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Les grands classiques - Page 15

  • Cent poèmes - Thomas Hardy

    Cent poèmes  Thomas Hardy épisode 4

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    Tout le monde connaît l’écrivain mais beaucoup moins le poète, faute de traduction disponible sans doute.
    La parution de cette anthologie bilingue datant de 2008 est venue à point.
    Les deux traducteurs sont enseignants en Suisse et c’est un éditeur Suisse qui permet cette parution.
    Dans l’introduction les traducteurs font la longue liste des admirateurs du poète :  Virginia Woolf, D.H. Lawrence, W.H. Auden, Ted Hughes, Philip Larkin, Seamus Heaney, certains d’entre eux le considère comme un modèle.

    Le poète plein d’empathie pour les expériences humaines, se fait chantre universel de l’homme, de ses rêves, des sa sensibilité.
    On retrouve dans les poèmes des thèmes abordés dans les romans : généalogie, mémoire, tourment de l’homme révolté,  et tout l’amour de Thomas Hardy pour les landes et les forêts, les animaux "Les plus humbles créatures de Dieu! Eux connaissent des secrets de la Terre que moi, je ne connais pas"
    Ils sont nombreux chez Thomas Hardy " Un faucheux, un papillon de nuit et un scarabée" ce sont des invités permanents " Mes hôtes barbouillent la ligne que je viens d’écrire"

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    Thomas Hardy et sa seconde femme Florence

     

    Des poèmes  hommages :  à son éditeur Leslie Stephen (père de Virginia Woolf) , à « La poussière de l’alouette que Shelley entendit » poème hommage à Gibbon dont il admire l’oeuvre.
    Poèmes influencés par les poètes antiques, Ovide, Horace...

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    La Voie Romaine s’avance droite et nue,
    A travers la lande. Et des hommes pensifs
    Opposent son Aujourd’hui à son Jadis


    Sa femme Emma est à la source de plusieurs écrits celle qui « Ouvrit pour moi la route du Romanesque » et très souvent le thème de la maison où vivre :

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    Je veux bâtir un manoir sans tarder.
    Et l’orner de deux tourterelles,
    Et d’un large escalier à pilastres,
    Et d’un puits frais pour de l’eau cristalline;
    Oui je vais bâtir un manoir sans tarder,
    Planter des rosiers qui nourrirons l’amour,
    Et des pommiers et des poiriers.


    Les poèmes sont classés par thèmes : jeunesse, guerre, la mort, la méditation ....
    L’anthologie est enrichie de repères biographiques et d’un cahier de photographies des lieux habités par Thomas Hardy et pour les amateurs le livre est accompagné d’un CD proposant une sélection de poèmes bilingues.

    Le livre : Cent poèmes - Thomas Hardy - Choisis et traduits par Eric Christen et Françoise Baud - Editions de L’Aire

  • Loin de la foule déchainée - Thomas Hardy

    Autour d'un auteur  Thomas Hardy Episode 4

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  • Le Maire de Casterbridge - Thomas Hardy

    Autour de Thomas Hardy - Episode 3  

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    Le roman s’ouvre sur une scène ignoble, la vente d’un être humain, Michael Henchard imbibé de rhum vend aux enchères sa femme Susan et sa fille Elizabeth-Jane, les enchères sont emportées par un marin de passage.
    Vingt ans plus tard nous retrouvons Michael Henchard, devenu un riche propriétaire,  il vit à Casterbridge une bourgade du Wessex dont il est le maire et dont les administrés ignorent évidemment tout de son passé.
    Susan est à la recherche de Henchard, Newson son mari a disparu en mer, découvrant la fulgurante élévation sociale de celui qui jadis l’a vendue, elle va tentée de se rapprocher de cet homme qui peut assurer une vie confortable à sa fille.

