Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Littérature américaine - Page 2

  • Bribes et brindilles américaines

    ouest 2.jpg

    « … Je sais quelle heure il est en regardant le soleil, et en quelle saison nous sommes en regardant les écureuils. Aujourd’hui, j’en ai vu un faire provision de noix en haut de l’arbre à côté de l’abri de jardin. Il se hâtait vraiment. Alors je pense que ça annonce un hiver précoce. Et les chenilles ont mis leurs grosses fourrures, et le chèvrefeuille s’entortille. Cela veut dire que je suis tout aussi heureux que si j’avais du bon sens… »

    écureuil.jpg

    Ecureuil américain 

    « Dans le courant de la nuit, un cerf passe près de notre bivouac d’un pas nerveux. J’entends le bruit puis, un peu avant l’aube, lorsque je me lève, je vois ses délicates empreintes en forme de cœur. J’attise le feu et confectionne notre première cafetière de café de cow-boy noir et riche, et dans la solitude j’en bois la première tasse, en me réchauffant les mains sur l’émail brûlant. Les dernières étoiles disparaissent lentement, le ciel s’éclaircit, perçant la lueur verte de l’aube pour éclater dans la splendeur ignée du lever de soleil. »

    Cervus_elaphus_Luc_Viatour_6.jpg

    « L’été, la forêt s’étirait en dessous de nous en dix-sept différentes teintes de vert. Il y avait les pins jaunes et les pins pignons, les épicéas bleus et les épicéas d’Engelmann, les sapins du Colorado et les sapins de Douglas, les trembles, des robiniers du Nouveau-Mexique, des genévriers alligators et quatre variétés de chênes. Sur le rebord rocheux de l’escarpement, où remontait l’air chaud des canyons, poussaient du raisin d’ours, des agaves, des acanthes et diverses variétés de cactus – figuiers de barbarie, coussins de belle-mère, cactus hameçon. Tout au fond des canyons, où l’eau coulait, certes pas toujours en surface, nous voyions des sycomores, des aulnes, des peupliers, des noyers, des micocouliers, des cerisiers sauvages et de la vigne vierge. Et cent autres espèces d’arbres, de buissons et de plantes grimpantes que je n’arriverai probablement jamais à identifier nommément. »

    incendie.jpg

    Aujourd'hui hélas la forêt brûle 

     

    Le livre : En descendant la rivière - Edward Abbey - Editions Gallmeister 

  • Sidérations - Richard Powers

    838_powers-richard-dean-d-dixon.jpg

    Depuis ma lecture de Le temps où nous chantions de Richard Powers je n’ai plus lu l’auteur car ses récits ne m’attiraient pas vraiment mais je crois que j’ai eu manifestement tort.
    Je viens de lire le dernier de ses romans et là je suis prête à lui accorder cinq étoiles sans aucune restriction.

    Voici l’histoire de Robin et Théo Byrne.  
    Robin est un petit garçon autiste à l’intelligence étincelante, Théo lui est astrobiologiste.

    exoplanètes.jpg

    Des exoplanètes 

    Théo est créateur d’exoplanètes !! bon un peu d'explications : il crée des mondes imaginaires peuplés de planètes où il invite son petit garçon. C’est l’évasion qui aide celui - ci  à tolérer la vie comme elle est.

    Ils sont seuls et vivent un peu en autarcie, Alyssa la mère de Robin est morte récemment, Robin fréquente l’école mais la vie est dure pour un enfant comme lui. La tolérance des enseignants et enfants est très précaire hélas.

    monde infini.jpg

    Le père tente de faire oublier à l’enfant les difficultés de l’école : 
    « Un soir de la mi-août, il demanda une planète avant de se coucher. Je lui offris Chromat. Elle avait neuf lunes et deux soleils, l'un petit et rouge, l'autre grand et bleu. Ce qui produisait trois types de jour de longueur différente, quatre types d'aube et de couchant, des dizaines d'éclipses possibles, et d'innombrables saveurs de crépuscule et de nuit. La poussière dans l'atmosphère transformait les deux types de lumière solaire en aquarelles tourbillonnantes. Les langues de ce monde avaient pas moins de deux cents mots pour désigner la tristesse et trois cents pour la joie ».

    AutismeFR3.png

    Ecologistes dans l’âme père et fils sont en veille permanente pour surveiller l’extinction des espèces, les ravages du climat, la souffrance animale. 
    Robin hypersensible tolère mal ces destructions annoncées et fort des convictions de sa mère il dessine sur le sujet en permanence.

    climat.jpg

    Les ravages du climat ? 

