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Les grands classiques - Page 16

  • La Conquête de Plassans - Emile Zola

    red_sony_reader.jpgLa Conquête de Plassans - Emile Zola - Ebook
    Changement de décor et de style, après s’être vautré dans  Le Ventre de Paris, avoir fait la part belle aux couleurs, aux odeurs, aux bruits des Halles, Zola fait un retour à la province.
    Plassans, en proie aux turbulences du changement de régime politique dans   est une ville assagie mais qui a mal voté aux dernières élections. L’opposition monarchiste relève la tête, elle tient ses quartiers à la villa Rastoil, des ambitions politiques renaissent, le pouvoir impérial se doit d’y mettre un terme.
    L’homme qui va mener à bien cette mise au pas est un homme d’église, un prêtre récemment nommé. Il ne prend pas le problème de front, il va utiliser toutes les ressources de l’art de la manipulation des âmes.

    C’est par les femmes qu’il commence, par Marthe Mouret née Rougon, nous voilà au coeur de sa famille, son mari François Mouret est son cousin germain, ils ont une grand-mère en commun : Adélaïde Fouque, la folle, enfermée dans un asile d’aliénés, et on voit repointer ici le nez de l’hérédité si chère à Zola.
    François Mouret jouit à Plassans d’une retraite bien méritée, négociant qui a fait fortune dans le vin il coule des jours paisibles entouré de sa femme, d’Octave et de Serge ses fils et de Désirée " une enfant de quatorze ans, forte pour son âge, et qui avait un rire de petite fille de cinq ans. "
    C’est lui qui fait entrer le loup dans la bergerie, il décide de louer quelques pièces inoccupées de sa maison " un prêtre ce n’est pas bien gênant. Il vivra chez lui, et nous chez nous" et l’abbé Faujas " un homme grand et fort" entre chez les Mouret accompagné de sa mère, puis bientôt de sa soeur.
    La vie tranquille et bien réglée de François Mouret va bientôt voler en éclats. Son jardin dont il était si fier est peu à peu investit par l’abbé qui y lit son bréviaire. Son fils Serge se plonge dans des livres prêtés par ..l’abbé Faujas, même Rose leur bonne ne jure bientôt que par la mère et le fils Faujas.
    Quant à Marthe, la plus vulnérable, elle est littéralement captive, sous prétexte de bonnes oeuvres l’abbé a obtenu sa dévotion totale au point d’oublier enfants et mari. Elle passe désormais sa vie à la Cathédrale, Faujas va ainsi assurer une emprise sur la famille avec la bénédiction de Félicité Rougon la propre mère de Marthe.
    François Mouret devient peu à peu victime.  A table Marthe sert d'abord l'abbé elle " commençait toujours par lui, fouillait le plat, tandis que Rose, penchée au dessus d’elle, lui indiquait du doigt ce qu’elle croyait le meilleur." Des oublis, des brimades on " lui passait les assiettes fêlées, lui mettait un pied de table entre les jambes (...) posait le pain, le vin, le sel, à l’autre bout de la table. "
    François Mouret dépérit pendant que Faujas assure son influence sur la ville. La conquête de Plassans est en marche.

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    Paul Cézanne - Gardanne


    Ce n’est pas le meilleur de Zola, c’est une oeuvre de transition entre ses grands romans mais il rend à merveille toute la malignité de l’abbé Faujas, ses tours, ses mesquineries, son art de la persuasion, ses manigances pour capter les fortunes.
    Il n’a pas son pareil quand il s’agit de mettre à nu les ambitions, les haines familiales, la fausse dévotion pour montrer toutes les vilenies de la vie familiale.
    Dans la préface à l’édition en Pléiade Armand Lanoux dit " Evidemment, ce thème ne raccommode pas l’auteur avec les catholiques ! Zola a le génie de se faire des ennemis."
    Deux portraits sont esquissés ici :  Serge Mouret qui sera le personnage principal du prochain tome et Octave qui va partir faire fortune à Paris dans le négoce et avec qui j’ai rendez vous " Au bonheur des dames ".

