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Littérature américaine

  • Lieux d'enfance

    Où s’est déroulée votre enfance ? ce lieu, cette région ou même ce pays vous a sans doute marqué.

     

    Parfois ce lieu change comme le pays de Barry Lopez qu’il ne reconnaît plus et il s’interroge

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    « Que restera-t-il à mes enfants ? »

    « Enfant j’ai grandi dans la vallée de San Fernando en Californie. »

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    « A Chaque fois que je marche avec un enfant je pense à tout ce que j’ai vu disparaître au cours de ma propre vie. »

    « Le chant aigu du troglodyte des forêts, le parfum entêtant de la propolis sous le vent des saules, la brillance des copeaux éparpillés par les castors »

     

    Vous êtes peut-être une ou un exilé comme l’enfant caché tentant d’échapper à un destin presque écrit. Que serait-il advenu si aucun pays ne vous avait accueilli ? s’il jamais personne n’avait accueilli G.A Goldschmidt fuyant le nazisme.

     

    « La mémoire ainsi se fait de coups de vents soudains qui font onduler l’herbe haute et se froisser les feuillages des grands hêtres qui semblent étirer les branchages, les faire se heurter. On dirait alors la grande rumeur de ces vents de mer qui passent sur le jardin. »

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    « Plus les lieux se faisaient familiers, plus nombreux se faisaient ceux où nous n’allions plus, la piscine de plein air avec ses planchers gris, le jardin municipal où on n’avait plus le droit de s’asseoir. »

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    « Ce jour-là le charbonnier qui portait un béret distribuait sur le pas de sa porte de grandes cartes de l’Allemagne cartonnées (...) Il en donnait une à chacun, je m’approchais un des derniers et il me dit :
    « Du bekommst keine du bist keine Deutscher » « Toi tu n’en auras pas tu n’es pas un allemand.»

     

    Les livres :

    A ciel ouvert – Barry Lopez – Traduit par Jacques Mailhos – Éditions Gallmeister

    Une langue pour abri - Georges-Arthur Goldschmidt – Éditions Créaphis

     

     

     

  • Les Lettres d'A l'est d'Eden - John Steinbeck

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    J’ai lu il y a trois ans Jours de travail qui était le journal d’écriture des Raisins de la colère. J’avais beaucoup aimé ce livre j’ai donc tout naturellement lu le journal d’écriture d’A l’est d’Eden.

    Il faut malgré tout que je vous prévienne, si vous n’avez jamais lu les romans je vous déconseille de lire ces journaux. Non que ce ne serait pas intéressant mais c’est tellement plus prégnant après la lecture du roman.
    Outre que Steinbeck donne des détails qui casseraient un peu les surprises de lecture.

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    Pascal covici

    C’est parti
    Ces lettres sont destinées à son éditeur et ami Pascal Covici. Steinbeck joue franc jeu avec lui, ne lui épargne pas ses difficultés, mais l’associe à ses joies.
    Au fil des pages on voit naitre le roman et l’on en suit la génèse.

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    Ce livre lui a été inspiré par ses fils, il a muri le roman durant 3 ans avant de se lancer. Il est prêt :
    « La forme en sera étonnante, l’écriture maigre et décharnée, les concepts rugueux, la philosophie antique et en même temps à peine née »

    Le thème ? « L’histoire du bien et du mal, de la force et de la faiblesse, de l’amour et de la haine, de la beauté et de la laideur. »

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    John Steinbeck est quelqu’un qui doute, sera-t-il à la hauteur ?
    « Que je sois assez bon ou assez doué pour le faire reste encore une interrogation »
    Il tente donc de se rassurer « J’ai de l’expérience, je connais l’amour et j’ai connu la douleur »

    Il est à la fois optimiste et méfiant, son expérience des Raisins de la colère reste comme une épine plantée dans le cœur.
    Il a une forte ambition pour ce livre « Je veux faire celui-là comme si c’était le dernier »

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    Il s’installe, achète une nouvelle pipe, fait provision de crayons à papier d’une marque particulière, et il ne lésine pas les achetant pas dizaine !!

