Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Son Excellence Eugène Rougon - Emile Zola

red_sony_reader.jpgSon Excellence Eugène Rougon - Emile Zola - Ebook
Je dois dire que je me suis bien amusée à lire les aventures politico-affairistes d’Eugène Rougon durant l’été, je passais de la radio au roman, du journal télévisé à Zola en ayant l’impression d’être dans le même monde, les séparaient simplement quelques décennies, des écoutes téléphoniques, Eugène Rougon en aurait rêvé, et le matraquage médiatique qu’on savait déjà  faire sous le Second Empire mais avec des moyens plus modestes.

Eugène Rougon, celui qui a réussit, ayant été aux avant-postes du coup d’état de Napoléon III, il a reçu sa récompense, député puis ministre il incarne la réussite, il est devenu un dignitaire de l’Empire.
Il incarne aussi ce qui va avec la réussite politique : les compromissions, les magouilles, les bassesses, les pots de vin. Tout cela sous couvert de démocratie, de dévouement à la chose publique.
Il incarne la loi et l’ordre, l’autorité sans partage, il écrase, il méprise, il achète la fidélité et l’obéissance, veut contrôler la presse et avoir l’opinion publique à sa dévotion.

Bordeaux.jpg

L'assemblée nationale vers 1870

Comme toujours en cas de réussite ses amis se font nombreux, se font pressants, qui pour obtenir une médaille, qui pour obtenir un avancement. Les amis se transforment en parasites, en courtisans flagorneurs n’hésitant pas à abandonner Eugène Rougon au milieu du gué quand le vent tourne, leur intérêt est en jeu, là c’est la débandade il n’y a plus d’amis.
Bref un monde de dupes où l’ascension puis la chute du ministre va passer par les mains d’une femme. La belle Clorinde Balbi qui tire les ficelles dans son dos et se vengera du mépris dans lequel il la tient lorsque ses efforts la conduiront dans le lit de l’Empereur.

assemblée.jpg

Est-ce si différent ?

De roman en roman j’élargis ma connaissance de Zola et je dois dire que j’y prends toujours grand plaisir, bien sûr on est loin ici du paradou, des étals des Halles ou de Plassans.
Ce noir tableau d’une classe politique corrompue et avide m’a plu, le monde politique ne change pas, les mêmes rouages sont au travail, les mêmes leviers mènent le monde : pouvoir, argent, sexe ......De Zola à nous il y a à peine un saut de puce.

Portrait
Rougon, qui venait d'être introduit avec le cérémonie d'usage, était déjà assis entre deux conseillers d'État, au banc des commissaires du gouvernement, une sorte de caisse d'acajou énorme, installée au bas du bureau, à la place même de la tribune supprimée. Il crevait de ses larges épaules son uniforme de drap
vert, chargé d'or au collet et aux manches. La face tournée vers la salle, avec sa grosse chevelure grisonnante plantée sur son front carré, il éteignait ses yeux sous d'épaisses paupières toujours à demi baissées ; et son grand nez, ses lèvres taillées en pleine chair, ses joues longues où ses quarante-six ans ne mettaient pas une ride, avaient une vulgarité rude, que transfigurait par éclairs la beauté de la force.

Retrouvez la famille Rougon
La Fortune des Rougon
La Curée
La Conquête de Plassans
Le Ventre de Paris
La Faute de l'abbé Mouret
La Bête humaine

Commentaires

  • Zola est parfois tellement d'actualité que s'en est inquiétant. L'année passée, j'ai lu l'Argent (Eugène Rougon y est d'ailleurs mentionné si je me rappelle bien) en pleine crise financière et les parallèles étaient étonnants. Ahh, il faut que j'attaque mon Zola annuel...

  • @ Zarline : je n'ai pas lu l'argent mais je ne doute pas une minutes que l'on s'y sent dans un monde connu

  • J'ai plein de Zola qui m'attendent dans ma PAL : un de mes auteurs fétiches mais à chaque fois que je lis, il me faut plusieurs mois pour me remettre ! J'aimerai bien lire ce lui-ci que j'ai dans ma PAL ou alors pot-bouille qui me fait envie depuis un moment...
    Je vais tous les lire : j'aurai dû faire un challenge Zola !

