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Littérature française et francophone - Page 47

  • L'Assommoir - Emile Zola

    Je sais que c'est la rentrée littéraire de Janvier mais tant pis je continue mon parcours chez Zola car loin d'être une obligation c'est surtout un très grand plaisir de lecture

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    Ce septième roman de la saga des Rougon est le plus dur, le plus noir, le plus désespéré. Je l’ai lu il y a très longtemps et plutôt que de le relire j’ai préféré l’écouter.

    Gervaise est l’héroïne de ce roman, arrivée de Plassans depuis quelques mois elle a échoué dans une chambre sordide du quartier de la Goutte d’Or, elle vit là avec ses deux fils Claude et Etienne.
    Son compagnon, Auguste Lantier chapelier de son état est plus occupé à « courir la gueuse » qu’à faire bouillir la marmite. Gervaise abandonnée par Lantier trouve du travail comme blanchisseuse. Courtisée par Coupeau un ouvrier couvreur elle finit par accepter de l’épouser. La noce est mémorable, Coupeau a du travail, bientôt arrive une enfant surnommée Nana, il ne manque plus à Gervaise pour réaliser son rêve que pouvoir ouvrir sa propre blanchisserie.


    Gervaise le film avec Maria Schell

    Mais la fatalité frappe les petits plus durement que les grands et lorsque Coupeau tombe d’un toit c’est la dégringolade. Le chômage, la fonte des économies, les dettes.
    Coupeau passe désormais ses journées à l’Assomoir et devient ami avec Lantier. La vie devient impossible entre ces deux hommes et Gervaise trouve elle aussi refuge dans l’alcool.
    Les enfants s’enfuient : Claude vers sa vie d’artiste raté, Etienne part travailler dans le nord, Nana devient fleuriste mais pour combien de temps ?

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    L'absinthe - Edgar Degas

    Zola voulait frapper avec ce roman, il voulait que son livre soit  « le premier roman sur le peuple, qui ne mente pas et qui ait l'odeur du peuple ». C’est réussi et cela  provoque le scandale.
    C’est la première fois que l’on ose faire une peinture aussi réaliste de la déchéance humaine, de la pauvreté sordide, de la misère, de la crasse. Cette description choque, elle choquait à l’époque et elle choque encore aujourd’hui.
    Un roman dénonçant la pauvreté, les terribles ravages de l’alcoolisme : Les scènes du délirium de Coupeau sont particulièrement fortes et reflètent bien le travail préparatoire énorme de Zola dans ses fameux Carnets d’enquête.

    Un mot sur le livre audio: pour la première fois je n’ai pas aimé la voix qui lit le texte, le rythme trop haché de la lecture, la voix monocorde, tout cela m’a gêné et du coup j’ai ressorti mon ebook pour terminer le récit. Dommage.

    Vous pouvez retrouver les autres romans déjà chroniqués des Rougon Macquart sur ce blog

    La Bête humaine   La Fortune des Rougon   La Curée   Le Ventre de Paris

    La conquête de Plassans    Son excellence Eugène Rougon    La Faute de l'abbé Mouret

    Vous pouvez aussi retrouver d'autres critiques sur le site Lecture/Ecriture  

  • Cadeau pour un amoureux de l'Italie

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    Un beau cadeau pour un amoureux de l'Italie, pour un amateur de Stenhal, pour un ami voyageur, un cadeau à s'offrir

    rome.gifRome, Naples et Florence - Stendhal - Editions Diane de Selliers
    Tous les amoureux de l’Italie ont rêvé de se retrouver au temps du « Grand Tour » où tous les jeunes gens fortunés déboulaient en Italie pour admirer monuments et peintures et se gaver de soleil et de douceur de vivre.
    Prendre Stendhal pour cicérone c’est découvrir une Italie mythique, un pays idéal « L’Italie était pour Stendhal le pays où son âme pouvait flamboyer librement et exprimer toutes les palettes de ses émotions. »

    Il s’approprie l’Italie fréquente les lieux élégants, cultivés, l’opéra, les ateliers des peintres mais aussi les réceptions du moment
    Il nous donne rendez-vous au Duomo de Florence, à la Scala de Milan, à Pompéi ou sous les arcades de Bologne.