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     Le film hélas unisquement en anglais

    Henchard a cherché toutes ces années à retrouver femme et fille, le remords l’a hanté et il a fait serment de ne plus boire, ses recherches étaient restées vaines.
    Dans le même temps un personnage fait son apparition : Donald Farfrae, régisseur de Henchard. L’intrigue se complique ensuite et je ne veux pas déflorer l’histoire en révélant trop de détails.

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                                                      La campagne anglaise chère à Thomas Hardy

    Mes lectures de jeunesse de Thomas Hardy m'avaient laissé un souvenir de romans noirs et douloureux, j’ai retrouvé ici un peu les mêmes sensations.
    Les personnages sont les jouets du destin, leurs faiblesses, leurs erreurs sont toujours portées dans la colonne débit mais hélas pour eux la colonne crédit reste desespèrement vide.
    Les tentatives de réparer une faute, de changer de vie, sont vouées irrémédiablement à l’échec. Le ressentiment, la jalousie, la colère et l’égoïsme dominent le récit.
    Les rebondissements nous emportent inexorablement vers le drame.

     Le livre : Le Maire de Casterbridge - Thomas Hardy - Traduit de l’anglais par Philippe Neel Editions Sillage

  • Les Forestiers - Thomas Hardy

    Forêts et landes d'Angleterre Thomas Hardy épisode 2

     

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    Pendant longtemps Thomas Hardy pour moi c’était Tess d’Uberville et Jude l’obscur, les rééditions de son oeuvre offrent l’occasion d’élargir la lecture.
    Encore et toujours Hardy nous emporte au plus près de la nature, ici dans le village de Little Hintock dans une région de forêts et de landes.
    Grace Melbury vient de finir son éducation et revient au village, son père, un simple marchand de bois s’est enrichi et a voulu le meilleur pour elle,  il souhaite lui voir épouser Giles Winterbone  forestier comme lui et envers qui il se sent redevable. Mais la rencontre des deux jeunes gens ne se passe pas comme prévu

    « Comme elle lui souhaitait le bonjour, Grace eut des paroles et des regards un peu contraints, et cela s’expliquait sans doute. Car Giles Winterborne, tout soigné et distingué qu’il était pour un villageois, ne laissait pas de paraître un peu paysan à côté d’elle. »

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     Ce pourrait être une maison de Little Hintock
    Cottage de Thomas Hardy

    Malgré les engagements pris, M Melbury doit se rendre à l’évidence, il ne peut que constater la métamorphose  de sa fille, elle  mérite mieux qu’un bûcheron. Giles Winterbone est de plus accablé par le sort car il perd sa ferme et se retrouve donc sans toit. Il ne voit pas proche de lui Marty Stout jeune ouvrière qui « ne pouvait prétendre à la beauté, sauf toutefois par ses cheveux » amoureuse de lui en silence.
    Grace aspire à une autre vie, une vie qui ressemble à celle de Mme Charmond la châtelaine du pays, celle-ci est frivole, honteusement coquette mais Grace est séduite.

    C’est l’arrivée dans le village d’un nouveau médecin qui va précipiter les événement. Le Dr Edred Fitzpiers a tout pour séduire les jeunes filles, il est beau, galant, ambitieux, il a le profil du séducteur sans scrupules, du coureur de jupons, mais M Melbury flatté qu’un médecin entre dans sa famille, Grace éblouie par un avenir forcément radieux, voient en lui le gendre et le mari idéal.

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    New Forest (England)


    Non vous n’êtes pas dans la collection Harlequin, car ce thème mille fois rebattu, presque mièvre, Thomas Hardy en fait un roman magnifique, déchirant, dont le romantisme apparent est vite balayé par un réalisme noir.
    La volonté d’élévation sociale, les conventions qui enferment les individus dans des mariages ratés, le mépris attaché à l’origine sociale de l’individu, la fatalité qui s’acharne sur les plus humbles, là est le coeur du roman.
    L’analyse psychologique est fine, nuancée et sombre. Il y a dans le roman des moments tout à fait poignants, le sacrifice de sa chevelure par Marty Stout, les regrets ressentis par Grace pour son aveuglement, les efforts désespérés de Giles pour préserver Grace du déshonneur.
    Ce qui rend le livre très attachant c’est aussi la vision de la nature de Thomas Hardy il sait l’accorder à la tonalité du récit :

