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Essai - Page 16

  • b.a - ba la vie sans savoir lire - Bertrand Guillot

    Lire ? mais c'est facile  b.a ba et on continue ..........

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    Vous avez du temps de libre, vous cherchez une activité utile et intelligente ? faites comme Bertrand transformez vous en bénévole et tentez d’apprendre à lire à des adultes nommés Ibrahim, Nabil, Ladi ou Philomène. J’ai bien dit tentez  car si tous ces hommes et femmes sont certains de vouloir essayer, vous, êtes-vous capables de leur apprendre ?

    C’est la question que s'est posé Bertrand Guillot lorsque un peu par hasard on lui propose d'être bénévole dans un centre social. Il accepte et l’aventure commence. Comme vous et moi, il ne sait pas grand chose de l’enseignement de la lecture, mais bien entendu il a des souvenirs de son propre apprentissage et puis il va lire sur le sujet. Mais est-ce suffisant ?
    C’est avec une grande simplicité, beaucoup d’humilité et infiniment d’humour que Bertrand Guillot raconte son expérience. Parce que la tâche est rude et qu' il y a loin de la coupe aux lèvres. Face à des personnes qui ont derrière elles une journée de travail souvent épuisante, qui sont déjà passés par des galères successives, la bonne volonté ne suffit pas. Il faut être capable de « faire apprendre » de « faire comprendre » de perdre ses réflexes de « lettré », cela donne des scènes parfois surréalistes, parfois cocasses et souvent très émouvantes. On sent poindre par moment le découragement des deux côtés. Mais passent les saisons, les plus motivés entraînant les autres, malgré quelques abandons et les erreurs de Bertrand, en juin le groupe est toujours là.

     

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    C’est un livre tonique, humaniste, chaleureux, sur le bateau avec lui montent des hommes et des femmes qui vous n’oublierez pas car Bertrand Guillot sait les rendre présents, leur donner vie et rendre hommage à leur courage et leur ténacité. Au fil des pages vous comprendrez la différence entre analphabétisme et illettrisme, les statistiques sur le problème mais surtout vous attendrez comme lui le fameux  déclic

    Lisez ce livre il fait du bien  c'est aussi l'avis de Cathulu

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    Le livre : b.a - ba la vie sans savoir lire - Bertrand Guillot - Editions rue Fromentin

    L’auteur répond à une longue interview

  • Tout un homme - Jean Paul Wenzel

    Germinal n'est pas si loin

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    Pendant des années ils ont fait le travail que personne ici ne voulait faire, pendant des années ils ont peiné, sué, souffert, été accidenté pour faire fonctionner des mines, des usines qui un beau jour fermeraient.
    Ils ont vécu pendant des années loin de leurs racines jusqu’à ce que petit à petit leurs racines changent de « pot ». Pendant des années ils portaient ce nom « immigrés » jusqu’à ce que leurs enfants détiennent une carte d’identité française.

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    Le collectif des mineurs marocains à Liévin aujourd'hui

    1963 Ahmed  laisse derrière lui la Kabylie, né d’un père Français musulman  il a juste 16 ans et va parce qu’il courre après les beaux yeux de Leïla se retrouver en Lorraine, au fond d’une mine. Il descend la peur au ventre « je n’avais pas encore commencé le travail et déjà j’étais en enfer ». Le travail de la mine est dur il est « incapable de dire un mot, incapable de penser, seulement tenir debout  ».
    La vie avance, le mariage avec Leïla, la naissance des enfants, les bons côtés de la mine, les fêtes, les copains, et le syndicat. Mais « Le déclin des mines a commencé et nos grèves désespérées n’y peuvent rien changer ! »
    Quand à la retraite il retourne en Algérie, il est un étranger dans son pays, un immigré ! il essaie de s’y construire une vie, mais c’est impossible et c’est Leïla qui a le dernier mot « Jamais je ne vivrais ici Ahmed (...) je suis et je reste française, définitivement ..Inch’Allah ! » et à la mort de sa femme il continue de partager son temps entre la Moselle et la Kabylie.