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    Florence par Carlo Canella


    On l’envie quand il dit visiter seul les loges de Raphaël ou quand il évoque sa lecture de Gibbon « in situ » dans les Thermes de Caracalla.
    Sa flânerie est toujours pleine de noblesse, parfois de volupté (ah les Corrèges) ou de charme agreste lorsqu’il écoute les cigales du Pincio.
    Pourtant attention de ne pas confondre ce livre avec un guide, on est loin du Baedeker, rien de descriptif ici, rien de clair et précis, tout est affaire d’émotions, de sensations, d’évocations. Les fresques, qu’il ne décrit pas, sont « touchantes » un jardin est dit « délicieux » et la cathédrale de Milan « La gaieté d’un coeur mélancolique » et il peut s’étendre sur la mauvaise humeur des habitants ou le regard des moines dans une procession !

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    Les collines de Volterra par Camille Corot


    Son ironie parfois grinçante vient tempérer ce qui pourrait être un catalogue d’éloges, amoureux des contradictions et très très peu des détails, Stendhal n’hésite pas à sauter même totalement certains hauts lieux comme Saint Pierre de Rome.

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    Nikanor Grigorievich Cernecov - Au Colisée

    Dans ce journal de voyage curieusement la musique, la peinture sont omniprésentes mais la littérature est pratiquement absente.

    Ce livre a remplacé dans ma bibliothèque mon vieil exemplaire en édition Folio, tout craquelé et jauni.
    Quel plaisir ! Chacun des textes de Stendhal est illustré par la peinture correspondante d’un peintre contemporain de l’écrivain.
    Nous voyons ce qui voyait l’écrivain, qu’il évoque l’opéra, un monument, un lieu ou un paysage.
    Du même coup le côté « recueil de sensations » du livre de Stendhal est pleinement mis en valeur par ce choix de peintures, ces regards croisés qui sont fascinants et donnent toute sa plénitude à ce livre magnifique.
    361 peintures retenues parmi plus de 6000 consultées, 40 peintres de toute l’Europe car les peintres de l’époque faisaient tous le voyage vers l’Italie.
    Une iconographie somptueuse et une préface éclairante de Philippe Berthier grand spécialiste et biographe de Stendhal font de ce livre « une fête totale du corps et de l’esprit » pour le dire comme Stendhal.

    Un très beau cadeau à faire ou à se faire

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  • Avec Joseph Kessel

    kessel.gifVient de paraitre dans la collection Quarto un ensemble de textes de Joseph Kessel
    Kessel le journaliste, Kessel l'aventurier, Kessel le romancier.
    C'est une figure que j'aime et même si parfois certains des romans ont pris des couleurs un peu vieillotes le reporter est toujours là, un reporter d'exception, l'homme à la crinière flamboyante, aventurier avide de grands espaces, homme capabe d'amitié indéfectible.

    Pour chaque période Gilles Heuré qui a établit l'édition, mêle romans et textes moins connus parus dans les journaux de l'époque.

    J'ai commencé ma lecture par la guerre de 14, pour cette période un reportage fait le 14 juillet 1919, Kessel devant couvrir pour son journal le défilé fêtant la victoire.

    Sous l'Arc de Triomphe

    Il a passé la nuit dehors, la foule tôt le matin est immense. Le texte apparait aujourd'hui grandiloquent mais il faut se replacer dans la liesse et le soulagement de l'époque et Joseph Kessel n'a jamais voulu le modifier " Il montre comment on écrivait à l'époque où j'avais vingt ans"

    Pour vous donner un aperçu , quelques phrases du texte qui est assez court
    podcast

    L'Equipage

    Le roman salué lors de sa sortie apparaiî un peu ridé aujourd’hui et vaut sans doute plus par les témoignages sur la vie d’une escadrille et sur les conditions du combat aérien alors que l’aviation était encore balbutiante.
    Le jeune aspirant Jean Herbillon fait ses adieux à sa maîtresse dont il ignore jusqu’au nom, il rejoint son affectation dans l’aviation " Il s’était laissé tenté par la séduction de l’uniforme, des insignes glorieux, par le prestige de l’homme ailé sur les femmes."
    Il intègre une escadrille de chasse dirigée  par le Commandant Gabriel Thélis à peine plus âgé que lui.
    La vie de l’escadrille est rythmée par la météo, les vols d’exercices, les essais moteurs, les gestes des mécaniciens et les moments de détente au mess. Le jeune aspirant effectue son premier survol des lignes ennemies "L’ivresse du vol était encore neuve pour Herbillon, la respiration géante du moteur, le tourbillon de l’hélice, le vent furieux, tout cela l’étourdissait d’une vaste et brutale symphonie "
    Il devient l’ami du capitaine Maury lui aussi nouvel arrivé, il vont faire équipage. C’est à sa première permission qu’il découvre que sa maîtresse et la femme de Claude Maury ne font qu’un.

    equipage.jpgLe Film d'Anatole Litvak

    Scénario banal et rebattu mais qui qui prend de la densité grâce à Kessel. De très belles pages sur l’amitié entre ces hommes que les risques rapprochent, chacun ayant dans sa main la vie de l’autre.


