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Les grands classiques - Page 16

  • Les oiseaux - Tarjei Vesaas

    oiseauxvesaas.gifLes Oiseaux - Tarjei Vesaas - Traduit du Norvégien par Régis Boyer - Editions Plein Chant
    Plusieurs des livres de cet auteur sont épuisés mais pas celui-ci alors ouvrez le et laissez vous porter par ce récit.

    Les signes, Mattis vit pour eux, grâce à eux : deux trembles qui se ressemblent comme frère et soeur, les nuages qui marchent en troupeau, les passées de bécasses dans le ciel.
    Il rêve et déchiffre les traces des oiseaux sur le sol. Il parle Mattis, mais parfois seulement dans sa tête, et il a un langage bien à lui que seule Hege sa soeur comprend.
    Il essaie de travailler comme tout le monde pour aider sa soeur qui manie les aiguilles de son tricot toute la journée mais ses tentatives sont toutes vouées à l’échec.
    Parfois un voisin compatissant lui donne un peu d’ouvrage mais Mattis bien vite préfère lever la tête vers les nuages, envoyer un message à la passée de bécasses. Les tâches les plus simples deviennent des pièges, Mattis « La Houpette » Mattis l’ahuri, le simplet, Mattis a 37 ans et Hege 40.
    Depuis toujours Hege le fait vivre, le nourri en actionnant ses aiguilles en des points compliqués, Hege c’est le calme, même si parfois elle houspille Mattis pour qu’il trouve du travail.
    Un jour il se rend compte qu’il peut rendre service et travailler comme passeur sur le lac, à partir de ce jour il est heureux, il a un vrai métier même si personne n’emprunte son bateau.

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    Henri-Louis FOREAU   Huile sur toile, Paris, Musée d’Orsay.

    D’ailleurs c’est comme ça qu’il fait la connaissance de Jörgen le bûcheron. Pour la première fois une personne s’insinue dans le coeur de Hege et Mattis a peur, il imagine qu’elle va l’abandonner. Les idées se brouillent dans sa tête, c’est inquiétant et déroutant.

    C'est un livre superbe, un récit attachant et poigant à la fois. Volontairement je ne vous propose pas d'extraits car la découverte de cette écriture est forte et mérite que vous en ayez la primeur.
    Je fais ici un petit clin d’oeil à quelqu’un de mon entourage qui aime beaucoup Jens Peter Jacobsen , peut être l’avez-vous lu, et bien Vesaas est de la même famille.
    Sa langue aride est celle de la terre, des saisons, une écriture dépouillée d’artifices. Un langue de symboles, de chemins de traverses, de langage secret.
    Son monde est à la fois captivant et angoissant, les gestes et les paroles du quotidien sont là mais parés de rêve et d’inquiétude.  Un univers étrange et beau, un récit magnifique.
    Un livre indispensable dans votre bibliothèque

    L’auteur
    Tarjei Vesaas est né le 20 août 1897 à Vinjem dans la très vieille province du Telemark, et il est mort le 15 mars 1970 à Oslo.
    Ecrivain de langue néo-norvégienne (nynorsk). Son œuvre est dominée par les thèmes existentiels du Mal, de l'Absurde, ainsi que par l'omniprésence de la Nature. Elle se caractérise par une forte dimension symbolique et onirique.

  • La Faute de l'abbé Mouret - Emile Zola

    Avant d'évoquer ce cinquième tome des Rougon Macquart je vous propose une liste récapitulative pour tous ceux et toutes celles qui ne connaissent pas l'ordre exact des romans.
    En regardant cette liste je m'aperçois que j'avais fait des sauts importants entre les romans, j'avais lu l'Assommoir, Germinal et le rêve, mais j'en avais laissé bien d'autres de côté

    Voici la liste et quelques liens vers les titres déjà chroniqués

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    La Fortune des Rougon

    La Curée

    Le Ventre de Paris

    La Conquête de Plassans

    La Faute de l'Abbé Mouret

     

    A venir

    Son Excellence Eugène Rougon       
    L'Assommoir          
    Une Page d'amour            
    Nana
    Pot-Bouille            
    Au Bonheur des Dames            
    La Joie de vivre

    Germinal
    L' Oeuvre                     
    La Terre              
    Le Rêve

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    La Bête humaine

     

     

    L' Argent           
    La Débâcle               
    Le Docteur Pascal

     

    red_sony_reader.jpgLa Faute de l'abbé Mouret - Emile Zola - ebook
    François Mouret on s’en souvient a perdu la bataille contre l’abbé Faujas et tout c’est terminé dans le sang et les larmes.

