, mais Michel Ange est en proie à d’autres tourments car en homme de la Renaissance il a encore peur de satan et de l’enfer.
    Un séjour dangereux malgré tout car Vizir et Sultan ne badinent pas plus avec les engagements que le chef du Vatican.

    Constantinople-bridge.jpg

    Quand  Istambul s'appelait Constantinople

    Après le très violent et assez époustouflant Zone  voilà un roman paré des douceurs et tentations de l’orient, une part méconnue dans la biographie de Michel Ange, le portrait est plutôt réussi, une bio-fiction si vous me passez cette expression dont bien malin celui qui fait la part de l’invention de Mathias Enard et la part de l’histoire.
    C’est intelligent, c’est élégant sans afféterie, les chapitres sont courts et se lisent sans effort.
    Un défaut ?  un manque de souffle peut être mais je le dis sans vraie conviction.

    La citation complète de Kipling :
     « Puisque ce sont des enfants, parle-leur de batailles et de rois, de chevaux, de diables, d’éléphants et d’anges, mais n’omets pas de leur parler d’amour et de choses semblables. »

  • Je suis complètement battue- Eléonore Mercier

    jesuiscompletement.gifJe suis complètement battue - Eléonore Mercier - Editions P.0.L

    Éléonore Mercier est « écoutante » dans une organisation qui se préoccupe des violences conjugales. C'est à dire qu'elle prend les communications des femmes en état de détresse qui appellent pour pouvoir parler, être écoutées. Elle fait cela depuis plus de quinze ans. Prenant en note sur des cahiers ces entretiens, elle a eu l'idée de réunir en un recueil la première, et seulement la première phrase dite, l'entrée en matière en quelques sorte, la phrase inaugurale par laquelle va commencer l’échange, celle qui dit tout, celle sur quoi va s'appuyer le reste. Cela donne un livre sidérant. Sidérant d'abord pour le témoignage brut, immédiat qu'il constitue, sans pathos, sur un pan honteux de nos sociétés. Sidérant ensuite pour sa teneur littéraire...(l’éditeur)

    1653 façons de se livrer, 1653 aveux de personnes non coupables, 1653 appels à l’aide pour soi ou pour les autres

    « Cette première phrase dit tout » dit Eléonore Mercier et elle déroule pour nous les mots de la douleurs comme une litanie incantatoire on y entend la peur, la honte, la terreur, la violence physique celle qui se voit et celle qui se cache, le silence, la solitude, le déni, l’impuissance, la douleur, l’angoisse, l’existence détruite, le corps cassé.

    J’ai choisi de vous livrer quelques unes de ces phrases illustrées par des affiches, photos, images de toute l’Europe; ce livre est français mais les femmes battues sont de tous les pays.

    Ecoutez les, entendez leurs voix derrière les mots.

    violences-conjugales_196.jpg

    « J'ai honte de partout ».
    « Je voudrais partir loin »
    « Je ne peux plus tenir »
    « Je lutte, je téléphone »

    France

    prevViolen.jpg

     

     

    « J’ai du mal à parler j’ai reçu un coup de clé sur la mâchoire »
    « j’appelle au nom de ma soeur »
    « Je subis des violences non visibles »
    « Je crains d’avoir trop attendu "

                                                                                     Espagne

     

    violenceallemagne.jpg

    « Je connais une dame traitée comme une esclave »
    « Mon mari m’a coupé les cheveux dans la nuit »
    « Je me sens traquée »
    « Je croyais qu’il allait changé »

     

    Allemagne

     

    violencesuisse.jpg

    « Je crois que j’ai ouvert les yeux »
    « Je suis complètement battue »
    « Je suis détruite »
    « Je pense que je suis victime de violences psychologiques ».

                                                                                     Suisse

     

    Un livre recueille la paroles des femmes et la porte quand elles ne peuvent plus le faire, lisez ce petit livre de dignité offerte.

    Faites lui une place dans votre bibliothèque

  • La Faute de l'abbé Mouret - Emile Zola

    Avant d'évoquer ce cinquième tome des Rougon Macquart je vous propose une liste récapitulative pour tous ceux et toutes celles qui ne connaissent pas l'ordre exact des romans.
    En regardant cette liste je m'aperçois que j'avais fait des sauts importants entre les romans, j'avais lu l'Assommoir, Germinal et le rêve, mais j'en avais laissé bien d'autres de côté

    Voici la liste et quelques liens vers les titres déjà chroniqués

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    La Fortune des Rougon

    La Curée

    Le Ventre de Paris

    La Conquête de Plassans

    La Faute de l'Abbé Mouret

     

    A venir

    Son Excellence Eugène Rougon       
    L'Assommoir          
    Une Page d'amour            
    Nana
    Pot-Bouille            
    Au Bonheur des Dames            
    La Joie de vivre

    Germinal
    L' Oeuvre                     
    La Terre              
    Le Rêve

    la bete humaine.jpg

     

     

    La Bête humaine

     

     

    L' Argent           
    La Débâcle               
    Le Docteur Pascal

     

    red_sony_reader.jpgLa Faute de l'abbé Mouret - Emile Zola - ebook
    François Mouret on s’en souvient a perdu la bataille contre l’abbé Faujas et tout c’est terminé dans le sang et les larmes.