    "Alors ils surent ce que les camarades entendaient par équipage. Ils n’étaient pas simplement deux hommes accomplissant les mêmes missions, soumis aux mêmes dangers et recueillant les mêmes récompenses. Ils étaient une entité morale, une cellule à deux cœurs, deux instincts que gouvernait un rythme pareil. La cohésion ne cessait point hors des carlingues. Elle se prolongeait en subtiles antennes, par la vertu d’une accoutumance indélébile à se mieux observer et se mieux connaître. Ils n’avaient fait que s’aimer ; ils se complétèrent"


    Malgré son côté un peu suranné j’ai eu de plaisir à relire ce roman

    Le livre :   Reportages, Romans - Joseph Kessel - Quarto Gallimard

  • Mon vieux et moi - Pierre Gagnon

    monvieux.gifMon vieux et moi - Pierre Gagnon - Editions Autrement
    C’est la photo qui m’a attiré, il était touchant ce vieux avec son pantalon godaillant et sa cravate de traviole.
    Les vieux je connais pour en avoir soigné pendant quelques années et puis parce que j’y vais vers le vieillesse à une vitesse sidérante et qui me fait peur.
    Le narrateur de cette histoire saugrenue est un jeune retraité qui ne rêve ni " de posséder un bateau ou une maison de campagne " , il a une vieille tante pensionnaire d’une maison de retraite, là il a fait connaissance de Léo et il verrait bien Léo lui tenir compagnie, remplir sa vie, il se dit "Je l’aimerai comme un enfant, sans avoir à l’éduquer" donc c’est décidé et une fois que les tracasseries administratives sont derrière lui le voilà avec un colocataire.
    La vie à deux s’organise " Léo est très agréable à côtoyer, fait jamais la gueule. Volontaire il participe à tout" bien sûr parfois il ne fait rien et reste là sans bouger devant la fenêtre " ça s’appelle vieillir. Jamais on ne raconte ses choses là, bien sûr. Ca n’intéresse personne"
    Les deux hommes s’apprivoisent de parties de cartes en virées au marché aux puces, le partage des tâches "Je fais le café, il grille le pain".

     

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    Oui mais voilà avec les vieux il suffit d’un rien pour que tout bascule " Il a suffi d’une chute et il est devenu vieux" et la vie se fait plus difficile, le quotidien est devenu pesant. Léo ne reconnaît plus ses mains, prend le hamster pour un chat, chantonne toute la nuit, sème de l’urine dans toute la maison.  Les nuits sont longues " Un soir, je me suis allongé près de lui et j'ai lu, à haute voix, Le Vieil Homme et la Mer" notre narrateur est épuisé...parce que c’est dur les vieux, ils  " ne dorment plus la nuit, dorment trop le jour (...) gênent le passage, s’emmerdent, souhaitent mourir et n’y parviennent pas"

    Un tout petit livre qui sans avoir l’air d’y toucher aborde tous les thèmes du plus léger au plus grave. L’humour fait tout passer même le plus difficile.
    A faire lire à tous les enfants qui ont de vieux parents, à tous les parents qui seront de vieux enfants, à toutes les familles, à tous les soignants, bref un livre à déclarer d’utilité publique.



    L’auteur
    Pierre Gagnon est né le 13 mai 1957 à Arthabaska. Il vit à Québec depuis 1960. D’abord musicien, il publie en 2005 5-FU (éditions L’Instant même), qui s’élève en haut du palmarès des meilleures ventes au Québec. Mon vieux et moi est son quatrième livre.

  • Où j'ai laissé mon âme - Jérôme Ferrari

    9782742793204FS.gifOù j’ai laissé mon âme - Jérôme Ferrari - Editions Actes Sud
    Un roman très court à deux personnages. Deux soldats en 1957 en Algérie à l’époque des attentats du FLN et de la mise à contribution de l’armée française pour obtenir des renseignements et arrêter les chefs du FLN à n’importe quel prix.
    Le Capitaine André Degorce, ancien résistant passé par les interrogatoires nazis, héros d’Indochine,  le Lieutenant Andréani, plus jeune, compagnon de captivité du capitaine dans les camps du Viêt-minh avec qui il a des liens très forts.

