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Littérature française et francophone - Page 47

  • Je suis bien d'accord avec vous !

    Je garde le cap.................

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    Ce que j’aime retrouver dans vos blogs ce sont des livres que je n’ai pas lus, des découvertes que j’ai ratées, ce que je n’aime pas ce sont des billets redondants jusqu’à l’écoeurement et à la perte d’envie de lire un livre.
    Alors il me faut être un peu cohérente avec mes impressions et donc de temps en temps je ferai un billet Je suis bien d’accord avec vous  où je ne rajouterai rien à ce que vous avez déjà très bien dit, juste quelques mots pour confirmer et faire écho à vos chroniques.

    heures.gifC’est parti avec les éditions Autrement qui souvent dénichent des petits trésors
    Les heures silencieuses c’est grâce à  La marche aux pages que j’ai lu ce livre. J’aime les livres qui parle de tableaux et la peinture flammande est celle que je vais voir quand je suis au Louvre alors ...
    J’ai aimé ce récit bref, tout en finesse où la peinture n’est qu’un prétexte pour parler de soi, délicat, habile, une jolie évocation à la fois d’une période où les navires partaient pour des horizons lointains et où dans le même temps les femmes ne pouvaient pas encore imposer leur présence et leurs dons. 
    Lisez aussi le billet de  Chaplum qui aime et ne regrette que la brièveté du roman

     

    signal.gifDeuxième choix (après mon ras le bol absolu de Sukkwan Island) j’ai craqué pour : Le Signal de Ron Carlson
    Si j’ai aimé ? ben oui évidemment, dès qu’il s’agit de grands espaces je craque, là où je suis moins convaincue c’est sur le scénario policier, comme vous d’une certaine façon, Keisha dit « Les amateurs de thrillers purs et durs risquent d'être surpris »  ben oui c’est plutôt pour amateurs de Nature Writing.
    Je me suis bien fait plaisir dans ces endroits où je n'irais jamais! dit Nathalie,  on n'en sort pas avant la dernière page dit Cuné
    Un très bon cru pour les amateurs du genre dit Aifelle et elle a bien raison


  • Ma vie à Saint Domingue - Jean-Jacques Salgon

    Un an après le séïsme et alors que l’on voit parader devant les télévisions le dictateur Duvallier, j’ai eu envie de lire un livre sur Haïti qui réponde à certaines de mes questions.

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    Ni livre d’histoire, ni roman, le livre de Jean-Jacques Salgon a été un guide parfait. Il dédit son livre « A tous ceux que cette catastrophe a meurtris dans leur chair et dans leur âme »

    Pourquoi un ardéchois « coeur fidèle » viendrait-il parler d’Haïti ?
    c’est que son histoire personnelle va croiser à un moment celle de l’île, il va ainsi par de fréquents allers-retours nous transporter des côtes africaines à Saint Domingue, des ors de Louis XIV aux apparats de l’Empire napoléonien.
    Ce livre pour l’auteur répond à son besoin de savoir, de comprendre cette histoire d’Haïti et dresse le portrait d’un homme extraordinaire : Toussaint Louverture.

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    Son histoire commence sur les côtes africaines où son père va se faire enlever, capturer par des négriers et être envoyé en esclavage.
    Toussaint naît en 1743. On suit la vie de l’esclave affranchi et éduqué, le fin statège qui va à la tête de ses troupes devenir le héros de Saint Domingue. Fidèle à la France jusqu’à l’aveuglement, croyant aux promesses de Bonaparte « Vous lui direz que moi, premier magistrat du peuple français, je lui promets protection, gloire et honneur »
    Il n’aura que le temps de croire à l’indépendance, ses enfants Isaac et Placide seront reçus par le Premier Consul mais « Bonaparte va le faire jeter comme un brigand au fin fond d’un Jura couvert de sapins et de neige et vitrifié par le froid »
    Toussaint Louverture est mort oublié au fond des geôles françaises en 1802. L’esclavage et la traite des noirs sont rétablis à la Martinique et à la Guadeloupe

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    Toussaint Louverture aujourd'hui à Haïti

    Jean-Jacques Salgon à vécu, travaillé dans plusieurs pays dAfrique, sa curiosité, sa sensibilité personnelle, transparaissent dans les pages où il revient sur son expérience. Comment il est passé des peintures de Jean Michel Basquiat à ses recherches sur Toussaint Louverture, comment il a élargi son point de vue par les détours de l’histoire (guerre d’Algérie, Mai 68) pris des chemins peu fréquentés, explorant le passé de cette ïle.