  • @ Maggie : c'est un plaisir de retrouver Zola, si dans un roman comme la Conquête de Plassans je me sentais un peu loin des conflits avec l'Eglise, ici au contraire il est plus que jamais actuel, j'ai écrit ce billet en pleine affaire Bettencourt et je me sentais en pays connu

  • Zola, toujours renouvelé! On ne se fatigue jamais ni de lui ni avec lui! Toujours succulent Ce sont bien ces trois leviers-là qui mènent encore le monde.

  • @ Mango : Zola se renouvelle d'un roman à l'autre et ne déclenche (en tous cas chez moi) jamais l'ennui

  • Plus aucun souvenir de ce titre lu dans mon adolescence. Ce que tu en écris me donne envie ! Le portrait cité m'a évoqué un homme "politique"...:)

  • @ Cathulu : oui c'est tout à fait fascinant de voir avec quelle rapidité on a l'impression d'avoir déjà rencontré Eugène Rougon

  • C'est drôle! Nous reprenons notre série de Rougon-Macquart en même temps!
    ;-)
    De mon côté, j'ai replongé avec "L'argent". Je voulais le lire à cause des affaires boursières. Et effectivement, ce qui frappe c'est qu'hier ou aujourd'hui, ce sont toujours les mêmes histoires! C'en est étonnant, on a l'impression qu'ils ont trouvé un truc nouveau, mais non. C'est la même vieille astuce.
    Plus je lis Zola, plus je l'admire

  • @ Sibylline: c'est très plaisant à l'occasion de cette longue épopée de lecture de se retrouver ici et là et de partager nos impressions
    Comme l'on dit toutes celles qui font aussi cette longue traversée : Zola est un auteur d'un modernisme tout à fait prodigieux

  • Très beau billet. Je viens de terminer «Nana» et jusqu'à présent mon «voyage» au travers les mots de Zola me plait vraiment.
    Belle journée

  • C'est un des Rougon Macquart que je n'ai pas encore lu. Visiblement, l'état d'esprit des hommes politiques semble identique, quelle que soit l'époque ou le siècle auquel ils appartiennent ... Il est terrible de constater que tous fonctionnent à l'intérêt personnel et privé, à l'individualisme et à l'égocentrisme au lieu d'être au service de l'État et de ses administrés ! Déjà Molière s'en moquait joyeusement ...

  • @ Nanne : Zola les pourfend, Molière les moquait et nous les subissons !

  • Zola, très moderne, toujours d'actualité! Cela ne m'étonne pas. Je suis ton parcours de lecture avec envie, mais j'ai tant à relire! Quoique relire Zola me plongerait dans des souvenirs de lecture anciens (lu entre 16 et 25 ans, un bail!) Une expérience qui serait intéressante, tiens!
    Pèlerinage à Tinker Creek : ouh! Quelle aventure! Il ne faut pas se presser, surtout!

  • @ Keisha : ce qui m'a décidé pour Zola c'est que j'étais restée sur mes lectures d'ado et que je n'y était jamais revenue
    Pour Dillard il faut le lire doucement car c'est un livre riche et parfois surprenant

  • Zola est d'actualité en effet... J'ai eu exactement la même impression lorsque j'ai lu (ou plutôt dévoré) La Curée ;-) Tu es en avance sur moi d'un volume ! Bon we à toi

  • @ Margotte : j'avance doucement et avec plaisir, je viens de terminer l'assommoir et je vais commencer Nana que je n'ai jamais lu

  • @ Double Je : j'ai mis le billet en ligne cette semaine mais j'ai lu le livre en pleine affaire Woerth cela m'a rendu la lecture très très vivante

  • C'est curieux, en lisant ton résumé je m'en souviens encore bien de celui-ci, çà fait pourtant .... je préfère ne pas dire combien de dizaines. Et c'est en effet effrayant de voir à quel point peu de choses ont changé depuis son époque. A ceci près, quel est celui (ou celle) qui se dressera aujourd'hui pour dire "j'accuse" avec la même force et le même poids ???

  • @ Aifelle : le spectacle désolant hier des passations de pouvoir en a remis une dose
    La difficulté c'est qu'aujourd'hui il n'y a pas vraiment de personne en capacité de crier "j'accuse" tous sont ou ont été impliqué dans des scandales politico-financiers alors ....j'aime mieux me replonger dans Zola :-)

  • Soit Zola est un visionnaire, soit l'histoire fait des boucles. A nous de choisir la version qui nous sied le mieux !

  • @ Yv : qui a parlé de perpétuel recommencement ?

Écrire un commentaire

Optionnel