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    Il est temps de démarrer « Il faut que je me rende dans la vallée de Salinas »

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    Les Hamiltons entrent en scène : « je peux raconter ce que je veux à leur sujet parce qu’ils sont tous morts et qu’ils ne s’offusquent pas de la vérité »

    La famille Trask c’est autre chose « J’ai plongé dans l’histoire de leurs ancêtres. Je connais leur humeur et leurs pulsions peut-être mieux que les miennes »

    Je suis touchée et un peu dans l’incompréhension, comment un écrivain peut à ce point s’approprier des personnages ?

    L’auteur a une idée bien arrêtée de ce que sera son roman
    « C’est un roman à l’ancienne, Pat. Il atteindra l’effet qu’il recherche grâce à une accumulation et non grâce à de rapides épisodes à l’éclat fugitif »

    Qu’on se le dise ce roman va prendre son temps, et donc évidemment ce sera un pavé.
    Steinbeck explique le rythme de ses journées, ses jours de doute, ses jours de joie.
    Plus question de se jeter tête la première dans le récit.
    Il ne veut pas revivre la tension des Raisins de la colère « Je souhaite que ce soit un livre très lent et pas qu’il se mette à courir loin devant moi.»

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    Je suis toujours étonnée quand un auteur parle de son livre comme d’une chose qui lui échappe ! Pourtant Steinbeck parle de ses personnages comme s’ils n’émergeaient de rien grâce à l’histoire.
    Lorsqu’il reçoit l’état des lieux de la vente de ses livres, il est rassuré.

    Il redoute l’échec mais en fait il n’est obnubilé que par le livre en gestation « Je me fiche éperdument d’un livre une fois qu’il est terminé. L’argent et la célébrité qui en découlent n’ont aucun lien avec le sentiment qu’il m’inspire. »

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    Je vous laisse découvrir comment le titre passera du Signe de Caïn au titre véritable. Comment le dernier chapitre du livre va lui donner du fil à retordre, le voir se plonger dans la Bible, chercher le sens des mots en hébreu.

    Le roman est dense et long et Steinbeck avoue « J’ai l’impression d’écrire depuis une éternité »

    Ce livre sera automatiquement à côté des romans de Steinbeck, comme une leçon, comme un mystère résolu, comme un exemple.

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    Le livre : Les lettres d’A l’est d’Eden journal d’un roman – John Steinbeck – traduit par Pierre Guglielmina – Éditions Seghers

  • A l'Est d'Eden - John Steinbeck

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    Avez-vous lu A l’Est d’Eden ? avant ou après avoir vu le film d’Elia Kasan ?

    Pour moi pas de problème, j’ai lu le livre longtemps longtemps avant d’avoir vu le film et heureusement car si le film n’est pas mauvais, il est très réducteur par rapport au livre dont il est un pâle reflet.

     

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    Vallée de la Salinas

    Si, comme moi, vous êtes inconditionnel de Steinbeck, il est bon de savoir que ce livre est en partie autobiographique, John Steinbeck a grandi à Salinas en Californie, Sam Hamilton qui s’épuisait à cultiver des terres arides et qui jamais ne gagna un sou, était le grand-père de Steinbeck.

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    Le grand-père de Steinbeck

    Bon à savoir aussi : le titre et le thème du livre sont empruntés à la Bible.

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    Apprêtez-vous à suivre  le destin d'Adam et Charles Trask, fils de Cyrus.
    Cyrus est un père qui impose à ses fils des exercices militaires quotidiens, des brimades, qui les malmène au-delà du possible.
    Adam qui a besoin de se sentir aimé va s’attacher à la seconde femme de son père, elle est pour lui l’image maternelle.

    Deux frères totalement différents, Adam est rêveur, Charles a les deux pieds sur terre. Charles, bien que plus jeune d’un an, protège son frère mais ne supporte pas les rares moments où Adam lui est supérieur.
    Cyrus envoie Adam à l’armée alors qu’il n’est pas fait pour ça mais peu importe. Charles lui rêve d’un destin glorieux et se voit cantonner au destin de fermier.

    Les deux frères deviennent progressivement des ennemis.
    Au retour de l’armée, Adam vit à la ferme avec Charles.

    Un jour, ils trouvent sur le pas de leur porte, une jeune femme battue à mort mais vivante. Elle séduit Adam qui l'épouse.

    Mais Cathy Ames est une manipulatrice, elle met en œuvre le lent parcours qui va lui permettre de reprendre pied dans l’existence après un passé effroyable.
    Je vous laisse découvrir Cathy mais on peut dire que l’empathie ne fait pas partie de sa panoplie.