    Les deux fils de Mouret ont quitté Plassans, l’un pour Paris où nous le retrouverons bientôt et l’autre pour le séminaire où il est rentré influencé par Faujas.
    Devenu prêtre c’est lui qui est le héros de ce cinquième roman. Serge Mouret c’est la piété totale, la chasteté, la charité incarnée, l’ascèse aussi car refusant de vivre dans le moindre confort et vouant un culte à la Vierge Marie.
    L’évêque l’a nommé dans le plus pauvre des villages de l’arrière pays provençal.
    Il vit là avec Désirée sa soeur simple d’esprit qui a développé une passion pour sa basse-cour et Teuse la bonne, rugueuse et acariâtre.
    Il essaie de remettre les brebis égarées dans le droit chemin, ainsi il lui faut convaincre un père de marier sa fille à un « traîne savate » qui l’a mise enceinte ...rude tâche car l’argent passe largement avant la bénédiction de l’Eglise au grand dam de Mouret.

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    Il accompagne un jour son oncle le Docteur Pascal auprès de Jeanbernat un mécréant anticlérical, gardien d’un domaine « Le Paradou » où il vit avec sa nièce Albine.
    Brusquement atteint de typhoïde Mouret va être soigné par les habitants du domaine, la maladie est vite éloignée mais Serge va basculer et connaître pour la première fois l’éveil des sens, son corps, son coeur, son esprit vont être envoûtés par Albine et l'orgie sensuelle du Paradou, il va vivre pendant des semaines une félicité sans égale.
    Le retour à la réalité sera rude et brutal. Il va devoir faire le choix d’une vie selon l’Eglise ou d’une vie selon l’amour.

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    L’histoire est il faut bien le dire, un peu tirée par les cheveux, la rencontre d’Albine et Serge frappée d’invraisemblance mais .......mais je me suis laissée emportée au Paradou, j’ai goûté les descriptions de Zola, j’ai senti sur ma peau la douceur du soleil au sortir de la nuit, les parfums qui s’exhalent, la profusion des plantes, l'exubérance des fleurs..........C’est l’aspect que j’ai préféré.
    Il y a une deuxième lecture de ce roman, c’est la lutte contre la toute puissance de l’Eglise, la tentative pour sortir de son emprise, les interdits violemment appliqués. Zola traine avec lui tout l’arsenal anticlérical Eve tentatrice, la faute que représente la jouissance physique, la culpabilité, l'expiation et enfin la soumission du prêtre. Cette partie du roman est beaucoup moins agréable car je m'en suis sentie très éloignée.

    Je vous engage à lire « La Faute de l’abbé Mouret » ne serait ce que pour vous transporter quelques moments au Paradou

    sur Lecture/Ecriture l'avis de Sibylline

  • La Gloire de mon père

    gloire de mon père.jpgLa Gloire de mon père - Lu par Marcel Pagnol - Editions La Librairie sonore Frémeaux et associés
    « Je suis né dans la ville d'Aubagne, sous le Garlaban couronné de chèvres, au temps des derniers chevriers » Lorsque la voix de Marcel Pagnol entame le récit de son enfance, c’est toute la Provence qui s’invite. Les plus beaux passages du livre sont dans toutes les mémoires : Joseph le petit instituteur si fier de son fils, l’amour filiale de Marcel pour Augustine la jolie couturière, l’oncle Jules fameux propriétaire du parc Borély, le déboutonnage de Tante Rose et surtout  surtout l’arrivée à la Bastide Neuve dressée au milieu d’un « désert de garrigues »

    Ecouter Pagnol lire « La Gloire de mon père » c’est pendant un moment être transporté au pays de l’enfance heureuse, retrouvé le petit Paul qui « abordait le soir dans son lit, la philosophie des Pieds Nickelés. » , c’est partir en escapade avec Lili des Bellons.
    Tous les personnages sont extraordinairement vivants auréolés des souvenirs de nos lectures, on ressent au fond de soi la fierté du fils pour son père bouliste amateur et on est impatient de refaire avec Joseph le magnifique doublé de bartavelles.

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    Un désert de garrigues

    Même si vous l’avez lu de nombreuses fois, laissez vous séduire par la voix de Pagnol qui dit Patrick Frémeaux  « nous révèle un imaginaire intemporel qui est l’un des plus beaux chants d’amour à la Provence de notre patrimoine littéraire; un véritable hymne à la vie devenu l’un des fleurons de la mémoire collective des Français de toutes générations."