    « Les hiboux avaient attrapé des souris dans les granges, les lapins qui avaient rongé les choux du jardin, les belettes qui avaient sucé le sang des lapins, découvrant que leurs voisins les hommes commençaient à s’agiter, se retirèrent discrètement de la scène, invisibles et cois en attendant la nuit. »

    La nature est métaphore du destin des hommes:

    « Sur des arbres plus vieux encore poussaient des champignons comme d’énorme verrues. Ici, comme partout ailleurs, s’avérait d’une façon aussi évidente que dans les taudis populeux de nos villes cette impuissance universelle qui caractérise le monde : les feuilles étaient déformées, les courbles malvenues, le galbe imparfait : le lichen rongeait la vigueur de la branche, le lierre étranglais lentement le jeune arbre plein de sève. »

    Laissez vous séduire par Thomas Hardy et ne vous contentez pas de mon avis, voilà ce qu’en dit André Gide
    « Hardy n’a rien écrit de plus intelligent, de plus ému, de plus parfait. C’est une perle sans défaut, d’un orient incomparable. »
     

    Le livre - Les Forestiers - Thomas Hardy - Traduit de l’anglais par Antoinette Six - Editions Phébus Libretto



  • Cosette, Gavroche et les autres........

    Pour moi les Misérables c’est avant tout un film, c’est Jean Gabin, Bourvil en Thénardier et Bernard Blier en Javert,  les visages de Sylvia Montfort ou Danièle Delorme, tout était extraordinaire, j’avais 10 ans, le film connaissait un succès extraordinaire et j'étais envoûtée par cette histoire.


                                    

      Un extrait du film

    La lecture du roman quelques années après fut plus difficile, je découvrais à l’époque le côté  réducteur  d’un film et surprise !! les personnages ne se réduisaient pas à Cosette et Gavroche. Les digressions nombreuses freinaient ma lecture.
    Relu à l’âge adulte on y trouve tout autre chose, la volonté d’Hugo de pointer du doigt l’horreur du bagne, les injustices sociales, le portrait d’un Paris sordide, les bruits d’une révolution.

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    Je n’ai pas résisté à la sortie des livres audio et aujourd’hui que le 4 ème vient de sortir je vous invite à les écouter, à retrouver les amours de Cosette et Marius ( ah Gianni Esposito ...un amour de jeunesse) le père Fauchelevent et sa clochette accrochée aux genoux, Monseigneur Myriel et ses chandeleliers, le mensonge de la soeur Simplice, Monsieur Madeleine au tribunal, Gavroche tombant sous les balles en chantant.

    André Gide avait beau dire, Victor Hugo tient une place toute particulière dans mon coeur et je suis toujours prête à suivre Jean Valjean dans les égoûts de Paris ou porter avec lui  le seau de Cosette.
    Tous les lecteurs sont excellents, la qualité de l'enregistrement est parfaite.

    Les Livres audio : Les Misérables - Editions Thélème - Lus par Michel Vuillermoz, Elodie Huber, Pierre-François Garel, Louis Arène

     

  • Nuit et jour - Virginia Woolf

    Trouver chez le libraire un roman de Virginia Woolf jamais lu c’est un vrai plaisir, Nuit et jour vient d’être réédité en poche que demander de plus

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    Comparé aux romans de la pleine maturité : La Chambre de Jacob, Mrs Dalloway et bien sûr Au Phare,  ce roman ci est encore marqué par un certain classicisme mais je le dis sans grande conviction, parce que s’y dessine déjà tout le talent de Virginia Woolf pour faire sentir une atmosphère, pour décrire les lieux. Ses convictions féministes, sa volonté d’une indépendance, le refus des conventions sociales de son milieu, tout est déjà là en prémices, on devine déjà l’auteur d’ Une chambre à soi, la romancière capable de nous faire pénétrer dans l’esprit des personnages, leurs émotions, leurs pensées.