     

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    Ma vieille version

    Adam Trask achète une ferme du côté de Salinas en Californie où il part s’installer avec sa femme et où Cathy donne le jour à des jumeaux.

    Deux semaines après elle quitte Adam lui laissant ses deux fils.
    Adam traverse une longue période d'hébétude.
    Il déambule toute la journée, le regard perdu et ne s’occupe de rien.

    C’est là qu’interviennent Samuel Hamilton et Lee le serviteur chinois 
    avec qui je vous laisse faire connaissance

    Samuel Hamilton c’est l'homme que l'on voudrait tous avoir comme père, comme frère, comme ami, comme mari ou comme fils.
    Il est jovial, franc, habile de ses mains, rêveur, avec un puissant sens de l’amitié.
    Il est l’appui d’Adam qui avec un grand retard finit par donner un nom aux jumeaux : Aaron et Caleb.

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    Richard Davalos et James Dean

    J’arrête là le récit, John Steinbeck possède une force de narration puissante et profonde, il sait comment rendre cette saga familiale passionnante du début jusqu'à la fin.

    Comme dans la plupart de ses romans, il entreprend un immense travail d'écriture qui lui permet de posséder ses personnages corps et âme, il sait distiller les émotions les plus intenses.

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    Steinbeck à l’époque du Nobel

    Une grande fresque familiale, un roman d’une beauté absolue.
    Un condensé d’humanité, une lutte acharnée entre le bien et le mal, le vice et la vertu.

    Sont présents le désir, l’amitié, la violence et la haine, la fraternité, le péché, la rédemption, le pardon, le mensonge, la jalousie, bref notre humanité.

    Le livre se clos sur un chapitre magnifique.
    À l’est d’Éden est un roman qui a une résonance biblique très forte. Il est imprégné de références religieuses.
    Le péché, la rédemption, le pardon, le mal, le bien, le mensonge, la jalousie, sont les sujets du roman.
    « Caïn s’éloigna de la présence du Seigneur et partit habiter dans le pays de Node, à l’est d’Eden. »  Genèse. 4,16

     Pour moi c’est le meilleur roman de Steinbeck
    Je crois qu’à sa relecture mon admiration pour Steinbeck s’en trouve accrue.

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    Les Livres :

    A l’Est d’Eden – John Steinbeck – Traduit par JC Bonnardot et Marc Amfreville - Gallimard Pléiade

  • Des souris et des hommes - John Steinbeck

    Of Mice and Men

    Le genre de livre dont on n’oublie jamais les personnages.

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    Les personnages de la BD de Rebecca Dautremer

    Si je voulais comparer mes impressions c’est avec des livres comme On achève bien les chevaux d’Horace McCoy, des films comme Vol au-dessus d’un nid de coucou que je comparerais ce livre.

    C’est pour moi une relecture et je vous invite à me suivre.

    Un récit relativement court, mais d’une simplicité à laquelle il ne faut pas se fier.
    Un récit à deux personnages : George ouvrier agricole, gentil, plutôt bonne pâte, et Lenny plus atypique qui souffre d’un handicap mental.

    Nous sommes dans les années trente, les années préférées de Steinbeck où il place aussi En un combat douteux et bien entendu les Raisins de la colère.

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    Film avec Gary Sinise John Malkovich dans le rôle de Lenny Small.


    Les exploitants agricoles ont besoin de journaliers pour la cueillette, ceux-ci triment de l’aube au crépuscule pour trois franc six sous.
    Ils sont nombreux, la Grande Dépression ayant jeté sur les routes les fermiers acculés par les dettes, l’offre est plus forte que la demande.

    George et Lenny ont été embauché dans la petite ville de Soledad.

    Un duo disparate car si George est futé mais un rien gringalet, Lenny lui est le ravi de la crèche mais aussi un homme au gabarit impressionnant.

    Ces deux-là sont comme les deux doigts de la main, ils rêvent de posséder un petit arpent de terre qui soit bien à eux. Leur amitié dérange un peu.
    Ils veillent l’un sur l’autre et cette sollicitude, cette bienveillance les rend suspects.

    D’autres personnages évoluent autour d’eux mais on est totalement pris par George et Lenny.