    Retrouver le livre chez Bénédicte

  • La Conquête de Plassans - Emile Zola

    red_sony_reader.jpgLa Conquête de Plassans - Emile Zola - Ebook
    Changement de décor et de style, après s’être vautré dans  Le Ventre de Paris, avoir fait la part belle aux couleurs, aux odeurs, aux bruits des Halles, Zola fait un retour à la province.
    Plassans, en proie aux turbulences du changement de régime politique dans   est une ville assagie mais qui a mal voté aux dernières élections. L’opposition monarchiste relève la tête, elle tient ses quartiers à la villa Rastoil, des ambitions politiques renaissent, le pouvoir impérial se doit d’y mettre un terme.
    L’homme qui va mener à bien cette mise au pas est un homme d’église, un prêtre récemment nommé. Il ne prend pas le problème de front, il va utiliser toutes les ressources de l’art de la manipulation des âmes.

    C’est par les femmes qu’il commence, par Marthe Mouret née Rougon, nous voilà au coeur de sa famille, son mari François Mouret est son cousin germain, ils ont une grand-mère en commun : Adélaïde Fouque, la folle, enfermée dans un asile d’aliénés, et on voit repointer ici le nez de l’hérédité si chère à Zola.
    François Mouret jouit à Plassans d’une retraite bien méritée, négociant qui a fait fortune dans le vin il coule des jours paisibles entouré de sa femme, d’Octave et de Serge ses fils et de Désirée " une enfant de quatorze ans, forte pour son âge, et qui avait un rire de petite fille de cinq ans. "
    C’est lui qui fait entrer le loup dans la bergerie, il décide de louer quelques pièces inoccupées de sa maison " un prêtre ce n’est pas bien gênant. Il vivra chez lui, et nous chez nous" et l’abbé Faujas " un homme grand et fort" entre chez les Mouret accompagné de sa mère, puis bientôt de sa soeur.
    La vie tranquille et bien réglée de François Mouret va bientôt voler en éclats. Son jardin dont il était si fier est peu à peu investit par l’abbé qui y lit son bréviaire. Son fils Serge se plonge dans des livres prêtés par ..l’abbé Faujas, même Rose leur bonne ne jure bientôt que par la mère et le fils Faujas.
    Quant à Marthe, la plus vulnérable, elle est littéralement captive, sous prétexte de bonnes oeuvres l’abbé a obtenu sa dévotion totale au point d’oublier enfants et mari. Elle passe désormais sa vie à la Cathédrale, Faujas va ainsi assurer une emprise sur la famille avec la bénédiction de Félicité Rougon la propre mère de Marthe.
    François Mouret devient peu à peu victime.  A table Marthe sert d'abord l'abbé elle " commençait toujours par lui, fouillait le plat, tandis que Rose, penchée au dessus d’elle, lui indiquait du doigt ce qu’elle croyait le meilleur." Des oublis, des brimades on " lui passait les assiettes fêlées, lui mettait un pied de table entre les jambes (...) posait le pain, le vin, le sel, à l’autre bout de la table. "
    François Mouret dépérit pendant que Faujas assure son influence sur la ville. La conquête de Plassans est en marche.

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    Paul Cézanne - Gardanne


    Ce n’est pas le meilleur de Zola, c’est une oeuvre de transition entre ses grands romans mais il rend à merveille toute la malignité de l’abbé Faujas, ses tours, ses mesquineries, son art de la persuasion, ses manigances pour capter les fortunes.
    Il n’a pas son pareil quand il s’agit de mettre à nu les ambitions, les haines familiales, la fausse dévotion pour montrer toutes les vilenies de la vie familiale.
    Dans la préface à l’édition en Pléiade Armand Lanoux dit " Evidemment, ce thème ne raccommode pas l’auteur avec les catholiques ! Zola a le génie de se faire des ennemis."
    Deux portraits sont esquissés ici :  Serge Mouret qui sera le personnage principal du prochain tome et Octave qui va partir faire fortune à Paris dans le négoce et avec qui j’ai rendez vous " Au bonheur des dames ".

  • La Peste - Albert Camus

    La Peste - Albert Camus - Interprété par Christian Gonon - Gallimard audio
    lapeste.jpgBon je vais pas vous le faire "fiche de lecture" pour préparer le bac de français donc un court billet.
    Publié en 1947 c’est le premier succès pour Camus, on sort de la guerre, de six années d’enfermement et Camus nous dit tout sur ce livre dans ses carnets " je veux exprimer au moyen de la peste l’étouffement dont nous avons souffert et l’atmosphère de menace et d’exil dans laquelle nous avons vécu. Je veux du même coup étendre cette interprétation à la notion d’existence en général. "

    Oran, ville sur laquelle va s’abattre  "la peste" et qui s’installe dans l’isolement et la peur. Les habitants, les autorités tout le monde est concerné " la peste fut notre affaire à tous"
    Il faut lutter contre le fléau " et ne pas se mettre à genoux". Le comportement de tous devient symbolique, chacun incarne qui le courage, qui la lâcheté, qui la démission. Ils se retrouvent tous lorsque le péril s’éloigne, lorsque la peste est éradiquée les habitants n’oublient pas l’épreuve " qui les a confronté à l'absurdité de leur existence et à la précarité de la condition humaine."