    1973 Saïd lui est marocain, un jour un bruit court « La France recrute des mineurs ». Vite direction Ouarzazate pour se mettre sur les rangs. Il s’agit là d’une quasi foire à l’humain, pesés, examinés, tripotés, et la promesse vertigineuse d’un salaire de 44 francs par jour !
    Saïd est retenu, il porte même un matricule, il reçoit le papier, « le sésame pour l’Eldorado ». C’est le bateau pour la France, direction Forbach en Lorraine où il va d’abord se former dans une mine-image, le matin il apprend le boisage, le forage et l’après-midi à lire et à écrire. Et il apprend Saïd « l’entraide, la hiérarchie, le monde souterrain, le vocabulaire de la mine, les mots en platt, le patois lorrain, plein de mots bizarres même pour un français. »  Mais la mine c’est aussi la peur, l’humidité, la poussière.
    1980 sa première grève pour obtenir le même statut que les mineurs français, une grève dure « Les mille trois cent mineurs marocains célibataires tiennent bon » et finissent par obtenir gain de cause.«  Nous les moins que rien, les couscous, les bougnoules, les immigrés, nous avions gagnés. » Amina sa femme restée au bled va pouvoir le rejoindre avec leur fils Samir. Les enfants grandissent, font des études, la retraite et une vie qui va se partager entre le Maroc et la France.

    Jean-Paul Wenzel  a écouté des dizaines d’hommes pour écrire ces deux histoires, Ahmed et Saïd n’existent pas vraiment mais ils sont un peu de chaque immigré venu ici pour subsister, pour faire vivre une famille, pour vivre une vie rythmée par le travail. Pour faire tourner les usines, les mines, les chantiers.
    A travers eux il donne un visage à ces hommes déracinés qui n’ont pas souvent l’occasion de faire entendre leur voix.
    Un beau et fort récit dont vous pouvez retrouver quelques voix dans cette vidéo car ce récit est aussi une pièce de théâtre, ce n'est pas l'écriture qui prévoit mais la vérité des hommes.

     

    L'auteur
    Jean-Paul Wenzel est . Né en 1947 à Saint-Etienne, il s'est intéressé au cours de sa carrière au quotidien, aux minorités, aux exclus.
    Il est l’auteur d’une quinzaine de pièces de théâtre. Il est aussi metteur en scène et comédien.

  • Vous n'en avez pas fini avec la lecture

    Un livre pour bien démarrer l'année

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    J’avoue j’aime ce genre de livre, j’aime confronter mes impressions et mes agacements. J’aime par quelques mots me souvenir d’un livre lu avec bonheur, éprouver l’envie irrépressible de le rouvrir. Quelques mots qui à eux seuls me font revoir une scène, un paysage, et à nouveau savourer le livre en question.
    Michel Crépu fait partie des accompagnateurs de ce genre de promenades littéraires, comme Maxime Cohen, comme Charles Dantzig quand il ne bâcle pas ou comme Angelo Rinaldi.

    Chez Crépu j’aime l’éclectisme des chroniques, le parti pris et surtout la formidable diversité qui va de Soljenitsyne à Jaccottet, de Plotin à Pline le Jeune, de Roth à Dumas.
    J’ai aimé les petits à côtés : musique, métro, campagne, qui parsèment le journal, ils rendent le ton moins cérémonieux, moins sérieux et témoignent de la formidable liberté de Michel Crépu.
    J’aime aussi cette honnêteté qui lui fait dire qu’il n’aime pas vraiment Stendhal et parlant de L’homme sans qualité de Musil " Je n’ai jamais eu la patience — je veux dire le désir — de le lire jusqu’au bout " ou encore en réaction à une certaine intelligentsia parisienne qu’il aime Le Clézio.

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    Un chemin vers les livres


    J’aime ses petites phrases qui font mouche et qui me plaisent même quand elles visent des auteurs que j’aime "l'abbé Onfray" et dont il se moque et plus encore quand elles m’invitent à lire ceux qui font partie de ses amis de toujours : Pline le Jeune, Voltaire, Bossuet.
    J’ai partagé son admiration quand il propose " Ecoutons avec l’auteur de Walden ou la Vie dans les bois un arbre s’effondrer " ou quand il parle de " La colossale traduction du Zibaldone de Léopardi " qui fait partie des livres que j’ouvre souvent. Et il m’a amusé quand il décide de faire un jour une "Orgie soudaine de Dumas ".
    Cet homme lit toujours et partout : dans les trains, les avions, en Bourgogne ou à Istanbul. Il emprunte les voies du moment  : Littell, Houellebecq, Roth, mais aussi des chemins de traverse vers les auteurs qu’il aime, qu’il lit et relit au fil des années : Chateaubriand, Sainte Beuve, ou Proust.