    Bientôt c’est le parcours du combattant pour Théo qui risque de voir son fils contraint de prendre des traitements miracle pour freiner son émotivité et son instabilité émotionnelle. 

    Ne voulant pas que l'on administre un traitement à base de psychotropes à son fils il fait appel à une de ses connaissances , un neurologue qui travaille sur la cartographie des émotions, neurologue qui m’a rappelé  Antonio Damasio dont les livres m’ont passionné. 

    notre-cerveau-crible-grandes-emotions.jpg

    la cartographie de nos émotions 

    Le neurologue lui  propose un traitement expérimental, exempt de toute chimie et basé sur le feedback neurologique permettant de rééduquer les perceptions et les émotions à l’aide d'enregistrements faits autrefois sur la mère de Robin.

    écureuil.jpg

    Robin nous rappelle combien passons à coté des beautés du monde, des choses importantes. 
    « Les choses les plus banales ralentissaient son pas. Une fourmilière. Un écureuil gris. Une feuille de chêne sur le trottoir, aux nervures rouges comme de la réglisse ».

    Il est fort d’un espoir fort « T'inquiète pas, papa. Nous, on trouvera peut-être pas la solution. Mais la Terre, si »
    L’empathie de Robin pour le monde se développe.

    Ce père qui enveloppe son enfant de tendresse et fait preuve d’une complicité poétique, est émouvant, leurs échanges sont magnifiques, parfois drôles, la relation est fusionnelle entre le père et le fils. Théo est paniqué par l’impossibilité qu’il a d’aider son fils.

    L’auteur sait à merveille enrichir son propos d’images magnifiques, de poésie, de philosophie et de littérature 
    Les résultats du traitement dépassent vite toutes les espérances, mais… car il y a forcément un mais ! 

    J’ai tout aimé dans ce livre : les personnages, la relation père-fils d’une profondeur et d’une émotion rares. 
    J’ai aimé la façon d’aborder l’autisme, la rage de l’homme de science, l’érudition scientifique omniprésente.

    Ne vous laissez pas repousser par le coté scientifique ou par l’extravagance de l’imaginaire de Théo, ses constructions, ses hypothèses. Laissez-vous envoûter.

    Ses allusions à l’univers comme à un être vivant et à notre moi comme un tout et un rien à la fois m’a fait rouvrir un livre puissant et qui m’occupe toujours l’esprit après bien des lectures : L'advaita  Vedanta.

    advaita.jpg

    Dans le premier roman de Richard Powers je me souviens que déjà le père était un fan de mécanique quantique. L’auteur rend la science omniprésente et sait éveiller la curiosité du lecteur, alertant celui ci  sur la disparition programmée de notre monde actuel même s’il nous laisse une petite lueur d’espoir. On devine la proximité avec l’inoubliable Des fleurs pour Algernon  de David Keyes.

    Un livre splendide, magnifique, fort, émouvant, profond. 

    L'avis de Sibylline 

    9782330153182.jpg

    M02290032727-large.jpg

    L-Advaita-vedanta-Theorie-et-pratique.jpg

    Les livres :

    Sidérations  - Richard Powers  - Traduit par Serge Chauvin  - Editions Actes Sud 
    L'Advaita Vedanta  - Dennis Waite  - Editions Almora 2015
    Des fleurs pour Algernon - Daniel Keyes  - Editions J'ai lu 

  • Bribes d'amour de la lecture

    feuilleter.jpg

    « Combien de fois nous arrive-t-il en feuilletant un livre lu il y a longtemps, de tomber sur des passages dont chaque mot éveille un écho brûlant, inoubliable. »

    relire.jpg

    « Chaque fois que je relisais ces passages, et cela m’arrivait souvent, la langue m’en paraissait plus parfumée, plus riche, plus imprégnée de cette qualité mystérieuse que tout grand écrivain confère à son style et qui est la marque de son génie propre. »

    mes_notes_moleskine.jpg

    « Je suis de ces lecteurs qui, de temps en temps, recopient de longs passages des livres qu’ils lisent.»

