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Rechercher : huit montagnes

  • Bribes de silence

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    « Tout milieu résonne de manifestations sonores particulières, même si elles sont parfois espacées, ténues, lointaines. Les étendues désertiques ou les hautes montagnes ne sont pas tout à fait muettes, encore moins les forêts, les cours de monastères elles-mêmes sont bruissantes des oiseaux, de la cloche qui sonne ou parfois des chants liturgiques émanant de l’église. Les mouvements de l’homme dans l’espace s’accompagnent d’une trace sonore, celle de ses pas, de ses gestes, de son souffle »

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    « Même si le bruissement du monde ne cesse jamais, connaissant seulement des variations différentes au gré des heures, des jours et des saisons, certains lieux n’en donnent pas moins le sentiment d’une approche du silence : une source se frayant un chemin parmi les pierres, une rivière venant doucement lécher le sable, le cri d’une chouette au cœur de la nuit, le saut d’une carpe à la surface du lac, le crissement de la neige sous les pas ou le craquement d’une pomme de pin sous le soleil donnent un relief au silence. » 

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    Le livre : Du silence - David Le Breton - Editions Métailié 

  • Bribes et brindilles de la cabane

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    « Cette plantation d’épinettes poussées en orgueil et fières comme des montagnes est un temple du silence où se dresse ma cabane. Refuge rêvé depuis les tipis de branches de mon enfance. »

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    « Je reste ici à manger du riz épicé près du feu, à chauffer la pièce du mieux que je peux et à appréhender le moment où je devrai braver le froid pour remplir la boîte à bois. »

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    « Le thé noir à la cardamome bout sur le poêle. J’ai la langue brûlée à force d’espérer que le baume des Indes coulant dans ma gorge saura réchauffer mes os. Ou redonner à mon squelette une posture moins accablée. »

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    « Moi aussi, je mènerai un combat, mais sans armes, sans vandalisme, sans sensationnalisme. Dans les limites légales de la désobéissance civile et dans la sagesse de Thoreau. Je planterai des arbres par milliers, je sèmerai des fleurs pour nourrir les rares abeilles, je vivrai de ma terre en métamorphosant la plantation d’épinettes en espace où la faune et la flore seront foisonnantes. Avec chaque sou économisé, j’achèterai toutes les forêts privées et les champs avoisinants en monoculture, et je les laisserai en friche, fleurir sans coupes, pousser en paix. Ma vie reprend du sens dans ma forêt. »

    Le livre : Encabanée - Gabrielle Filteau Chiba - Editions Le Mot et le Reste

  • Embrasse l'ours - Marc Graciano

    J’aime retrouver les auteurs qui une fois m’ont fait rêver ou vibrer, parfois un livre d’eux est une déconvenue alors tristement on passe, mais on garde néanmoins un oeil aux aguets.

    De Marc Graciano j’ai aimé énormément  Liberté dans la montagne puis après un ou deux romans un rien décevants j’ai repris langue avec lui avec Le Sacret.
    Aujourd’hui c’est au pays de l’ours qu’il nous convie avec un titre réjouissant :  Embrasse l’ours.

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    On pourrait penser que l’ours est aujourd'hui mal accepté mais que c’est récent, pas du tout nous dit Graciano qui retourne pour nous au moyen-âge. 
    Une ourse magnifique attirée par « une frénétique recherche de nourriture » vient jusque dans le village s’emparer d’oeufs, de fruits, de viande. 
    Les risques sont énormes mais la tentation et la faim font taire la prudence. La chasse est donnée, c’est un ourson qui est capturé dans la tanière de l’ourse avant que la bête meurt.

    Un ourson sauvé du massacre par un loutier est adopté par des oursaillers
    « C’étaient des baladins qui donnaient spectacle dans les villages qu’ils visitaient, et ils ne se nourrissaient que d’herbes et de graines, et de miel et d’oeufs, et de lait »

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    Ce n'est pas si vieux 

    Il devient un ours imposant, qui tient droit sur ses pattes « une bête qui se prend vraiment pour un homme »
    On le déguise, il partage la vie de la troupe. Danse avec une belle jeune fille. Le public est partagé entre peur et émerveillement.
    Mais la mort rôde. L’évêque du village déclare la chasse à l’ours ouverte car dans l’inconscient collectif il y a l’idée d’amours possibles entre la bête et la femme. 

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    La troupe des oursaillers rappelle un peu les personnages de Liberté dans la montagne, le lien magique entre hommes et bêtes mais en même temps une cruauté, une violence toujours sous-jacente.

    Un conte plein de tendresse, sensuel et poétique. Marc Graciano se met à hauteur d'animal, il est toujours aussi amoureux des mots dont le sens s’est perdu mais qui servent de balises à son récit. Une langue superbe.

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    Le livre : Embrasse l’ours - Marc Graciano - Editions José Corti

  • La Vallée seule - André Bucher

    Un temps de neige

     

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                      village sous la neige 

     

    Un sixième roman, mais pour moi une troisième lecture. 