  • La Peste - Albert Camus

    La Peste - Albert Camus - Interprété par Christian Gonon - Gallimard audio
    lapeste.jpgBon je vais pas vous le faire "fiche de lecture" pour préparer le bac de français donc un court billet.
    Publié en 1947 c’est le premier succès pour Camus, on sort de la guerre, de six années d’enfermement et Camus nous dit tout sur ce livre dans ses carnets " je veux exprimer au moyen de la peste l’étouffement dont nous avons souffert et l’atmosphère de menace et d’exil dans laquelle nous avons vécu. Je veux du même coup étendre cette interprétation à la notion d’existence en général. "

    Oran, ville sur laquelle va s’abattre  "la peste" et qui s’installe dans l’isolement et la peur. Les habitants, les autorités tout le monde est concerné " la peste fut notre affaire à tous"
    Il faut lutter contre le fléau " et ne pas se mettre à genoux". Le comportement de tous devient symbolique, chacun incarne qui le courage, qui la lâcheté, qui la démission. Ils se retrouvent tous lorsque le péril s’éloigne, lorsque la peste est éradiquée les habitants n’oublient pas l’épreuve " qui les a confronté à l'absurdité de leur existence et à la précarité de la condition humaine."

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    La Peste d'Astod - Nicolas Poussin

    En cette année  Camus, j’ai préféré écouter ce texte plutôt que le relire. Il a été lu à la radio par Christian Gonon qui prête sa voix à ce livre audio et dont Mango nous parle dans son billet.

    Je laisse la parole pour finir à l’ami de toujours :
    " L’histoire, qui se veut réaliste aussi bien dans son décor, ses péripéties, la description clinique de la maladie et la variété des personnages, raconte comment la peste se déclare non dans une cité imaginaire, mais à Oran, comment la ville sera coupée du monde et livrée à son malheur, et comment quelques hommes sauront, par leur révolte, opposer au mal la seule attitude possible."
    Jean Grenier in Albert Camus soleil et ombre

  • Le Ventre de Paris - Emile Zola

    red_sony_reader.jpgLe ventre de Paris - Emile Zola - Ebook
    L’ordre adopté par Zola pour sa généalogie des Rougon Macquart nous fait passer des salons du Second Empire au ventre de Paris, des toilettes chiques aux poissonnières, des parfums envoûtants de Renée à ceux moins raffinés de la cuisson du boudin ou des étalages de fromages odorants.

    Le héros ici n’est pas vraiment un Rougon, il est un petit rameau ajouté, c’est sa belle soeur, la belle Lisa, qui est une fille d’ Antoine Macquart de Plassans. Il se nomme Florent, il est jeune et beau garçon, sa vie est pourtant déjà bien pleine car il a passé quelques années au bagne. Il n’a pas tué père et mère pour ça, non, il s’est juste trouvé où il ne fallait pas lors d’une émeute, arrêté et jugé de façon expéditive pour un crime dont il est innocent.
    Echappé de Cayenne le voilà revenu à Paris où il trouve refuge aux Halles auprès de son frère Quenu, l’époux de Lisa la belle charcutière.
    Accueilli comme le frère prodigue, on lui trouve du travail, on l’héberge, on l’habille, c’est que Quenu lui est redevable, Florent l’a élevé, s’est sacrifié pour lui durant des années, devenu un commerçant riche et gras c’est le moment de payer ses dettes.
    L’arrivée de Florent va déclencher des réactions en chaîne, objet de toutes les convoitises féminines notre Florent est bien naïf et en plus il a des convictions républicaines, de là à devenir activiste contre le gouvernement il n’y a qu’un pas ....
    Après quelques temps ce frère devient gênant, voire dangereux pour la prospérité d’une charcuterie, et puis bien sûr il y a l’héritage de l’oncle de Quenu, héritage qui revient pour moitié à Florent ....dommage qu’il soit rentré......Les langues se délient, la médisance, les commérages, les mensonges, les trahisons, le petit peuple des Halles n’est pas plus beau que celui des salons.
    Les vilenies ne sont plus perpétrées pour de l’argent mais par envie, par mesquinerie, par jalousie.