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    George et Lenny

    Leur destin va se jouer à Soledad où ils sont embauchés dans un ranch. Lenny est naïf, simplet même, mais possède une force hors du commun  si les quolibets ne l’atteignent pas voir son ami en difficulté déclenche chez lui des réflexes primaires qui vont faire basculer le récit.  

    Et c’est là que Steinbeck est à son meilleur. Pas de pages longues sur le ressenti des personnages, pas de passages emberlificotés sur l’action, non il va au plus simple, au plus dur, au plus humain et là il est magistral.
    C’est rapide, d’une efficacité totale, une tragédie au sens complet du terme : un seul lieu, une unité de temps très courte, une action fulgurante.
    Ce n’est pas pour rien que ce récit a fait l’objet de multiples adaptations théâtrales.

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    Steinbeck insuffle une authenticité absolue à l’action qui fait que le lecteur n’oublie jamais ces deux hommes. Le titre s’inspire de Robert Burns poète écossais, « Les plans les mieux conçus des souris et des hommes souvent ne se réalisent pas »

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    Le point d’orgue final est à la fois beau et douloureux. Vous pouvez bien entendu lire le roman mais aussi l’écouter, c’est un des romans qui se prête le mieux à une lecture à voix haute.

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    Le Livre Des souris et des hommes – John Steinbeck – Traduit par Maurice Edgar Coindreau – Editions Gallimard Pléiade 2023
    Le livre audio : Lu par Lorand Deutsch Pierre Donnadieu et Jacques Gamblin- Editions Gallimard

  • En un combat douteux - John Steinbeck

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    Ce n’est pas le roman le plus connu de Steinbeck, écrit avant les Raisins de la colère et publié en 1936 juste avant Des souris et des hommes.

    Le roman se situe dans la vallée de Torgas en Californie parmi les saisonniers dont les conditions de travail sont difficiles et précaires.
    Les propriétaires des exploitations ont décidé de diminuer le salaire des cueilleurs saisonniers. La révolte gronde.

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    Adaptation cinéma

    On fait connaissance de Jim Nolan une nouvelle recrue parmi les syndicalistes, nouvel adhérent au Parti communiste, on s’attache immédiatement à lui.

    Il est à la recherche d’un idéal, il a de fortes convictions et il a la naïveté du débutant.
    Mac McLeod syndicaliste aguerri et membre du parti communiste œuvre pour attiser la colère en utilisant la fougue et l’enthousiasme de Jim Nolan.
    Le docteur Burton aide à édifier un campement sur la propriété d’un fermier acquis à leur cause.

    Si les propriétaires sont de parfaits salauds, les syndicalistes ne sont pas en reste et c’est l’escalade.
    La violence est dans les deux camps, Joy un jeune militant communiste est tué, la récolte d’un fermier solidaire des travailleurs saisonniers est brûlée, son fils est passé à tabac. La terreur est partagée quand les saisonniers font preuve de violence vis à vis de ceux qui sont opposés à la grève.

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    Steinbeck est toujours du côté du faible, du déshérité et si la lutte pour le respect de l’individu est juste, la manipulation politique elle, ne l’est pas.
    Mac est prêt à sacrifier quelques individus pour faire triompher sa cause. C’est un calculateur, un manipulateur de foule.

    Le docteur Burton médecin sur le camp des saisonniers tente de calmer les choses, il est un peu la voix de Steinbeck, il est méfiant vis à vis des syndicalistes, méfiant vis à vis des foules excitées « Un homme, dans un groupe, n’est pas lui-même : il est l’une des cellules d’un organisme aussi différent de lui que les cellules de votre corps sont différentes de vous. »

    Le roman montre des hommes aux prises avec un système économique qui les broie mais ces hommes possèdent des qualités phénoménales de solidarité.

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    Jim Nolan est le véritable héros de ce roman. Mais est-il prêt à se battre contre tous ? contre les propriétaires ET contre les saisonniers qui refusent la grève ?
    Plein de flamme et de courage il se croit invincible.

    L’auteur est partagé on le sent entre le soutien à apporter aux travailleurs malmenés, utilisés, exploités, cause à laquelle il adhère totalement et les syndicats et le Parti communiste qui souvent les utilisent. Steinbeck est opposé à tout dogmatisme.
    Où est l’intérêt premier pour Nolan ou Mac, la cause du parti ? du syndicat ? ou la défense des plus faibles ?