    Je vous ai présenté il y a quelques mois André Bucher et je vous ai dit tout le bien que je pensais de son précédent roman Fée d’hiver. Avertie par les éditions du Mot et le reste de la parution prochaine d’un nouveau livre, je guettais.

     

    Dès les premières lignes je sais que je vais aimer ce livre, même s’il devance un peu l’appel en nous emportant dès maintenant dans un paysage de neige :

    « Dans toutes les régions montagneuses, la neige est auréolée d’un grand prestige. Elle décide du sort des récoltes, de la survie des arbres ainsi que de la santé des sources. Chaque année sur le point d’envahir le pays, elle consulte la rose des vents pour se souvenir du paysage qui s’endort sous elle et se réveillera à son départ »

     

     

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    Nous retrouvons la montagne et la vallée chers au coeur d’André Bucher.

    Une multitude de personnages qui habitent le village ou les pentes de la montagne, sont pris dans les mailles des saisons, certains vont mourir, d’autres connaitre des épreuves et enfin certains vont trouver la force de revivre. 

    Les personnages sont tous des êtres hors normes, le couple de marionnettistes, le garde chasse qui est venu là oublier un passé douloureux, Martha et Ludovic encore tout environnés de la grâce de l’enfance. lls sont tous un peu à part et ne peuvent qu’accepter le destin, que celui-ci soit tendre avec eux ou qu’il soit terrible.

     

     

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    Mais le vrai personnage du roman c’est le cerf, un cerf majestueux qui tout au long du récit se cache, se protège, évite les hommes et déjoue leurs pièges. 

    « ll avait assimilé comment se comporter avec ceux qui le chassaient. ll connaissait leurs habitudes, leur pas, leur odeur »

    Un récit qui prend parfois les accents d'une parabole dans une nature par qui tout se fait, grâce à elle ou contre elle. 

     

    Roman mélancolique, doux-amer mais porté par l’écriture d’André Bucher qui lui donne une force qui fait fi du froid, du malheur, et dont la langue râpeuse est dédiée au Dieu Pan.

     

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    Le livre : La Vallée seule - André Bucher - Editions Le Mot et le Reste 2013

  • Un court instant de grâce - André Bucher

    Restée seule à la mort de son mari Emilie aurait bien besoin pour survivre de la présence de son fils qui a quitté la ferme depuis plusieurs années. Il lui reste quelques vaches laitières, poules et lapins, pour les cultures elle va avoir besoin d’aide, peut-être Victor, bon il est pas tout jeune mais il travaille pour d’autres agriculteurs et puis elle le connait depuis la communale alors…

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    une centrale du genre de celle là

    Un projet pharaonique de centrale à biomasse portant l’étiquette fallacieuse d’écologique, voilà ce que prévoient les élus de la vallée. 
    Si Emilie semblait baisser un peu les bras ce projet de centrale et surtout l’idée de voir disparaitre Sa forêt vont la faire sortir de sa léthargie. 

    « La montagne empiétait sur l’horizon, sa masse inerte accaparait le paysage. Une entité dure mais également fragile, avec la forêt pour territoire, que l’on ne saurait dompter et modeler à sa guise. »

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    La montagne d'Emilie

    C’est bien là dessus que compte Emilie, une forêt que l’on ne peut dompter, parce que ce qui se profile pour Sa forêt c’est ni plus ni moins qu’une disparition programmée.
    Son quotidien change, il y a Victor qui s’est peu ou prou installé à la ferme pour aider.

    « Emilie coupait elle-même son bois, elle faisait son pain et, en fonction du calendrier , ramassait les simples, les champignons et des baies qu’elle transformait en confiture »

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    Et puis il y a les pressions exercées pour la faire vendre ses parcelles de forêt, Rachel la chargée de mission de la centrale y va de son couplet, le maire bien sûr mais plus grave, son fils qui semble sensible aux sirènes financières.

    Un roman comme je les aime chez André Bucher, je suis certaine que vous allez aimer la montage de Palle, Victor, Emilie et sa forêt.

    Un joli portrait de femme.

     

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    Le livre : Un court instant de grâce - André Bucher - Editions Le Mot et le Reste

  • Bribes de Georges Perec

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    Je me souviens qu'au « Monopoly », l'avenue de Breteuil est verte, l'avenue Henri-Martin rouge, et l'avenue Mozart orange.

     

    Je me souviens que c'est grâce à Edith Piaf que les Compagnons de la Chanson, Eddie Constantine et Yves Montand débutèrent.

     

    Je me souviens de l'époque où Sacha Distel était guitariste de jazz.

     

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    Je me souviens que les coureurs cyclistes avaient une chambre à air de secours roulée en huit autour de leurs épaules.

     

    Je me souviens que le lendemain de la mort de Gide, Mauriac reçut ce télégramme : « Enfer n'existe pas. Peux te dissiper. Stop. Gide. »

     

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    Le livre : Je me souviens - Georges Perec - Editions Hachette