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    Les Halles de Baltard

    Ce troisième volume de Zola est cru, plein d’odeurs, de couleurs, et de bruit. C’est la version XIXème siècle de la Grande Bouffe.
    L’écrivain nous sature de scènes où la nourriture est reine, les devantures, les arrières boutiques, tout regorge de sang, de graillon, d’effluves fortes, les fromages le disputent aux légumes entassés, les poissons aux viandes, les beurres et les fromages dégoulinent, les déchets eux mêmes sont partie du décor. On vit de la bouffe et parfois on en meurt.

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    Victor-Gabriel Gilbert : Le Carreau des Halles

    Zola décrit à merveille ce marché, les étals, les pavillons, la misère et les vices. Arrivé à la fin du roman on sait que ce n’est pas Florent le héros de cette histoire, ce sont les Halles corps vivant, chaud, violent, qui après avoir tenté de le digéré, aura recraché Florent comme un noyau indigeste.

    J'ai aimé ce troisième roman et je suis déjà plongée dans la suite, lire Zola en continuité est une expérience enrichissante et je n'ai qu'une enivie : la poursuivre

    Un autre billet Dans la bibliothèque de Cléanthe

  • La Curée - Emile Zola - Ebook

    ebook.jpgLa Curée - Emile Zola – Ebook
    Lors d’une chasse à courre lorsque qu’une bête est abattue on jette les restes au chien après le dépeçage, moment violent et sanglant, c’est la curée. La bête dans le roman de Zola c’est le bien public, le peuple, les pauvres, les honnêtes gens, les imbéciles qui vont se faire gruger, vous, moi.
    Dans ce second volume des Rougon-Macquart le héros c’est Paris, le Paris du Second Empire, celui que le Baron Haussmann va métamorphoser. C’est le temps de la création des grands boulevards, des Buttes-Chaumont, l’aménagement du bois de Boulogne et de l’hippodrome de Longchamp.
    On casse, on rase, on reconstruit " Paris s'abîmait alors dans un nuage de plâtre. " on détruit pour faire la place à des avenues rectilignes moins dangereuses en cas de mouvement populaire.
    Les rapaces, les spéculateurs, les crapules vont profiter de la manne " Plus d'un quartier va fondre, et il restera de l'or aux doigts des gens qui chaufferont et remueront la cuve. "

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    Ce qui importe aux hommes d’état, aux financiers qui peuplent le roman, c’est de s’enrichir, gagner de l’argent. Leurs appétits sont féroces " Des appétits de loup" et la morale est le cadet de leurs soucis " Duper les gens, leur en donner moins que pour leur argent, était un régal "
    Les spéculateurs achètent à bas prix et revendent à prix d’or. L’or dans lequel baigne le roman  "un étalage, une profusion, un écrasement de richesses " une  " pluie d’or "

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    Rue de Paris temps de pluie- Gustave Caillebote

     

    On retrouve le troisième fils des Rougon de Plassans, Aristide, il est monté à Paris pour faire fortune avec l’aide de son frère Eugène Rougon, mais il végète et trépigne d’impatience.
    Il va s’employer à trouver l’argent là où il est, sa femme Angèle n’est pas tout à fait morte qu’il songe à la remplacer par une femme qui lui apporte une dote qui lui permettra de se lancer dans les affaires.
    Il l’a trouvé : Renée Béraud du Châtel, enceinte après un viol et donc impossible à marier,  Aristide lui est prêt à prendre la fille et la dot, Grâce à la dot de Renée il va faire des placements audacieux et malhonnêtes. Il a désormais l’argent, une belle femme qui attire tous les regards, l’appui de son frère devenu ministre, il est temps pour Aristide de changer de nom, désormais il s’appelle Saccard.
    Il fait sortir du collège son fils Maxime beau jeune homme, veule et un peu pervers, qui promène son ennui dans les salons. Son père l’associe parfois à ses affaires d’argent ou de débauche. Le jeune homme a le goût du plaisir, sa jeune belle-mère a goût du " fruit défendu " , le mari ferme les yeux..........