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    La Peste d'Astod - Nicolas Poussin

    En cette année  Camus, j’ai préféré écouter ce texte plutôt que le relire. Il a été lu à la radio par Christian Gonon qui prête sa voix à ce livre audio et dont Mango nous parle dans son billet.

    Je laisse la parole pour finir à l’ami de toujours :
    " L’histoire, qui se veut réaliste aussi bien dans son décor, ses péripéties, la description clinique de la maladie et la variété des personnages, raconte comment la peste se déclare non dans une cité imaginaire, mais à Oran, comment la ville sera coupée du monde et livrée à son malheur, et comment quelques hommes sauront, par leur révolte, opposer au mal la seule attitude possible."
    Jean Grenier in Albert Camus soleil et ombre

  • Le Ventre de Paris - Emile Zola

    red_sony_reader.jpgLe ventre de Paris - Emile Zola - Ebook
    L’ordre adopté par Zola pour sa généalogie des Rougon Macquart nous fait passer des salons du Second Empire au ventre de Paris, des toilettes chiques aux poissonnières, des parfums envoûtants de Renée à ceux moins raffinés de la cuisson du boudin ou des étalages de fromages odorants.

    Le héros ici n’est pas vraiment un Rougon, il est un petit rameau ajouté, c’est sa belle soeur, la belle Lisa, qui est une fille d’ Antoine Macquart de Plassans. Il se nomme Florent, il est jeune et beau garçon, sa vie est pourtant déjà bien pleine car il a passé quelques années au bagne. Il n’a pas tué père et mère pour ça, non, il s’est juste trouvé où il ne fallait pas lors d’une émeute, arrêté et jugé de façon expéditive pour un crime dont il est innocent.
    Echappé de Cayenne le voilà revenu à Paris où il trouve refuge aux Halles auprès de son frère Quenu, l’époux de Lisa la belle charcutière.
    Accueilli comme le frère prodigue, on lui trouve du travail, on l’héberge, on l’habille, c’est que Quenu lui est redevable, Florent l’a élevé, s’est sacrifié pour lui durant des années, devenu un commerçant riche et gras c’est le moment de payer ses dettes.
    L’arrivée de Florent va déclencher des réactions en chaîne, objet de toutes les convoitises féminines notre Florent est bien naïf et en plus il a des convictions républicaines, de là à devenir activiste contre le gouvernement il n’y a qu’un pas ....
    Après quelques temps ce frère devient gênant, voire dangereux pour la prospérité d’une charcuterie, et puis bien sûr il y a l’héritage de l’oncle de Quenu, héritage qui revient pour moitié à Florent ....dommage qu’il soit rentré......Les langues se délient, la médisance, les commérages, les mensonges, les trahisons, le petit peuple des Halles n’est pas plus beau que celui des salons.
    Les vilenies ne sont plus perpétrées pour de l’argent mais par envie, par mesquinerie, par jalousie.

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    Les Halles de Baltard

    Ce troisième volume de Zola est cru, plein d’odeurs, de couleurs, et de bruit. C’est la version XIXème siècle de la Grande Bouffe.
    L’écrivain nous sature de scènes où la nourriture est reine, les devantures, les arrières boutiques, tout regorge de sang, de graillon, d’effluves fortes, les fromages le disputent aux légumes entassés, les poissons aux viandes, les beurres et les fromages dégoulinent, les déchets eux mêmes sont partie du décor. On vit de la bouffe et parfois on en meurt.

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    Victor-Gabriel Gilbert : Le Carreau des Halles

    Zola décrit à merveille ce marché, les étals, les pavillons, la misère et les vices. Arrivé à la fin du roman on sait que ce n’est pas Florent le héros de cette histoire, ce sont les Halles corps vivant, chaud, violent, qui après avoir tenté de le digéré, aura recraché Florent comme un noyau indigeste.

    J'ai aimé ce troisième roman et je suis déjà plongée dans la suite, lire Zola en continuité est une expérience enrichissante et je n'ai qu'une enivie : la poursuivre

    Un autre billet Dans la bibliothèque de Cléanthe