    Son voyage est un voyage dans le temps et l’on part à la rencontre de figures de l’histoire de Haïti, certains peu connues, des hommes au destin parfois tragique,
    les souvenirs de l’auteur faisant écho aux événements. Il garde un certain optimisme car dit-il « J’ai pu constaté combien la France, en dépit de tous les abus propres au régime colonial; pouvait encore être aimée » qu’il attribue à l’apport de la lecture, de la culture, moyens d’émancipation.

    J’ai aimé ce livre court et dense, l’oeil bien ouvert de l’auteur, sa façon bien à lui de nous rappeler un passé qui peut nous rendre honteux mais dont parfois on peut être fier. j’ai aimé une franche simplicité doublée d’une hauteur de vue, le tout servi par des phrases parfois mordantes ou d’une douceur trompeuse.
    Un excellent moment de lecture, de ceux qui vous donnent l’impression d’être un peu plus intelligent.

    Le livre : Ma vie à Saint-Domingue - Jean-Jacques Salgon - Editions Verdier 2011


  • Une lointaine Arcadie - Jean-Marie Chevrier

    De la vie solitaire de Boccace à l'Arcadie il n'y a qu'un pas

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    Est-ce nécessaire à l’homme de se retirer, de faire retraite quand rien ne va, est-ce bon pour l’homme de dégraisser sa vie, de limiter ses désirs de s’approcher d’une vie d’ermite ?
    A lire JM Chevrier je crois que oui.

    Matthieu est libraire, mais pas libraire du tout venant, libraire spécialisé, il ne vend que des livres de botaniques anciens pour bibliophiles. Mais vous savez comment va la vie, quand quelque chose tourne mal, tout s’enchaîne.
    Un contôle fiscal, un divorce qui le laisse sur la paille, sa librairie qu’il doit fermer,  la mort de son chien, Matthieu doit redonner une direction à sa vie.
    Un vieil oncle a autrefois vécu seul après la guerre, dans une masure au fond de la Creuse. Il rachète la maison et décide de vivre en retrait, loin des autres, seul avec le silence, pas de journaux, une radio qui crachote et trois livres. Pas de voisins sauf un vieil homme qui tient en laisse son fils très handicapé, le père et le fils semblent tout droit sortis d’une pièce de Beckett !
    Puisqu’on parle de Beckett, notre héros n’a emporté avec lui que trois livres Homère, Virgile et Samuel Beckett.
    Retour à la vie simple : Matthieu coupe son bois, fait son pain, à le temps de méditer, d’observer la nature,  de vagabonder, c’est Thoreau à Walden. Il va même jusqu’à acheter une compagne à quatre pattes, une chatte ? non vous n’y êtes pas du tout ! une vache, en souvenir de son enfance et d’un tableau qui représente pour lui « une lointaine Arcadie »
    Trop beau pour durer ? Un couple de randonneur épuisé fait halte chez lui, fini la solitude absolue, la vie parfois vous réserve bien des surprises.

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    Gustave Courbet

    c’est un roman délicieux, de craignez pas l’érudition de l’auteur, certainement latiniste et amateur de mythologie dans sa jeunesse, il sait la faire légère et je parie que vous aurez envie d’ouvrir Virgile et l’Iliade, il a un vrai talent pour dessiner la nature avec des mots. J'ai aimé son regard décalé sur le sacro saint animal de compagnie.
    Je suis certaine que vous aimerez sa vache et la façon dont il vous en parle.
    Un texte plein de poésie, de mélancolie, un chant bucolique et une fin inattendue. Un livre fin et sensible.

    Le livre : Une lointaine arcadie - Jean-Marie Chevrier - Editions Albin Michel 2011

    02_Jean-marie_Chevrier.jpgL'auteur : Jean-Marie Chevrier est l’auteur de six romans remarqués, Zizim ou l’Epopée tragique d’un prince ottoman (1993), Une saison de pierre (1995), La seconde vie (2000), Le Navire aux chimères (2004), Un jour viendra où vous n’aimerez plus qu’elle (2007) et Départementale 15 (2009), tous publiés aux éditions Albin Michel.(éditeur)

  • L'Assommoir - Emile Zola

    Je sais que c'est la rentrée littéraire de Janvier mais tant pis je continue mon parcours chez Zola car loin d'être une obligation c'est surtout un très grand plaisir de lecture

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    Ce septième roman de la saga des Rougon est le plus dur, le plus noir, le plus désespéré. Je l’ai lu il y a très longtemps et plutôt que de le relire j’ai préféré l’écouter.