    Ce journal littéraire publié dans la Revue des deux mondes au fil des mois et rassemblé ici nécessite en même temps l’achat d’un petit carnet pour noter toutes les références accumulées au fil des pages ( pour moi ce n’est pas moins de 20 titres notés) et rassemblées sur onze pages de bibliographie.
    C’est dire qu’avec ce livre vous n’en avez pas fini avec la lecture

    Le livre : Lecture Journal littéraire 2002-2009 - Michel Crépu - Editions Gallimard - 2009

    crepu.jpgL'auteur : Critique littéraire et directeur de la Revue des deux Mondes, Michel Crépu est aussi écrivain, à la fois romancier et essayiste. Il a notamment publié Le Tombeau de Bossuet qui a reçu le Prix Fémina de l'essai et le Grand Prix de l'Académie Française.
    Il participe au Masque et la Plume.

  • Avec Tolstoï - Dominique Fernandez

    avectolstoi.gifAvec Tolstoï - Dominique Fernandez - Editions Grasset
    Passion Russie, c’est ainsi que j’aurais pu intituler ce billet,  c’est Dominique Fernandez qui nous invite auprès du
    "plus puissant romancier de tous les temps". Sa lecture à 15 ans de Guerre et Paix l’a laissé à jamais amoureux de la Russie et de Tolstoï " un Zola, aussi puissant mais mille fois plus artiste, qui aurait trempé sa plume dans l'encre de Flaubert..."
    Dominique Fernandez, sans faire oeuvre de biographe, il revient sur différents épisodes de la vie de l’écrivain, sa jeunesse libertine, son mariage et ses malentendus, sa révolte contre la richesse, celle d’un homme qui se reproche sans cesse de " mener une vie contraire à ses idées " et nous fait bien sentir le contraste violent entre sa vie réelle et sa soif d’absolu.
    Il revient en détail sur les romans et les nouvelles avec un grand talent pour nous les rendre proches, intelligibles, accessibles, en faire ressortir les détails, les particularités.
    Rien d’étonnant de consacrer de longues pages à Guerre et Paix, "le plus complet des romans jamais écrits"
    Quand on parle de littérature russe il est fréquent d’opposer Tolstoï et Dostoievski, Georges Steiner l’a fait avec érudition et brio, et Dominique Fernandez se livre aussi à l’exercice.
    Il trouve que Dostoievski est en permanence dans l’outrance alors que pour lui Tolstoï a "cette qualité unique dans la littérature romanesque de dire tout ce qui est et seulement ce qui est".

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    Guerre et Paix au cinéma


    Rien d’étonnant de consacrer de longues pages à Guerre et Paix, "le plus complet des romans jamais écrits"
    Il n’hésite pas à en dévoiler les faiblesses  (le livre IV) mais cela ne diminue en rien son admiration  "Je ne crois pas que, dans toute l'histoire de la littérature, on puisse trouver un autre écrivain qui ait placé ainsi sa confiance dans la force de ce qui est dit plutôt que dans la façon de le dire"
    Il aime la capacité de Tolstoï à nous rapprocher de ses personnages en quelques mots, sa facilité à parler comme eux et il nous fait partager cela dans plusieurs exemples par lesquels il nous montre que " Tolstoï lui seul s’assied tranquillement au gouvernail et raconte ce qui arrive, sans grossir les événements, sans dire plus que ce qui est, sans se mettre en valeur par des recherches d’écriture, sans chercher d’aucune façon à paraître original. Il reste de plain-pied avec la vie, avec les choses, avec nous ".