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    L'armée dans Alger en 1957

    Le roman se déroule durant trois journées, au cours de ces trois jours vont se dévoiler pour chacun des personnages, les sentiments, les convictions, les actions qu’ils mènent, les responsabilités qu’ils portent, le sens que chacun attribue à des mots comme : loyauté, honneur, morale, trahison ou devoir.
    Le Capitaine Degorce catholique pratiquant et ancien déporté, deux raisons de s’opposer à la torture et pourtant de victime il est devenu bourreau, il s’est transformé en tortionnaire. Les lettres à sa femme, la lecture de la Bible ne suffisent plus à lui procurer du réconfort, tiraillé entre son devoir de tout faire pour arrêter les chefs rebelles et ses convictions et une horreur de la torture acquise dans les geôles allemandes, il ne peut se décider. Il donne des conseils glaçants à ses hommes "Messieurs, dit-il,  la souffrance et la peur ne sont pas les seules clés pour ouvrir l'âme humaine. Elles sont parfois inefficaces. N'oubliez pas qu'il en existe d'autres. La nostalgie. L'orgueil. La tristesse. La honte. L'amour. Soyez attentifs à celui qui est en face de vous. Ne vous obstinez pas inutilement. Trouvez la clé. Il y a toujours une clé." Mais fait preuve d’une incompréhensible attitude envers son  prisonnier Tahar Hadj Nacer un des chefs du FLN arrêté grâce à des renseignements obtenus par la torture. Il va même  chercher auprès de lui réconfort et absolution, allant jusqu’à lui faire rendre les honneurs militaires mais... fermant les yeux sur son exécution.

     

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    A la recherche de terroriste

    De l’autre côté écouter Andréani, dans un long monologue il dit toute sa colère et son amertume envers son supérieur, son ami. Il ne le comprend plus. Lui est sûr de son devoir, il revendique ses actions y compris la torture  " Vous vous demandez encore comment il est possible que vous soyez devenu un bourreau, un assassin. Oh, mon capitaine, c'est pourtant la vérité, il n'y a rien d'impossible : vous êtes un bourreau et un assassin. Vous n'y pouvez plus rien, même si vous êtes encore incapable de l'accepter. Le passé disparaît dans l'oubli, mon capitaine, mais rien ne peut le racheter."
    Il explique, il justifie, il y voit son devoir de soldat. Comment pourrait-il rester impassible devant les attentats et leurs victimes, il y a pour lui une logique de la guerre et c’est celle du  "tout est permis" pour atteindre son but. Les prisonniers qui passent par ses mains dans la villa Eugène n’ont à attendre aucune pitié comme ils n’en ont pas eu pour les invités d’une noce tous massacrés ou ces prostituées piégées dans un bordel de la Casbah.
    Il est plein de dépit et se sent trahi par un Degorce pour qui il finit par éprouver de la haine et qu’il invective à travers son monologue, qu’il veut obliger à reconnaiîre ses contradictions, ses lâchetés, sa bassesse

    Quel superbe et douloureux roman, Jérôme Ferrari signe là LE roman de la rentrée, poignant, dense  "porte ouverte sur l'abîme"  pour ces personnages que tout oppose. La brièveté de son roman en augmente la force et nous fait douter de notre propre sentiment.
    Tout naturellement on éprouve une certaine empathie pour Degorce, pour ses errements et sa culpabilité, mais tout l’art de Ferrari est d’inversé le processus et on en vient à préférer l’attitude plus véridique d’Andréani. Rien de manichéen donc mais l’ambivalence qui habite tout homme.
    La construction très aboutie de son roman lui permet de nous faire sentir les tensions intérieures des personnages et leur face à face
    Une lecture forte et exigente, un roman d’une grande profondeur, faites lui une place dans votre bibliothèque
     
    Une interview de l’auteur    le billet de Cathe


    Pour poursuivre : le film de Patrick Rotman  Ennemi intime violences dans la guerre d'Algérie

     

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    jerome ferrari.jpgL'auteur
    Né à Paris en 1968, Jérôme Ferrari, après avoir été, durant quatre ans, professeur de philosophie au lycée
    international d’Alger, vit actuellement en Corse où il enseigne depuis 2007.
    Chez Actes Sud, il a publié quatre romans : Dans le secret (2007), Balco Atlantico (2008), le très remarqué Un dieu un animal (2009, prix Landerneau 2009) et Où j'ai laissé mon âme.