    La lecture du premier volume des Rougons était intéressante mais ici c’est passionnant. Zola nous fait entrer dans ce monde de magouilles, de spéculations, de prévarications, on touche du doigt cette richesse. Les descriptions sont magistrales, on voit se faire les transformations urbaines , se construire les demeures des nouveaux riches dont l’or sera la couleur dominante.
    " La curée " est également un roman de moeurs qui se veut un tableau de la dépravation d’une classe sociale, le portrait est au vitriol.
    Les personnages très sulfureux pour l’époque portent en eux la dégénérescence que Zola va traquer tout au long de son oeuvre.
    Les toilettes, les équipages, les bals, les essayages chez les couturiers, les salons féminins : Zola nous montre tout de ce monde de luxure et de turpitude.
    Cela  lui valu d’être empêché de publier ce roman dans les  journaux en feuilleton,   Barbey d’Aurevilly  stigmatisait les écrits de Zola " l’indécence voluptueuse, l’indécence polissonne ".
    Il fallu attendre Maupassant pour qu’une critique élogieuse soit faite du roman.

    Découvrez ou redécouvrez ce livre et faites lui une place dans votre bibliothèque

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    Complément : il existe une adaptation cinématographique. Roger Vadim réalisa le film avec Jane Fonda et Michel Piccoli, Maxime était joué par Peter Mac Enery acteur oublié aujourd’hui.

  • La Fortune des Rougon - Emile Zola

    La Fortune des Rougon - Emile Zola - Ebook
    red_sony_reader.jpgIl y a quelques semaines j’ai fait un billet sur un livre audio qui m’avait beaucoup plu La Bête humaine, vous avez été plusieurs à manifester votre envie de lire Zola je ne sais pas si vous avez démarré mais moi oui.
    Je me suis lancée, je ne sais pas si j’irai au bout de la saga des Rougon Macquart mais qu’importe ce n’est pas un concours.
    J’ai peu pratiqué Zola donc tout ou presque me reste à lire. Voilà le premier billet et le début de la généalogie des Rougon-Macquart et par la même occasion ma première lecture de longue durée  avec mon ebook.

    L’oeuvre de Zola se déroule sous le Second Empire, ce premier roman lui se situe à la veille du coup d’état en 1851 du futur Napoléon III dans une petite ville du Var : Plassans.
    L’époque est très importante car les remous politiques partagent les citoyens, mettent à jour les appétits de pouvoir, de richesses, les besoins de revanche ou de vengeance. Il faut choisir son camp et ne pas se tromper pour être du côté des vainqueurs le moment venu. Tient on se croirait aujourd’hui, l’époque a changé mais pas ce qui mène le monde : trahir, mentir, comploter, s’en prendre aux innocents, aux plus faible....on est en pays connu hélas.
    Pourtant ce n’est pas cette partie du roman qui m’a plu, non c’est la mise en place de l’arbre généalogique, l’origine de la famille.
    Adèle Fouque, ni Rougon ni Macquart c’est pourtant elle qui va engendrer les trois branches de la famille.
    son premier mari Rougon, jardinier de son état, lui donne un fils Pierre, à sa mort elle vit « à la colle » avec Macquart, un personnage peu reluisant, ivrogne, voleur et qui lui fait deux enfants : Ursule et Antoine Macquart, notez bien, rien à voir avec Pierre Rougon, même s’ils sont demi-frére et soeur.

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    La Provence de Zola

    Les trois enfants issus de la même mère, représenteront chacun une catégorie sociale, ils sont marqués à jamais par leur naissance, leur hérédité.
    Pierre Rougon va prendre ce que de nos jours on appelle « l’ascenseur social », mais il joue des coudes pour monter dedans à la faveur des remous politiques. Sa femme Félicité le pousse en avant. Quelques tours de passe passe pour s’assurer les biens de sa mère au détriment d’Ursule et Antoine, et le voilà sur le chemin de la richesse, il va pouvoir changer de classe sociale.
    Chez les Mouret et les Macquarts le poids de l’hérédité va faire pencher les destins, la violence liée à l’alcoolisme, la folie, Zola esquisse déjà les romans qui viendront.