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    Greta Garbo la sublime



    Les pages consacrées à Anna Karénine sont passionnantes, il admire l’écriture " Il ne dépose jamais sa plume fine pour souligner au fusain. Il ne cherche pas à frapper, à retenir. Il nous éloigne peu à peu du rivage et, captivé par l’immensité de la haute mer dont le spectacle change sans cesse tout en demeurant le même, nous ne pensons plus au but du voyage "
    Fernandez présente aussi les écrits derniers, ceux où l’auteur devient un peu trop prédicateur aveuglé par ses tourments religieux et moraux.

    Depuis son roman sur la mort de Tchaïkovski et son Dictionnaire amoureux on connaît la passion de Dominique Fernandez pour la Russie et Tolstoï en particulier. J’aime beaucoup qu’on me parle de mes écrivains préférés, j’aime les lire bien entendu, mais j’apprécie également qu’un autre me les dévoile, me permette parfois de les lire autrement ou attire mon attention sur l’aspect d’une oeuvre que je n’ai pas su voir.
    Cet excellent livre est une belle réflexion sur la création littéraire et le cheminement qui va d’Homère à Tolstoï et des tragiques grecs à Dostoïevski.


    fernandez.jpgL’auteur
    Dominique Fernandez est né à Paris en 1929. Ecole Normale Supérieur, agrégation d'italien, doctorat ès-lettres. Il écrit régulièrement pour le Nouvel Observateur. Il a obtenu le prix Médicis en 1974.
    Il publie  L'Art de raconter en 2007 et Ramon la biographie de son père en 2009. ( source l’éditeur)

    Une interview de Dominique Fernandez

     

     

    Les livres dans le livre
    Tolstoï ou Dostoïevski - Georges Steine - 10/18
    Tolstoï - Henri Troyat - Fayard
    La délivrance de Tolstoï - Yvan Bounine - Editions de l'oeuvre
    Guerre et Paix
    Anna Karénine
    Maître et serviteur

    Le Père Serge
    Résurrection

  • Gustave Faubert Une manière spéciale de vivre

    Gustave Flaubert Une manière de vivre - Pierre-Marc de Biasi - Editions Grasset
    gustaveflaubert.gifPas vraiment un essai , pas totalement une biographie, un entre deux par un spécialiste de Flaubert.
    Dans son dernier roman Philip Roth s’insurge contre les biographes en mal de ragots, de potins et de scandale. Pour lui l’oeuvre seule parle pour l’auteur. Pierre-Marc de Biasi s’attache à contredire Roth et Flaubert lui même, il s’attache à nous montrer que si l’auteur n’est pas l’oeuvre, la vie de l’auteur est centrée sur son oeuvre et que les faits marquants de l’existence de l’écrivain ont permis et enrichis la création de celui-ci.
    C’est avec une connaissance exceptionnelle et un respect complet que cette biographie est menée.
    Pierre-Marc de Biasi explore tour à tour l’enfance, l’adolescence, les péripéties de la vie familiale, la vie à Croisset, les voyages.
    Il s’attarde sur les amitiés de Flaubert, celle avec Louis Bouilhet, Alfred Le Poittevin  dont la mort le marquera, l’amitié traversée d’orages avec Maxime Du Camp, sur ses amours éphémères, parfois secrètes ou sa longue relation avec Louise Collet.
    Il est curieux d’ailleurs que Flaubert qui souhaitait et revendiquait la disparition de la personnalité de l’auteur derrière les écrits,  nous ait laissé tous ses brouillons, ses écrits préparatoires et nous ait fait cadeau de milliers de pages de correspondance.

     

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    Ce qui reste de la maison de Flaubert à Croisset


    C’est Flaubert au travail que nous livre Pierre-Marc de Biasi, il décrit très bien l’entrée en littérature et la puissance de création de Flaubert, précédée toujours d’un long travail d’observation et de recherches.
    L’obsession d’effacement de l’auteur est réelle mais il nous montre combien la vie même a donner matière à création à Flaubert
    "parce qu’un écrivain ne peut finalement jamais parler d’autre chose que de sa vie". On sait que Flaubert lisait ses textes à haute voix, le fameux gueuloir, l’auteur nous dit que c’est le corps de Flaubert qui bat dans ses phrases, il a livré des accents, une intonation, une scansion dans ses textes comme "une partition offerte au lecteur".
    De Madame Bovary il dit que c’est  "un roman total dans lequel aucun registre de sensation ni aucun mode d’expression artistique n’est absent: sonorités, bruits, résonances, chant (...) une véritable bande-son"

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    Une analyse très intéressante est faite des méthodes de recherches de Flaubert et du réinvestissement de ses notes de voyage où il a tout noté " la nature, les ciels, la météorologie, les animaux" il utilise ses observations et "ses notations ressemblent à s’y méprendre à celles d’un peintre attentif à la richesse chromatique de l’environnement".