    Gervaise est l’héroïne de ce roman, arrivée de Plassans depuis quelques mois elle a échoué dans une chambre sordide du quartier de la Goutte d’Or, elle vit là avec ses deux fils Claude et Etienne.
    Son compagnon, Auguste Lantier chapelier de son état est plus occupé à « courir la gueuse » qu’à faire bouillir la marmite. Gervaise abandonnée par Lantier trouve du travail comme blanchisseuse. Courtisée par Coupeau un ouvrier couvreur elle finit par accepter de l’épouser. La noce est mémorable, Coupeau a du travail, bientôt arrive une enfant surnommée Nana, il ne manque plus à Gervaise pour réaliser son rêve que pouvoir ouvrir sa propre blanchisserie.


    Gervaise le film avec Maria Schell

    Mais la fatalité frappe les petits plus durement que les grands et lorsque Coupeau tombe d’un toit c’est la dégringolade. Le chômage, la fonte des économies, les dettes.
    Coupeau passe désormais ses journées à l’Assomoir et devient ami avec Lantier. La vie devient impossible entre ces deux hommes et Gervaise trouve elle aussi refuge dans l’alcool.
    Les enfants s’enfuient : Claude vers sa vie d’artiste raté, Etienne part travailler dans le nord, Nana devient fleuriste mais pour combien de temps ?

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    L'absinthe - Edgar Degas

    Zola voulait frapper avec ce roman, il voulait que son livre soit  « le premier roman sur le peuple, qui ne mente pas et qui ait l'odeur du peuple ». C’est réussi et cela  provoque le scandale.
    C’est la première fois que l’on ose faire une peinture aussi réaliste de la déchéance humaine, de la pauvreté sordide, de la misère, de la crasse. Cette description choque, elle choquait à l’époque et elle choque encore aujourd’hui.
    Un roman dénonçant la pauvreté, les terribles ravages de l’alcoolisme : Les scènes du délirium de Coupeau sont particulièrement fortes et reflètent bien le travail préparatoire énorme de Zola dans ses fameux Carnets d’enquête.

    Un mot sur le livre audio: pour la première fois je n’ai pas aimé la voix qui lit le texte, le rythme trop haché de la lecture, la voix monocorde, tout cela m’a gêné et du coup j’ai ressorti mon ebook pour terminer le récit. Dommage.

    Vous pouvez retrouver les autres romans déjà chroniqués des Rougon Macquart sur ce blog

    La Bête humaine   La Fortune des Rougon   La Curée   Le Ventre de Paris

    La conquête de Plassans    Son excellence Eugène Rougon    La Faute de l'abbé Mouret

    Vous pouvez aussi retrouver d'autres critiques sur le site Lecture/Ecriture  

  • Cadeau pour un amoureux de l'Italie

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    Un beau cadeau pour un amoureux de l'Italie, pour un amateur de Stenhal, pour un ami voyageur, un cadeau à s'offrir

    rome.gifRome, Naples et Florence - Stendhal - Editions Diane de Selliers
    Tous les amoureux de l’Italie ont rêvé de se retrouver au temps du « Grand Tour » où tous les jeunes gens fortunés déboulaient en Italie pour admirer monuments et peintures et se gaver de soleil et de douceur de vivre.
    Prendre Stendhal pour cicérone c’est découvrir une Italie mythique, un pays idéal « L’Italie était pour Stendhal le pays où son âme pouvait flamboyer librement et exprimer toutes les palettes de ses émotions. »

    Il s’approprie l’Italie fréquente les lieux élégants, cultivés, l’opéra, les ateliers des peintres mais aussi les réceptions du moment
    Il nous donne rendez-vous au Duomo de Florence, à la Scala de Milan, à Pompéi ou sous les arcades de Bologne.

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    Florence par Carlo Canella


    On l’envie quand il dit visiter seul les loges de Raphaël ou quand il évoque sa lecture de Gibbon « in situ » dans les Thermes de Caracalla.
    Sa flânerie est toujours pleine de noblesse, parfois de volupté (ah les Corrèges) ou de charme agreste lorsqu’il écoute les cigales du Pincio.
    Pourtant attention de ne pas confondre ce livre avec un guide, on est loin du Baedeker, rien de descriptif ici, rien de clair et précis, tout est affaire d’émotions, de sensations, d’évocations. Les fresques, qu’il ne décrit pas, sont « touchantes » un jardin est dit « délicieux » et la cathédrale de Milan « La gaieté d’un coeur mélancolique » et il peut s’étendre sur la mauvaise humeur des habitants ou le regard des moines dans une procession !

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    Les collines de Volterra par Camille Corot


    Son ironie parfois grinçante vient tempérer ce qui pourrait être un catalogue d’éloges, amoureux des contradictions et très très peu des détails, Stendhal n’hésite pas à sauter même totalement certains hauts lieux comme Saint Pierre de Rome.