    Les deux fils de Mouret ont quitté Plassans, l’un pour Paris où nous le retrouverons bientôt et l’autre pour le séminaire où il est rentré influencé par Faujas.
    Devenu prêtre c’est lui qui est le héros de ce cinquième roman. Serge Mouret c’est la piété totale, la chasteté, la charité incarnée, l’ascèse aussi car refusant de vivre dans le moindre confort et vouant un culte à la Vierge Marie.
    L’évêque l’a nommé dans le plus pauvre des villages de l’arrière pays provençal.
    Il vit là avec Désirée sa soeur simple d’esprit qui a développé une passion pour sa basse-cour et Teuse la bonne, rugueuse et acariâtre.
    Il essaie de remettre les brebis égarées dans le droit chemin, ainsi il lui faut convaincre un père de marier sa fille à un « traîne savate » qui l’a mise enceinte ...rude tâche car l’argent passe largement avant la bénédiction de l’Eglise au grand dam de Mouret.

    paradou1.jpg

    Il accompagne un jour son oncle le Docteur Pascal auprès de Jeanbernat un mécréant anticlérical, gardien d’un domaine « Le Paradou » où il vit avec sa nièce Albine.
    Brusquement atteint de typhoïde Mouret va être soigné par les habitants du domaine, la maladie est vite éloignée mais Serge va basculer et connaître pour la première fois l’éveil des sens, son corps, son coeur, son esprit vont être envoûtés par Albine et l'orgie sensuelle du Paradou, il va vivre pendant des semaines une félicité sans égale.
    Le retour à la réalité sera rude et brutal. Il va devoir faire le choix d’une vie selon l’Eglise ou d’une vie selon l’amour.

    paradou2.jpg

    L’histoire est il faut bien le dire, un peu tirée par les cheveux, la rencontre d’Albine et Serge frappée d’invraisemblance mais .......mais je me suis laissée emportée au Paradou, j’ai goûté les descriptions de Zola, j’ai senti sur ma peau la douceur du soleil au sortir de la nuit, les parfums qui s’exhalent, la profusion des plantes, l'exubérance des fleurs..........C’est l’aspect que j’ai préféré.
    Il y a une deuxième lecture de ce roman, c’est la lutte contre la toute puissance de l’Eglise, la tentative pour sortir de son emprise, les interdits violemment appliqués. Zola traine avec lui tout l’arsenal anticlérical Eve tentatrice, la faute que représente la jouissance physique, la culpabilité, l'expiation et enfin la soumission du prêtre. Cette partie du roman est beaucoup moins agréable car je m'en suis sentie très éloignée.

    Je vous engage à lire « La Faute de l’abbé Mouret » ne serait ce que pour vous transporter quelques moments au Paradou

    sur Lecture/Ecriture l'avis de Sibylline

  • Aux fourneaux et à la plage

    Deux romans qui me faisaient très envie et qui hélas ne m’ont pas vraiment comblé
    Martin Suter m’avait enchanté avec  Small world , Tracy Chevalier et sa désormais très célèbre Jeune fille à la perle, étaient gage de bons romans et bien ....non pas vraiment, à mon goût du moins.


    cuisinier.gifLe Cuisinier - Martin Sutter - Editions Christian Bourgois (2010)
    Maravan est un exilé Tamoul qui vit et travaille en Suisse. Il a des talents de cuisinier qui sont plus que sous exploités car pour le moment il est plongeur dans un très grand restaurant; bien sûr on n’hésite pas à faire appel à son extraordinaire habileté quand c'est indispensable mais aussitôt après c’est...retour à la vaisselle.
    Lorsque une de ses collègues découvre ses talents culinaires fantastiques et sa connaissance de la cuisine ayurvédique à laquelle l’a initié une vieille femme de sa communauté, elle voit là l’occasion de créer Love food " la cuisine aphrodisiaque à votre domicile".

    Une excellent idée de roman et je dois dire que les descriptions des mets préparés font saliver mais ....ça ne fait pas vraiment un roman, l’évolution de l’entreprise sur fond de problèmes financiers et de crise économique ne m’a pas semblé très attrayante. Les recettes en fin de livre ne suffisent pas même si la personnalité de Maravan est attachante.
    La libraire des Livres que j'aime est d'un avis opposé, elle a adoré !

    prodigieuses.gifProdigieuses créatures - Tracy Chevalier - Editions Quai Voltaire (2010)
    Un roman sur fond de féminisme car c'est une femme qui découvre ces « prodigieuses créatures » que sont les fossiles,voilà qui était fait pour m’appâter.
    Mary Anning l’héroïne a réellement existé et c’est à elle que l’on doit la découverte des fossiles marins de la région du Dorset. On peut voir ces fossiles au British Muséum.
    Au début du XIX ème siècle il était plutôt de bon ton pour les dames de faire du point de croix plutôt que de fouiller les falaises de la plage. Mary Anning pourtant voit dans la mise au jour des fossiles le moyen de subvenir aux besoins de sa famille.
    Elle n’a pas conscience de l’importance de sa découverte et même les scientifiques de l’époque dont le français Cuvier, ne sont pas persuadés d’être devant une réelle découverte scientifique.Darwin n'a pas encore parlé d'évolution. L'opposition des milieux religieux est bien sûr très forte cette découverte mettant en cause l'idée d'un dieu créant le monde en 6 jours.
    Le traitement de cette histoire, assez stimulante, est hélas plat et désuet, une intrigue amoureuse bien fade vient l’enrichir mais cela ne suffit pas, un portrait de la société de l’époque très bien fait, Tracy Chevalier sait raconter une histoire, mais je n'ai pas été emporté.
    Mais on peut être d’un avis totalement contraire, pour preuve le billet de Carnet de liaison