    Flaubert.gifJe connaissais le Flaubert travailleur infatigable mais Pierre-Marc de Biasi dit de lui qu’il  "appartient à la grande famille des écrivains érudits qui comme Montaigne aiment à expérimenter les connaissances et se frotter à toutes les traditions. Il ne lit pas, il dévore tout pour lui "tout est intéressant"
    Un érudit ami des plus grands de son époque : Tourgueniev, George Sand pour laquelle il a écrit  "un coeur simple" et dont la générosité et l’amour quasi filial permettra la naissance d’un autre écrivain en la personne de Maupassant.
    Une analyse passionnante de la "manière spéciale de vivre" de Gustave Flaubert

    Un commentaire positif aussi chez BOL

     

    L’auteur
    Pierre-Marc de Biasi est chercheur au CNRS et producteur à France Culture, il est l'auteur de dizaine d'ouvrages sur Flaubert dont il a assuré l'édition critique des carnets de travail et du Voyage en Egypte (source l'éditeur)

  • La Maison en chantier - Christine Brusson

    La Maison en chantier - Christine Brusson - Editions des Equateurs
    la maison en chantier.jpgQuelques semaines en arrière j’ai lu un billet sur ce livre, billet très positif et je l’avais noté non pour moi, car le sujet ne m’attirait pas spécialement, mais pour l’offrir car j’ai autour de moi de grands lecteurs qui en même temps sont dans les travaux jusqu’au cou !
    Mais voilà avant de faire mon paquet cadeau j’ai eu le malheur, ou plutôt le bonheur, d’ouvrir ce livre et je me suis trouvée embarquée dans un bouquin mêlant poésie, comment faire du plâtre et une ode à la bétonnière  "J'ai eu une bétonnière, que j'ai adorée. Elle était d'un bel orangé pétant et bien dressée sur ses trois pattes "
    En quelques chapitres très courts, illustrés de petits dessins ici ou là, et s’ouvrant tous sur une citation, l’auteure nous fait partager sa passion pour le travail manuel, la  truelle et le fil à plomb mais aussi la littérature.
    On passe des trucs pour se construire une bibliothèque à moindre frais ( là je vous sens toutes et tous très attentifs) à l’art de carreler sa douche...
    Le chantier comme elle l’appelle, lui a sauvé la mise quand mal dans sa peau à l’adolescence, le chantier lui a évité la dépression et " redonné la confiance en moi, le goût de vivre, le plaisir physique d'exister."

    Mais il ne faut pas vous tromper, ce livre n’a rien à faire dans votre rayon livres pratiques car les réflexions, les méditations de Christine Brusson sur le corps et l’esprit,  sur le féminisme qui l’exaspère , la jouissance de faire avec ses mains, la beauté de la matière ou l’âme des maisons, fait que ce livre trouverait plutôt sa place au rayon poésie ou même philosophie. Je vous recommande sa bibliographie qui sort des sentiers battus.

    C’est un essai tonique, vif, drôle " la main qui manie le marteau tient rarement la plume " et profond : lire les pages magnifiques sur la poussière. Cathulu qui m'a donné envie de lire ce livre le qualifie de "charnel et puissant " je partage cet avis et c’est pour cela que j’ai décidé d’en acheter un second exemplaire à offrir car celui-ci va prendre place dans ma bibliothèque.

    L'auteur
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    Christine Brusson est née en 1963 dans le Berry. Elle a suivi des études de lettres et d'architecture à Paris. Après avoir enseigné la littérature, elle s'est consacrée à l'art du chantier et à l'écriture.