    J’ai lu ce roman avec grand intérêt même si ce n’est ni le plus connu, ni le plus passionnant de Zola, tout est en place, le décor est dressé et tout invite à suivre le chemin tracé par l’auteur.
    La lecture avec l’ebook c’est révélée agréable, sans fatigue visuelle, on retrouve instantanément sa page, j’ai pris quelques notes rapides en prévision de ce billet sans avoir à sortir papier et crayon, notes que l’on peut bien entendu effacer après.
    Impression très positive donc et tous les autres titres de Zola m’attendent bien sagement téléchargés.

  • Au phare - Virginia Woolf

    Au phare - Virginia Woolf - Traduit de l’Anglais par Anne Wicke - Editons Stock
    au phare.gifEntre Virginia Woolf et moi c’est une longue histoire de passion, la lecture faite il y a bien des années de ses romans et d’extraits de son journal m’avait enchanté, les essais ont suivis au fur et à mesure de leurs parutions,  je l’ai traqué à coup de biographies petites et grandes.
    Alors me direz vous pourquoi un billet aujourd’hui ? Et bien parce que l’envie de faire partager ma passion est toujours forte (demandez à Cuné ce qu’elle pense de Dickens..et vous aurez une petite idée de la passion littéraire) et puis... et puis il y a les nouvelles traductions qui ouvrent la perspective d’une lecture différente de la précédente.
    Après La Chambre de Jacob, voici Le Phare, c’est par ce roman que j’ai commencé la lecture de Virginia Woolf en 19.. et il reste mon préféré, V W le considérait comme son meilleur roman.

    Une famille, presque une tribu, Mr et Mrs Ramsay, leur nombreuse progéniture, quelques invités poètes ou peintres,  les vacances en Ecosse un peu avant la Première guerre mondiale dans une vieille maison avec  jardin. Dans le lointain le phare objet des rêves et des désirs de la famille.
    La promenade au phare espérée par Mrs Ramsay et son plus jeune fils n’aura lieu que des années plus tard, entre les deux : une guerre, des mariages, des disparus et le temps inexorable qui coupe le roman en deux.

    Mrs Ramsay l’âme de la maison et de la famille est celle qui console et comprends, elle porte sur chacun son regard plein d’amour. Tous les personnages sont magnifiés par ce regard.
    Son mari « fin comme la lame d’un couteau » un peu faible, très égocentrique, pourtant « il n’existait personne qu’elle révérât autant que lui » Elle l’excuse et le comprends tant son besoin est grand de maintenir la famille dans une douce harmonie, Carmichaël le poète oublié, Lily Briscoe vieille fille un peu délaissée qui « avec ses petits yeux chinois et son visage tout pincé, ne trouverait jamais à se marier » et qui ne parvient pas à mettre Mrs Ramsay sur sa toile.

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    Le phare de Godrevy Island : celui de l'enfance de Virginia Woolf


    Tout l’art de VW est de nous baigner dans les pensées et les émotions, les perceptions des personnages « emmêlées dans un filet aux mailles d’or »
    Les événements du quotidien, parfois insignifiants, viennent interrompre le flot des pensées, chacun est seul au milieu des autres.
    Les sensations, les choses emplissent les jours « on ressentait ainsi envers elles une tendresse irrationnelle » le couvert mis, la lumière de la lampe, un gant oublié et en même temps savoir « que la vie était difficile; les faits inaltérables ; et que le passage vers ce pays fabuleux où s’anéantissent nos plus grands espoirs, où nos frêles esquifs s’abîment dans les ténèbres »
    Comme toujours avec Virginia Wolf le temps s’étire indéfiniment pour tout à coup se contracter jusqu’à la rupture. On passe du bonheur familial à une maison « abandonnée comme un coquillage sur une dune, qui va s’emplir de grains de sable sec maintenant que la vie l’avait quittée »

    woolf.JPG« Roman de la fragilité de la vie, de l’absurdité des destinées humaines » * des espoirs déçus, de la perte de l’innocence et des émotions de l’enfance. Un chef d’oeuvre à mettre sur les rayons de votre bibliothèque


    * V.W de G Brisac et A Desarthe - Editions de l’Olivier