    Elle est présente dans les deux personnages féminins : Mary Datchet la suffragette aux origines modestes, fière de son indépendance, rompant avec un milieu familial qui lui réserve la place habituelle de la femme  et Katherine Hilbery qui appartient à la bonne société et qui vit dans une famille un peu écrasée par la figure du grand-père poète comme la tribu Stephen vécu à l’ombre de Leslie Stephen

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     L'ombre tutelaire du père

    Il est temps que je sois un peu plus précise sur la trame du roman
    « Une comédie mélancolique » dit Hermione Lee la biographe de Virginia Woolf, une comédie à quatre personnages, un chassé-croisé amoureux.
    L’héroïne principale, Katherine Hilbery, issue de la bonne société edwardienne,  est la petite fille de Richard Alardyce véritable icône de la poésie de son temps qui jouit d’une célébrité qui se déverse aussi sur la famille au point de pousser Katherine à participer à la rédaction de la biographie du grand poète car « il fallait démontrer de façon irréfutable que son aïeul était un très grand homme ». Il y a de l’orgueil chez Katherine, une conscience aïgue de la position privilégiée de sa famile.
    Elle se fiance à William Rodney poète lui-même, elle ne ressent aucune passion amoureuse pour lui, c’est un choix sage et réfléchi, son rêve secret est d’étudier les mathématiques, elle ne se sent aucune disposition pour la poésie ni la littérature, il y a en elle une volonté farouche de se démarquer de sa famille, de sa mère qui était « la dernière personne à qui elle désirait ressembler »

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                                                        Highgate au début du XXème siècle

    Quand elle rencontre le beau Ralph Denham avocat issu d’un milieu modeste, elle est ébranlée dans ses certitudes et d’un seul coup  l’amour dont elle rêve a la  « splendeur d’un flot tumultueux »
    Ralph l’idéaliste est subjugué, mais conscient du fossé qui les sépare, tellement épris de Katherine qu’il est incapable de voir l’amour que lui porte Mary Datchet.
    Tout est réuni pour la romance mais on est chez Virginia Woolf et le combat va s’engager pour chaque personnage entre son idéal, ses désirs, son obéissance aux moeurs de la société et ses convictions.

     

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    Sir Alfred East - Clifford's Inn London

    Virginia Woolf n’est jamais loin derrière ses personnages. Mary et Katherine représentent à coup sûr les deux facettes de la personnalité de l’auteur. Une volonté d’indépendance et un respect des conventions par un mariage sans passion véritable.
    La description de l’appartement de William Rodney est plus qu’un simple cadre, il ressemble de très près à l’appartement que le couple Woolf occupa à Clifford’s Inn 
    Les lieux où Virginia Woolf place les héros, sont les lieux qui lui sont chers : Ralph à Highgate, Katherine à Cheyne walk, leur rencontre à Kew Gardens.

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     Kew Gardens au temps de Virginia Woolf

    "Nuit et Jour" reçut de la critique un accueil élogieux sauf de Katherine Mansfield qui sans doute blessée par le succès de son amie et rivale en littérature, eut la plume très acide à l’égard du roman.
    Si vous aimez Virginia Woolf vous aimerez la découvrir à ses débuts.

    Ce que Virginia Woolf dit de ce livre dans son journal
    « A mon avis Nuit et Jour est un livre plus mûr, mieux achevé, plus satisfaisant que La Traversée des apparences, et cela se comprend. Sans doute me vaudra-t-il l’accusation de fignoler des émotions qui n’ont vraiment aucune importance. »


    Le livre : Nuit et jour - Virginia Woolf - Traduit de l’anglais par Catherine Naveu - Editions Points Signature