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    Nikanor Grigorievich Cernecov - Au Colisée

    Dans ce journal de voyage curieusement la musique, la peinture sont omniprésentes mais la littérature est pratiquement absente.

    Ce livre a remplacé dans ma bibliothèque mon vieil exemplaire en édition Folio, tout craquelé et jauni.
    Quel plaisir ! Chacun des textes de Stendhal est illustré par la peinture correspondante d’un peintre contemporain de l’écrivain.
    Nous voyons ce qui voyait l’écrivain, qu’il évoque l’opéra, un monument, un lieu ou un paysage.
    Du même coup le côté « recueil de sensations » du livre de Stendhal est pleinement mis en valeur par ce choix de peintures, ces regards croisés qui sont fascinants et donnent toute sa plénitude à ce livre magnifique.
    361 peintures retenues parmi plus de 6000 consultées, 40 peintres de toute l’Europe car les peintres de l’époque faisaient tous le voyage vers l’Italie.
    Une iconographie somptueuse et une préface éclairante de Philippe Berthier grand spécialiste et biographe de Stendhal font de ce livre « une fête totale du corps et de l’esprit » pour le dire comme Stendhal.

    Un très beau cadeau à faire ou à se faire

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  • Avec Joseph Kessel

    kessel.gifVient de paraitre dans la collection Quarto un ensemble de textes de Joseph Kessel
    Kessel le journaliste, Kessel l'aventurier, Kessel le romancier.
    C'est une figure que j'aime et même si parfois certains des romans ont pris des couleurs un peu vieillotes le reporter est toujours là, un reporter d'exception, l'homme à la crinière flamboyante, aventurier avide de grands espaces, homme capabe d'amitié indéfectible.

    Pour chaque période Gilles Heuré qui a établit l'édition, mêle romans et textes moins connus parus dans les journaux de l'époque.

    J'ai commencé ma lecture par la guerre de 14, pour cette période un reportage fait le 14 juillet 1919, Kessel devant couvrir pour son journal le défilé fêtant la victoire.

    Sous l'Arc de Triomphe

    Il a passé la nuit dehors, la foule tôt le matin est immense. Le texte apparait aujourd'hui grandiloquent mais il faut se replacer dans la liesse et le soulagement de l'époque et Joseph Kessel n'a jamais voulu le modifier " Il montre comment on écrivait à l'époque où j'avais vingt ans"

    Pour vous donner un aperçu , quelques phrases du texte qui est assez court
    podcast

    L'Equipage

    Le roman salué lors de sa sortie apparaiî un peu ridé aujourd’hui et vaut sans doute plus par les témoignages sur la vie d’une escadrille et sur les conditions du combat aérien alors que l’aviation était encore balbutiante.
    Le jeune aspirant Jean Herbillon fait ses adieux à sa maîtresse dont il ignore jusqu’au nom, il rejoint son affectation dans l’aviation " Il s’était laissé tenté par la séduction de l’uniforme, des insignes glorieux, par le prestige de l’homme ailé sur les femmes."
    Il intègre une escadrille de chasse dirigée  par le Commandant Gabriel Thélis à peine plus âgé que lui.
    La vie de l’escadrille est rythmée par la météo, les vols d’exercices, les essais moteurs, les gestes des mécaniciens et les moments de détente au mess. Le jeune aspirant effectue son premier survol des lignes ennemies "L’ivresse du vol était encore neuve pour Herbillon, la respiration géante du moteur, le tourbillon de l’hélice, le vent furieux, tout cela l’étourdissait d’une vaste et brutale symphonie "
    Il devient l’ami du capitaine Maury lui aussi nouvel arrivé, il vont faire équipage. C’est à sa première permission qu’il découvre que sa maîtresse et la femme de Claude Maury ne font qu’un.

    equipage.jpgLe Film d'Anatole Litvak

    Scénario banal et rebattu mais qui qui prend de la densité grâce à Kessel. De très belles pages sur l’amitié entre ces hommes que les risques rapprochent, chacun ayant dans sa main la vie de l’autre.


    "Alors ils surent ce que les camarades entendaient par équipage. Ils n’étaient pas simplement deux hommes accomplissant les mêmes missions, soumis aux mêmes dangers et recueillant les mêmes récompenses. Ils étaient une entité morale, une cellule à deux cœurs, deux instincts que gouvernait un rythme pareil. La cohésion ne cessait point hors des carlingues. Elle se prolongeait en subtiles antennes, par la vertu d’une accoutumance indélébile à se mieux observer et se mieux connaître. Ils n’avaient fait que s’aimer ; ils se complétèrent"


    Malgré son côté un peu suranné j’ai eu de plaisir à relire ce roman

    Le livre :   Reportages, Romans - Joseph Kessel - Quarto Gallimard