     

    Le Livre : Les livres de ma vie - Henry Miller - Editions Gallimard

  • Bribes d'amoureux des livres

    livres.jpg

    «  Comme on se rappelle facilement la date et le cadre de nos premières lectures ! Le souvenir de certains livres est lié à une maladie, d’autres au mauvais temps, à une punition ou à une récompense. Le monde intérieur et le monde extérieur se fondent dans ces souvenirs.
    Et ces lectures sont véritablement des évènements de notre vie. »

    montaigne14_etat2.jpg

    « J’avais naturellement entendu de la façon dont Montaigne s’était retiré de la vie active, dont il se consacrait aux livres , de la vie calme et rangée qu’il menait, si riche si profonde.
    Voilà un homme dont on pouvait dire qu’il possédait une bibliothèque ! »

    livres lus.jpg

    Combien de fois nous arrive-t-il en feuilletant un livre lu il y a longtemps, de tomber sur des passages dont chaque mot éveille un écho brûlant, inoubliable. »

     

    Le Livre : Les livres de ma vie - Henry Miller - Editions Gallimard

  • Bribes d'Henry Miller

    rat.jpg

    « Je suis loin d’avoir lu autant que l’érudit, le rat de bibliothèque ou même l’honnête homme ; et pourtant j’ai certainement lu cent fois plus que je n’aurais du »

    livres lus.jpg

    « Je suis extrêmement heureux et satisfait d’avoir entrepris la tâche ingrate d’énumérer tous les livres que j’ai souvenir d’avoir lu. »

    livre-lecture-imaginaire.jpg

    « Un des premiers souvenirs que j’associe à la lecture c’est celui des efforts que j’ai dû faire pour me procurer des livres »

    livres vivant.jpg

    « Qu’est-ce qui rend un livre vivant ? Voilà une question qui se pose souvent ! La réponse me parait toute simple. Un livre vit grâce à la recommandation passionnée qu’en fait un lecteur à un autre. »

     

    Le Livre : Les livres de ma vie - Henry Miller - Editions Gallimard

  • L'art de voir les choses - John Burroughs

    ricochet.jpg

    Voilà bien une lecture par ricochet, après avoir lu  La maison en chantier, j'avais été intriguée par les passages faisant référence à un écrivain américain « à la Thoreau », écrivain dont je n’avais jamais lu le nom.

    Lorsque ces choses là me titillent je suis mon idée jusqu’au bout, après avoir tapoter sur le clavier, fait le tour de ce que je pouvais trouver en bibliothèque, je me suis résolue à commander ce livre.

    Quel plaisir ! la couverture d’abord, superbe et empruntée à Audubon, c’est une petite anthologie de textes, choisis par le traducteur, précédée d’une présentation du traducteur très éclairante et suivie d’une petite biographie en fin de volume.

    John_Burroughs_1909.jpg

    John Burroughs est décrit comme un «  écrivain très populaire, personnage bonhomme et pittoresque » dont les livres se sont vendus à des millions d’exemplaires et qui était célèbre à l’égal de H D Thoreau et de John Muir

    Amoureux de la nature et de l’observation de celle-ci, il possède un oeil à mi chemin entre « l’oeil du savant et l’oeil du poète »
    Il aime la vie simple « car c’est celle que j’ai vécu et je l’ai trouvé bonne » dit-il. 

    peche à la truite.jpg

    C’est un naturaliste précis et riche dans ses observations des oiseaux, des plantes, mais qui se passionne aussi pour la pêche à la truite ou le chant de la colombe 

    Il nous invite à être un observateur attentif qui « déchiffre les signes subtils du temps, les étoiles lui prédisent le lendemain, les nuages du soir et du matin sont des présages »

    Woodchuck-Lodge-Roxbury-NY.jpg

    Sa maison des Catskill

    C’est un redoutable marcheur comme Thoreau, il nous convie à « en rabattre un peu avec notre fierté de citadin des grandes villes » et à prendre notre bâton de marche. Il a parcouru les Adirondacks, les forêts du Maine avant de poser sa maison dans les Catskill.

    800px-View_near_the_Village_of_Catskill_by_Thomas_Cole,_1827,_oil_on_wood_panel_-_De_Young_Museum_-_DSC00934.jpg

    Thomas Cole View on the Catskill  Musée de San Francisco

    « Partir à pied sur la grand-route c’est prendre enfin un bon départ dans la vie » alors n’hésitez pas à le suivre car « le piéton se réjouit toujours, allant revigoré, renouvelé, le coeur dans la main et la main disponible »

    A vous « les pommes sur le bord de la route, et les baies, et la source et l’abri accueillant » N’hésitez plus, mettez vos pas dans les pas de John Burroughs.

    Vous avez compris que j’ai beaucoup aimé ce livre, j’ai parfois pensé à Jean Henri Fabre en le lisant, il a trouvé sa place dans ma bibliothèque à côté de Walden et des Souvenirs entomologiques.

    John Burroughs est né en 1837, instituteur de campagne il abandonne l’enseignement en 1846  il rencontre Walt Whitman à qui il consacre son premier livre, en 1873 il fuit la ville, s’installe dans les Catskill. 

    IMG-0155.jpg

    Le livre : L’art de voir les choses - John Burroughs - Traduit de l’anglais par Joël Cornuault - Editions Fédérop