    « Une grève trop vite étouffée n'apprend pas aux ouvriers à s'organiser, à agir ensemble. Une grève qui dure est excellente. Nous voulons que les ouvriers découvrent combien ils sont forts lorsqu'ils s'entendent et agissent d'un seul bloc. »

    C’est un débat encore d’actualité par son réalisme et le roman laisse ouverte la fin, Steinbeck ne tranche pas entre défense du groupe et défense de l’individu.
    Il n’adhère pas au slogan « 
    le communisme supprimera l’injustice sociale » et son point de vue est assez prémonitoire.
    «
    Il me semble que l’homme s’est engagé dans une lutte terrible, aveugle, pour s’arracher à un passé dont il ne se souvient pas, vers un futur qu’il est incapable de prévoir et de comprendre. L’homme a affronté et vaincu tous les ennemis possibles, à l’exception d’un seul. Il est incapable de remporter une victoire sur lui-même. »

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    Photos de Dorothea Lange

    Le roman de Steinbeck soulève de vives polémiques, en Californie le livre est banni des bibliothèques sous la pression des fermiers, mais il est décrété œuvre indispensable à New-York

    L’auteur est condamné à la fois pour son penchant socialiste ET par sa position vis à vis du communisme.
    En cela sa position est courageuse mais bien solitaire à l’époque.
    Par contre la critique littéraire est bonne et le roman connaît un vrai succès.

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    Steinbeck aime trouver des titres évocateurs, ici c’est un vers de John Milton et son Paradis perdu « Défier son pouvoir infini en un combat douteux dans les plaines du Ciel ».
    Le style est sobre comme dans tous les romans de Steinbeck, il peint avec justesse une réalité, il a pour cela énormément lu avant d’entamer ce roman. Sa peinture de l’Amérique est juste et les questions soulevées sont totalement de notre temps.

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    Le Livre : En un combat douteux – John Steinbeck – Traduit par – Editions Gallimard Pléiade 2023

  • La fureur de la rue - Thomas H Cook

    La lutte pour les droits civiques vue du nord des États-Unis | Slate.fr

    J’ai lu largement sur la période de lutte pour les droits civiques aux Etats-Unis.

    Alabama 1963---Little Rock, 1957---Magic Time

    J’ai relu récemment ce polar, oui oui je suis capable de relire un polar ! car c’est un des meilleurs sur le sujet et le traitement par Thomas Cook est vraiment très réussi.

    Attention un livre a été réédité en 2019 mais …sous un titre différent les Rues de feu sont devenues La fureur de la rue !

    A black and white photograph of a black male teenager being held by his sweater by a Birmingham policeman and being charged by the officer's leashed German Shepherd while another police officer with a dog and a crowd of black bystanders in the background look on

    Birmingham Alabama en mai 1963

    
La chaleur est étouffante, la haine palpable partout dans les rues, la ville est en état de siège car Martin Luther King tient meeting sur meeting, la répression est violente, l’encadrement des manifestations est plus que musclé, les autorités ne rêvant que de « massacrer les négros » et d’en débarrasser la ville !!

    Ben Wellman, flic blanc enquête sur le meurtre et le viol d’une fillette noire, ce n’est pas un grand flic, il fait honnêtement sont boulot d’enquêteur. La façon dont ses coéquipiers traitent ce meurtre le révulse : une enfant noire n’est « rien » il est donc inutile de perdre son temps pour « ça ». 

    Martin Luther King — Wikipédia

    Contre vents et marées Ben Wellman têtu s’obstine à vouloir résoudre ce meurtre. Pour le détourner de son enquête on le contraint à surveiller les manifestations et à prendre en notes les discours de Luther King. Son enquête l’emmène dans le quartier noir que les voitures de police ne font que traverser en temps normal.
    Le héros n’est pas un homme d’exception mais sa prise de conscience progressive du problème racial le pousse en avant.On ne peut s’empêcher en lisant ce roman de penser au héros de Mississippi Burning interprété par Willem Dafoe.

    Photo de Willem Dafoe - Mississippi Burning : Photo Willem Dafoe - AlloCiné

     La fin est superbe et je vous la laisse découvrir.

    Le livre : La Fureur de la rue  - Thomas H Cook - Traduction Philippe Loubat Delranc - Editions du Seuil
    Ancienne édition : Les rues de feu - Thomas H Cook - Editions Folio Gallimard à chercher d’occasion