  • Stendhal - Philippe Berthier

    stendhal.gifStendhal vivre, écrire, aimer - Philippe Berthier - Editions de Fallois
    Vivre, écrire, aimer : le titre même de cette biographie virevoltante dit l’essentiel de son sujet. La vie d’un homme pour qui la vie passe avant la littérature et ne peut se concevoir sans une quête permanente de l’amour.
    Je ne savais quasiment rien de la vie d’Henri Beyle, quelques clichés tout au plus. Cette lecture fut donc une totale découverte et grâce à la virtuosité de Philippe Berthier ce fut un grand plaisir. C’est enlevé, vivant, bouillonnant, parsemé de citations, de jeux de mots, de comparaisons audacieuses. Bref on ne s’ennuie pas un instant.

    Amant malheureux et parfois éconduit, passionné de théâtre, complètement dingue d’opéra, un amoureux de l’Italie et de ses peintres, un écrivain magnifique mais qui ne connu pas le vrai succès de son vivant, journaliste pour faire bouillir la marmite, perpétuellement à court d’argent. Voilà le portrait brossé à grands traits d’Henri Beyle dit Stendhal.
    Mais approchons nous plus près grâce à la lorgnette de Philippe Berthier
    Je vous fais grâce des détails pour retenir les traits caractéristiques.
    Henri Beyle fut un lecteur acharné « Insatiable il entonne tout ce qui passe à sa portée, fait flèche de tout bois, épluche avec ardeur les annonces de livres à vendre dans la presse. Tout est bon pour alimenter le bibliophage : Dante, Lucien, l’Abbé Prévost, Rousseau.. »
    Chez lui l’amour des femmes et l’amour des livres se mêlent « Lire c’est jouir. Et écrire donc !  »
    Il écrivit pendant des années des chroniques pour les journaux anglais « N’ayant personne à ménager pour des lecteurs d’outre-Manche, Stendhal à la bride sur le cou et s’ébroue en toute liberté »  il y parle de tout, de politique, d’actualité littéraire, de théâtre.
    Cet homme qui courut après l’amour d’une femme toute sa vie n’était pas beau et le savait  « il a été capable d’en parlé avec simplicité » cela ne l’empêchait pas de poursuivre les soubrettes avec acharnement tant son amour de la vie était grand.

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    Il n’aimait pas tout le monde, dans une notice biographique il dit de lui « Il n’aima aucun de ses parents » on peut dire même qu’il détesta son père alors que celui-ci lui permit de passer des années à faire ce que bon lui semblait.
    Les moments les plus précieux de son existence ne seront pas la publication des ses romans mais ses séjours italiens qui parfois tournent à la farce tant il est habile à se mettre les gens à dos « Stendhal ne peut s’emêcher de tendre des verges pour se faire battre, de dire à un puissant exactement ce qu’il ne faut par dire : Henri Lagaffe c’est tout lui. »
    A t-il comme on le prétend occupé des postes de façon bien légère ? Souvent malade c’est le roi de la demande de congés exceptionnels, jugez en « Les uns prétendent que Stendhal a été un fonctionnaire dilettante, négligent, scandaleusement même, si l’on songe qu’en additionnant ses éclipses, on arrive parfois au total en effet effarant de sept mois en un an » 

    Mais la littérature dans tout ça ? Philippe Berthier nous dit « Stendhal n’a jamais sacralisé la littérature au point de lui sacrifier les autres plaisirs de la vie »  J’ai découvert que Henri Beyle n’était pas du tout gêné de plagier allégrement , il a une façon bien à lui d’écrire « je compose 20 ou 30 pages puis j’ai besoin de me distraire, d’un peu d’amour quand je puis ou un peu d’orgie »
    Il écrit la Chartreuse de Parme en quelques 60 jours !!!

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    Stendhal Consul à Civitavecchia

    Loin des pensums d’analyse d’oeuvres littéraires ou des biographies poussives, ce livre est tonique et drôle, d’une érudition folle, bref un livre passionnant. Une critique et après on en parle plus : je trouve un peu méprisant pour le lecteur que l’auteur ne juge pas nécessaire de traduire les citations en italien, allemand ou latin. Travers d’universitaire peut être ?
    Le tempo de la biographie est celui de la vie de Stendhal, toujours courant après l’amour, le plaisir et parfois les honneurs qui toujours lui échappent « un existence farouchement indépendante qui, malgré quelques tentations, avait une fois pour toutes pris le parti de la liberté et donc de la solitude. »


    Une biographie indispensable pour tous les amoureux de Stendhal

    Un site qui lui est consacré : Lectura

    l’auteur
    Philippe Berthier est professeur émérite à la Sorbonne Nouvelle. Cet ouvrage est le neuvième qu’il consacre à Stendhal, dont il coédite les Œuvres romanesques complètes dans la Bibliothèque de la Pléiade.